de spéculation surexcitée par des incitations
religieuses se déclara, et des financiers jouis
sant du patronage ecclésiastique parvinrent
soutirer les épargnes des populations ru
rales et ouvrières, pour les engloutir en des
spéculations hasardeuses, dont le moindre
défaut était de devoir durer un laps de temps
fort long, avant de pouvoir en apprécier la
valeur.
Malheureusement le moment est arrivé où
les combinaisons les plus adroites les dispo
sitions les plus habiles ont été impuissantes
dissimuler la position critique de ces établis
sements financiers édifiés au bruit des fan
fares et des trompettes de l'église. La presse
libérale faisait ce qu'elle pouvait pour mettre
le public en garde contre la séductioo habi
lement organisée par les faiseurs tenant de
près ou de loin cette boutique véreuse. Rien
n'y faisait, les capitaux affluaient dans les
caisses et les dividendes énormes distribués
au commencement, ont rendu l'aveuglement
incurable.
Aujourd'hui, quel revirement? au lieu de
dividendes, plusieurs de ces institutions finan
cières créées ou vivifiées par le souffle du
Congrès de Maliues, sont en liquidation ou
font de nouveaux appels de fonds leurs ac
tionnaires. Quelle cbûte pour ces grands ma
tadors et quelle désillusion déplorable pour
ces gens simples qui ont jeté leur avoir grand
ou petit, dans le gouffre creusé par le désir
de vinculer la société laïque par des liens
dorés
i
La Chambre a repris la discussion sur le
projet de réorganisation militaire. Elle s'oc
cupe maintenant de la fixation du contingent.
Sera-t-il de douze mille hommes, comme le
propose le ministère et la section centrale
pour former une armée de cent mille hommes,
chiffre déjà adopté en 1853 et alors ne
doit-on pouvoir disposer que de 80,000
hommes, chiffre du contiogent réduit au fur
et mesure que les diverses classes de mili
ciens sont restées plus longtemps sous
les drapeaux Le chiffre de l'armée étant
admis, il en résulte qu'il faut un contingent
en rapport avec ce chiffre. Il parait que
les champions de la morale et de la vertu
catholique, logiques comme toujours, veulent
d'une armée de cent mille hommes sur
le papier. Il est vrai que si l'indépendance
de la Belgique est menacée et si nous devons
défendre notre nationalité nous pourrons
compter sur les prières de leurs patrons, qui
sont d'avis toutefois que pour défendre le
Saint-Siège, il est plus pratique de recruter
des zouaves pontificaux.
Du reste, les séances de la Chambre sont
littéralement perdues au point de vue de
rideaux qui garnissait la fenêtre, elle embrassait son
mari elle embrassait sa fiile elle disait comme pour
rejeter un secret qui l'eût étouffée
Il va revenir il va revenir
Le bonheur a des rayonnements.
Pierre, en présence de cette effusion qui tenait du
délire, se sentait devenir tout autre des pleurs
mouillaient ses yeux malgré lui et il pensait
En vérité, c'est là qu'est le bonheur entre cette
femme qui m'aime et ces deux eufants qui me chéri
ront.
Il embrassa tendrement Fortunée.
Demain, lui dit-il d'une voix que l'émotion fai
ble trembler, demain nous irons tous deux reprendre
là-bas notre enfant.
Mais tout coup sou front se rembrunit.
Est-ce qu'il y a sous les cieux des jours sans nuages
Mais il faut de l'argent, fit-il.
Quel argent
Tu sais bien.
Eh non dit-elle d'un air moitié étonné, moitié
eraintif.
Il y a des frais rembourser là-bas..
Ah!
l'expéditioa des affaires, par les divagations
des certains orateurs, parrains de systèmes
militaires dont ils ignorent le premier mot.
Quand ee prurit d'éloquence finira-l-il?
Toutes les questions qui se rattachent
l'éducation, cette hygiène du cœuret par
suite au perfectionnement moral de lasociélé,
sont d'une telle importance, que nous nous
croyons autorisés revenir sur l'œuvre de M.
Charles Vercamer, récemment couronnée dans
le concours ouvert en France par M. L,-A.
Martin.
Un journal parisien, la Morale indépen
dantedans un de ses derniers n01, en pré
sente un examen approfondi et s'attache en
faire ressortir tous les mérites. Le caté
chisme de M. Vercamer, chef d'institution
Bruxelles, écrit-il, est remarquable sous le
rapport de la conception autant que par la
manière dont il a été exécuté c'est un traité
de morale profondément pensé et supérieu
rement écrit; c'est un code entier des droits
et des devoirs, tracé nous pouvons le dire,
de main de maître. Un tel jugement fait le
plus grand honneur notre concitoyen et il
est dautant moias suspect de par lialilé que
l'auteur a développé dans son mémoire une
théorie, basée sur des principes, qui ne sont
pas précisément ceux que défend le journal
auquel nous empruntons celte appréciation.
Disciple fidèle de celte doctrine spirilualiste,
professée jadis avec tant d'éclat l'Université
de Gand par MM. Huet et Caliier, et s'inspt-
rant en outre de la philosophie kantienne qui
repousse la séparation radicale et profonde de
la morale de toute idée religieuse, pour faire
de celle-ci le complément indispensable de la
loi morale, il s'est montré l'adversaire déclaré
du positivisme. C'est sur la base de 1 impé
ratif catégorique du philosophe de Kœoigs-
berg, c'est-à-dire sur l'existence daus notre
for intérieur du sentiment du devoir, d'une
règle inflexible et absolue, qu'il a édifié son
œuvre. Faire appel au devoir en toute cir
constance, s'efforcer de développer chez l'en
fant, au moyen d'un dialogue familier et
simple, les sentiments moraux, le goût du
bien, du beau et du vrai, telle est la tâche
difficile que M. Vercamer s'est imposée. Pour
permettre au lecteur de décider jusqu'à quel
poiot il a réussi, nous citerons le passage sui
vant de son excellent chapitre sur les relations
de famille
213. Quels sont les devoirs qui lient entre
eux les frères et les sœurs? a Si l'unité de la
famille n'est pas une fiction, les frères et les
sœurs sont tenus entre eux quelque chose
de plus qu'entre les autres hommes. La com
munauté des sentiments, des affections et
Pauvre chère le ciel est dur aux pauvres gens.
Nous avons dépose notre enfant au tour des Enfants-
Trouvés, c'est bien nous l'avons abandonné deux
ans, c'est fort bieo. Aujourd'hui nous voulons le re
prendre, soit on nous le rendra, mais il faut aupara
vant payer là-bas les dépenses qu'on a faites pour lui.
Et sais-tu ce qu'on exigera, demanda-t-elle
Pas loin de deux cents francs.
C'est une somme cela, sais-tu, Pierre
Hélas oui, c'est une somme
Et il songea part soi que depuis bien des mois cet
argent serait en sa possession si, pareil Judas qui
vendit son maître, il n'avait pas vendu au démon du
jeu le prix de son enfant.
Fortunée l'examinait la dérobée elle le vit réfré
ner deux larmes échappées de ses yeux.
Où trouver deux cents francs? dcmanda-t-elle
d'une voix triste et douce peut-être as-tu des éco
nomies, Pierre
Non, articu!a-t-il d'une voix étranglée.
Le cœur des femmes contient d'ineffables trésors
d'indulgence.
Elle s'agenouilla tendrement devant Pierre Michon
qui, affaissé sur sa chaise le front bas, les bras tom-
même des bieos, doit toujours être parmi eux
aussi grande que possible.
214. Quels sont leurs rôles respectifs au
près du foyer paternel? La sœur, par la
grâce de son sexe répand le calme et la joie
dans la maison, elle est le rayon céleste qui
poétise la vie de famille; grâce sa présence,
les corrections paternelles perdent de leur
dureté et de leur aigreur. Le frère est le sou-
lien naturel de la sœur, surtout quand la
mort est venue ravir leur tendresse les au
teurs de leurs jours.
215. Quel est le devoir général qui lie
chaque homme l'égard de toute autre fa
mille que la sienne? C'est dans la famille
qu'on goûte les joies les plus douces, les plus
intimes et les plus pures. Tout ce qui ten
drait donc les troubler, offrirait quelque
chose d'odieux, puisque le désordre qui en
résulterait blesserait la justice et la philan
thropie entre parents et alliés.
216. La pratique des vertus de famille
n'a-t-elle pas certains rapports avec celle des
vertus de philanthropie et de bienfaisance, et,
parunecertaine dérivation, des vertus civiles?
Ou pourrait même dire qu'elles sont la base
des vertus civiles; pour bien pratiquer celles-
ci, il faut en avoir fait l'apprentissage dans la
famille. Celui qui a aimé ses parents et ses
frères est naturellement porté l'amour du
prochain. C'est dans la vie de famille que s'ac
quiert et se développe le besoin du véritable
amour, et la famille disparue, ce besoin
cherche se faire jour et se satisfaire en
dehors. De là une tendance naturelle et in
vincible la philanthropie et l'amitié. Or,
nous avons vu que, si la justice est nécessaire
la société pour qu'elle soit possible, nous
avons également reconnu qu'il lui faut la
bienfaisance, pour qu'elle soit supportable.
n rir wm
Mercredi dernier, a été enterré avec les
honneurs militaires, M. Vlieghe, maréchal-
des-logis l'Ecole de cavalerie, chevalier de
l'ordre Léopold.
La musique du 10" régiment précédait le
convoi funèbre qui était suivi par la famille
du défunt et tous les officiers et sous-officiers
de l'Ecole de cavalerie. M. le colonel Thonou
et plusieurs officiers du 10e régiment, ainsi
que M. le colonel commandant la place et
beaucoup d'amis du défunt, avaient bien voulu
assister ce lugubre cortège et témoignaient
par leur présence, toute la part qu'ils pre
naient dans la mort d'un brave et honnête
militaire.
Nous donnons ci-après le discours pro
noncé sur la tombe, par l'adjudant sous-offi
cier Decharneux de l'Ecole de cavalerie
banls, paraissait anéanti.
Elle prit entre ses mains brûlantes les mains froides
de l'ouvrier graveur.
Puis, avec une càlioerie, avec une grâce adorable
glissant jusque sous les lèvres de son mari son front
mat et pâle comme la cire, elle murmura
J'ai la somme.
Toi 1 toi fit-il vivement et comme réveillé en
sursaut.
Moi-même.
Comment cela Par quel moyen
J'ai travaillé, j'ai économisé, j'ai veillé bien des
fois la nuit, j'ai amassé sou sou, dans un vieux bas...
Combien
Plus qu'il ne faut.
Tu as fait cela, bonne, divine créature, s'é-
cria-t-il. Tandis que j'oubliais, tu te souvenais, toi
Tandis que je gaspillais follement mon argent et ma
vie, toi sans rien dire, toi sans te plaindre, tu veillais,
tu jeûnais. Ah je suis indigne de toi. Repousse-moi,
accable-moi de ton mépris je l'ai bien mérité.
Oublions le passé, dit-elle en.lui faisant un col
lier de ses deux bras.
La suite au prochain n°Francis Tssson.