m mm viagère
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
W 9,#«J. - Dimanche
27' ANNÉE.
1B Avril flSetl.
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond» administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire
Idem Réclames idem.
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
fr. 0,15
0,30
On se rappelle les discussions qui ont eu lieu
ces jours derniers entre les journaux français et
russes propos de la question du désarmement,
les organes moscovites retournant au Conttita-
tionntl le mot de Fontenoy, cité par M. P. Limay-
rac Messieurs, commencez les premiers, a La
polémique ainsi entamée ne pouvait pas sboutrr
parce qu'elle tournait dans un cercle vicieux.Mais
s'il (sut en croire \Epeque, la question du désar
mement discutée par le» journaux de Paris et de
S* Pétersbourg serait l'objet de négociations entre
les cabinets de Paris et de Berlin. Voici d'ailleurs
Je paragraphe de 1 Epoque auquel dous faisons
allusion. Il est bien entendu que nous laissons
ce journal toute la responsabilité de nos affirma
tions
Entre prendre l'initiative d'un désarmement,
dit l'Epoque et négocier avec certaine» puissances
pour arriver ce grand résultat, il y a une diffé
rence qui ne se mesure pas. Si la France ne peut
pas faire la première deces deux choses, elle a le
droit et le devoir de tenter la seconde, et nous
croyons être assez bien informé pour dire que de
telles négociations sont précisément sur le tapis.
Allons aux faits.
Nous tenons d'une source ordinairement bien
renseignée que le gouvernement de l'empereur
aurait demandé au cabinet de Berlin de procéder
un désarmement simultané et, en y procédant
sur une large échelle, de douuer cet exemple au
reste de l'Europe.
En principe, la Prusse a accepté la proposi
tion, mais elle a objecté un obstacle tiré de la
pratique de la constitution prussienne. L'armée
en Prusse c'est la landnehr, c'est-à-dire la nation,
c'est-à-dire une armée permanente la réduction
de laquelle la constitution interdit de toucher.
a Mais afin que cette objection née d'un ob
stacle insurmontable ne pût être considérée
comme un refus détourné, la Prusse a proposé un
biais ou un moyen terme. Ce moyen termeauquel
la Prusse s'offre de recourir, consisterait en ceci
pas E.-M. »e LYDEN.
II [Suite.
Ainsi que nous l'avons dit, depuis que la mort était
entrée chei lui terrible et impitoyable, frappant sans
désemparer, mère, femme, enfants et bru, M. Hautlot
était devenu d'une réserve excessive, et comme aux
sollicitations de ses amis, de sa fille, et aux observa
tions, aux concessions de M. d'Ollobec, il n'avait ré
pondu que par des fins de non-recevoir en se retran
chant derrière une impossibilité matérielle qu'il ne
prouvait pas, et aussi derrière la nécessité de sauve
garder les intérêts de Lcouie, on se persuada que le
vieillard dissimulait une partie de sa fortune pour
avantager sa petite fille au détriment d'Honorine.
Celle-ci en fut particulièrement convaincue, et elle
en conçut une amertume profonde, un ressentiment
des plus vifs qu'elle ne chercha même pas dissimuler
ni sa nièce, ni son père.
De leur côté, les amis de Fccamp ne ménagèrent pas
au vieillard les insinuations malveillantes sur ce point;
on l'accusa d'injustice, on le taxa d'avarice, on lui re
procha brutalement de faire sciemment le malheur de
donner des congés aux soldats de la landwher ac
tuellement sous les armes et diminuer la durée du
service.
t> Cela suffira-t-il L'obstacle constitutionnel
invoqué par la Prusse ne sera-t-il pas considéré
comme un danger nouveau, non pas un danger
immédiat, mais un danger permanent Le gou
vernement français n'y verra-t-il pas un motif de
plus pour rester armé
s C'est ce que nous ne saurions dire; mais
nous croyons devoir ajouter que les négociations-
eu sont là entre les cabinets de Paris et de Berlin.
Ypbes, le 18 Avril.
Mort dn Président de la commission des
Hospices civils de la ville d'Ypres.
Aucune perle d'un homme qui, dans une posi
tion relativement modeste, a rendu d'énormes
services la chose publique, n'a depuis longtemps
aussi vivement impressionné la ville d'Ypres. De
puis plusieurs mois M. Arthur Merghelynck
était souffrant, mais sa forte et énergique volonté
lui permettait encore de se consacrer sa mission
pieuse et charitable et nulle persoune appelée A
traiter avec lui les affaires administratives concer
nant les établissements hospitaliers, ne pou vait se
figurer, quecet administrateur zélé allait faire dé
faut aux pauvres vieillards, veuves et infirmes qui
depuis plus de vingt ansétaienl l'objet de ses soins
et de ses préoccupations constantes.
M. Arthur Merghelynck, né le g Mai 1817, fut
nommé membre de l'administration des Hospices
civils en i846. Doué de toutes les qualitésqui font
le bon administrateur et possédant une rare apti
tude eu leut ce qui concernait l'appropriation et
l'arrangement des bâtiments qui sont destinés
un service public, il introduisit des améliorations
notables dans les aménagements de ces vieilles
constructions, où le service n'était guère rendu fa
cile et dans lesquelles le bien-être des pauvres
infirmes et malades laissait beaucoup désirer.
D'une activité extrême, se levant avec l'aube, il
surveillait les travaux avéc une rigidité tempérée
sa fille, par une tendresse exagérée pour l'enfant de
son fils car nul ne voulait plus croire son insuffi
sance de fortune.
Le coup fut rude pour le pauvre père, lui qui n'avait
toujours vécu que pour sa fille, et l'avait préférée ses
autres enfants
Que de larmes amères versa le vieillard sur sa ten
dresse méconnue que de cruelles réflexions l'assail
lirent en veillant, anxieux, désespéré au chevet do
celle qu'on l'accusait de ne pas aimer
Cependant M. d'OHebcc avait été informé de la ma
ladie d'Honorine et devant cette nouvelle preuve d'at
tachement de la jeune fille, il avait cru devoir faire
faire auprès du père une nouvelle et suprême tentative.
On me propose, écrivait-il ses amis de Fécamp,
un mariage dans d'excellentes conditions de fortune;
mais j'aime toujours mademoiselle Honorine que son
père réfléchisse encore mes propositions, qu'il songe
qu'il y va de la vie de son enfant. J'ai quinze jours
pour me prononcer; dites-lui que j'attendrai sa ré
ponse jusqu'à cette époque.
Les amis d'Honorine remplirent leur mandat le
père et la fille lurent la lettre.
Je 11e puis rien de plus aujourd'hui qu'il y a
douze jours, cl je ne pourrai pas davantage dans deux
par une graade bienveillance et une parfaite
équité. Sous celte impulsion énergique, des grands
travaux ont été exécutés par l'administration et le
moment était venu où les anciens bâtiments de
venus insuffisants ou iosalubres par suite de vé
tusté devaient être transformés. L'hospice de
S* Jean a été mieux approprié sa destioation
cette construction gothique où depuis longtemps
aucun embellissement n'avait été exécuté, a reçu
un aspect agréable qui ne rappelle plua l'asile
aotbbre du temps jadis.
L'hospice de la Belle qui déjà avait été amélioré
par l'administration avant la nomination de
M. Merghelynck, a été successivement embelli et
un grand nombre de ses dépendances out été uti
lisées au grand profil des pauvres qui ont, par suite
des provisions faites en temps opportun, pu con
sommer des denrées alimentaires de première
qualité.
Le Béguinage, refuge des vieillards infirmes,
laissait beaucoup désirer. Il a été établi dana
l'hôtel de M. Thibault acquis par l'administration
charitable,et l'étendue des bâtiments et du terrain
a permis d'augmenter le nombre des pension
naires. Les constructions délaissées par les vieil
lards ont été restaurées et appropriées une autre
destination, celle de la salle de police municipale
et d'un hôpital spécial, transfert rendu indispen
sable, par suite du mauvaisé'tatet de la situation de
l'ancien établissement. L'hôpital surtout provo
quait la sollicitude de M. Merghelynck. Malgré
les changements qu'on y avait successivement
opérés, il y avait des lacunes considérables qui
rendaient le aervicesanilaire difficileet même exer
çait une action délétère sur les malheureux qui y
étaient amenés pour récupérer la santé, sou vent
leur seule richesse.
Plusieursaroéliorationà jugées de première né
cessité, furent pendant longtemps débattues et
après une instruction longue et approfondie, un
plan fut arrêté et M. Merghelynck se rnit
l'œuvre. Ce travail remarquable et dont l'imper-
tance ne sera appréciée que quand il sera complè
tement achevé, n'a pit être terminé du vivant de
semaines, répondit le vieillard Accablé.
Honoritlc Me fit aUCUnê observation, he proféra au
cune plainte devant son père mais le soir, au moment
où celui-ci allait entrer dans la chambre de la conva
lescente, où se trouvait Léonic, il entendit sa fille dire
l'enfant 3
Ta seras heureuse, toi tu poUtTas épouser celui
que tu aimeras tu seras riche
Moi riche
Sans doute tu auras ma dot et la tienne
Votre dot moi? Eb bien, et vous ma tante
Oh moi I je serai morte et l'on ne donne
pas do dot Une morte
Morte, vous dit la fillette en se précipitant vers
la pauvre malade... Est-ce Dieu possible
Mais cclle-6i la repoussa duretàeUt.
Va-t'en, lui dit-elle, tu m'as volé la tendresse de
mon père... Qui sait, lu me voleras peut-être uo jour
l'amour de celui qui voulait être mon mari...
Puis Honorine se tordant les mains dans un accès
d'exaltation nerveuse, ajouta
Mon Dieu! que je suis malheureuse! mon père
me tue
Et elle tomba en proie un spasme violent.
[La suite au prochain n'). E.-M. de Lïden.