IV" î,830. Dimfinche, 28' ANNÉE. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT, POURQUOI RI'AIIEZ-VOUS 141 Jnln ««A». PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE* Chronique politique. LE PROGRES VIRES ACQtJIRIT ECNDO. ARONNEMENT PAU AN Pour l'arrond1 administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00 INSERTIONS: Annonces la ligne ordinairefr. 0,15 Idem Pour le restant du pays7-00 I(jelD Réclames idem. 0,50 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83. Les lettres et paquets doivent être affranchis. La séance d'hier du Corps Législatif de France a été ouverte par une escarmouche qui, sans avoir été très-longue, a pris cependant des proportions assez vives. Quelques paroles de M. Latour-Du- moulin, prononcées la dernière séance, y ont servi de motif. On a reproché au député du Doubs d'avoir modifié au Moniteur le texte de la réponse faite par lui M. Rouher au momant où celui-ci venait de lui montrer eu perspective ses électeurs le châtiant, dans le cours encore de cette année, de son indépendance vis-à-vis du gouvernement. Par suite de ce reproche, M. Garnier-Pagès a demandé, son tour, M. Rouher s'il n'avait pas lui-même modifié aussi une ou deux expressions vie sou discours. M. le ministre d'Etat eu est con venu. il a avoué que s'étant aperçu, une fois descendu de la tribune, qu'on mot de son discours semblait engager le gouvernement et porter atteinte, en quelque aorte, au droit personnel du souverain de fixer l'époque des élections et d'en appeler aux électeurs, il avait cru devoir ramener sa pensée la limite qu'elle n'avait franchie que par inadver tance, au milieu de la précipitation qu'impose aux ■orateurs un discours improvisé. L'incident o'a pas eu d'autres suites, mais il a suffi pour rassurer ceux desdéputés qu'avait alar més l'annonce de la prochaine convocation des comices électoraux. Il reste étahli aujourd'hui que, moins d'incidents imprévus, le gouverne ment laissera la législature actuelle achever son mandat. La Chambre des députés d'Autriche a continué la discussionf financière; elle a passé l'ordre du Jour, sans opposition de la part du gouvernement, sur le projet de loi relatif l'impôt sur le capital, qui eût fait effectivement double emploi avec I. A Paris, une piqueuse de bottines habile et active, qui emploie au travail seize heures sur les vingt- quatre que le bon Dieu fait tinter chaque jour, peut gagner, bon an mal an, de six huit cents francs. Au prix où sont les loyers et les vivres, huit cents francs ne sont pas le diable. Il y a là bien juste de quoi ne pas mourir de faim, en se logeant au-dessus du sixième étage, sous les toits, dans ces cages étroites et basses, glacières en hiver, étuvesen été, cl qu'on nomme mansardes. C'est dans une logeltc de ce genre que nous allons conduire nos lecteurs. Les briques du sol, frottées d'un enduit rouge et nettes l'œil comme une glace les mûrs revêtus d'un papier douze sous qui avait conservé toute sa fraî cheur, le plafond peint l'huile depuis trois ans et aussi blanc qu'au premier jour, attestaient dans cet intérieur la présence de l'ordre et du travail réunis la propreté. Un petit lit de fer, uneconimodeen noyer, un miroir fixé au mur, complétaient l'ameublement de la man sarde. Une porte vitrée, garnie d'un rideau de serge verte, donnait accès dans une petite pièce contiguë, qui for mait cabinet noir et pouvait au besoin servir de cuisine. l'impôt sur la rente. On sait que le ministre des finauces avait fait entrevoir, au commencement des débats, qu'il n'insisterait pas sur le maintien de son projet de loi si l'impôt sur la rente était adopté par la Chambre. En Italie, le ministère et les Chambres sont obligés d'entrer dans les mêmes voies que le gou vernement et les Chambres autrichiens. La Chambre des députés a adopté hier une aggrava tion d'un dixième sur l'impôt foncier et sur la richesse mobilière elle s'occupera aujourd'hui d'un article additionnel proposé par le ministre des finances et qui exempte de l'impôt les titres nominatifs de la dette italienne l'étranger. C'est une concession purement fictive, car presque tous ces titres sont au porteur. L'état de santé du comte de Bismark, a fourni un député l'occasion d'interpeller le gouverne ment sur ce qu'il comptait faire pour remplacer le chancelier fédéral, si son indisposition devait se prolonger, la Constitution n'ayant pas prévu ce cas. Le chef de la chancellerie, M. de Delbruck, n'a donné ce sujet qu'une réponse évasive. fPRER, le 13 Jtnin. D'ordinaire au lendemain d'une bataille, les combattants de la veille, d'abord inhument leurs morts et relèvent leurs blessés, puis ils examinent les incidents de la lutte pour en tirer profit l'avenir. Nous n'avons heureusement, la suite de la lutte électorale du 9 Juin, ni morts mettre en terre, ni blessés enlever du champ de ba taille; mais il ne sera pas sans utilité, pensons- nous, de jeter un coup d'oeil rétrospectif sur les incidents delà journée. Constatons d'abord que les trois candidats libéraux élus ont été combattus par les cléricaux. C'est là qu'habitait depuis deux ans une jeune et jolie piqueuse de bottines nommée Amélie, venue de son village Paris, sur la fui de pompeux récits, pour y trouver fortune. Mais au lieu de la fortune la pauvrette n'avait trouvé qu'un pain souvent bien dur, acheté force de travaux et de veilles. Paris est pour le riche un paradis d'enchantements mais pour celui qui n'a que ses deux bras pour for tune, Paris est une terrible chiourme, dans laquelle le plus impitoyable des bourreaux, le besoin, ne vous laisse ni repos ni trêve. Malgré celte déception, Amélie avait su rester sage. Non que les tentateurs eussent manqué la nouvelle arrivée, car elle était belle comme une reine aussi les galants, ces joyeux séducteurs qui s'ébattent autour des jolies filles comme les papillons autour des jolies fleurs, ne manquèrent pas de foisonner sur son passage. Mais elle avait été élevée dans toute la pureté de mœurs de son pays. Donc, depuis deux ans qu'elle habitait Paris, Amélie avait conservé sinon son ignorance native, du moins sa naïveté d'autrefois. Un rayon de soleil glissé furtivement dans la ch9m- brette, le chant d'un oiseau, le parfum d'une fleur suffisaient la rendre joyeuse pendant toute une semaine. Mais un beau jour tout changea. De gaie et d'insouciante qu'elle était, l'ouvrière MM Vanden Peereboom et Beke ont peut- être obtenu quelques suffrages de reconnais sance ou d'estime donnés par des électeurs qui ne sont pas franchement libéraux, mais le nombre de ces suffrages a été peu élevé. Ainsi, sur 1999 votants, M. Alph. Vaodea Peereboom a obtenu 1275 suffrages et M. Beke1242 En 1863 sur 1997 votants, M. Vanden Pee reboom avait été élu par 1159 voix, soit donc une différence de 117 suffrages et nous n'hé sitons pas croire que cette augmentation est due pour une part notable aux progrès faits par l'opinion libérale dans l'arrondissement. Les cléricaux ont combattu nos trois candi dats libéraux, 724 électeurs catholiques sur 1999 votants ont refusé leur suffrage M. Vanden Peereboom, Le progrès du libéralisme dans la ville de Popeiinghe, ainsi que dans les communes rurales ne peut être mis en doute. Dans les trois bureaux composés d'électeurs de l'arrondissement, sauf de ceux de la ville d'Ypres, M. Alph. Vanden Peereboom obte nait en 1863, 774 et en 1868, 867 suffrages, soit donc une augmentation de 93 voix. M. Vanden Boogaerde a obtenu en 1863, 618 suffrages et M. Van Merris en 1868 eu réunit 728, soit donc 110 voix de plus; enfin, M. Van Renynghe qui dans ces trois bureaux avait eu en 1863, 859 voix n'en obtient plus en 1868 que 746, soit une perle de 113 suf frages. Il serait difficile de comparer les résultats de 1863 et de 1868 pour les 3e et 4e bureaux, la composition de ces bureaux avant été pro- devml rêveuse. Elle se surprit des heures entières, l'œil errant, l'esprit inoccupé, regardant vaguement au hasard, taud s que l'aiguille inactive dormait sur l'ou vrage. Puis elle soupirait sans cause, elle rougissait sans savoir pourquoi, elle riait sans motif, et par instant se mettait chanter plein gosier comme une folle. L'enfant se transformait et devenait jeune fille. L'amour se glissait l'improviste dans ce cœur de dix-neuf ans, qui ne savait pâs seulement ce que c'était qu'aimer L'amour, sous les traits d'un beau garçon de vingt- deux ans, la démarche hardie, aux cheveux lustrés et frisés avec art, au visage frais et dont la lèvre supéri eure commençait s'ombrager d'un fin duvet bruni. Il avait certes, cet heureux adolescent, tous les agré ments qu'il faut pour captiver les yeux et le cœur d'une ignorante fillette jeunesse, beauté, élégance, savoir- vivre et, chose qui ne contribuait pas peu assurer ses triomphes auprès des belles, il tournait assez gail lardement les couplets d'uDe chanson. Bon enfant, du reste, ami de tout le monde, com pagnon de tous les plaisirs, et cité dans les magasins de Douveautés de Paris comme le meilleur figurant qui oecupât l'emploi de chef de rayon. Il se nommait Aégnor et logeait sur le même palier qu'Amélie, Quoique leurs portes fussent couliguës, ils ne s'é taient pas encore adressé la parole, lorsqu'un soir,

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Le Progrès (1841-1914) | 1868 | | pagina 1