Noire constitution de 1830 proclame les
libertés que Pie IX condamne l'Autriche a
emprunté notre Constitution admirable
d'après nos épiscopaux, le texte des lois, que
le S' Père, en vertu de son autorité aposto
lique, déclare odieuses et abominables.
Ce qui est odieux, abominable en Au
triche, peut-il être admirable, orthodoxe en
Belgique Les ecclésiastiques et les catho
liques qui ont proposé, établi, approuvé
notre Constitution et ceux qui la mettent
exécution ne tombent-ils pas, comme ceux
qui oot proposé, établi, approuvé des lois
identiques en Autriche, sous l'application des
censures et punitions spirituelles infligées
ipso facto par les conciles
Nous avouons qu'il y a entre les principes
proclamés par le S' Père et ceux affirmés par
nos épiscopaux une distance si grande
qu'une petite explication ne serait pas inutile
pour traoquilliser les consciences de la grande
majorité des Belges qui, tout eo professant
le plus grand respect pour notre pacte fonda
mental et pour les libertés modernes qu'il
consacre, se flattent particulièrement
d'être catholiques. Doivent-ils écouter les
paroles de nos évêques, hommes politiques
ou bien doivent-ils suivre les préceptes si
nettement formulés par le souverain pontife P
Une petite explication s'il vous plait.
I
Nousapprenons que les listesdesouscription
au baoquet qui sera offert le 3 Août la
famille Royalese couvrent de nombreuses
sigoatures. Quelque vaste que soit le compar
timent de la Halle, où sera donné le banquet,
il est dès-à-présent prévoir qu'il suffira
peine pour recevoir toutes les personnes nota
bles qui témoignent le désir de s'associer
cette patriotique démonstration.
Des listes sont déposées au Secrétariat de
la ville et comme il importe d'être fixé 6ur le
nombre de convives, pour le 12 Juillet, oous
engageons les personnes qui désirent prendre
part celte fête, signer avant celte époque.
Nous apprenons avec la plus vive satisfac
tion qu'un accord est enfin intervenu entre le
gouvernement et les sociétés concessionnaires
des voies ferrées. Cet heureux incident qui
met fin aux entraves et aux déboires qu'éprou
vaient le commerce l'industrie et les rela
tions privées, est dû en grande partie aux
efforts des autorités communales, des repré
sentants du pays, et des chambres de com
merce.
Nous savonsen ce qui nous concerne
spécialement, que les réclamations de notre
collège écbevioal, appuyées par les membres
de notre députation la législature, et par
notre chambre de commerce, ont contribué
faire cesser un état de choses devenu into
lérable, et que leurs protestations oot dévancé
le projet qu'ils avaient formé de provoquer
ud pélitiounemeot général.
En nous félicitant de l'heureuse issue
qu'ont eue leurs démarches, nous leur devons
un tribut de reconnaissance pour l'initiative
qu'ils ont prise et pour l'empressement avec
lequel ils ont su sauvegarder les intérêts gé
néraux. Nous n'attendions pas moins de leur
dévouement en tout ce qui peut contribuer
au bien-être de leurs commettauts.
A Monsieur le Directeur du journal le Progrès,
Ypres.
S1 Orner, 25 Juin 1868.
Monsieur,
Me trouvant l'autre joor en votre ville, je me
fis un véritable plaisir d'aller visiter votre magni
fique église de S' Martin; c'est une habitude
laquelle je reste fidèle chaque fois que je dois
passer quelques heures Ypres, pour mes affaires.
Permettez-moi de recourir votre publicité
pour exprimer toute mon admiration l'occasion
des belles restaurations, que l'on exécute ce
splendide édifice, et pour faire quelques observa
tions de détail, qui me sont dictées par l'intérêt
que je lui porte.
Je ne connais pas de monument religieux dans
votre pays, ni dans le nord de la France, qui, i
l'extérieur et surtout l'intérieur, ait été restauré
avec plus de science, de soin et d'intelligence, que
votre ancienne cathédrale et je n'en connais pas
non plus, sauf peut-être la cathédrale de Tournai,
qui présente actuellement, daos son ensemble, un
aspect aussi grandiose, aussi sévère et aussi harmo
nieux en même temps.
Les hommes qui dirigent celte œuvre de réha
bilitation intérieure du monument surtout, ont
su éviter J'écueil contre lequel viennent se briser
si souvent des archéologues vulgaires, en cher
chant faire mieux que les constructeurs eux-
mêmes, qui souvent, sans trop s'en douter ont fait
tout simplement des chefs-d'œuvrea; ils se sont
bornés conserver ce qui était en bon état,
refaire ce que le temps avait détruit et détruire
ce que le mauvais goût avait ajouté.
La restauration extérieuremériteaussi de grands
éloges, bien qu'elle fut plus difficile que la restau
ration intérieure; le temps tempus edax
y avait fait plus de ravages, les vestiges de certains
détails avaient presque disparu, des parties entières
de galeries, par exemple, avaient été enlevées; il
était donc difficile et même parfois impossible
d'imiter il a fallu faire du neuf; on a assez heu
reusement résolu en général cette difficulté et, je
le répète avec plaisir, les hommes qui, depuis
l'origine de l'entreprise, oot dirigé les travaux de
elles u oot souvent pas conscience. Nous ne conseille
rions point ces organisations susceptibles de venir
habiter la maison où est situé le bureau de poste de
Saint-Sylvaio.
C était autrefois le presbytère de la paroisse, et,
quoique la municipalité l'ait fait déeorer neuf lors
qu'on lui a donné une nouvelle destination, cette habi
tation est peu confortable. On y sent le vide malgré
l ameublement, le froid malgré les clôtures, car dans
chacune des pièces qui la composent, on taillerait
laise on logement parisien.
Le terne crépi de sa façade est cependant rehausse
par des espaliers où croissent le jasmin, la clématite et
les roses qui reçoivent tour i tour les fraîches caresses
de l'aurore et les baisers ardents du soleil de midi
mais ces agréments sont des compensations insuffi
santes de certains inconvénients de situation.
Ainsi la principale devanture de la maison étant
tournée vert l'église, n'a point d'autre vue que celle de
la haute tour du clocher. Les deux portes d'entrée,
celle du bureau de poste et celle du jardin, s'ouvrent
de côté sur une petite rue perpendiculaire la princi
pale rue du bourg et qui forme avec celle-ci un aDgle
droit au pied de ce monticule servant autrefois de cime
tière, sur lequel s'élève l'église.
Le jardin se divise en deux compartiments l'un de
plain-pied avec la maison et avec la rue, est taillé
comme en excavation dans le cimetière qui surmonte
comme eo guise de terrasse son mur de clôture
l'autre, est un peu plus élevé on y secèdc par un petit
escalier en pierre qui fait face la porte d'entrée.
Le res-de-chau9sée de la maison se compose de trois
pièces le bureau, la grande cuisine qui sert aussi de
salle manger, la salle manger qui sert habituelle
ment de salon, suivant les habitudes semi-rustiques,
semi-bourgeoises adoptées dans les petites villes et
dans les bourgs.
Il est impossible, quand on habite l'une ou l'aube
de ces trois pièces, que le regard n'aille pas sans cesse
se heurter du mur du jardin i celui de l'église et au
soubassement de la tour, dont l'élévation et la masse
dominent et refoulent l'imagination qui voudrait dé
passer ces étroites limites.
Enfin, les os de mort que l'on déterre chaque coup
de bècbe dans le jardin, les crapauds que l'on entend
soupirer sous les pierres et qui montrent par les inter
stices le dilatement grotesque de leurs gros yeux et de
leurs faces pétrifiantes, les oiseaux nocturnes établis
dans la tour, qui, aussitôt que le soleil a disparu, com
mencent leurs lourds ébats en poussant des cris sinis-
restauration l'extérieur et l'intérieur, ont
mérité de légitimes éloges.
Il y aurait bien aana doute quelquea critiques
de détail faire, maia une œuvre humaine quel
conque peut-elle être parfaite? Je ne m'arrêterai
donc pa9 ces détails. Toutefois, Monsieur, per
mettez-moi de demander pourquoi on a introduit
le gaz dans ce temple gothique? Pour que lea
fidèles y voient bien clair, me dira-t-on. Mais le
demi jour, la lumière mystérieuse,si en harmonie
avec la destination du iieu saint, n'ajouteat-ils pas
la majesté du style moyen-âge et les générations
de fidèles qui oot fréquenté l'églisedepuis l'époque
de sa construction, n'ont-elles pa9 pu faire leur
9alut la lumière douteuse des flambeaux en cira
jaune, des chandelles d'un liard et même des
lampes un peu fumeuses. Et le progrès, dira-t.on,
le progrès des lumières surtout! Ah Monsieur,
introduire le gaz moderne dans un tel monument,
le distribuer i l'aide de minces conduits, qui
rampeut, comme de ridicules vers de terre, le
long de sveltes colonnettes, le faire passer par des
branches en fer de fonte peintes et d'autant plus
déplacées qu'elles sont prétentieuses, ce n'est pas
un progrès, c'est un regrettable anachronisme,
j'allais dire un sacrilège archéologique.
Qu'on éclaire au gaz, les salle9 de spectacle, un
casino, l'église de Notre-Dame de Salette, soit,
mais une magnifique église gothique, cela fait
peine voir.
Autre observation. Pourquoi ne restaure-t-on
pas la porte d'entrée du transept souillée par un
peinturage anonyme et ornée, en guise de petit
battant, d'un placard uni et dignededonner entres
une étable ou une barraque? Ce serait là un
travail peu coûteux; car la vieille porte est d'un
beau style, elle a un cachet incontestable, et telle
qu'elle est, elle fait tâche au milieu du porche qui
est magnifique; une tâche sur une robe de velours
se remarque plus que sur une robe de bure.
Avant de quitter votre église, j'avais remarqué
avec douleur dans le pavage du petit portail des
fragments de vénérables dalles gothiques placées
jadis sans doute sur la sépulture de quelque res
pectable dignitaire de l'église ou de quelque sei
gneur de haute lignée mais quelle ne fut pas ma
surprise de trouver la surface du sol du cime
tière de nombreux fragments d'ossements et de
crânes dont les lignes blanches incrustées pour
ainsi dire entre des pierrailles multicolores pro
duisent, sinon sur l'eeil du profane, du moins sur
i'esprit du penseur une bien triste impression.
Des dalles brisées l'iotérieor du portail Des
ossements et des crânes humains formant le ma
cadam du cimetière ne soul-ce pas là des profa
nations, que l'on doit et que l'on peut faire cesser
peu de frais
Comment ces respectables débris humains ont-
ils été ramenés la surface du sol? Comment y
a-t-on mêlé toutes ces pierres rouges, blanches ou
blenes Aurait-on en 179B profané les tombeaux
de vos ancêtre» et jeté leurs cendres au vent.
Je ne veux pas rechercher les causes de cet état
de chose» je constate un fait essentiellement
regrettable.
très, sont autant d'accessoires mélancoliques qui dé
truisent rapidement l'impression gracieuse produite
par la vue des chèvres-feuilles et des roses.
Au 15 Août dernier, une nouvelle directrice, ou
plutôt, suivant une correction récente du style admi
nistratif, une nouvelle receveuse des postes s'installait
au bureau de Saint-Sylvain.
C'était une jeune femme qui, accompagnée de sa
mère, de son mari, de ses enfants, ne semblait rien
craindre des influences attristantes de son habitation.
Quelques amis s'étaient rendus aussi Saint-Sylvain
pour fêter son arrivée. Mais pendant que tout ce
monde se réjouissait, petit bruit d'ailleurs, une
pauvre malade qui occupait la grande chambre située
au-dessus de la salle manger, voyait s'éteindre ses
derniers jours. Elle était alors âgée d'environ quarante-
sept ans, et clic conservait encore, au milieu de ses
souffrances, une physionomie douce et intéressante sur
des traits délicats auxquels le burin du malheur avait
communiqué une grande fermeté de ligne. Précédem
ment directrice du bureau de poste, elle n'avait pu,
cause de la gravité de son état, se transporter dans un
autre logement pour laisser la place libre celle qui
lui succédait.
(La suite au prochain H*). Emile BosquïT.