Tours de gobelets.
Prestidigitation cléricale.
assez difficile, soit dit en passant) et aile on
en rejette toute la responsabilité sur M.
De Sluers, sans s'inquiéter seulemeul si l'ho
norable échefin s'est montré partisan des
mesures que l'on critique. Qu'importe au reste
la vérité pourvu que l'on trouve une occa
sion de jeter un peu d'odieux sur M. De
Sluers, ne faut-il pas la saisir au bond et en
tirer profit pour exciter des susceptibilités et
des rivalités entre lui et ses collègues. Calom
nier et diviser pour régner, ont été les éter
nelles devises de nos adversaires et les reste
ront tout jamais.
Depuis quelque temps de sourdes rumeurs cir
culent concernant un perfectionnement inventé
par le clergé, pour s'enrichir sans laisser la
inoindre trace de la spoliation commise. Les pères
llassela et Fianqueville avaient l'imprudence
grande, de déménager un coffre-fort qui reatait
une preuve matérielle du dépouillemeot d'une
famille et cela devient dangereux par le temps qui
court, attendu qu'en certains endroits, la justice
n'est plus la dévotion du clergé.
Auasi vient-on de trouver un moyen infiniment
plus simple et qui permet de plumer la poule,
sans qu'elle conserve la possibilité de crier. Cet
admirable système consiste faire ordonner par le
moribond aa famille, par exemple, de verser
.eutre les mains du clergé ou de ses mandataires,
une somme de qualrevingt mille francs, avec la
condition bien expresse que la susdite famille dé
pouillée n'ait pas même la faculté de pouvoir
exiger quittance du versement opéré.
Cette aimable opération s'est pratiquée Ypres
et la famille a bien dû s'exécuter, vu que des pré
cautions avaient été prises, pour au besoin, la
forcer ne pas se dérober la promesse faite. Le
juli denier qu'on avait extorqué nn moribond,
valait certes la peine de prendre certaine» garan
ties i l'endroit des héritiers, qui eussent pu ne pas
tenir compte de cette spoliation, cause de la pres
sion morale exercée sur le donateur.
Nous devons féliciter les inventeurs de ce nou
veau truc; ils ont damé le pion aux Jésuites qui
se sont laissés piocer dans la captatioo De Boey.
Ils ont bien restitue les immeubles, évalués i
800,000 francs, mais ils ont sauvé la caisse et
c'était autrement important comme le proclamait
Bilboquet.
Dans l'escamotage dont il s'agit, il n'en restera
pas même de traces, ce qui prouve qu'un sage
notaire a passé par là et qu'un prudent avocat a
mis la main la réauite de celte excellente
aubaine.
Avis a ceux qui désirent jouir de la pro
tection du clergé. On est i la recherche d'un
homme bien famé, offrant de la sorface, c'est-à-
dire, une position de fortune considérable, pour
en faire un personnage interposé, qui accepterait
des dunations et legs, dont le revenu devrait être
versé l'évêché, ou la corporation désignée.
Les efforts faits par les agents tonsurés romains,
afin de faire revivre la main-morte par toute
espèce de manigance et afin d'éluder la loi, sont
iocroyables. Tantôt on organise des couvents par
tontine, taotôl ou essaie de la société anonyme
dont les titres simulés figurent seulement l'acte
de constitution mais la forme usuelle la plus
pratiquée, c'est l'organisation d'une société civile,
mais aana partage d'aucun produite! sans meut ion
de bénéfice. Il y a cependant des individus qui
prêtent leur nom couvrir cea illégalités et aux-
quelsle clergé fait comprendre quec'eat un moyen
de faire son salut
Uu autre fait d'une nature assez siugulière a eu
lieu ici. Une vieille personne possédant un joli
avoir, a vendu ses immeubles publiquement. Elle
est venue décéder, il y a quelques mois, laissant
par testament tout sou avoir des curés et ne
donnant qu'une part très-miniine quelques hé
ritiers du sang. On lui a prescrit un moyen très-
ingénieux de dissimuler ses libéralités, sous
prétexte d'œuvres pies, et si les rumeurs qui cir
culent sont fondées, un nombre incroyable de
messes ont été ordonnées et payées.
Sur tous les points de la Belgique, le clergé ro
main est la recherche de cea biens terrestres,
dont il semble avoir peu de souci, pour engager
les bonnes âmes s'en débarrasser son profil.
C'est du reste ainsi que les prêtres se conduisaient
au moyen-âge: ils prêchaient la fin du monde et
engageaient les niais i se dépouiller de leurs biens
afin de lea enrichir. Ce mode réussit très-bien près
de certaines personnes systématiquement Crétini-
aéea et prédisposée* ainsi être victimes des
convoitises de ceux qui se disent les apô'rea de
Celui qui a enseigné le mépris des richesses.
Nous lisons dans un journal de la localité
Le Progrès raconte que M. le Ministre des
travaux publics a donné l'assurance formelle
que l'adjudicatioo des travaux exécuter
l'Yser entre Rousbrugge et la Finteile aurait
lieu daiM» un très-bref délai.
a Anne, Anne, ma sœur, Anne ne vois-tu rien
tenir.
Eh bien, nous croyons que si sœur Anne
regardait bien, elle verrait les travaux de
l'Yser, bien près d'être exécutés, car nous
lisons dans les journaux de Bruges qu'il vient
d'être procédé l'hôtel du gouvernement
provincial l'adjudication des travaux exé
cuter pour le recreusement de l'Yser et que
le sieur J. Van Dvcke. entrepreneur Os-
tende, a soumissionné pour la somme de
118,700 franc».
Ces plaisanteries coupèrent court aux commentaires
sur la destinée de M"" Marlizxi. D'ailleurs, tous les
curieux étaient attirés vers les collations patriotiques.
L'une était servie dans la cour d'une auberge, et tous
les hsbitaots du bonrg pouvaient en prendre gratuite
ment leur part. Cette générosité, dont quelques-uns
profitèrent et dont personne n'abusa, était due un
opposant qui visait la députation.
Les frais de l'autre, pour laquelle on avait dressé
une table avec des bancs des deux côtés sous le hangar
qui servait de halle, étaient couverts par les souscrip
tions des convives. Si ce régal était plus onéreux, la
compensation s'établissait par l'bonnear d'y être admis
en compagnie du maire, des adjoints, des municipaux,
des pompiers et de l'instituteur. On aurait cru peut-
être que, le cidre et le calvados (1) aidantles deux
camps des convives en viendraient échanger quel
ques propos querelleurs, et que la nuit ne se passerait
pas sans bataille. Mais les passions politiques ne trou
blent guère la sapienee du paysan normand.
Chacun but et mangea pour soi, sans songer au voi
sin, et il n'y eut point d'autre rivalité que celle des
chanteurs qui, dans les jovialités comme dans les com
plaintes, s'offrirent l'admiration de leurs auditeurs
avec l'asurancc des artistes privilégés qui n'ont jamais
(I) Eau de vie de cidre.
connu les résistances du succès.
Point de réjouissances publiqncs sans illuminations
on alluma un rang de lampions sur la corniche la plus
élevée de la tour de l'église. La malade contemplait de
son lit ce cordon lumineux dont les reflets seuls éclai
raient sa chambre avec les Ineurs de la lune, tandis
que sa jeune amieassise silencieusement auprès
d'elle, lui serrait avec affection la main dans les siennes.
Quand je regarde celte tour, s'écria tout coup
la malade, il me semble que je vois ma vie so dresser
tout entière devant moi, comme si chacun de mes sou
venirs étaient inscrits sur ces pierres. Mes pensées l'ont
prise tant de fois témoin qu'elles ont dû y creuser
leurs traces.
Puis un changement subit, au moins en apparence,
du cours de ses idées, amena M1"* Marlizxi faire sa
jeune amie une question qui parut celle-ci d'une sin
gularité si prononcée, qu'elle eut été certainement
moins surprise si la malade lui eût demandé le bulletin
du dernier numéro du Journal des Modes.
Vous qui venez de Paris, disait M"* Martizzi,
apprenez-moi s'il y a toujours dans celte ville des
apôtres de l'humanité qui prêchent l'association des
travailleurs et l'émancipation des femmes.
Marie Launay rosta interdite, cherchant se fami
liariser avec ce langage si nouveau pour elle.
Vous êtes étonnée, reprit M— Martizzi mais
Que l'adjudication soit approuvée ou non,
cette affaire n'en est pas moins sur le point de
recevoir une solution, car en cas de non
approbation, une nouvelle adjudication aura
lieu sans relard.
Une brillante sérénade a été donnée Mardi
soir par notre excellente musique de Pompiers,
M. le chevalier A Hynderick, la suite de
sa réélection comme major-commandant
notre bataillon de Garde civique.
Nous apprenons avec une vive satisfaction
que M. Théodore Ceriez, l'un de nos artistes
Yprois qui a exposé au salon de Pari» de celte
année, vient de vendre Mm9 la comtes»e de
la Panouseà Paris, son admirable petit tableau
représentant une lecture sous Louis XV. Un
second tableau du même artiste intitulé le
premier Lièvreœuvre aussi remarquable
que la précédente, et également exposée au
salon de Paris, vient d'être expédié l'expo
sition des beaux-arts qui s'ouvrira Amiens
le 6 Juillet prochain.
Nous espérons que ce jeune et brillant ar
tiste ne manquera pas, lors de l'exposition
organisée en celte ville pour l'arrivée de notre
Auguste Souverain, d'offrir quelques-unes de
ses charmantes toiles l'admiration du public.
Programme des morceaux qui seront exécutés, le
5 Juillet iS6i, b heures, au jardin de la
Société de la Concorde, par la musique du io*
régiment de lignesous la direction de M.
fVulhain.
f* Le Coucou du bois de Boulogne. (Bousquet.)
2» Ouverture de la Muette. [Auber.)
3® Les deux Fauvettes, polka. (Bousquet.)
4° Potpouiri ide Zampa. (J. Bender.)
5° Hommage la nation Britannique. (Lubilzkg.)
On nous écrit de Rousbrugge, le lr Juillet
1868.
Monsieur le rédacteur,
Noua nous permettons d'entrer en matière san*
préambule insinuant.
Noua disons hautement, aan* crainte d'être
accusé de faire le panégyrique de notre parti, que
le libéralisme modéré, contrairement aux autres
partis qui ont droit de cité en Belgique, depuis la
conquête de notre liberté, s'eut toujours distingué
par sa loyauté et son honnêteté de principes,
comme par sa manière dt les metlie judicieu
sement en pratique. En effet, dans tous lea actes
qu'il a posés, depuis qu'il est au pouvoir, le libé
ralisme modère a toujours marché droit, au grand
jour, appelant sur eux la libre discussion et
n'ayant nullement peur de la critique quelque
violente qu'elle pût être, convaincu qu'il a lou-
vous ne savez donc pas qu'au moment de mourir, ou
cherche emporter toute la terre avec soi. Il y a là-
baut des êtres qui vous attendent pour lesquels on
voudrait recucijlir la moisson que pendant leur rude
existence ils avaient semée. A ces idées, qui vous pa
raissent si étranges, se rattache tout ce qu'il y a eu
dans ma vie de foi et d'enthousiasme c'est par elles
que j'ai aimé et que j'ai souffert. Elles ont été comme
le soleil qui fait germer les bonnes et les mauvaises
plantes; elles ont causé ma joie et produit mes dou
leurs.
Je voudrais répondre votre question d'une ma
nière précise, répliqua Marie Launay mais je suis
bien ignorante en ces sortes de matière. J'ai remarque
quelquefois, cependant, en parcourant les journaux,
que l'on se préoccupait sérieusement de former des
associations ouvrières mais il ne m'a pas paru que
ceux qui en prenaient l'initiative eussent l'idée d'ac
complir un apostolat. Pour moi, je mettais cette entre
prise au rang des autres combinaisons industrielles et
financières auxquelles je prétais peu d'attention. Jamais
je ne me serais doutée qu'on pût en regarder l'exécu
tion comme une sorte d'œuvre religieuse.
Ah c'est que le temps de la foi est déjà passe
peut-être. Il faut croire pour découvrir la route du
progrès il suffît de savoir pour la suivre.
(La suife au prochain n'). Emile Bosquet.