les boiseries sortent des ateliers de M. Malfait,
artiste-sculpteur, Bruxelles.
M. Malfait est non-seulement un praticien
distingué, mais de plus un artiste de talent
et uu archéologue pratique qui, aussi mo
deste que savaut et babile, fait des chefs-
d'œuvres au lieu de critiquer les œuvres
d'autrui. Tous ceux qui portent intérêt la
restauration de nos monuments savent que
l'année dernière les anciennes et curieuses
peintures murales de notre salle échevinale
ont été restaurées par M. Vinck, sous la
savante direction de M. le baron Leys. Nous
apprenons que les cartons des grandes pein
tures monumentales confiées M. Guffens
et Swertz, sont achevés et que ces dessins
ont reçu l'approbation des artistes, etc., etc.,
qui ont été appelés les examiner MM.
Guffens et Swertz se sont engagés esquisser
ces projets sur les murs avant l'arrivée du
Roi. S. M. pourra ainsi juger de l'aspect
général qu'aura ootre antique salle, après
l'achèvement des travaux de restauration.
Enfin, tout permet de croire que l'œuvre de
peinture, la seule de quelqu'importance qui
reste faire, sera terminée avant 1870.
Nous avons dévoilé la lactique jésuitique
et double face qui, propos de nos fêles
du 3 Août, avait inspiré la polémique du
Journal d'Ypres Notre réponse semble avoir
vivement offensé et profondément irrité notre
confrère, cela ne nous étonne pas nous
avons dit la vérité, la vérité offense et cer
taines gens sont irrités, quand ils sont pris
la main dans le sac.
L'irritation du Journal d'Ypres est grande
•t elle se manifeste par les expressions et les
épithètes les plus choisies. Nous avons
recours l'altération (sic) au mensonge,
l'injure. il faut être vraiment un triple
menteur pour affirmer, etc., etcn'a-
vôn^-nous honte de mentir ainsi sauf
l'apposition anti-dynastique, qui est le plus
odieux et le plus bête de* mensonges (sic).
Notre confrère, on le voit, affectionne les
mots menteur, mensonges cela s'expli
que, on juge souvent les autres d'après soi-
même nous prions cependant le public de
ne pas assimiler, même sous le rapport de
l'urbanité, le Progrès au Journal d'Ypres
bien que cette dernière feuille soit rédigée
par des charitables ecclésiastiques et de pieux
laïques.
de la révélation de son être qu'il lui avait apportée
lui, parce que l'amour pur de cette femme était comme
la réalisation de cette étreinte idéale que tout réfor
mateur qui se dévoue attend de l'humanité. Mais ils
planaient plus haut ils eurent la double imprudence
de leur bonheur et de leur vertu.
La jalousie de M. Martizzi fut éveillée. Ce n'était
pas la jalousie de l'amant c'était celle du propriétaire,
et elle n'en fut que plus froide et plus féroce. Com
ment se fit-il? M°" Martizzi n'avait pas de domestique
qui pût l'épier, pas de voisins qui eussent vue sur sa
maison, et cependant son mari fut averti que les jours
où il s'absentait, elle passait de longues soirées
causer avec M. Jacques, auprès de la fenêtre de sa
chambre, la main dans la main, et quelquefois sou
tenue par son bras et la tète appuyée sur son épaule.
Qui l'avait vu qui l'avait dit? Peut-être les esprits
qui dansient la nuit dans le cimetière l'avaient-ils
raconté aux farfadets de la ville. Toujours est-il que
le bruit avait couru.
Comme M. Marlizzi n'avait aucune idée d'une affec
tion purement intellectuelle et morale semblable
celle qui existait entre sa femme et M. Jacques, il
n'hésita pas les croire coupables. Si ses soupçons
avaient eu besoin d'être confirmés, la persuasion com
plète de l'indiscret qui l'avait averti, et qui n'était
autre que le père Mulot, aurait suffi pour dissiper
tous ses doutes.
Nous sommes donc des triples menteurs
de plus rien n'est plus faux que nos
allégations nous avons tenu le pire des lan
gages et nous avons lachè (sic) les plus
sots propos C'est malaviséc'est
maladroit, c'est presque criminel au moment
que (sic) des bruits et des menaces d'annexion
se répandent de toutes parts! Lâcher
n'importe quoi au moment que des
bruits se répandent de toutes parts C'est
très-hardi et il n'est pas nécessaire d'être
professeur pour lâcher des propos aussi
sots mais passons, car pour plaire
nôtre confrère ne sachant parler mieux,
nous aurions dû savoir nous taire.
Mais si nous suivions ce conseil, le Journal
d'Ypres, s'écrirait triomphalement et de sa
voix de soprano vous tenez le pire
des langages vous êtes des triples men
teurs n donc nous sommes d'excellents
patriotes Belges.
Mais que notre confrère le sache, il ne nous
plail pas de nous taire la presse est libre pour
nous, comme pour lui, et nous continuerons
user de notre liberté pour dévoiler les ma
nœuvres de ceux qui lâchent desols propos.
En bons chrétiens car il faut aimer son
prochain, même ses ennemis en bons
chrétiens non cléricaux politiques bien
entendu, nous conseillons au Journal d'Ypres
de se calmer et de baisser le ton de sa seri
nette. Ses rédacteurs doivent savoir que
l'exaltation politique peut mener la folie
et que par la chaleur sénégalienne qui agit
sur les individus du règne animal comme sur
les végétaux, une surexcitation outrance
peut avoir de tristes résultats. Les cas de rage
sont plus fréquents en été que durant les
mois d'hiver nous ue demandons pas du
reste que certains règlements relatifs aux
muselières reçoivent une extention nouvelle,
les rédacteurs du Journal d'Ypres sont
d'ailleurs tenus eu lesse par Monseigneur et
par son délégué.
Nous sommes de triples menteurs» donc
le Journal d'Ypres ne fait pas d'opposition
anti-dynastique soit, nous aurions cepen
dant le droit d'en douter. N'a-l-il pas,
l'occasion de la visite royale, cherché ridi
culiser les mesures prises par nos édiles
refroidir le zèle des habitants de notre ville
et même discuter avec malveillance les
décisions prises en haut lieu? Mais qu'importe,
notre confrère revient de meilleurs senti-
Atteint au plus vif de son orgueil d'homme, la
fureur de M. Martizzi s'exaspéra jusqu'à la soif du
'meurtre. Mais ce fut, comme nous l'avons dit, une
fureur froide où se combinaient l'esprit de l'homme
de loi, cherchant pour sa vengeance un auxiliaire dans le
Code et l'astuce du paysan normand qui compte sur
l'adresse de ses pièges.
Un soir le clerc du notaire dit sa femme qu'il
partait pour Caen, où il avait affaire le lendemain de
grand matin, et on le vit s'éloigner dans le cabriolet
de son patron. Il revint deux heures après. A l'aide
d'une échelle qu'il avait cachée l'entrée du cime
tière, il escalada une petite fenêtre de sa maison, la
seule qui donnât sur la rue, au-dessus de la porte du
bureau, et qu'il avait eu soin de laisser ouverte. Cette
fenêtre était celle d'un cabinet communiquant avec la
chambre de la petite Elise, laquelle n'était séparée de
celle de M** Martizzi que par une mince cloison et
une portière en tapisserie.
A travers la portière, M. Martizzi entendit la voix
de M. Jacques. Il était arrivé là sans hruit, il se
montra tout coup. Les deux amis étaient assis l'un
près de l'autre dans cette attitude abandonnée que
leur donnait la confiance et ils respiraient la douceur
du soir par la fenêtre entr'ouvertc. M. Jacques vit le
premier M. Martizzi et comprit le danger mais elle,
demi folle de surprise et de peur, s'attaCha lui
avec une force irrésistible.
menta, nos arguments et nos observations
l'ont probablement converti il n'est mu que
par un sentiment d'anti-minislérialisme
Il est Belge et constitutionnel malgré l'Ency
clique et avec l'aulorisatioo spéciale du Pape;
il proteste de tous ses bons sentiments! que
rémission de ses fautes lui soit accordée
tout péché miséricorde, qu'il s'amende et que
le 3 Août, il crie avec nous, avec toute la
population
Vive le Roi
gi Ue O
On nous assure que conformément un
usage constant des exemplaires des derniers
numéros du Journal d'Ypres et du Progrès
publiant des articles relatifs la visite du Roi
ont été envoyés Bruxelles on pourra ainsi
juger en haut lieu si c'est dans le camp cléri
cal ou daus le camp libéral que l'on trouve
le plus de sentiments patriotiques, constitu
tionnels et de dévouement_à notre Auguste
Dynastie.
Gomme nous l'avons promis dans un de nos
derniers numéros, nous publions ci-dessous
le programme du concert qui sera donné par
notre compatriote M. Charles De Wulf, le
Dimanche, 2 Août prochain. Nous croyons
inutile de faire ressortir la brillante compo
sition de ce programme il est digne des émi-
nents artistes qui y figurent et nous démontre
d'une manière évidente que les goûts artis
tiques du public Yprois sont appréciés par
tout leur juste valeur. MM. De NVulf,
Warnots et Fischer sont bien connus de nous
tous M. Colyns est regardé juste titre
comme un des premiers violonistes de l'é
poque, et Mlle Hasselmans possède, nous
dit-on, toutes les qualités que doit réunir une
cantatrice pour charmer l'auditoire le plus
difficile.
Grand Concert vocal et inatrnmentai don
né par M. Chaiii.es Dewklp, pianiste,
avec le conconrs de !H"° Hasselmans,
premier sujet du théâtre de l'opéra
de Varsovie .11. Warnots, ténor, et M.
Colyns, violoniste, professeurs an Con
servatoire royal de Bruxelles; III. Fischer
filsvioloncellisteet la Société de»
Choeurs d'Ypres, sons la direction de
m. Baratto. le Dimanche, S Août 1868,
6 heures dn soir.
PROGRAMME.
Ie PARTIE.
t" Chœur: le Nocturne. (J. Denefve.)
2° Grande Fantaisie sur des motifs de Lestocq, pour
violoncelle, exécutée par M. Fischer. (Servais.)
Misérables dit M. Martizzi, on ne m'avait pas
trompé.
M. Jacques demanda de quelle calomnie on les avait
souillés, et protesta, avec beaucoup de calme et de
fermeté, de son innocence et de celle de M™" Martizzi.
Vous me croyez donc bien niais, répondit le
mari, d'espérer me persuader par vos mensonges. Non,
monsieur, votre faute est déjà de notoriété publique
d'ailleurs, je vous surprends dans la chambre de ma
femme une heure indue, dix heures et demie du
soir j'aurais le droit de vous tuer. Mais vous m'épar
gnerez la peine de faire une preuve en justice vous
vous tuerez vous-même.
Moi s'écria M. Jacques avec un accent d'incré
dulité. Mais Mra* Martizzi poussa un cri d'effroi, elle
venait de s'apercevoir que son mari était armé d'un
fusil.
Vous vous tuerez reprit celui-ci avec un
grincement de colère. J'étais heureux et honoré chez
moi, et pour me payer mon hospitalité, vous apportez
dans ma maison le désordre et l'outrage. Il faut que
tout soit réparé, tout remis dans l'ordre que cette
femme reconnaisse son maître.
Je ne me tuerai pas je ne me rendrai pas com
plice de votre folie. Je vous jure devant Dieu que
je ne suis pas coupable et que j'ai respecté l'honneur
de votre femme.
(La suite au prochain n'). Emile Bosquet.