28# ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
»,I43. - Jeudi,
30 Juillet II6S
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
LE BUREAU DE POSTE
LE PROGRÈS
TIRES ACÇtJIRIT EtNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond* administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS: Amorces la ligne ordinairefr. 0,15
Idem Réclames idem. 0,30
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
L'ordre du jour de la séance d'aujourd'hui dejla
Chambre des députés de France, porte la discus
sion du projet de loi portant abrogation de l'art.
1781 du code Napoléoo, puis la suite de la discus
sion du budget, enfin, la discussion du projét de
loi relatif un emprunt de 44° millions.
Comme on suppose que la discussion de l'em*
prunt, en admettant qu'elle puisse commencer
aujourd'hui, ce qui est très-probable, durera au
moins deux jours, il n'est pa9 possible que la ses
sion soit close avant mercredi ou jeudi.
C'est sur les instances mêmes de M. le Ministre
d'Etat que la discussion du projet de loi sur l'abro
gation de l'article 1781 du code Napoléon a été
maintenu sur l'ordre du jour.
Le Moniteur résume les travaux de la confé
rence qui s'est réunie Vienne, le i3 du mois der
nier, pour procéder la première révision pério
dique de la convention télégraphique interna
tionale du 7 mai i865. A l'exception des Etat9
pontificaux qui avaient déclaré accepter d'avance
le* décision* auxquelles on s'arrêterait, tous les
Etats de l'Europe s'y étaient fait représenter et
avec eux l'Inde et la Perse.
Le Moniteur confirme avec plus de détails dana
son bulletin, les renseignements apportés par le
télégraphe. De nouvelles tentatives, dit-il, pa
raissent avoir été faites dans le but de provoquer
des désordres eu Bulgarie. Des bandes armées ont
traversé le Danube sur quelques points entre la
Dobrudcha et Widdin, et plusieurs engagement*
ont eu lieu le ai près de Rouslchouk. Le gou
vernement Ottoman vient de donner ordre
Mitliad Pacha de se rendre sur le Danube avec
quelques bataillons pour rétablir la tranquillité.
Une dépêche adressée le a3 de Belgrade la
Correspondance du Nord-Est donne comme on
bruit qui courait dans cette ville, que le sultan
avait signé l'acte d'investiture du prince Milon,
et que cet acte consacre le principe d'hérédité du
pouvoir dans la famille Obrenowitch.
DE SAINT-SYLVAIN.
Ainsi que l'avait voulu M. Martizzi, la cérémonie
des obsèques était peine terminée, que tout rentra
dans l'ordre des habitudes. Mm* Martizzi, qui avsil
la force de ne point suspendre le travail de son
bureau, s'adonnait avec sa vigilance ordinaire aux
soins de son intérieur, et dans les intervalles de loisir,
elle venait, comme auparavant, coudre ou tricoter
près de la fenêtre.
C'était pourtant quelques pas de là que M. Jac
ques avait été tué. On aurait dit qu'elle n'y songeait
pas et pourtant elle ne se distrayait pas nn seul instant
de ce souvenir mais elle ne se pressait pas d'en user
la douleur, elle en attisait plutôt le ressentiment de
toute l'ardeur de sa haine cachée.
M. Martizzi, de son côté, allait chaque jour, comme
n'ordinaire, son élude, revenait aux heures précises
prendre ses repas, et donnait ses consultations offi
cieuses et gratuites le dimanche, dans la cuisine. Sa
force et son insensibilité conservaient encore leurs
belles apparences mais peut-être étaient-elles déjà
Nous croyons que cette nouvelle qui sera pro
bablement bientôt vraie pourrait bien avoir au
jourd'hui le tort d'être prématurée.
Le bill teodaot empêcher les corruptions en
matière électorale a été adopté en troisième lec
ture par la Chambre des communes anglaises. Il a
été pour le cabinet l'occasion d'un succès. L'amen
dement de M. Faweett précédemment adopté, et
qui avait pour but de mettre la charge du comté
ou du bourg les dépenses légales de l'élection,
jusqu'ici supportées par les candidats, a été défi
nitivement rejeté.
On écrit de Lucerne la nouvelle Gazette de
Zurich
Il est maintenant hors de doute que la reine
Victoria viendra pendant cet été passer ici quel
ques semaines. L'ambassadeur anglais a commu
niqué cette nouvelle au conseil fédérai,en ajoutant
que la reine désirait garder le plus strict incognito
et n'accepterait point de visites. S. M. a loué la
pension Waliis. Son arrivée est annoncée pour
le 12 août.
Des désordres ont éclaté Venise dans la jour
née du 20, l'occasion de ia translation des restes
de Mania ordonnée par le préfet. Le conseil raa-
Dicipal, au contraire, voulait que les cendres du
grand patriote restassent définitivement dans le
vestibule de la cathédrale, où elles avaient été pro
visoirement déposées. A la suite de ces discussions
il se forma des rassemblements qui ont dû être
dispersés par la force armée. Heureusement, on
n'a pas eu signaler de graves désordres ni d'ac-
çidents déplorer.
Y pile», le 39 Juillet,
Nous avons inséré dans noire dernier nu
méro, le programme des fêtes et cérémonies,
tel qu'il a été arrêté par S. M., pour le
3 Août, jour de sa joyeuse entrée.
Nous sommes en mesure de donner quel
ques détails explicatifs, sans pouvoir aucu
nement garantir leur exactitude les ordres
du Roi etdes circonstances imprévues pouvant
mioées secrètement, comme une boiserie qui, sous sa
dorure, est dévorée par les vers.
Celle qui paraissait le plus troublée par le tragique
événement, c'était la petite Elise. Plusieurs fois elle
dit sa mère
M. Jacques est mort il s'est tué, n'ost-ce pas,
maman? Pourquoi s'est-il tué? Et, un jour, elle
ajouta (car elle avait l'esprit plein des promesses reli
gieuses et des récits miraculeux des livres saints)
Mais quand le bon Dieu lui aura pardonné, peut-être
qu'il ressuscitera.
Tu le voudrais Elise tu l'aimais donc dit avec
une surprise attendrie Mraa Martizzi.
Ob oui 1 répondit l'eufant il était si bon et
puis... il t'aimait
Elise ne parle jamais de cela ne prononce
jamais le nom de M. Jacques. Mais, tout en faisant
cette recommandation, Mme Martizzi prit sa fille dans
ses bras et l'embrassa avec transport. En méiqe temps,
les sanglots, comme une vague grossissante, gonflaient
sa poitrine. Ne pouvant plus respirer, M0" Martizzi
poussa un cri déchirant et perdit connaissance.
En ce moment, son mari entra. Sans s'informer de
la cause de l'accident, il la secoua rudement par le
bras et lui jeta quelques gouttes d'eau au visage.
nécessiter certaines modifications dans ce
programme.
A l'arrivée du train royal qui amènera
S. M., vers 11 h. 30, le carillon et toutes les
cloches de la ville seront mis en branle et des
salves d'artillerie annonceront le moment où
le Roi descendra de la berline royale. S. M.
sera accompagnée des ministres de la justice,
de la guerre et des affaires étrangères, de
cinq ou six dignitaires du palais, du gouver
neur de la province et d'autres hauts per
sonnages.
Le Roi sera reçu par M. le Bourgmestre, et
passera immédiatement en revue la Garde
civique et l'armée.
Le cortège qui conduira le Roi vers l'hôtel
de M. le Baron Mazeman, suivra les rues des
Bouchers, du Temple, la Grand'Place et la
rue de Lille.
Après le déjeuner, le Roi se rendra l'é,-
glise S' Martin, en suivant les rues des Fri
piers, des Chiens, la Grand'Place et la rue de
l'Anguille de l'église S4 MartinTe Roi se
dirigera vers l'estrade élevée en face de l'église
Notre-Dame, pour assister l'audition de la
Cantate de MM. De Noyelle et Otto, et au dé
filé des diverses autorités et sociétés de la
ville et de l'arrondissement.
En quittant la Grand'Place, S. M. parcour
ra la rue au Beurre et des Bouchers pour
arriver l'Arsenal, où seront exécutées, d'après
le désir de S. M., par l'Ecole de cavalerie,
diverses manœuvres, le Roi voulant se con
vaincre en personne de la haute utilité de
l'école, et de la nécessité de la conserver
Ypres. aucune ville en Belgique ne pouvant
offur des locaux aussi bien ménagés; de l'Ar
senal le Roi rentrera chez M. le Baron
Mazeman par les rues du Lombard et de
Pas de simagrées lui dit-il il n'était point
possible de faire autre chose que ce qui a été fait.
Oui, vous pouviez me tuer, moi qui l'aimais, et
lui laisser innocent de mon amour.
11 ne répondit pas, haussa les épaules et se détourna
avec dédain. Il ne croyait pas ces protestations
d'innocence que M*" Martizzi, au reste, ne cherchait
pas lui renouveler.
Cependant M. Martizzi devenait chaque jour plus
impatient et plus irascible. Il avait même pour des
motifs futiles des colères insensées quand, par exem
ple, on ne le servait pas assez promptement ou que
l'on ne faisait point certaines choses comme il l'aurait
désiré.
Il avait l'habitude de prendre après déjeuner une
tasse de café assaisonnée de calvados il augmenta la
dose graduellement. Son patron, les clercs de l'élude
et les clients inéme remarquèrent que sa raison n'était
jamais troublée mais qu'il ne pouvait travailler que
dans une demi-ivresse.
Quant M™" Martizzi, sa santé était visiblement
altérée. La malheureuse femme était toujours op
pressée, haletante elle avait les joues creuses, les
yeux cernés, le visage marbré. A travers cette enve
loppe amaigrie, on apercevait, sur sa phyaionqrai*,