C'est que, depuis lors, toute trace de domination
étrangère s'est effacée, et qu'une ère d'indépendance et
de liberté a été inaugurée.
Cest surtout que la Belgique a été tout particu
lièrement heureuse dans le choix de son premier Roi,
dont le règne glorieux et bienfaisant a été consacré, en
entier, la consolidation de notre indépendance et au
développement des institutions qui font le bonheur et
la prospérité du pays.
C'est que succédant ce grand Roi, Votre Majesté,
son avènement au trône, a prorais la nation un Roi
Belge de coeur et d'âme, et dont la vie entière lui
appartiendrait.
Et que, répétant les paroles mémorables de l'il
lustre fondateur de la dyuastie belge, Votre Majesté a
dit qu'elle ne connaissait d'autre ambition que celle de
nous voir heureux
Noble cri de l'âme que les Belges ont accueilli avec
enthousiasme et avec la plus entière confiance.
Car tout le passé de Votre Majesté en attestait la
siucérité.
En effet, dès son enfance, le duc de Brabant s'est
associé toutes les patriotiques émotions de la Bel
gique.
Le pays entier, Sire rappelle avec bonheur ces
belles et touchantes paroles que Votre Majesté a pro
noncées lors de son installation en qualité de sénateur:
Vous savez que sincèrement dévoué l'existence
du pays, je la confonds avec la mienne. Vous trouverez
toujours en moi, un compatriote heureux et fier de
pouvoir contribuer au inaiutien de notre indépendance
«t de notre prospérité.
Depuis lors, Sire, le temps a marché et les paroles
ae sont traduites en actes. Chaque jour apporte la réa
lisation des espérances données par le prince royal.
La Belgique trouve en Votre Majesté le digne succes
seur du premier Roi des Belges, de celui que la nation
reconnaissante a surnommé le Père de la Patrie.
Vive le Roi
J'arrive au banquet, qui est le point culminant, le
bouquet de la fête. Avant d'y paraître, S. M. se rend
la salie du magistral. Là sont étalés les dessins des
peintures murales que MM. Guffens et Swerts ont clé
chargés d'effectuer sur les panneaux de cette antique
chambre. Elles représentent, dans leur ensemble, les
grands actes posés autrefois par le magistrat d'Ypres.
Au premier panneau, on voit les écoles de la cité
prises sous le patronage des cchevins (1235). Le
deuxième nous montre la joyeuse entrée de Philippe
le Hardi Yprès. Il a 14 mètres de largeur. Le troi
sième exhibe la sécularisation de la charité sous
Charles-Quint (1525).
Il m'a paru que la physionomie archéologique de
ces compositions ne laisse rieu désirer. Le caractère
des personnages est saisi d'une façon frappante. L'en
tente des groupes est réussi admirablement. Vues
petite distance, ces peintures, en juger par les
esquisses que j'ai sous les yeux, permettront au spec
tateur d'embrasser d'un coup d'œil l'ensemble et les
détails des faits qui s'y déroulent. Je me joins aux
éloges que S. M. en a faits, en présence des auteurs,
et je me plais croire que, rehaussées par la magie
du coloris, ces belles compositions éveilleront un
intérêt plus vif encore. Elles ne seront terminées que
dans le courant de l'année prochaine.
Je note en passant la complète restauration de la
pçinture murale, qui existait encore, a l'état de
débris, restauration qui a été faite avec intelligence.
Les sculptures sont terminées aussi. Il ne reste plus
que la grande verrière effectue». On en exhibe les
plans, qui me font l'effet d'être superbes.
Tout le monde est i son poste dans la salle du
banquet. Le nombre des convives s'élève 230. Au
cri Le Roi tout le monde se lève, applaudit, les
accents de la Brabançonne retentissent. Le Roi prend
place, ayant sa droite MM. Bara, Renard, comte
d'Hanins de Moerkerke, l'aide de camp de service,
Ern. Vanden Peereboom, Biebuyck, le doyen d'Ypres,
baron PrisseThonon chevalier Hynderick Van
Reningbe, Carton, président de la commission des
beaux-arts, l'officier d'ordonnance,Boutmy, de Sieurs
sa gauche, MM. Bekc, Vandersticbelen, comte Van-
derstraeten dePonlhoz, Alph.Vandenpeereboom, J des
Devaux, baron Mazeman, Cartoo, (commissaire d'ar
rondissement) Fassiaux Van Merris d"Ydewalle,
Fraipont, Iweins, Hynderick, Van Elslande, J.-B.
Vandenpeereboom, président de la Société des Beaux-
Arts, Fisselte, Van Heule.
Maintenant représentez-vous quelque scène des
Mille et une Nuits. Le fer-à-cheval qu'occupe la table
royale est dressé sur une estrade, et dans un salon élé
gant, qui domine la salle entière. Du point où est
assis le Roi, on a une quadruple vue, ménagée par
trois vastes miroirs placés ingénieusement sur trois
points du fond du salon. C'est féérique. Les lustres
suspendus sur deux rangées alternent avec ceux qui
s'échelonnent sur la table au milieu de touffes de ver
dure. Ils réfléchissent mille lueurs diamantées. Les
arcutures ont un fond rouge. Entre les fenêtres se
dressent des statues, des trophées. Le tout est orné de
blasons, d'écussons, de verdure et de fleurs.
Ce long et magique parallélogramme est continué
l'infini, par une série de galeries formées de milliers
de verres de couleur, nuance argent, menant une
immense croix de l'ordre Léopold placée au fond et
également formée de verres de couleur, nuance or.
Pareil spectacle ne s'est vu, je crois, dans aucun pays.
Une sorte de pénombre plane sur la gigantesque toi
ture de l'incomparable édifice, et semble reproduire,
en s'obscurcissent toujours, l'immensité du ciel.
Les tables sont élégamment ornées. Les fleurs s'é-
tsleut profusion sur In table royale. C'est, uic dit-on,
M. "de Bruck, qui a organisé ce banquet et qui eu a
ordonné les décorations. Le menu ressemble tous les
menus de banquets il est coquettement gravé avec un
encadrement historié. La musique a sa part. L'excel
lente harmonie du 10* régiment fait entendre, entre
autres morceaux de son répertoire, une fantaisie sur
des airs populaires, la plupart du pays. Cent trente
musiciens exécutent une cantate flamande, sous la
direction de M. Breync, auteur de l'œuvre. C'est le
genre sentimental, te genre de l'idyle qu'affectionne
le musicien. Il aime les douees cantilèncs, exaltées par
les soprani, repereutées par les cors, puis reprises par
tout l'ensemble vocal et instrumental. J'y distingue un
morceau d'un joli caractère. Tout cela passerait ina
perçu, n'était, en guise de clôture, un motif d'accom
pagnement servant de fond la Brabançonne. Les
applaudissements éclatent bruyamment.
L'air national d'Ypres, n'éveille pus moins d'enthou
siasme. II y a là, côté d'un caractère tout martial et
d'un rhytbme fortement accentué une franchise et
une bonhomie qui vous séduisent. Jè ne sais où j'ai lu
que cet air ne serait pas d'origine flamande. Je note la
chose sans m'y arrêter, car j'aurai bien l'occasion d'en
vérifier l'exactitude. Au milieu de l'entrain, M. le
bourgmestre se lève et porte un chaleureux toast
Léopold II, au successeur de ce grand roi, du père de
la patrie, qui, il y a huit ans, nous jura fidélité et
amour dans cette même enceinte. Lé Roi répond d'une
voix accentuée
Je remercie M. le bourgmestre du toast qu'il vient
de porter, et je vous remercie tous, messieurs, de
h l'accueil que vous y avez fait. A mon tour je bois
la ville d'Ypres.
Je suis heureux de vous exprimer, au sein de ces
vieilles halles, mes vœux pour votre prospérité.
Que cet édifice qui rappelle si dignement votre
passé devienne le symbole de votre avenir
Qu'Ypres prenne une large part dans le déve-
loppement national, objet les pins chères espérances
de mon règne, travail fécond auquel ma voix ne
cessera de convier l'activité et le dévouement de
n tous les enfants de la patrie.
Encore nne fois, messieurs, tant en mon nom
n qu'an nom de la Reine, qui m'a chargé de vous
exprimer tous ses regrets de n'avoir pu assister
vos belles fêtes, je bois de nouveau la prospérité
de la ville d'Ypres.
Cette courte mais sympathique allocution, fréquem
ment interrompue par les acclamations et les applau
dissements, est suivie d'une indicible explosion de cris
de Vive le Roi Vive la Reine Tout le monde
est heureux et ému. L'enthousiasme éclate de plus
belle l'exécution de la Brabançonne. Puis le Roi
descend de l'estrade et circule au milieu des convives.
Il adresse la parole aux ecclésiastiques (en grand nom
bre la féle), aux bourgmestres des communes, aux
autorités diverses. Tous en reçoivent un mot cordial,
un regard affable.
Le café va être servi dans un salon voisin, le beau
solon sculpté. Puis le Roi va parcourir les principales
rues de la ville, brillamment illuminées. J'ai hâte de
quitter ma place et de courir la gare du chemin de
fer, pour pouvoir profiter de l'exprcss-train qui se
rend Bruxelles.
Il est 10 heures. J'entends le canon gronder au loin.
Un quart d'heure après, S. M. arrive la gare, et,
après avoir pris congé des personnes qui Pont
accompagnée, elle prend place dans la berline royale,
côté de MM. Bara et Renard. Les manifestations l'ac
cueillent jusque-là. Le train qui la conduit est chargé
de la ramener Ostende.
Un mot encore pour finir. La fête d'Ypres a été
splendide, digne du souverain qui en a été le héros,
digne de la cité qui occupe un rang si éminent dans
nos fastes historiques. Au xvi' siècle, Anvers renversait
la statue du duc d'Albe. Cette statue signifiait fana
tisme et tyrannie. En 1868, Anvers élève un monument
de sympathie Léopold lr. Ce monument veut dire
Tolérance et liberté. Les deux cœùvres l'œuvre de
destruction et l'csuvrc de l'édification se complètent
mutuellement l'une est la consécration de l'autre.
D'un côté, malédiction, de l'autre côté, bénédiction.
Pourquoi a-t-il fallu une ombre pour faire ressortir ce
grand tableau A Ypres, au contraire, tout était riant,
lumineux, cordial. Fidelis usque ad mortem, telle est
la noble devise des vieilles cités de la Flandre
qu'Ypres, la cité flamande par excellence, vient de
sanctionner de nouveau de la façon la plus sincère et
la plus digne. W.
Mercredi passé a eu lieu la distribution des prix
aux élèves de notre Ecole primaire communale.
M. le Bourgmestre eu uniforme occupait lo
fauteuil de ia présidence, M. l'échevin De Stuers
et les membres du Conseil communal, au grand
complet, avaient pris place au bureau. L'empres
sement de nos édiles assister celte fête do
l'enfance témoigne du légitime intérêt qu'ils por
tent l'utile institution d'instruction destinée aux
enfants du peuple. Nous avons encore remarqué,
assis près du bureau, plusieurs personnes qui ne
laissent échapper aucune occasion de donner des
preuves de leurs sympathies pour l'enseignement
populaire et parmi elles MM. Alphonse Vanden
Peereboom ministre d'étatVan Biesbrouck
inspecteur, le président et des membres du bureau
de bienfaisance, le préfet des études et des pro
fesseurs du Collège communal, des régents do
l'Ecole moyenne, M. l'abbé Kockenpoo, des
décorés de la croix des travailleurs spécialement
invités cette fêtedes enfautade ia classe ouvrière,
etc.
La cérémonie a été ouverte par un excellent
discours prononcé par M. l'inspecteur l'honorable
M. Van Biesbrouck qui est uu fonctionnaire actif,
capable et dévouéeten même tempsun littérateur
flamand distingué, a démontré, dans les meilleurs
termes, les bienfaits, l'utilité et la nécessité de
l'instruction ce discours a été vivement applaudi
et nous désirerions qu'il soit imprimé afin d'êtve
distribué tous les enfants de l'école et leurs
parents. Ce serait là une bonne et utile mesure.
La distribution de» récompenses a commencé
par la remise de livrets de la caisse de retraite
des élèves de l'école d'adultes qui ont suivi avec
succès jusqu'à l'âge de 18 an», les cours de cette
école. Depuis plus de douze ans, un règlement
comtnunala instituée! organisé ce modede récom
penses et aujourd'hui un grand nombre de jeunes
ouvriers de la ville sont munis de livret», presque
tous ont ajouté des versements volontaires
ceux faits d'abord par la ville et on nous assure
que plusieurs de ces travailleurs se sont ainsi
assuré une pension de i5o, 200, 3oo et même âoo
francs l'âge de ri5 ans.
Puis M. Merghelynck, président du bureau de
bienfaisance, a distribue des prix aux mères de
famille qui envoient le plus régulièrement les
enfants l'Ecole communale, et celles qui se
sont distinguées par les soins de propreté qu'elles
donnent leurs enfants et leur ménage.
Ces prix consistent en un bon d'une certaine
somme au moyen duquel les mères récompensées
peuvent se procurer uu objet utile, leur choix.
C'est là encore une excellente mesure et qui pro
duit les meilleurs résultats. .Inutile de dire quo
l'on a vivement applaudi ces braves femmes, ce»
bonnes mères,quand joyeuses, fièreset proprettes,
elles venaient recevoir des mains des autorités les
récompenses de leur dévouement maternel.
Enfin, toujours aux applaudissements de l'as
semblée, les élèves sont venus recevoir les prix
remportés par eux durant l'aunée. Ces prix sont
décernés d'après les règles fixes que nous vou
drions voir se généraliser. Tous les jours on
distribue de bonnes notes aux enfanta qui se
distinguent par leur travail, par leur conduite et
par leurs succès et celui qui a obtenu le plus de
bonnes notes dans chaque classe, obtient la fin
de l'année le i' prix et ainsi de suite mais une
absence non justifiée fait perdre un certain nom
bre des bon points et l'élève qui durant l'année a
été absent pendant douze jours sans congé régu
lier, perd tout droit au prix. Le livret donnant
les noms des lauréats indique le nombre des ab
sences et celui des bonnes notes accordées et nous
avons remarqué avec plaisir que sur i56 élève#
récompensés, 49 n'avaient paa manqué un seul
jour de se rendre l'école, i4 avaient été absenta
un demi jour, 19 un jour, 8 deux jours et deux
seulement onze jours.
L'abseotéisme est la plaie des écoles primaires
c'est pour la combattre que l'on a adopté les
règles indiquées et que la ville et le bureau de
bienfaisaoce donnent des livrets de la caisse da
retraite aux élèves des écoles d adultes et des prix
aux mères qui veillent ce que leurs enfants
fréquentent assidûment l'école.Ces bonnes mesure s
I