6 FRANCS FAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT^
0 Septembre 1000.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
11
Chronique politique.
LE CHATEAU DU TÊNARE.
M* 9,854. Oi«MA(ielie,
28" ANNÉE.
LE PROGRES
TIRES àCQUIRIT EDNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond'administratif «l judiciaire d'Ypres. fr. 6-00 INSERTIONS: Annonces la ligne ordinairefr. 0,15
Idem Poor le restant du pays7-00, Idem Réclames idem. 0,50
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83. Les lettres êt paquets doivent être affranchis.
La Patrie de Paris, annonçait hier, et rien n'in
firme ce matin »oo renseignement, que le jour du
départ de l'empereur pour le camp de Châlons
serait retardé de nouveau. Quant au départ de la
cour pour Biarritz, il n'aurait pas lieu avant le a5
du moia où nous entrons.
Quoi qu'il en soit, on fait au camp de grands
préparatifs pour la réception de la cour. L'empe
reur, assure-t-on, doit commander en personne
plusieurs grandes manoeuvres.
Voici en quels termes le Moniteur français rend'
compte des troubles qui ont eu lieu dan. le pays
d'Audorre, et dont nous avons parlé dans un pré
cédent bulletin On sait que ces vallées sont pla
cées aoua la double suzeraineté de la France et de
l'évêché d'Urgel qui sont représentés par un
viguier français et un viguier espagnol. Le conseil
général n'ayant pas voulu reconnaître le nouveau
viguier espagnol, i'évêque d'Urgel a cru pouvoir
faire acte d'intervention, sans concert préalable
avec la France en ordonnant l'arrestation de.
délégués envoyés auprès de lui pour lui porter les
représentations du pays. Sur les observations du
gouvernement fi ançai», le gouvernement espagnol
a invité l'éiêque d'Uigel mettre en liberté le»
délégués andowans.
Le Journal des Débats consacre, pair la plume
experte de M. G. de Molinari, un article la pro
chaine réunion Berne de la Ligne internatio
nale de la paix et de la liberté. H en examine le
programme, publié par l'Opinion nationaleavec
un bon sens plein de finesse, et assaisonné ça et là
par qutlqixs grains d'une raillerie méritée. A
propos, par exemple, de cette idée du programme
de taire une dernière guerre pour inaugurer
l'ère de la paix universelle, M. G. de Molinari pose
cette question
Mai» est-il bien avéré que la guerre engendre
nécessairement la paix Qu'elle ait ce résultat sin
gulier de faire naître entre les peuples des senti
ments de bienveillance et d'amitié? L'expérience
des vingt dernières annéea démontre-t-elle aussi
que la guerre conduise par le chemio te plus court
au désarmement, a
S'il faut en croire lè Morning-Poetla reine
Victoria serait attendue Paris, le 9 de ce moi4.
Le Standard de Londres de ce matin, croit que
les bruits alarmants qui ont été répandu» sur les
projets attribués la France su èujet d'une entente
établir avec la Hollande et là Belgiqdej sont dé
nués de fondement. Il ajoute ridu» pouvons
avoir toute confiance dans les effort* que fera
l'empereur en vue de conserver la paix.
La session du Parlement italien a été prorogée
par un décret dont il a été donné lecture hier au
Sénat et la chambre des députés.
L'ajournement des Chambres italiennes a coïn
cidé avec le bruit d'une crise ministérielle. MM.
Cadorna et Borromeo devaient donner leur démis
sion l'un de ministre de l'intérieur, l'autre de
secrétaire général de ce départemeol, pour être
remplacés par MM. Cantelli et Gerrt, préfet de
Salerne. C'est ces rumeurs que s'appliquait te
démenti de la Nazionesignalé par le télégraphe,
il y a quelques jours.
Y pis es, le 5 Septembre.
Nous lisons dans le Journal de Charleroi
On croirait vraiment, voir l'inaction de
la magistrature, que le clergé jouit encore
de tous ses privilèges et immunités d'autre
fois.
Un vicaire prédit S'-Géoois le sort de
Sodome et de Gomori he. Ce village est des
tiné périr pac le feu. Voilà ce que comprend
le fanatisme. El afin que l'oint du Seigneur
n'eu ait pas le démenti, on promène la torche
dans tous les coins du village. Les incendi
aires espèrent échapper aux rigueurs de la
loi. Mais ils n'ignorent pas, sans doute, la
11.
Le son d'une cloche se fit entendre.
Pierre ferma son manuscrit et alla rapidement la
rencontre de son hôte, qui venait versjui les bras ou
verts, le sourire aux lèvres.
Le portrait que Joseph Woutcrs avait esquissé dans
son manuscrit était d'une grande ressemblance.
Après un échange de cordiales poignées de main,
Pierre s'excusa d'avoir tardé autant venir au châ
teau de Mertens, et réclama une part de celle amitié
qui avait été si précieuse son père.
Tout ça c'est des compliments, fit Mertens avec un
gros rire épais. Vous savez bien que vous êtes l'enfant
de la maison... un enfant prodigue, oublieux de ses
amis", auquel je ne pardonnerai son ingratitude ou
plutôt sa sauvagerie, qu'au bout d'un grand mois de
captivité, dans cette terrible tour des Quatre-Vents,
comme disent les gens de Leeuw-Sainl-Pierre.
Ah mon gaillard, vous me direz de bonnes nou
velles de mon haut Bourgogne, des légumes de mon
potager, et dos petits plats d'amis de dame Florkin, ma
cuisinière.
Passant alors son bras sous celui du jeune homme
Nous allons, dit-il, commencer par visiter mon
domaine.
L'intérieur du château était loin d'être confortable,
et ne répondait nullement au caractère historique et
l'élégance du bâtiment.
Construite sur pilotis, la haute tour de brique rouge,
qui s'élevait au milieu de la façade, portait son
soumet le millésime de 1610 en chiffres de fer.
Vu distance, ce petit châtelet pouvait'passer pour
l'hôtel de ville ou lo beffroi d'une cité de troisième
ordre.
Qu'en dites-vous' demanda Charles Mertens, lors
qu'ils furent grimpés jusqu'au clocheton, d'où l'on dé
couvrait tous les monuments de Bruxelles.
Je dis, répondit Pierre, en suivant du regard les
sinuosités de la rivière qui formait autour de la pro
priété un large ruban de couleur sombre, moiré de
conferves je dis que cette habitation est très-pitto
resque. L'expression, d'ailleurs fort exacte, n'était pas
compromettante.
Château historique, mon ami, reprit Charles
Mertens, en frappant la muraille du poing..... qui fut
bâti en 1610, par Jean de Key^cE, grând éèuYer'de
l'archiduc Albert. Ah il y avait longtemps que je
guettais cette propriété.
Et vous l'avez payée cher, sans dohtè?
Vingt mille francs, c'est-à-dire un morceau de
pain. Or, voilà dix ans que j'habite ce petit paradis- ter
restre, et que je me réjouis chaque jour de mon acqui-
terrible sentence dont ils seront frappés si on
les atteint. Ils n'en poursuivent pas moins le
cours de leurs crimesse conformant celte
parole de leur chef spirituel Fais ce que
dois, advienoe que pourra.
Que conclure de là? Qu'il y a eu excitation
de la part du clergé, et notamment de la
part du vicaire. Eu prédisadt S'-Génois le
sort de deux malheureuses villes détruites
par le feu du ciel, en expiation de leur dé
bordement, ne provoquait-il pas les atten
tats que nous avoos rapportés Quelle que
soit l'ignorance, la superstition de ses paysans,
ils n'en sont probablement plus attendre
du bon Dieu qu'il mette ses fondras la
disposition de MM. tes vicaires. Les chouans
se sont dévoués. Ils ont suppléé le tonnerre,
afin que la prédiction s'accomplisse. Le vicaire
de S'-Génois, dool nous avons reproduit les
paroles, est donc complice des incendies. Il
les a provoqués par ses menaces, il a abusé
de son autorité sacrée, du pouvoir spirituel
dont il est dépositaire et qui lui donne line
immense influence sur des esprits incultes.
Pourquoi n'instruit-on pas charge de cet
ecclésiastique S'il s'agissait d'uu pauvre dia
ble d'ouvrier, on lui appliquerait la loi, et
rudement. Que l'un d'entre eux, encouragé
par l'impunité accordée aux fauteurs des dé
vastations de S'-Génois. s'avise de réunit deux
ou Iroi? cents de ses camarades, et de leur
prêcher que le droit de propriété est la cause
de toutes les niisères dont ils souffrent. Qu'à
la suite de son réquisitoire se produisent de»
faits analogues ceux qui ortt sùièî le prêche
de S'-Génois, l'autorité judiciaire s'empressera/
de requérir, et les gendarmés de coiirit.
Pourquoi deux poids et deux mesures
sition quand je suis venu ici, le notaire du pays me
disait en riantVous ne ferez pas un long séjour au
château du grand écuycr, mon cher monsieur Mertens.
Vous êtes le sixième propriétaire que je vois s'y in
staller depuis°qtie j'exerce Lccuw-Saint-Pierre,...
or, le bravé tSbellion eh est enebre potlr ses frais de
prophétieMes prédécesseurs étaicntde beaux mes
sieurs de Bruxelles, qui 11e savaient pas distinguer un
plant d'asperges d'un semis de haricots.
Ils descendirent au salon, et Mertens présenta Wôtl-
ters à1 sa fertime. Pierre fut frappé de la pâleur et dé
l'apparence maladive de Geneviève.
On sentait en voyant ces mouvements incertains, en
écoutant cette voix des lèvres, faible et douce, qu'un
reste d'énergie qui brûlait enebre dans le regard, sou
tenait seul ce corps débile.
On passa presque aussitôt dans la salle manger, où
le dîner était servi. Mertens fit tous les frais de la con
versation; et mangea comme un membre correspon
dant de la Société de la Dent d'Or. Pierre ne s'était
pàS encore retevé de dix mois d'abstinence, et Gene
viève restait silencieuse, les yeux fixés sur les arbres
du jardin.
La sallè manger était grande, bien aérée, et ouvrait
de plcin-picd sur le jardin la fraîcheur qui y régnait
scmWf» tout rTabord agréable Pierre, mais nu bout
d'une heure il regarda autour de loi avec une certaine