6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
U\E HISTOIRE
M* 8,86g. Dimanche,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE*
Chronique politique.
D'HIER*ET DE DEMAIN.
28« ANNÉE.
4 Octobre 1869
LE PROGRES
AIRES ACQOIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond1 administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7_00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire
Idem Réclames idem.
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
fr. 0,13
0,30
Les nouvelles arrivées d'Espagne sont décisives.
On peut dire, si elles sont exactes, comme nous
avons toute raison de le croire, que le premier
acte de la révolution espagnole est accompli. La
reine Isabelle a cessé, de fait, de régner. Madrid,
où la population a fraternisé avec les troupes, s'est
prononcé.
Une junte de gouvernement provisoire a été
établie; les écussons royaux ont été abattus aux
•cris: «Plus de Bourbons;» le maréchal Concha
«t le capitaine général de la province ont donné
leur démission le marquis de Novaliches, battu
«t blessé, n'a plus d'armée et est rentré Madrid,
«nfiu la révolution paraît complètement triom
phante. On ne dit pas encore quelle décision a
prise la reine, mais nous ne serions pas surpris
d'apprendre aujourd'hui même qu'elle a franchi
les Pyrénées et est venue chercher un asile en
F rance.
La rapidité avec laquelle s'est opérée cette ré
volution, prouve combien était générale et pro
fonde la désaffection que s'était attiré le gouver
nement de la reine.
Malheureusement, il n'y a guère lieu d'espérer
que l'œuvre de reconstruction, qui va commencer,
e'accomplisse avec la même rapidité. Unis pour
détruire, les partis ne pourront manquer de se
diviser pour élever un nouvel édifice la place de
celui qu'ils ont abattus, moins qu'ils n'aient le
rare patriotisme de faire aboégalion de leurs
propres aspirations d'en appeler loyalement au
pays lui-même, par la proclamation promise du
«uffrageuniversel,etde se soumettre, sans arrière-
pensée, au verdict qu'il rendra dans ses comices.
Ypres, le 3 Octobre.
Affaire de S1 Génois.
Ainsi que nous l'avons dit, des arrestations
et perquisitions ont eu lieu en cette ville.
C'est samedi, dans la matinée, que les mem
bres du parquet de Courtrai sont arrivés ea
noire ville. Assistés de M. Devos, procureur
du Roi, de M. Gottal, juge d'instruction, de
M. Moenaert, commissaire de police en chef
et de plusieurs agents, ils ont fait une des-
(Suite et fin.)
III
Comment on perd son âme.
L'affaire que dirigeait Paul Mercier, conduit par son
prudent commanditaire, était une de ces entreprises
créées pour enrichir ceux qui les inventent, mais pour
ruiner ceux qui s'y aventurent, alléchés par des divi
dendes fabuleux.
Si notre banquier n'avait pas voulu se mettre en
nom, c'est qu'il avait l'intention de mener messieurs
les actionnaires rondementet que le dénouement
d'une pareille comédie aiti6i brusqué ne pouvait qu'être
fatal ii celui qui l'aurait préparé.
Avec un prête-nom ignorant -de tout, et d'autant
plus hardi qu'il ferait de bonne foi, les choses iraient
toutes seules. Si l'affaire ne prenait pas, ce n'était que
quelques billets de mille francs de perdus si elle réus-
cente judiciaire chez le sieur Tremmery-Vau
Becelaere, éditeur du journal épiscopal De
Katholyke Zondag.
Après une perquisition qui a duré plus de
deux heures, ces magistrats se sout rendus
au domicile du sieur Vandenberghe-Denaux,
imprimeur-éditeur d'un autre orgaoe de
l'évêcbé, 't Jaar 30. Vers 2 heures, la per
quisition était terminée et Vaudenberghe a
été mis immédiatement en état d'arrestation
et écroué en prison.
L'autorité judiciaire s'est ensuite trans
portée au hameau Vyve-Cappelle, (commune
St#-Croix-lez-Bruges) et a fait une descente
au domicile de M, l'abbé Van Becelaere, des
servant, beau-frère de l'éditeur du Katho
lyke Zondag et rédacteur avoué de ce journal.
La justice y a saisi, nous assure-t-on, de
nombreux écrits; toutefois, le bruit qui
courait en notre ville de l'arrestation de ce
prêtre, n'est pas fondé.
Ces perquisitions et cette arrestation se
rattachent bien certainement aux affaires de
S' Génois, car le lendemain, 8 heures du
matin, Vandenberghe a été transféré la
prison de Courtrai. Journal de Bruges.)
Nos lecteurs connaissent suffisamment le
rôle joué par ces deux journaux, rédigés par
des prêtres notoirement connus le Katho
lyke Zondag a publié une série d'articles sur
S1 Génois dans lesquels il attribuait les incen
dies une vengeance célesle quant au
Jaer 30, il a fait dans sou numéro du 11
Juillet des prédictious sinistres, qui ne se
sont malheureusement que trop réalisées
quelques jours plus tard.
Il y a quelques jours peine la Patrie et
ses échos se plaignaient de ne voir divulguer
aucuns détails de l'instruction de cette affaire.
Cette absence de renseignements donnait
l'organe épiscopal la conviction que pas un
ecclésiastique ou personnage quelconque
louchant de près ou de loin l'évêcbé n'était
sissait on n'avait un bénéfice considérable sans courir
le plus petit risque.
Paul était trop habile pour ne pas découvrir tôt ou
tard, qu'on lui faisait jouer un rôle, mais quand cette
heure viendrait, le tour serait peu près joué, et avec
de l'audace et de l'habileté, on parviendrait peut-être
encore donner le change cet imbécile qui avait pû
croire un instant, qu'on avait voulu purement et sim
plement l'enrichir.
Au bout de dix-huit mois le pot aux roses était
découvert.
Paul aurait pu se retirer encore honorablement, en
faisant le sacrifice de ce qu'il avait réussi sauvegarder,
mais il lui aurait fallu renoncer sa vie de plaisirs et
de luxe, I son existence de fièvre et de vanité satisfai
sante il lui aurait fallu redescendre au rôle decommis,
il n'en eut pas le courage. Il voulut payer d'audace et
ne pouvant pas faire face ses engagements par des
mesures honnêtes, il se lança dans des spéculations
honteuses, se fil l'intermédiaire d'affaires dont l'escro
querie était la base. Ce manège le fit exécuter plu-
compromis dans les crimes de Saiot-Géoois
et, cette occasion, ces pieux écrivains pro
diguaient l'outrage aux journalistes libéraux
qui étaient qualifiés d'infâmes calomniateurs.
Aujourd'hui la Patrie n'est plus en droit de
se plaindre de l'absence complète de détails,
et si cela continue, l'organe de Mgr Faicl sera
servi souhait.
Quant nous, nous ne tirons aucune con
séquence des faits que nous enregistrons
la justice, quoi qu'il arrive, saura faire son
devoir. Impartial de Bruges.)
L'éditeur du Jaar 30 vient d'être relâcbé.
Le Conseil communal, en sa séance huis clos
du 3o Septembre, a nommé aux fonctiooa de
seconde institutrice l'Ecole de la ville pour filles,
M11* Stéphanie Vermeersch, élève diplômée de
l'École normale de Thielt, tenue par les dames
Vaa Biervliet.
Mercredi dernier, par le train de douze heures,
sont arrivés en notre ville MM. Wtllens, prési
dent, Cbalon, vice-préaident, Balat, Portaels,
Beyaert, membre», et Rousseau, secrétaire de la
Commission royale des monuments. Ces mes
sieurs, immédiatement après leur arrivée, se
sont rendus la salle échevinale de l'Hôtel-de-
viIle, où ils ont été reçus par MM. les bourgmestre
et échevins.
Nous apprenons que les délégués de la commis
sion des monuments ont pleinement approuvé les
travaux exécutés dans cette salle et n'ont eu que
des éloges donner aux œuvres de sculpture de
M. Malfait, comme aux grandes compositions his
toriques de MM. Guffens et Swertz.
Après avoir indiqué, d'accord avec MM. les
membres du collège, quelques règles suivre
pour le pavement de la salle, etc., les délégué» de
la commission ont été conduits, par M. le bourg
mestre, la nouvelle école pour filllea, doot#ils
ont approuvé, sanséserv ea, le style et les disposi
tions puis ils ont examiné dans ses plus minu
tieux détails, la charmante tourelle eo a'yla
Elisabeth placée contre l'école communale pour
sieurs fois la bourse, et de chute en chute, d'échelons
en échelons, il tomba dans la classe des chevaliers d'in
dustrie.
Claire, hélas, avait suivi la route que lui traçaient
ses aînées en inconduite de l'appartement du ban
quier elle était passée dans celui d'un viveur, puis elle
avait fini par descendre si bas si bas si bas que les
agents des mœurs s'en étaient mêlés.
Ce fut dans cette fange qu'elle retrouva Paul.
Ils s'associèrent.
Ils montèrent une table d'hôte.
Il y a deux mois, la justice a fait une descente dans
ce restaurant devenu tripot.
Il y a quinze jours, Paul et Claire ont été condamnés
comme coupables d'avoir tenu une maison de jeu clan
destine et d'attentats aux mœurs.
Heureusement le père de Paul était mort depuis
un an.
Paul et Claire avaient perdu leur âme.
E.-M. de LYDEN.
FIN.