28* ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
V. 9,868. Dimanche,
95 Octobre 1868.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
LE PROGRES
VIRES ACQUIR1T ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pou l'l'arruiid* administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays 7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS Annonces la ligrie ordinaire
Idem Réclames idem.
Les lettres et paquets doivent être affranchis.
0,1»
0,30
La Patrie de Paris assure que dans le Conseil
tenu lundi, Saint-Cioud, aucune question poli
tique n'a été mise sur le tapis. On ne s'est occupé
que des affaires courantes. S. M. l'impératrice qui
assistait au conseil, a réglé, dit-on, diverses ques
tions relatives aux établissements de bienfaisance.
Les dépêches télégraphiques de Madrid, an
noncent que la Junte de la capitale a publié le 2o
tine proclamation déclarant que, l'ordre public et
la sécurité des citoyens se trouvant complètement
assurés, il appartient désormais au gouvernement
d'appliquer les principes de la révolution en con
séquence, la Junte se déclare dissoute et invite les
Juntes qui existent dans les auties villes d'Es
pagne imiter son exemple.
De son «A'é le ministre d'Etat vient de publier
une circulaire adressée aux puissances étrangères
pour leur exposer les causes de la révolution et
leur faire connaître le but vers lequel tendent les
efforts du gouvernement.
Cette circulaire n'est autre chose que le mani
feste annoncé et attendu depuis plusieurs jours.
Une dépêche privée, noua en donne une analyse,
le Moniteur dit de la circulaire qu'elle déclare,
que la souveraineté populaire aujourd'hui natu
ralisée en Espagne, est le principe de sa vie et
l'idéal de ses aspirations. Il est donc permis d'af
firmer que la souveraineté nationale exercée pro
visoirement par le vote de tous et ensuite par Ie9
élus du peuple, décrétera l'ensemble des libertés
qui forment ou formeront le riche et inévitable
patrimoine des pays civilisés. La circulaire exa
mine ensuite longuement la question de la liberté
«t celle des cultes, en exprimant le vœu de voir
proclamer la liberté d'exercice de'tous les cultes.
M. Pascal-Duprat, ancien membre de l'assem
blée constituante, vient de quitter l'Italie pour se
rendre en Espagne. Lorsqu'il était directeur de la
Revtte indépendante, M. Pascal Duprat entretenait
des relations très-suivie9 avec la démocratie espa
gnole, notamment avec M. Orente, Casselay et le
général Narciae Ameller.
En dehors des nouvelles d'Espagne, la plus in
téressante que nous ait apporté jusqu'à cette heure,
aujourd'hui, le télégraphe, est celle-ci
La chambre des députés de Pesth a adopté une
grande majorité le maintien provisoire de la juri
diction spirituelle en matière de mariage. M. Deak
a parlé en faveur de ce maintien. M- Tiska a sou
tenu ie projet de loi du mariage civil.
Ypbes, le 94 Octobre.
Le journal le Bien publie de Gand, prin
cipal organe du parti franchement rétrograde
en Belgique, et les petites feuilles flamandes
ou françaises qui gravitent autour de cet astre
peu brillant, prêchent en ce moment, avec
une violence inusitée, la guerre sainte contre
le libéralisme, le progrès moderne et les prin
cipes de 17119. La réunion prochaine des
Chambres surexcite, paraît-il, leur ardeur
guerrière nous nous permettrons de de
mander ces ckoisés du xijf® siècle où ils en
veulent venir? ce qu'ils espèrent? Auraient-ils
par hasard l'espoir de rentrer au pouvoir et.
«le faire prévaloir dans les conseils de la Cou
ronne et dans le pays, leurs principes rétro
grades et cléricaux Ce serait là .une étrange
illusion qui, en présence de la situation inté
rieure et des événements du dehors, dénoterait
chez les rétrogrades Belges, une grande aber
ration d'esprit et une absence complète de
jugement.
A l'intérieur, le libéralisme progresse avec
l'instruction qui se généralise dans les arron-
dissements cléricaux la minorité libérale se
fortifie et, chaque élection, de nouvelles
recrues viennent se joindre l'armée libérale
déjà si nombreuse.
La minorité cléricale toujours de plus en
plus affaiblie en nombre et en talents, se trans
forme et se divise la politique du Bien public
qui est celle des jésuites etde quelques évêques
Belges, ne compte plus cinq défenseurs sin
cères sur les bancs de la droite tous le«
autres membres de la minorité, marchent
plus ou moins résolument, sous les ordres de
MM. Coomans et Delael qui ont, détrôné MM.
De Theux et Dumorlier, et ces chefs du néo
catholicisme politique ont inscrit fallacieu-
sement sur leur drapeau progrès et démo
cratie. n
Que peut donc un parti ainsi affaibli,
divisé, sans appui dans le pays intelligent, et
qui, forcé de mettre son véritable drapeau
noir en poche, s'abrite sous le drapeau rouge,
pour séduire et tromper quelques badauds.
A l'étranger, les gouvernements de droit
divin basés sur les principes d'un autre âge
disparaissent successivement; les trônes sou
tenus par l'autel et la théocratie tombent
sans bruit, partout on proclame la séparation
de l'état et de l'église, la liberté des cultes, la
liberté des opinions, la liberté d'enseignement,
tous les grands principes en un mot inaugurés
en 1789 et partout aussi avec la liberté renaît
le calme et avec l'indépendance du pouvoir
civil, la prospérité morale et matérielle des
nations régénérées.
A A
L'Autriche courbée depuis des siècles sous
le joug clérical, conservatrice des vieux prin
cipes, s'affaissait lentement, mais constam
ment, sur elle-même on eut pu croire que
ses jours étaient comptés, les expédients les
plus variés ne pouvaient même galvasiner ce
grand corps presque réduit l'état de ca
davre. Sadoicacette grande victoire de
la Prusse réformée sur l'Autriche station-
naire. ouvrit les yeux aux moins clairvoyants
on comprit que la liberté et les principes
modernes pouvaient seuls sauver l'empire
on divorça courageusement avec le passé
le concordat fut déchiré, la liberté des cultes
fut proclamée, l'enseignement public fut
organisé, les ministres des cultes cessèrent
de siéger dans les conseils de l'empereur et
un protestant M. De Beunst, fut placé la
tête dn gouvernement.
Aussitôt la paix se fait entre les diverses
fractions de l'empire, l'ordre règne partout,
la confiance renaît, et l'avenir se présente
sous les plus heureux auspices pour ce grand
pays.
a*a
Le gouvernement espagnol était l'idéal des
gouvernements cléricaux, le confesseur de la
reine était son conseiller intime et la sœur
Patrocinio était i'égérie d'Isabelle aussi ce
pays était-il fréquemment bouleversé par des
^évolutions et des pronunciamento le com
merce était anéanti, l'industrie était nulle, et
la misère croissait avec le clérocralie.
Trois ou qualrenavires se présentent devant
Cadix, quelques exilés qui les montent pro
noncent la déchéance de la dynastie et ce
vieux trône vermoulu, rongé par les vers du
cléricalisme, tombe en poussière.
Les exilés de la veille, gouvernants d'au
jourd'hui, voulant régénérer leur pays, pro
clament la souveraineté nationale, la liberté
de la presse, la liberté d'enseignement, la
liberté de conscience, enfin tous les grands
principes de 89 aussitôt l'agitation se calme
et, fait extraordinaire, cette révolution aug
mente [es chances delà paix européenne, car
elle donne des garanties dé stabilité aux rois
et aux peuples qui espèrent que le pouvoir
civil, désormais indépendant, parviendra
asseoir le gouvernement de ce pays sur des
bases libérales et dégagées de toute influence
cléricale.
a*a
Et c'est en présence d'une telle situation
générale, c'est au moment où la Belgique
se libéralise de plus en plus, c'est quand tous
les pays de l'Europe sauf les états du
S' Siège ont secoué le joug de cléricalisme,
c'est, disons-nous, en présence d'une telle
situation générale que quelques petits abbés,
quelques vicaires courte vue, prêchent la
guerre sainte contre les libéraux Belges et
qu'ils espèrent, après avoir renversé le cabinet
libéral, faire arriver leurs amis au pouvoir,
pour y faire prévaloir leurs doctrines sur
années N'est-ce pas là un rêve ridicule
et une preuve nouvelle de l'aveuglement dont
nos cléricaux sont frappés
Nos adversaires en doivent faire leur deuil,
le temps de» gouvernements cléricaux est
passé, ce temps ne reviendra plus; l'agitation
cléricale est une tempête dans un verre d'eau
et n'a d'autre conséquence que de rendre
ridicules ceux qui sont les auteurs et les
acteurs de cette impuissante comédie.
Il y a quelque temps, les feuilles cléricales an
nonçaient qu'il allait y avoir une réunion générale
des journalistes catholiquet pour protester solen
nellement contre les procédés arbitraires des
parquets de Bruges et de Courtrai. Nous nsui
figurions d'après cela voir une brillante réunion,
dans laquelle une protestation serait signée par la
fine fleur des rédacteurs de nos feuilles cléricales,
car enfin par journaliste on entend celui qui ira-