LE BOULET DE TONNERRE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE 9INANCHE.
Chronique politique.
LE SAUVETEUR.
m- »,8S9. - Jeudi
28' ANNÉE.
SI Décembre 1806,
LE PROGRES
TIRES ACQDIRIT EIJNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond* administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
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Pardécret impérial inséré au Moniteur français,
le Sénat et le Corps-Législatif sont convoqués con
voqués pour le 18 janvier prochain.
On lisait dans la France:
Il paraît certain que le ministre de l'intérieur
et celui des affaires étrangères sont décidés ne
point adresser de circulaires leurs agents en
France et l'étranger.
Une dépêche de Berlio est ainsi conçue:
Les paissances signataires du traité de Paris
acceptent la conférence spéciale proposée par le
gouvernement prussien.
La conférence se réunira Paris, probable
ment ie a jauvier.
a Le gouvernement français a fait les invitations
officielles. i
L'adhésion de la Turquie n'est pas douteuse.
Un journal fait remarquer avec raison, que la
presse russe et la presse prussienne continuent
prendre de ptus en plus nettement partie pour
la Grèce, tandis que la presse autrichienne se
déclare an contraire avec nne netteté au moins
égale eo faveur de la Turquie. En France et eo
Angleterre la majorité des journaux importants
prend moins vivement fait et cause pour la Porte,
mais en faisant la part des torts qu'on peut repro
cher aux deux adversaires en présence, la presae
anglaise et la presse française se montrent géné
ralement beaucoup plus favorables au gouverne
ment turc qu'au gouvernement hellénique. Celte
divergence d'opinions dans la presse permet
jusqu'à un certain point de préjuger celle qui
existera au sein de la conférence, si elle se réunit,
Bans toutefois qu'on puisse en conclure qu'elle ne
lui permettra d'arriver un terme moyeu qui
résolve pacifiquement le cooflit.
Ypres, le 30 Décembre.
Situation intérieure.
Jamais depuis 1840c'est-à-dire depuis
l'époque où les luttes de parti commencèrent
dans notre pays, jamais, la situation de notre
EPILOGUE.
Notre réoit est terminé, mais si le lecteur a bien voulu sourire
la physionomie juvénile du mousse espiègle, peut-être pren-
dra-t-il intérêt deux des aotes du vieux sauveteur. Le premier
est extrait de notre volume de Naufrages et Sauvetages le
seooud est destiné faire partie d'un autre volume. Nous les
publions ici en attendant qu'il nous soit possible de relater, selon
notre dessein, les autres traits magnanimes du brave et loyal
Jules Conseil.
I.
haufraoe de la minerva.
A une vingtaine de lieues dans le sud de la côte des
payants, c'csl-à-dirc partir de la pointe de Penmarc'h
jusqu'à la Torche, dans la baie d'Audieme, les nau-
frageurs bien que retenus par la crainte des douaniers
et des gendarmes, exerçaient encore en 1835 leur
cruelle industrie. Le point le plus mauvais a nom La
Palue ou La Palud. Durant deux kilomètres environ
les dunes sont bordées de marécages presque inextri-
politique intérieure n'a été ni plus calme, ni
meilleure qu'aujourd'hui.
Cette situation heureuse, le pays la doit
avant tout la sagesse de la Couronne, puis
la prudence des ministres du Roi; enfin
l'énergie du parti libéral qui, depuis 1840, a
poursuivi avec ardeur et constance la réali
sation de principes politiques qui, seuls au
XIXe siècle, peuvent assurer la paix et le bon
heur des nations.
Aujourd'hui en effet les adversaires de ces
principes sont vaincus et les vainqueurs usent
de leur victoire avec modération.
Le parti clérical semble comprendre enfin
que de nouveaux efforts faits par lui pour
vaincre, ne peuvent aboutir qu'à des agita
tions factices et stériles. Au parlement, les
jeunes gens seuls s'agitent dans le vide, l'in
cident de S' Génois l'a prouvé. En général la
minorité cléricale paraît se résigner et en
dehors de la Chambre, sauf le clergé, elle est
plus modérée et se mêle peu aux débats irri
tants.
Du reste, la Chambre même les lutteurs
cléricaux, qui unissent une conviction sin
cère un véritable talent, deviennent après
chaque élection, de plus en plus rares. La
droite conserve, il est vrai, au Sénat, quel
ques hommes de talent, mais ces hommes
d'état, qui ont l'intelligence de la situation
de leur parli, se garderont certes d'entamer
contre le libéralisme une lutte qui ne peut
aboutir.
Quelques orgaues de la presse cléricale
continuent, il faut le reconnaître, se livrer
des violences de langage blâmables mais
ces feuilles, sans influence, ne jouissent d'au
cune considération et les diatribes envoyées
aux petits journaux des Flandres par quel
ques vicaires que leur fanatisme juvénil
aveugle, nuisent leur parli et ramènent vers
cables qu'habite une population aussi farouche que
misérable. Là végète entassée sous d'borribles huttes
creusées dans le sol, loges immondes dont ne vou
draient pas des cannibales de la Nouvelle-Zélande, une
foule d'être hâves, peine vêtus, couchant sur des li
tières de jonc humide et dévorant avec avidité des ali
ments sans nom. Pour une semblable tribu, le naufrage
devait être un Dieu nourricier.
Un ancien chroniqueur, parlant des habitants de
l'île de Sein, désormais convertis au sauvetage et
dignes de toutes nos sympathies, disait Ils n'ont
de vin que ce que la mer leur en jette par les fré-
quents naufrages des vaisseaux. Pour les malheu
reux riverains de la Palue, le dicton est resté vrai
jusqu'après 1830. Dès qu'un navire est en péril en vue
de leur côte, nous disait un ancien habitant du pays,
hommes, femmes et enfants s'y précipitent pour piller.
Sans pitié pour les naufragés, qu'ils n'osent plus mas
sacrer comme jadis, ils les laissent froidement périr
sous leurs yeux, puis les dépouillent et les enterrent
précipitamment. Un naufrage amène parfois de vrais
combats entre les pillards et les préposés des douanes
ou la gendarmerie.
En 1815, le vieux sauveteur qui ce livre est dédié,
le camp libéral des hommes honnêtes, restés
longtemps indécis au milieu de nos luttes
politiques.
Le parti qui se dit avancé a, dans ces der
niers temps, perdu par ses excès le petit coia
de terrain qu'il avait conquis un instant.
Ce parti est sans influence aucune dans nos
assemblées politiques. M. Lehardy de Beaulieu
fait de l'économie politique sa façon, M.
Couvreur se tait, M. Guillery devient réaliste
et M. Van Humbeeck défend le budget de la
guerre.
Beaucoup de jeunes gens de talent et pleins
d'illusions d'abord ODt rompu avec le parti,
dit avancé; ils ont compris le vide des grands
mots qui formaient l'unique programme de
celte petite église et d'autres ne demandent
qu'à rentrer dans le giron du parli libéral
modéré.
La presse dite progressiste, qui rappelle la
voix criant dans le désert, faute d'avoir des
principes soutenir, en est réduite dans les
graods oonïroasa faire Vorgane des abo
minables doctrines de VInternational ou
livrer au public d'ignobles caricatures et des
libelles que la morale et le boa sens public
condamnent dans les localités de moindre
importance la petite presse de celte fraction,
sans écho dans les masses, se fait uniquement
l'organe d'attaques personnelles dictées par
l'enviele dépit ou des amours-propres
froissés.
Débarrassé d'adversaires sérieux, le parti
libéral sage et modéré poursuit avec con
stance son œuvre de progrès occupant le
pouvoir sans conteste, et pour longtemps il
se montre modéré et donne au pays le calme,
le repos et la prospérité.
Telle est la situation actuelle de la poli
tique intérieure en Belgique. Les victoires
électorales remportées depuis quelques an-
Jules Conseil, qui venait de servir comme aspirant de
deuxième classe dans les marins de la garde impé
riale, se trouvait on disgrâce Audicrne, où il donnait
des leçons de mathématiques six jeunes marins, in
trépides et vaillants garçons toujours disposés lui
prêter main-forte.
11 se tenait avec l'un d'eux, nommé Louédcc, sur le
rivage, par un de ces temps horribles qui brisent les
profondas lames de l'Atlantique des remparts de
granit mitraillés par les énormes galets du fond. Les
deux marins contemplaient le magnifique et terrible
spectacle de la tempête. Les longues vagues se rou
laient au large, couraient vers la côte en joûtant de
vitesse, secouaient leurs crinières d'écume, se préci
pitaient et se tordaient en soulevant les fonds, puis
livraient l'assaut. Tumulte épouvantable, grincements
affreux, chocs et soubresauts, confusion des éléments
les rochers ruisselleot, les eaux sont chargées de sables
et de cailloux, la grève et l'écume s'amalgament, l'air
Dans notre dédicace nous disons que Jules Conseil était
presqu illettré, et l'on voit ici qu'en 1813, l'âge de vingt ans, il
donnait des leçons de mathématiques. Serons-nous obligés de
dire que, tout en ignorant complètement, comme il les ignorait,
l'orthographe et les régies de la grammaire, on peut être très-
capable d'enseigner les deux trigonométries