traiter ainsi l'aphabet, plusieurs croiront que
tous l'avez appris chez une sorte d'institu
teurs particulièrement connus, et beaucoup
trop même, pour confondre les genres, et
professer, parmi les lettresune singulière
préférence. C'est fâcheux, chers abbés, et ce
n'est malheureusement pas tout. Il n'y a pas
que vos notions alphabétiques qui ont été
embrouillées vos notions grammaticales
aussi se sont ressenties des perplexités de
votre jugement. Ainsi, vous qui êtes profes
seurs, et posez volontiers, comme tels, en
puristes de style vous dont la plume est
bénite comme le fut jadis certaine fabrique,
vous écrivez sans sourciller, parlant toujours
des cinq ils se sont tu. Oh la la chers
petits. Où diable donc était le S' Esprit quand
vous écriviez cela Que nous eussions,! nous
profanes, estropié ainsi cet inoffensif et silen
cieux participe, c'était peu et point la peine
même de relever la chose. Mais que vous,
chers tonsurés, inspirés par le ciel même,
ayez commis ce méfait grammatical, voilà
qui est renversant, et ne se peut expliquer
que par ce trouble d'esprit, dont nous parlions
tantôt. Sapristi nos frères quelle belle
occasion vous avez perdue de vous taire
votre tour. Croyez-nous, ces lapsi et autres
menues sottises, ont gâté toute votre prose
dans l'occurence. Vous avez eu beau, côté
de cela, prodiguer des plaisanteries, néces
sairement spirituelles vu votre caractère, sur
l'origine du mot vacaturerien n'y a fait
et vous n'avez réussi, cette fois, parlant de
corde très-mal propos, qu'à faire songer
cette vocca espagnole (et carliste) qui, se
croyant inspirée aussi, s'avisa un jour deparier
français un peu votre manière.
Laissons cela, chers oints, et oyez un con
seil soyez moins prétentieux l'avenir. Si
forts en grammaire que vous puissiez être, et
quand vous le seriez plus qu'en matière
d'injures, (ce qui n'est pas peu dire) vous
n'êtes pas tout fait infaillibles, et c'est bien
tort, qu'un jour vous vous êtes vantés
qu'on ne verrait pas vos fautes si, par hasard,
il vous arrivait d'en commettre. La modestie
sied d'ailleurs particulièrement aux apôtres
du Christ, encore plus qu'aux ignorants.
Commencez donc par être modestes laissez
le calme rentrer dans vos esprits revoyez
un peu l'alphabet, repassez votre grammaire,
et le reste vous arrivera par surcroît. Ainsi,
un jour, vous saurez ce que sont au juste, en
politique, ces cinq conseillers nouveaux qui
vous offusquent tant et vous tiennent tant
la plume. En attendant, il est un point,
croyons-nous, sur lequel vous pouvez être
fixés dès aujourd'hui c'est que,(doctrinaires
ou radicaux, votre choix, mais libéraux
dans tous les cas, les cinq ne seront jamais
assez sots pour devenir vos dupes.
Avez-vous compris.chers et pieux hâbleurs?
Le parti des honnêtes gens.
On sait, dit la Gazette, quelles grossièretés haineuses
la presse cléricale vomit chaque jour contre les jour
naux (fui se permettent de ne pas courber la tête, com
me elle, sous le joug abrutissant du clergé.
Ces honnêtes gazettes, forcées dechanter les louan
ges des langrandistes et autres gredins, ne peuvent
pas supporter l'indépendance d'autrui et leur rage
jalouse s'exhale eu injures plates et bêtes...
A les entendre, des bonnes feuilles, leur parti a le
myfiopole de l'honnêteté et de toutes les vertus.
C'est erever de rire.
Voici, l'appui de leur thèse, un argument inédit.
Cest tout ce qu'il y a de plus neuf comme instrument
d'exploitation de la crédulité des masses.
Les campagnes flamandes, et notamment les envi
rons de Lokeren, sont parcourues en ce moment par
des marchands de chapelets bénits, d'images saintes,
(f) Nous écrivons ce mot comme Molière. Les abbés
mettent .feonristie. Cela fait, au milieu des pauvrettes,
de l'articHH| rime riche sacristie La caque
eut toui^^^Bhareng.
de livres de messe et autres accessoires de piété, recom
mandés par certificats des gros bonnets cléricaux.
Savez-vous ce que ces négociants débitent surtout,
et avec un aplomb merveilleux
Ce sont des petits papiers, de couleur grise, ployés
en forme de lettre, et coûtant dix cbntihss.
Ça s'enlève, ça s'enlève
Ces petits papiers gris contiennent quelque chose
quelques brins de paille.
Ces brins de paille proviennent du cachot obscur
dans lequel gémit notre Saint-Père le Pape c'est de
la paille bumide sur laquelle le martyr a reposé
Après celle-là, il faut tirer l'échelle. Vivent les
honnêtes gens
£e Pays, devenu l'un des organes les plus autorisés
du nouveau gouvernement, donne M. Thiers tombé
le coup de pied du bonapartisme. Il use l'égard de
l'illustre homme d'État du droit d'outrage illimité, ni
plus ni moins que si l'empire était revenu.
Voici ce qu'on lit dans un long article qu'il a publié
hier soir
Les destinées d'un grand peuple ne sont pas la
merci d'un homme, quelle que soit sa taille, qu'elle
soit immense ou exigue, et ceux qui redoutaient la
disparition de M. Thiers, de peur de compli
cations graves, nous n'avons qu'à montrer le vide
qu'il laisse pour prouver quel point il était petit.
Cet homme, au moment où uous écrivons ces li
gnes, fait ses malles et se dispose quitter cette ville
de Versailles qui, par une de ces décadances étonnantes
qu'on rencontre dans l'histoire, était descendue de
Louis XIV jusqu'à lui.
Les gazons que foulait Louvois n'auront plus la
lourde empreinte des souliers de M. Barthélémy Saint-
Ililaire, et M"9 de Lavallière ne subira plus de bour
geoises concurrences.
Où portera-t-il ses pas, cet homme qui ne sut pas
faire respecter le malheur des autres, qui laissa tout
outrager, le fils des rois de France, les femmes, les
enfants, et qui ne protégea même pas les tombes
peine fermées Quels fronts s'inclineront devant cette
famille qui n'eut pas la piété des familles tombées et
qui ne sut pas, quand elle était au pouvoir, se décou
vrir noblement devant les infortunes les plus saintes
Qu'elle aille où elle pourra, qu'elle voyage pour
montrer aux étrangers surpris par quoi la France fut
gouvernée dans un jour de misère, ou qu'elle s'installe
dans cet hôtel qui coûta si cher la France, et partout
les imprécations des honnêtes gens mis en péril par
son insatiable ambition la poursuivront impitoyable
ment. 9
Le directeur de la Société du Bon Marché,
rue de Dixmude, 33, Ypres, annonce sa nom
breuse clientèle, qu'il vient de recevoir un riche
assortiment de confections en cachemire français,
dernière nouveauté de Paris, tel que dolman
capuchon, mantille écharpeetdes tuniques complè
tes depuis 18 francs et au-dessus.
Sommaire de ^'Illustration européenne 3*
année. 31 Mai 1873.
Gravures: Une fabrique de machines coudre.
Exposition de Vienne. Vues diverses. - François-Jo
seph 1, Empereur d'Autriche. Texte Nos gravures.
Lettres Viennoises. Le joueur d'orgue. Traduit
du flamand d'Aug. Snieders. Industrie belge. Une
visite une fabrique de machines coudre. L'El
dorado de la réclame. L'or. Sonnet. Les voies
du châtiment. (Roman.) Rébus.
nouvelles diverses.
La ville de Gand a été mise en émoi mardi soir par
l'arrestation d'un petit-frère. Nous ignorons jusqu'ici
quels sont exactement les faits mis sa charge.
Ce que nous savons, c'est que le bureau de police
où se trouvait le frère en question était entouré de
plus de cinq mille personnes, très-montées et peu
bienveillantes pour l'accusé.
Par mesure de précaution contre la foule indignée,
l'accusé n'a été transféré la prison communale que
très-tard dans la soirée.
Encore un suicide par amour.
M"* G... Elisa, âgée de 27 ans, journalière, aimait
depuis longtemps déjà un jeune ouvrier avec lequel
elle espérait un jour se marier.
Il y a quatre jours, ce jeune homme épousait une
jeune personne du quartier, amie d'Elisa, qui ne se
doutant pas' de la passion de celte dernière pour son
fiancé, l'avait invitée la noce.
Elisa, la mort dans le cœur, assista au mariage, et
rentrant chez elle, alluma un réchaud de charbon,
s'étendit sur son fit et attendit la mort.
Hier, eomrae on ne l'avait pas vue depuis trois jours,
^on pioétAdans sa chambre, et on trouva la pauvre
k _jcux grands ouverts, les mains crispées
et ayant complètement cessé de vifte
v A
On vient d'ouvrir Paris le Salon des refusés. On
y remarque beaucoup, parait-il, un tableau représen
tant le supplice qu'au moyeu âge on infligeait aux fem
mes adultères.
Une jeune femme blonde, délicate et jolie comme
une fleur du printemps, vêtue d'une robe blanche,
ceinte d'une corde, est promenée sur un âne en place
publique. La foule la r*gardc passer. Un mari la dési-
gue comme un exemple effrayant de châtiment qui
suit l'infidélité conjugale son épouse coiffée d'une
cornette hautaine, tandis qu'un galant, se courbant
derrière celle-ci, lui prend une main que la belle laisse
baiser avec un plaisir des plus vifs.
Mais ce qu'il y a de vraiment original dans cette
scène du moven-âge, c'est la présence de... devinez
qui? de MM. Alexandre Dumas fils et Emile de Gi-
rardin, parfaitement ressemblants, déguisés tous les
deux en moines sous des robes noires et discutant sur
le cas de la femme coupable.
Alexandre Dumas tient un couteau qui exprime son
fameux Tue la, et Emile de Girârdin tient un manus
crit sur lequel est écrit le mol Divorce.
Les deux écrivains ont, par écrit, autorisé l'auteur
les faire figurer dans cet anaclnônismc volontaire.
La tranquillité la plus absolue continue réguer en
France, au grand dam du cabinet, dit de résistance,
qui n'aurait pas été fâché d'avoir sauver la société
la pointe des baïonnettes. Partie remise.
Une dépêche récente nous apprend qu'il serait ques
tion de proclamer la République définitive en France,
en conférant au maréchal Mac-Mahon la présidence
pour cinq ans.
Les reporters américains enfonceront toujours tous
les autres.
Ecoutez le récit véridique de ce qui se passait Lon
dres il y a quelque temps.
Le correspondant du New-York City arrive Loll-
dres, la veille d'un changement de ministère.
Dès le matin, le reporter se précipite au télégraphe.
Le bureau est peine ouvert il est six heures et le
ministère ne sera constitué qu'à midi.
Il faut cependant être maître du fil au moment juste
où la nouvelle arrivera, en être maître seul et ne lais
ser personne s'approcher de l'appareil, en éloigner
surtout le confrère, du Boston-Daily-News. Que faire?
Le reporter a trouvé. 11 demande la Bible, commence
faire passer le premier verset du psaume Super flu-
mina Babylonis, et dit l'employé stupéfait u Allez
toujours jusqu'à midi
A midi, la taxe marquait 30,000 francs de frais.
Mais la nouvelle du changement ministériel arrivait,
et le New-York-City était seul posséder la nouvelle
tant atleuduc.
Le reporter impitoyable fit rerommencer la Bible
l'appareil Morse jusqu'à onze heures du soir, pour em
pêcher le confrère de placer un mot.
Ce dernier s'enfuit terrifié par le premier paquebot.
Le New-York-City solda au télégraphe anglais cin
quante-huit mille francs pour cette invraisemblable
dépêche.
Une anecdote propos de Chotcl, le directeur bien
connu des théâtres de Batignollcs et de Montmartre,
qui vient de mourir
Un jour, il y a de cela quatre ans peu près, Chotcl
jouait Balignolles le rôle de Buridan, dans la Tour
de Nesles. 11 y avait bien dans la salle dix-sept person
nes qui regardaient, haletantes, le capitaine étendu sur
la paille de son cachot
juste comme celui-ci disait, de la voix'vibrante que
comportait la circonstance
Délie-moi donc les mains, Marguerite.
Un spectateur du paradis cria d'un ton aigu
Délie-z-y pas... y va t'étrsnglet:
Chotel se releva d'un bond, s'avança sur le devant
de la scène, lança un regard foudroyant dans la direc
tion de l'interrupteur, et, d'une voix creuse
Toi, dit-il, je vais te livrer monseigneurEnguer-
rand de Marigny qui te pendra haut et court au gibet
de Montfaucon
Faites pas ça, capitaiqe hurla le galoppin...
j'ferrae ma soupape
Et tout rentra dans l'ordre accoutumé
A la correctionnelle
On introduit une sorte de BoireauJ
carrières d'Amérique, accusé d'avo'r.
ment où un cocher de fiacre prenait
monter sur son siège et s'emparer i
Le président lui adresse au sujet i
lente semonce.
Eh bien quoi, mon président,
gredin j'ai pas fait autre chose que cé]
tous les jours.
Moi
Avec ça que vous ne prenez jamais i
I
tr-