se concertaient sur le point de savoir où ils
passeraient leur après-dîner, Ostende ou
Blankenberghe. C'est presque toujours cette
dernière localité qui est préférée et cela par un
motif d'économie en effet, on rentre le même soir
de Blankenberghe, tandis que le dernier train
d'Ostende revenant Bruges 6 heures de l'après-
dîner, il faut bien, pour jouir quelque peu l'aise
des jouissances de la mer, y passer la nuit.
Pendant ces conversations qui, parfois, deve
naient un peu tumultueuses, on voyait, la place
de la présidence, un vieux bonhomme, vieillard
cacochyme, prodiguer des gestes et s'efforcer,
mais en vain, de faire entendre quelques paroles.
C'était on le suppose le doyen d'âge comme
tel il est très-cassé, mais on affirme qu'il doit éga
lement cette dignité cette circonstance c'est
qu'il porte une douzaine de noms de plus que ses
collègues.
Or, le dit vieillard, assisté de deux secrétaires,
qui nous semblaient bien peu familiers avec les
formalités usuelles ne cessait de tripoter dans
une urne et d'en retirer des billets portant les
noms des membres du Conseil, le tout accompagué
de gestes d'un homme en détresse.
On s'apercevait que, malgré ses deux secrétai
res, il ne venait pas bout de lire cinq noms et il
s'établit bientôt entre lui et certains membres une
pantomime très-divertissante.
Malheureusement pour le doyen-d'âge et aussi
pour le Conseil, il y a là un greffier tout aussi
vieux et aussi cassé que le susdit président il
était là, se reposant dans son fauteuil, et sem
blant autant se soucier de l'homme aux trente-six
noms que de Colin-Tampon. Une personne fai
sait remarquer en ce moment que.dans le temps
de M. Devaux et de M. De Schryver, il y avait un
greffier «.pour de vrai.
Mais le tirage au sort des commissions n'avan
çait guère et notre bonhomme tripotait toujours...
Enfin, un employé, aide-greffier accourut
au secours du bureau provisoire. Il parait que la
confusion fut alors plus complète, car en ce mo
ment nous quittions la salle, et on nous affirme
qu'il a fallu plus d'une heure pour tirer les cinq
commissions de l'urne
L'employé si zélé n*en recevra pas moins une
nouvelle gratification, qui, ajoutée tant d'autres
qui lui sont attribuées sous les titres plus ou moins
ridicules, contribuera former un cumul assez
plantureux.
Vers une heure, nous éprouvions presque du re
gret d'être retourné plus ou moins bredouille d'une
séance d'ouverture d'une session aussi intéres
sante, et dans l'espoir d'être témoin d'un incident
plus épicé ou plus comique, nous rentrions dans
ia salle.
Eh bien c'est notre bonne étoile qui nous y a
conduit Nous avons, réellement, été servi
souhait.
A cette nouvelle entrée, le bureau avait été
nommé et un des secrétaires était en train de lire
dans nous ignorons quel charabia le procès-
verbal de la dernière séance de la session de 1873.
C'est là où nous attendions nos orateurs...
Comment, me direz-vous, vous vous atten
dez une discussion ou un incident propos de
la lecture d'un procès-verbal... âgé d'un an
Oui, cher lecteur, nous nous attendons
tout de la part-d'Une assemblée qui dépense 10,000
francs, en DÎX jours, pour la rédaction des
comptes-rendus de ses séances
Oui, "ami lecteur, MILLE FRANCS PAR
SÉANCE Vous devez comprendre quelle
"mportance les faiseurs du Conseil y attachent.
Voici comment le même journal rend compte
l'un incident, qui a marqué la dernière séance
A peine le secrétaire avait-il fini sa lecture et
s'était-il assis, que M. Surmont se leva.
Si vous avez le malheur, cher lecteur, de ne
as connaître ce Monsieur, je vous apprendrai que
c è'st le personnage le plus fanatique et en même
temps le plus ambitieux des cantons d'Ypres.
Et vous me croirez sur parole, si je fais connaî
tre qu'il porte l'ambition jusqu'à vouloir disputer
notre fameux Haantje De Cock le rôle de facto
tum de la Députation permanente et ce qui
vous étonnera peut-être, c'est que ses efforts sont
bien près d'être couronnés de succès
Donc, M. Surmont prit la parole et, de sa voix
convaincue, il fit entendre une protestation contre
la rédaction du compte-rendu sténographié de la
dernière séance de l'année dernière.
M. d'Ydewalle, le président impartial, au fait
de tous les trucs de ses bons amis, fit semblant de
ne pas trop bien comprendre et, interpellant M.
Surmont, lui demanda s'il proposait une modifi
cation au procès-verbal.
L'orateur répondit négativement mais il en
voulait, disait-il, au compte-rendu de la sténoc
graphie.
M. le Gouverneur fit Remarquer que le procès-
verbal, rédigé par le greffier et lu en séance
publique, fait seul foi et qu'il est seul officiel.
M. Surmont se soucie guère de cette observation
et répond que le compte-rendu sténographié, de
par une proposition de M. De Cock proposition
qui, soit dit en passant, n'a jamais été régulière
ment introduite possède également un carac
tère officiel.
Proposez-vous une modification demande
encore le président.
Je suis assez généreux pour n'exiger aucune
modification, riposte le logicien Surmont mais je
proteste néanmoins contre la rédaction inexacte
du compte-rendu de la sténographie.
A cette réponse, les membres les plus intelli
gents de l'Assemblée échangèrent un regard, car
ils étaient stupéfaits d'une réponse aussi sau
grenue.
Lorsqu'on proteste contre la rédaction d'un
procès-verbal officiel, il est au moins logique d'en
proposer la modification sans cela, pourquoi pro
tester Mais il parait que M. Surmont arrange
tout cela d'une autre façon.
La fête n'eut pas été complète sans l'interven
tion du crucifié Demulie. Cette forte tête soutient
qu'il y a contradiction dans les deux procès-verbaux
et que ni l'un ni l'autre n'est exact.
C'était bien la peine... de payer 10,000 francs
pour être-exactement renseigné se dit malicieuse
ment le public clairsemé de la tribune publique.
Nos lecteurs se demanderont sans doute quel
intérêt pouvait bien offrir ce procès-verbal pour y
attacher tant d'importance et surtout pour pro
tester contre^une rédaction dont personne n'osait
demander la rectification.
C'est une histoire qui serait longue exposer.
C'était la niche d'ouverture que nos honorables
voulaient faire M. Vrambout. Elle a raté.
Néanmoins, cette séance nous a édifié sur deux
points c'^st qu'il existe au conseil provincial un
aigle, ayant nom Surmont, qui proteste contre
la rédaction d'un procès-verbal sans avoir le cou
rage d'en demander la rectification... C'est du
jésuitisme ou de la lâcheté... Choisissez, M. Sur
mont.
En second lieu, cet incident prouve ce que sera
encore cette session du Conseil provincial. M. le
Président provoque la guerre et M. Surmont
ouvre le feu.
Voilà, électeurs, quelles sont les Intelligences
aux quelles l'épiscopat a confié vos intérêts
Comprenez-vous maintenant pourquoi la Patrie
garde un silence de carpe
Aumoment.de mettre .sous presse, nous rece
vons le Journal de Bruges qui annonce que M. le
Gouverneur, dans la séance de Jeudi, a donné lec
ture d'une lettre du ministre de l'intérieur, qui
tranche la question des fonds locaux, de manière
fermer la bouche aux ennemis de M. Vrambout.
Cette solution inattendue fait le désespoir, nous
assure-t-on, de la bande noire, qui se disposait déjà
consacrer toute la session faire des niches
l'honorable chef de la province.
C'est vraiment dommage d'avoir dérangé nos
honorables dans leurs nobles projets.
On nous écrit de Poperinghe
Le concert donné Lundi dernier, par la Société
Philharmonique de notre ville, dans le magnifique
parc de M. le baron de Posch, a réussi au-delà de
toute espérance. Plus de 1500 personnes, .parmi
'lesquelles on remarquait M. Van den Peereboom,
membre de la Chambre des représentants et M. le
baron Mazeman de Couthove, sénateur, se trou
vaient réunies dans ce vaste jardin aux arbres
séculaires sous les ombrages desquels se pressait
une foule de dames en fraîches et élégantes toilettes.
Notre harmonie, sous la direction habile de M.
Klein, a parfaitement exécuté les divers morceaux
du programme les étrangers qui assistaient cette
fête étaient surpris autant que charmés d'entendre
une exécution aussi excellente de la part d'une
phalange musicale qui ne compte pas deux années
d'existence, aussi les applaudissements n'ont-ils
pas fait défaut nos artistes-amateurs.
M. Zinnen, piston solo du théâtre de la Monnaie,
que nous avons eu l'avantage d'applaudir l'an der
nier, a de nouveau justifié la brillante réputation
artistique dont il jouit dans la capitale une
Pastorale et une Polka ont été interprêtées
par lui avec un sentiment exquis, une justesse et
une pureté de sons qui lui ont valu, plusieurs
reprises, les bravos enthousiastes des auditeurs.
Le soir, un bal charmant réunissait dans le local
de la société une jeunesse pleine d'entrain et de
bonne et franche gaîté. Plus de 2,000 personnes
assistaient cette fête les danseurs étaient si
nombreux qu'il fallut diviser l'orchestre et l'on a
dansé jusqu'à trois heures du matin qui dans la
salle, qui sur la pelouse, qui même sur le kiosque.
Le jardin était brillamment illuminé, et le va et
vient des danseurs et danseuses, des nombreux
promeneurs attirés par un temps splendide, offrait
un coup d'œil vraiment ravissant.
Ces réjouissances annoncées par notre pro
gramme ne furent pas du goèt de notre nouveau
doyen. Jaloux des lauriers de son prédécesseur, il
voulut en cueillir son tour et Dimanche dernier,
dans un violent sermon, il attaqua ceux qui fré
quentent la Société philharmonique.
Que M. le doyen sache bien que ces diatribes
passionnées, loin de nuire notre Cercle musical,
sont autant de réclames pour sa prospérité. Rjen
ne nous est plus agréable que d'être favorisés de
son hostilité, aussi nous le prions instamment de
nous continuer ses faveurs. Nous comptons au
jourd'hui quatre cent quarante membres honoraires
et bientôt, grâce quelques nouvelles philip piques
sacrées de.notre pasteur militant,nous ne doutons
pas d'arriver au nombre de cinq cents.
On sait que le prochain tirage de l'Emprunt de
1874 de la ville de Bruxelles aura lieu le 20 de ce
mois.
Nous croyons devoir faire remarquer que les
obligations sur lesquelles le versement exigible du
25 au 30 Juin n'aura pas été effectué avant le 20
Juillet, ne participeront pas ce tirage.
La Concorde qui, en juin dernier, a vaillamment -
combattu et a contribué pour une large part au
triomphe des candidats libéraux dans l'arrondisse
ment de Soignies, convie aujourd'hui tous les amis
politiques reconstituer partout vigoureusement
les associations libérales, afin depouvoircombattre
l'avenir avec succès l'ennemi chaque jour plus
audacieux plus redoutable de nos libres institu
tions.
La régénération du parti libéral, dit avec raison
notre estimable confrère oc se fera pas avec des pro
grammes l'eau de rose et des compromis, avec des
discours et des coups de grosse caisse. Elle ne peut
s'obtenir qu'au prix d'efforts continus d'une action
bien dirigée sous la conduite de chefs qui montrent
enfin le tact cl l'intelligence unis au coeur et au talent.
Ce sont les soldats qui font l'immense majorité de
l'armée. Eh bien, nos soldats sont bous, dévoués, intré
pides dans le libéralisme. Ils sont impatients de marcher
la rescousse.
a Un grand nombre de nos amis ont compris ja
situation il est sérieusement question de constituer
l'association sur de nouvelles bases cil vue d'un Cou-
grès qui devient inévitable.
Nous applaudissons cette idée A quoi servent
ces associations qui sortent de leur léthargie quinze
jours avant le scrutin Nesont-cc pas là des machines
pneumatiques qui font le vide, des mannequins dont
souvent le plus habile agite les ficelles
Ce système étouffe le libéralisme qui a besoin
d'air, de lumière, de libre discussion, d'émotions géné
reuses.
Tous les jours nos ennemis parlent au peuple.
n Que faisons-nous Quelle main lui tendons-nous
Comment sommes-nous en communion d'idées et de
sentiments avec l'électeur
Comment appuyons-nous ceux qui nous sont (L
flèlcs, qui souffrent pour notre cause
Ce langage patriotique rencontrera dans tout le
pays t nous n'en doutons pas 4e sympathiques
'échos.
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