RÉVISION DES LISTES ÉLECTORALES. On montrait autrefois des esclaves ivres aux enfants, pour leur inspirer l'horreur de l'ivrognerie. Nous voudrions pouvoir mettre sous les yeux de nos lecteurs quelques procès-verbaux des séances de notre Conseil provincialpour leur faire com prendre ce que vaut et ce que peut une assemblée composée d'instruments épiscopaux, de gens ivres d'ambition et de haine cléricale. Nous ne parlerons pas de la triste figure qu'y font quelques bébés ignorants que personne n'é coute et dont tout le monde rit, mais n'est-ce pas un spectacle la fois triste et instructif que celui de voir de soi-disants conseillers provinciaux oublier tous leurs mandats et les intérêts de notre belle province, pour donner un libre cours leurs passions politiques, des flots de fiel dont i'àme des dévots recèle seule d'aussi inépuisables trésors? Des questions de voirie, pas un mot, parler d'instruction populaire, allons donc les lettres, les arts amolissent les populations rurales les fêtes, les concours pourraient les mettre en con tact avec les populations plus éclairées des villes plus de routes, plus d'écoles, plus d'argent pour les sociétés de musique mais des récriminations, des sarcasmes, des insinuations malveillantes, des injures contre le Gouverneur d'origine libérale car c'est là son seul crime foison pleines mains, toujours toujours. Trois semaines durant, le Conseil de notre Flandre a représenté le tableau d'un marché au poisson. Débardeurs et poissardes y pourraient prendre des leçons le dictionnaire des Halles s'est enrichi de plusieurs expressions aussi pittoresques que caractéristiques. Que d'enguelements Oh Vadé que n'étais-tu là, ta mise poissarde eut tres sailli Nous engageons nos amis et nos adversaires se procurer surtout les tirages provisoires des compte-rendus de notre honorable assemblée provin ciale nos instruments épiscopaux y sont peints d'après nature et ce n'est pas beau c'est même triste, mais c'est d'un réalisme dégoûter les gens les moins délicats. Avis. Ne pas laisser traîner cet procès- verbaux si vous avez des enfants, car la mère n'en peut permettre la lecture sa fille moins qu'elle ne soit membre de la congrégation de S' Labre. Les journaux de Bruxelles annoncent pompeuse ment que Monsieur Beernaert fait en ce moment sa tournés électorale et expose son programme dans Varrondissement de Thielt ils cherchent ainsi faire croire que ce candidat épiscopal peut quelque chose qu'il s'agit d'une véritable élection et qu'un électeur Thielt-oie est capable de com prendre ce que veut dire un programme Quelle bonne blague! et comme ceux qui la débi tent doivent rire dans leur barbe ils savent, fort bien, les pitres cléricaux payés pour débiter ces boniments, que maître Beernaert n'a pas besoin de se déranger pour être élu. Il est l'homme de l'évêque, tout est dit, car Monseigneur est l'unique maître de la destinée du serf qui lui a prêté foi et hommage Si saint Chry- sostome lui-même risquait, sans la permission du seigneur suzerain de notre Flandre, d'entrer en lutte avec le vassal du prélat, les électeurs de Thielt le gratifieraient, malgré sa bouche d'or, d'une buse, rendre le ferblantier Cornesse jaloux. A quoi bon donc ces réclames et ces vaines parades Restez chez vous en paix, maître Beer naert, vous n'avez pas faire des citoyens wal- "îons, mais des électeurs Thielt-oies,\ous recevrez l'investiture du vasselage épiscopal déjà les gou pillons manœuvrent magister dixit. A.Dixmude, se joue la même comédie qu'à Thielt, ~3te«igneur a daigné choisir son sénateur pour arrondissement célèbre par ses gras pâturages '(beurre de l'illustre inconnu sera battu sans que celui-ci doive se donner la peine de tourner la baratte électorale (illustre inconnu, en effet, de reux-même qu'il sera cense représenter.) Samedi, un gros fermier des bords de l'Yser se trouvait Ypr'es qui sera votre sénateur, lui demandait- 111 Notre vicaire, répondit le brave homme, m'a dit hier qu'on avait choisi Monsieur de Brûgest Mijnheer van Brugge.) Il croyait, le bon électeur que tel était le nom de famille, qu'illustrerait son représentant au Sénat. Mais pourquoi plaisanter Ce retour vers les abus de la féodalité cléricale, que l'on croyait vaincre depuis cinq siècles, ne doit-il pas faire réfléchir et affliger profondément tous les amis du gouvernement représentatif? En 1831, on a écrit dans notre Constitution que tous les pouvoirs émanent de la nation la na tion est aujourd'hui personnifiée en deux ou trois évêques? Le banc des mandataires directs du clergé est comme au bon vieux temps, réinstallé dans nos deux chambres législatives le vrai pays flamand n'y est plus représenté car le découragement des bons citoyens, l'ignorance des masses et la terreur noire qui les domine, tarit chaque jour de plus en plus toutes les sources de la vie politique, dans nos contrées. N^y a-t-il pas là un réel péril pour notre régime constitutionnel Mais un autre danger plus immédiat résulte déjà de cette situation anormale. Aujourd'hui la légis lature est partagée en deux camps ennemis flamands et Wallons. épiscopaux droite citoyens gauche Romains d'un côté, Belges de l'autre Cette division si radicale n'aura-t-elle pas bientôt pour conséquences, des luttes de race? L'abatardissement de nos libres institutions et peut-être un jour le déchirement de notre nationa lité elle-même Est-ce là le but que cherchentà atteindre nos seigneurs et maîtres Espèrent-ils peut-être voir sombrer, dans ce naufrage, nos libertés, que les catholiques-libéraux tolèrent encore, mais qui, d'après le Bien public, sont anathématisées par le Syllahis Indignation froid. A propos de l'enterrement, par numéro d'ordre, dans le cimetière de Charleroi, d'un suicidé de bas-étage, on a pu lire dans le Courrier de Bru xelles, sous le titre Scandale Charleroi les lignes gui suivent Un misérable qui tenait Charleroi une ma ison de morale indépendante, s'est suicidé dimanche dernier. Digne couronnement d'une vie de libre-penseur vouée la honte et l'infamie. x L'administration communale, dit notre confrère, x a décidé que ce misérsblcserait enterré au indieu du x cimetière, suivant u le numéro d'ordre. c'esl-à- dire qu'il ne serait fait aucune distinction entre lui cl ceux qui ont passé une vie honnête, cherchant dans le travail leur pain et le pain de leur famille. Au nom delà concicncc publique, nous dirions mieux au nom n de la décence et de la moralité publiques, nous pro- testons contre cette décision. Quoi voilà un homme qui pendant sa vie a été exclu de la société, un hom- me que la loi elle-même frappait d'incapacité et qu'elle notait d'infamie, un hommo qui a spéculé sur la débauche, qui a exploité les plus dégradantes n passions, uu homme enfin qui a terminé son exis- n tencc par uu crime, et on le met au même rang qu'un honnête ouvrier, qu'un négociant honorable x Cet homme méprisable et méprisé sera enterré dans x le cimetière côté d'un brave père de famille, d'une x mère vertueuse, d'une jeune fille dont la -pudeur n était le plus bel ornement x La pudeur n'est assurément pas le plus bel orne ment de celui qui aéeritees lignes c'est la logique. Le mort en question ne sera pas inhumé dans le cimetière commun, soit. Mais sait-on où le pieux journaliste ira Venfouir Dans le coin non-bénit côte côte avec quelque honnête et honorable protestant au milieu des enfants de catholiques morts sans baptême, c'est-à-dire àu milieu de l'innocence même 4 Et dire que cét enfonisseur-là ose croire qu'on le prendra au sériéux - Farceur va - Voici la composition du programme I* Ouverture du Domino noir. Orchestre. (Aubcr.) 1" Le citant du Darderomance chaulée par M. Cofiyn. (Wibicr.) 3° Sur l'eau, chœur. (Gevacrt.) 4° Le garçon d'hôtel, chansonnette dite par M Maillard. (Duliem.) S" Mélodie de Mignon, chantée par M. Êm. Vergracht. (Amb. Thomas.) 6" Septuor des Huguenots, chanté par M. Thiebault et MM. (Mcyerbeer.) 7* Le Danube bleu, valse pour orchestre, arrangée par Al. Dnratïo. A l'occasion de la kermesse; un joli concert suivi de bal sera donné Dimanche, 2 Août, par la Société royale dé S.' Sébastien, avec le concours de la Société des Choeurs. - L'attrait de cette belle fête ne peut maqquêV d'attirer les invités et de nombreux étrangers. La révision annuelle des listes électorales se fera du lr au 14 août prochain, par les administrations communales. Ces listes seront arrêtées provisoire ment le 14août et affichées le 15. Les réclamations seront admises jusqu'au 31 août et les listes seront clôturées le 3 septembre. Les réclamations la Députation permanente pour erreur omission, etc., devront être faites avant le 25 septembre, et les décisions de la Députation rendues avant le 30 novembre. Enfin les parties qui auraient été en instance devant la Députation permanente pourront interjeter appel de ces décisions la cour d'appel du ressort, et le recours en cassation restera encore ouvert au procureur général et aux parties en cause. Nous appelons sur toutes ces opérations l'atten tion de nos lecteurs. Peu nombreux dans la masse de la population sont les citoyens qui ont des droits l'électorat, et c'est un devoir pour eux de se mettre en position de les remplir. Chacun de ces citoyens est investi d'une portion de la souveraineté nationale, et dédaigner d'en faire usage est un acte d'abdication injustifiable, quand tant d'autres citoyens qui voudraient être électeurs ne le sont pas et ne peuvent pas l'être. Les catholiques comprennent et apprécient l'im portance de ce droit on a vu, en effet, par les dernières discussions parlementaires quels moyens les comités des associations de ce parti ont recours non-seulement pour s'assurer de l'inscrip tion de tous les électeurs sur lesquels ils ont de l'influence, mais pour en créer de nouveaux par l'adjonction de quelques centimes, sous un prétexte quelconque, pour la formation complète du cens. Nous ne conseillons pas l'emploi de ces moyens souvent repréhensibles et qui ont été blâmés avec raison par les orateurs de l'opposition. Mais nous voudrions au moins que les citoyens intelligents veillassent au maintien de leurs droits, qu'ils fissent comprendre aux illettrés payant le cens l'intérêt qu'ils ont s'assurer s'ils figurent sur les listes. Nous voudrions que partout où il y a des associa tions libérales les membres des comités s'occupas sent de ce soin important. Pour toutes ces raisons, il y a un intérêt de premier ordre ce que tous les citoyens ayant le droit de voter soient inscrits sur les listes électo rales et nous engageons particulièrement nos amis politiques veiller ces inscriptions, pour eux comme pour les personnes qu'ils connaissent sachant très-bien qu'il n'est pointnécéssairedefaire pareille recommandation leurs adversaires. Le miracle de Louise Lateau, peu près oublié en Belgique, a été rajeuni pour l'Allemagne, où il continue défrayer la polémique des journaux. A ce propos, la Gazette de Trêves cite une ordon- nance'remarquàble de l'électeur-évêque de Trêves, Clément Wencëslas, en date du 4 août 1783. Ce prince de l'Église ayant appris qu'un moine du couvent des Capucins de Beurich, s'attribuait le pouvoir de faire des miracles et que les gens affluaient de tous côtés en masse même avec des recommandations de l'autorité temporelle, pour visiter le thaumaturge, a donné son ficaire-gé néral l'ordre que voici Attendu que nous ne voulons pas tolérer de ces actes illicites en égarant le peuple, nous ordon nons d'interdire ce couvent, sous des peines rigoureuses, de pareilles entreprises, de faire une enquête sévère sur ce qui s'est passé et de nous soumettre le rapp'ort endéans les quinze jours. Un haut fonctionnaire de l'Électeur j^i avait fait l'apologie de' ces miracles dans m*^moire adressé au vicariat métropolitain, fu^^^He par ordre de l'Électeur, attendu^j^^^^^pent

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Le Progrès (1841-1914) | 1874 | | pagina 2