I^s abbés, professeurs de politesse.
Autre Epître du Martyr de Provea,
Voici les rédacteurs tonsurés du Journal
et du Nieuwsblad subitement épris d'un res
pect inusité pour l'autorité civile, et d'un
grand souci de la dignité de notre magistra
ture communale.
Le cas est singulier au moins, et mérite
d'être noté.
Employer toute l'année dénigrer Bourg
mestre, Echevins et Conseillers essayer ae
les tourner en ridicule tout propos, hors
propos même le plus souvent avoir l'air,
douze mois durant, d'en faire fi comme des
derniers venus; puis, tout coup, l'occasion
du renouvellement de l'an, trouver mauvais
3ue M. le Bourgmestre ne se mette pas en frais
e recevoir tous galons déployés et cha
peau claque sous le bras Voilà qui est étrange
l'excès et surprenant outre mesure.
A première vue, on serait presque disposé
croire un véritable amendement de la part
des gens de soutane. Au second coup d'œil on
perçoit les mêmes bouts d'oreille, et le même
esprit de méchante et incurable sottise
Qu'un homme, revêtu de hautes fonctions,
reçoive en certaines circonstances, au premier
jour de l'an p. ex., nous n'y trouvons rien
redire. On peut même louer ce fonctionnaire,
si, par là, il a en vue de conserver le prestige
de l'autorité, prestige hélas très-compromis
{>ar ce temps d'ultramontisme qui court, où
on voit la presse cléricale entière dénier aux
juges civils toute juridiction sur les oints
même les plus indignes Mais qu'un autre
citoyen, revêtu de fonctions semblables, trouve
bon de ne point faire de réceptions, préférant
d'une façon exclusive les charges aux honneurs
et le travail la représentation, on ne peut, ce
semble, non plus blâmer celui-là. C'est ce que
reconnaîtront tous les gens loyaux et sensés.
Après cela, faut-il que le fonctionnaire qui
ne reçoit pas et n'a jamais reçu prévienne le
public Evidemment non.
En pareille occurrence, l'usage et l'étiquette,
toujours suivis, exigent de la part de ceux qui
désirent se faire recevoir qu'ils s'informent au
préalable et préviennent. C'est ce que plu
sieurs ont fait. Voyez-vous un président
de tribunal p. ex. demeurer chez lui toute
une matinée, sur pied et en costume offi
ciel, pour attendre des visites qu'on pour
rait ne pas faire, et dont on s'abstiendrait peut-
être précisément parce qu'elles seraient atten
dues Aussi, l'ancien président, M. Biebuyck,
qui ne fesait pas de réception, n'a-t-il jamais
recouru la voie de l'annonce. Et quant au
feu bourgmestre M. Beke, tout le monde sait i
qu'il n'a cessé de recevoir que lorsqu'il a senti
les premières atteintes du mal qui a fini par
l'emporter. Alors il a prévenu le public.
M. Vanheule, le bourgmestre actuel, tou
jours disposé recevoir tous ceux qui ont
besoin de parler au magistrat, n'a donc man
qué en rien aux lois de la politesse, ni aux
convenances de sa charge. S'il y a quelque
part de la mauvaise grâce bourrue et même
plus qu'une pente vers la grossièretéc'est
exclusivement chez les rédacteurs de nos jour
naux cléricaux qui n'ont pu (le naturel l'em
porte toujours) laisser passer le premier jour
de l'an sans complimenter leur façon le
premier magistrat de la commune. On n'a pas
oublié, au surplus, les idiotes plaisanteries
qu'ils ontrisquéeslors de la fête d'inauguration,
fête que M. Vanheule avait déclinée, et où ils
ont joué le rôle honteux d'insulteurs publics.
Et dire que ces gens protestent de leur res
pect pour l'autorité affectent de tenir au pres
tige des fonctions, et se mêlent de donner aux
magistrats des leçons de politesse
Si nous ne craignions de blesser en généra
lisant trop, nous dirions que le mot de St-
Simon impudent et sot comme un abbé
restera toujours vrai.
On lit dans la Flandre libérale, n° des Mar
di 2 et Mercredi 3 Janvier courant
ses 50 ou de ses 60 millions cette Eglise appauvrie,
ce Pape ruiné, captif et martyr
Vous le savez il laisse 25 francs deux institu
tions charitables et au Pape l'emblème du rédempteur
du monde un crucifix.
Tels sont les faits Voyons leur signification.
Si le cardinal, après avoir été exploiteur pendant
toute sa vie n'a pas voulu, même après sa mort, être
exploiténous devons lui savoir gré de la leçon qu'il
nous donne et dès lors ne sommes nous pas autorisés
dire au pauvre peuple faites comme le cardinal An-
tonelli, conseiller du Pape Gardez pour vous et vos
enfants vos deniers. Cessez d'être la dupe de certains
mystificateurs qui se moquent de vous.
Et si, comme d'aucuns le prétendent, les dispositions
d'Antonelli ne sont qu'une pointe de raillerie l'adresse
du Pape, ne sommes nous Vas tous frappés de son à-
propos? Si en donnant au Pape un crucifix, sa pensée a
été de lui dire - Saint Père, renoncez la croix d'or
avec laquelle nous avons perdu le monde et reprenez
en main la croix de bois qui nous l'a fait conquérir -
si telle a été la pensée du cardinal, elle rachète l'hypo
crisie de sa vie entière et elle est pour le monde un
utile enseignement.
Qu'il ne soit pas perdu pour les catholiques belges
Quant nous, libéraux, nous trouvons dans Anto-
nelli la personnification la mieux réussie du catholique
politique en qui la bonne foi et la sincérité des croyan
ces se trouvent difficilement même l'aide du micros
cope le plus fort, et qui partout et toujours, avance
avec hardiesse en faisant un fond absolu sur l'imbécilité
humaine.
11 parait que son collègue, le cardinal Patrizzi a dû
penser comme lui. Nous recevons aujourd'hui la nou
velle de sa mort.
Gomme Antonelli il lègue son immense fortune ses
frères et neveu. Comme Antonelli il a parfaitement ou
blié le Pape et l'Eglise dans son testament.
Après de pareils faits est-il possible d'écouter sans
rire les lamentations de nos bons curés sur la détresse
du Pape, sur la pauvreté de l'Eglise, et ne serions nous
pas tentés de leur crier braves gens, gardez donc vos
écus ne voyez-vous pas que Rome n'en a nul besoin.
Cessez donc d'être les victimes d'une méchante mysti
fication.
la FLANDRE LIBÉRALE.
Le style c'est l'homme.
BUFFON.
Voici la lettre que nous avons reçue de M. le
vicaire do Lancker
Proven, 29 décembre 1876,
Monsieur le Rédacteur
Dans votre numéro du 23 courant, parlant d'une let
tre que j'ai adressée un reptile de la presse yproise,
vous admirez la candeur avec laquelle j aurais rempla
cé, par des points, un considérant de l'arrêt de la Cour
de Gand du 21 novembre.
Vous, Monsieur, dans votre candeur vous omettez
l'arrêt même.
Moi, prétendu ennemi des lumières, je suis charmé
d'avoir l'occasion de fournir vos lecteurs cette lumiè
re que vous tenez si candidement sous le boisseau.
Voici l'arrêt de Gand Nous confirmons la sen
tence du tribunal correctionnel de Fumes du il août
dernier. Or, vos lecteurs doivent être curieux de
connaître cette sentence que vous leur tenez si candi
dement cachée. La voici Comme il n'est nullement
établi Donc de par la Cour d'appel de Gand,
composée par vos amis, la sentence de Furnes est res
tée debout.
Vous niez que les petites filles ont fait des révéla
tions (tout mauvais cas est niable et c'est ici un très-
mauvais pour le libéralisme) et vous dites que tout cela
est un pur mensonge.
J'en appelle aux 20 avocats des deux opinions qui ont
assisté aux audiences, et je m'en réfère eux de pro
noncer qui est le menteur ou vous ou moi.
Dans votre candeur vous oubliez de dire que les 2
petites filles ont fait les rétractions les plus complètes...
Et où se trouvent maintenant les purs mensonges
Dans vos numéros diffamatoires du mois de juillet,
dans lesquels vous m'outragiez avec d'autant plus d'a
charnement, que grâce l'approche des vacances judi
ciaires vous étiez sûr pour éviter un precès, d'atteindre
la prescription.
Et voilà comme quoi, tout en ayant en horreur toutes
les grandes duperies celle de 1830 non exceptée et
après avoir dupé pendant tout un mois ses lecteurs, on
se trouve dupé son tour par la Gour d'appel de Gand,
qui par son arrêt d'acquittement a implicitement qua
lifié de purs mensonges toutes les infamies que vous
avez publiées contre moi.
Je vous requiers au nom de la loi d'insérer cette
lettre dans votre prochain numéro.
A. De Lancker,
vicaire Proven.
Nous navons que peu de mois répondre M.
le vicaire. Après l'arrèl de la Cour nous avons an
noncé l'acquittement de M. De Lancker; nous
avons annoncé que des deux petites filles qui l'a
vaient accusé. l'une s'élait rétractée devant le tribu
nal de Furnes et que la seconde s'était également
rétractée devant la Cour. Nous n'avons point parlé
des termes de l'arrêt, et nous ne l'aurions point fait
jusqu'ici si dans une lettre adressée au Progrès
d'Y près, M. le vicaire n'avait jugé bon de dénaturer
et de tronquer cet arrêt. C'est au reste ce que M.
le vicaire persiste faire encore dans la lettre qu'il
nous envoie.
L'arrêt de la Cour porte textuellement
Attendu qu'il n'est pas établi suffisance de
droit que....
La Cour confirme le jugement....
Le jugement du tribunal de Furnes au contraire
portait
Comme il n'est nullement établi que....
Le tribunal renvoie le prévenu des fins de la pour
suite.
La différence est sensible, et M. le vicaire ne
parviendra pas faire admettre par qui que ce
soit que la cour en disant comme il n'est pas
établi suffisance de droit ait voulu dire ce
qu'avait dit le tribunal de Furnes, c'est-à-dine
comme il n'est nullement établi.
Ce qui prouve au reste que M. le vicaire sent
parfaitement lui-même la différence entre les deux
rédactions c'est qu'il a cru devoir dans sa lettre au
Progrès d'Y près tronquer l'arrêt de la Couret y
supprimer les mots suffisance de droit
pour lui faire dire grâce cette fraude grossière,
ce qu'avait dit le tribunal de Furnes.
Dans la lettre qu'il nous adresse aujourd'hui M.
le vicaire fait miex encore il supprime non plus
quelques mots dans le considérant mais le consi
dèrent tout entier et il réduit ainsi l'arrêt son
seul dispositif.
En ce qui concerne les prétendues «révélations»
faites par les petites filles l'audience de la cour,
révélations par lesquelles, au dire de M. le vicaire,
ces petites filles auraient indiqué ou fait connaître
des personnes qui les auraient poussées accuser
faussement le prévenu, nous maintenons ce que
nous avons dit.
M. De Lancker fait appel sur ce point aux avo
cats des deux opinions qui ont assisté aux audiences
de la cour. Nous lui portons le défi de nous appor
ter u .e seule attestation portant ce qu'il a affirmé
sur ce point, et signée par un de ces avocats.
Pour le surplus, et un autre point de vue, nous
sommes prêts reconnaître que les personnes qui
ont subi un jugement ne peuvent se classer qu'en
deux catégories, celles qui son! condamnées comme
coupables, celles qui sont acquittées comme inno
centes. Nous ne pensons pas qu'il soit dans les
attributions des tribunaux de créer une troisième
catégorie de personnes, dont la culpabilité reste
douteuse. Le doute emporte acquittement et la
société a besoin de chose jugée. Il faut qu'elle
fasse tous les efforts pour trouver les auteurs des
crimes commis mais elle se résigne bien souvent
avouer que ses efforts n'ont pas abouti. Que les
magistrats disent nous n'avons pas la conviction
de la culpabilité du prévenu, ou qu'ils prononcent
l'acquittement en d'autres termes, nous n'y voyons
juridiquement pas de différence notable.
Dans tout les cas. les décisions de la justice
doivent être respectées comme si elles étaient la
vérité même. La paix publique est ce prix. Ce