214. Jeudi.
18 Janvier 1877
0 FRANCS PAR AN.
JOURNAL O'Y PRES ET UE L'ARRONDISSEMENT
Faux cléricaux.
37e ahmêe.
FROC
IMRAISSIV; I l JEUDI ET LE R1HAXCIIE.
VllitS ACQUIIUT EL'NDO
ABONNEMENT PAU AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire dTpres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
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BULLETIN POLITIQUE.
La conférence a dû tenir une séance décisive.
Jusqu'ici le télégramme ne nous a rien transmis
au sujet d'une rupture des délibérations. Il y a donc
encore quelque espoir d'un arrangement.
Un fait assez curieux au milieu de ce chaos,
c'est une note du Globede Londres, annonçant
que Nubar Pacha accepte le poste de gouverneur
de la Bulgarie. On sait que Nubar Pacha est con
sidéré comme un véritable Européen, et il se peut
que les puissances considèrent sou acceptation
comme une garantie de bonne administration.
Cet incident ne peut, du reste, avoir une in
fluence assez grande sur les événements pour qu'on
lui accorde l'importance que semble y attacher le
Globe.
D'après les journaux de Paris, au cas où la
conférence se dissoudrait sans avoir rien réglé, la
Roumanie proclamerait son indépendance, la ma
jorité des puissances étant favorablement disposée
accueillir toutes les légitimes revendications du
gouvernement de Bucharest.
Mais l'indépendance n'impliquerait pas la neu
tralité, et la Roumanie serait et resterait parfaite
ment libre d'ouvrir son territoire aux armées de la
puissance qu'il lui conviendrait de choisir.
La Gazette de Cologne publie une dépêche de
Vienne annonçant qu'après le départ du général
Ignatieff la Russie sera représentée Constantino-
ple par un chargé d'affaires. Le comte Zichy,
ambassadeur d'Autriche, serait remplacé par son
fils, qui est favo.able la politique turque. Un
sérieux dissentiment aurait éclaté entre les pléni
potentiaires d'Allemagne et d'Autriche.
Le 15 janvier midi a été célébré Paris,
Si-Augustin, la messe anniversaire pour le repos
de l'âme de Napoléon III.
Une foule énorme, d'après le Pays, remplissait
l'église et se pressait sur le parvis et aux abords
de St-Augustin.
Tout s'est passé dans 1« plus grand ordre.
D'après une dépêche de la Gazette de Cologne,
il y avait aux abords de l'église plus de 12.000 per
sonnes, portant toutes des insignes bonapartistes.
Nous trouvons enfin dans les dépêches et les
journaux de Berlin des informations précises sur
le résultat des élections au Parlement allemand.
Un point noter d'abord, c'est que le gouverne
ment conserve une forte majorité. Les scrutins de
ballottage doivent avoir lieu dans la quinzaine
après la constatation officielle du résultat du pre
mier tour il y en aura 66 environ 50 candidats
nationaux libéraux y seront soumis. Il paraît qué
le parti national libéral perd une douzaine de
sièges les progressistes aussi ont subi des pertes.
Le groupe des socialistes est renforcé dès présent
et doit encore gagner quelques sièges au ballottage.
Le règlement du Reichslag dit que les propositions
signées par quinze membres doivent être mises
l'ordre du jour; les partis libéraux devront donc,
dans l'intérêt des travaux du Parlement, se livrer
de suprêmes efforts pour que le nombre des
députés socialistes ne s'élève pas 15.
La Chambre des députés de Prusse a procédé
au renouvellement de son bureau. L'ex-président
de la chancellerie de l'Empire, M. de Bennigsen.
a été réélu président les vice-présidents sont
MM. Klotz et le comte Bethusy-Huc.
Le Pape a reçu le 14 ses anciens employés. Un
de ces anciens fonctionnaires a lu une adresse très
violente contre le gouvernement italien. Le Pape a
dit qu'il regardait comme l'œuvre de la Providence
les subsides qu'il peut donner aux employés restés
fidèles leur serment. 11 a blâmé ensuite quelques
projets du miuistère italien relatifs l'Eglise.
ïpres. le 17 Janvier 187 7.
Nous voudrions connaître l'opinion du Journal
d'Ypres sur le nouveau moyen de fraude, inventé
par ses amis d'Anvers, pour falsifier les listes élec
torales. On ne saurait se moquer plus agréable
ment de la magistrature. La Cour d'Appel de
Bruxelles a ainsi statué dans trois affaires sur des
documents falsifiés et lorsque le truc a été inventé
plusieurs avocats qui avaient défendre d'autres
contestations électorales ont constaté que tous
leurs dossiers contenaient aussi des pièces fausses.
Espérons qu'un pareil méfait ne restera pas impuni
et qu'il ne faudra pas encore une fois, la justice,
plusieurs années pour découvrir les coupables.
En attendant, nous recommandons nos lec
teurs la lettre de M. Pecbrr; c'est ue pas y croire
ses yeux, si le fait n'était avoué par les journaux
de toutes les opinions
Anvers, 12 janvier 1877.
Monsieur le rédacteur du Précurseur.
Ceux qui comme nous, sont la peine depuis des années,
croyaient connaitre le fond et le sommet des fourberies cléri
cales en matière de contestations électorales. Ils étaient
dans l'erreur.
Les cléricaux viennent de se surpasser et cela avec une
audace tellement incroyable,qu'il a fallu le témoignage de nos
yeux pour nous rendre "a l'évidence des faits.
Il y a peu de jours nous apprenions par l'honorable M.
Orts, que la cour d'appel de Bruxelles avait annulé deux de
nos pourvois contre drux décisions de la Députa lion perma
nente la lre en cause de Pierre Jean Broomans, prêtre, se
disant domicilié Calmptbout mais demeurant en réalité
Malines, la 2d< en cause de Alois Adrien Broomans frère du
premier. L'arrêt de la cour était basé sur un vice de procédure
l'huissier Wolfs avait oublié de signer la copie des deux ex
ploits d'appel notifiés aux intimés.
Ce fut pour nous l'objet d'une vive contrariété et d'obser
vations très sevères adressées l'huissier Wolfs qui ne les
accepta qu'en protestant.
Le lendemain une nouvelle remarque non moins déplaisante
nous est encore transmise par l'honorable M. Orts Nous
perdiors notre pourvoi en cause de Jean Baptiste Kerstens
d'Esschen. Ici encore la Cour nous condamnait pour vice de
procédure. La signature de l'huissier Vanschevensteen faisait
défaut sur la copie de l'exploit qu'il avait envoyé par lettre
chargée l'intimé.
Nos explications avec cet officier ministériel prirent au
caractère de vivacité d'autant plus intense qu'il n'admettait
pas la possibilité de la négligence qui lui était imputée et que
nous nous refusions mettre en doute le bien fondé de l'arrêt
de la Cour. Enfin, hier, M. l'avocat Van Zele nous écrivait que
nous allions perdre une quatrième affaire celle de Pierre-
Joseph Keersmackrrs de Hobokrn toujours parce que la
copie de l'acte d'appel signifiée l'intimé par le même huis
sier Van Schevensteen n'était pas signée par lui.
Ici, bien des doutes nous traversèrent l'esprit. La suppo
sition d'un oubli accidentel devait être écartée. Le fait était
intentionnel. Mais qui l'imputer?
J'envoyai incontinent un homme sur pour inspecter au
greffe de la Cour d'appel ces exploits entachés de nullité et
versés au dossier par les avocats des cléricaux.
Or,voici ce qui a été constaté ce malin au greffe de la cour
en présence de plusieurs avocais parmi lesquels M. Jolly, un
des défenseurs de nos adversaires.
Les exploits non signés par nos huissiers sont autant de
faux entachés de nullité ils ont été exhibés la cour d'appel
en lieu et place des nôtres qui étaient paifaitement en règle
et que les intimés n'ont pas produits.
Je ne fais pas l'injure aux avocats de nos adversaires de
surpposer qu'ils soient complices de celle criminelle super
cherie. Ils eu sont les premières victimes.
Mais, nous avons constaté que les cléricaux ont fait réim
primer nos formules d'actes d'appel et d'exploits.
Qu ils ont fait recopier les considérants sur lesquels nos
appels étaient fondésqu'ils ont rrmpli tous les blancs du
formulaire en ayant soinl d'omettre la signature de l'huissier,
l'une des conditions essentielles pour que l'exploit soit valable.
Nous ignorons quel est le faussaire auteur de la fabrication
des actes qui reposent en ce moment au greffe de la Cour
d'appel. C'est la justice le découvrir. Elle est saisie de
notre plainte.
Evidemment cet auteur ne sera pas l'électeur intimé dans
le procès.
Dans cette hypothèse le cas serait isolé. Or, il ne l'est pas.
Il s'est produit Calmplhout, Esschen, Hoboken.
Il y a plus encore hier la Cour d'appel l'existence
d'autres exploits forgés tout comme ceux que nous venons
de dénoncer et ayant rapport des causes non plaidées
encore, a été constatée dans les dossiers d'autres avocats
cléricaux tous parfaitement honorables. Nous nous trouvons
donc en présence d'un plan d'un système d'un concert
évident.
L'auteur de ce plan doit être celui quiAnvers défend
les prétentions cléricales comme l'Association libérale et
constitutionnelle défend celles des libéraux.
La découverte de nos exploits si audacieuscment suppri
més, ne saurait être bien difficile.
En face de celle cynique audace le sentiment qui nous
anime est moins l'indignation que celle de la tristesse et du
dégoût.
On peut, indifférent, assister au défilé quotidien des calom
nies, des injures et des outrages que vomit la haine cléricale,
mais est-il possible de n'être pas affigé et inquiet d'uu pareil
abaissement de nos mœurs politiques
La Cour d appel de Bruxelles dans sou arrêt du 7 mars
ISiO qui condamnait Jan Delaet et réhabilitait le malheureux
Van Ryswyck a dit dans l'un des considérants
Attendu qu'en principe tout plaideur qui cache h ses juges
les faits de nature modifier leur appréciation commet line
action malhonnête et tend la justice un piège pour
s enrichir aux dépens d autrui.
Attendu que telle a été la conduite de Delaet dans
l'affaire Van Ryswyck etc., etc.
Nous nous retrouvons en présence de la même effronterie
Un piège a été tendu la justice, non pour s'enrichir celte
fois aux dépens d'autrui, mais pour enrichir la liste électorale
de quatre faux électeurs cléricaux. La Cour d'appel nous a
condamné sur de faux documents de même que Van Ryswyck
avait été condamné sur l'affirmation du mensonge. Comme
lui nous aurons notre revanche du maltôlier inconnu dont
nous venons d'être les victimes.
L'audacieuse supercherie que uous venons de dévoiler prou
vera une fois de plus nos amis politiques la nécessité d'une