C'est là, dit la Flandre libérale, une victoire qui donnera l'opinion publique la mesure de sa force. Devant l'énergique opposition du pays, le ministère recule, ce que son organe officieux faisait du reste prévoir il y a quelques jours. On écrit d'Anvers au Progrès d'Ypres Le glas funèbre vient de sonner pour le ministère Malou, qui, en présence de la légi time indignation que son projet de loi a sou levé, vient de retirer de ce projet, presque toutes les dispositions qui en faisaient une véritable loi de parti. C'est principalement l'ardeur et au pa triotisme des libéraux Anversois, que nous devons ce recul du ministère, qui s'est souvenu que, pas plus en 1877 qu'en-1857, on ne pou vait impunément braver l'opinion publique des grandes villes. Ce que les libéraux d'An vers veulent, ils le veulent bien, et ils ont chance de réussir, parce que leurs revendica tions sont toujours légitimes A toutes les autres associations donc, de les suivre. En présence de cette attitude du ministère, on se demande avec quelque fondement de raison, si Monsieur Malou est réellement un homme politique de grande valeur surtout, quand on le voit traiter avec cette légèreté, qui lui a été souvent fatale, une question de cette importance. Que Monsieur le ministre des finances reste ou non au pouvoir, toujours est-il qu'il a perdu de son prestige et que sa réputation d'nabile homme d'Etat se trouve fortement ébranlée Quand on s'engage pré senter un projet de loi, réclamé par 1 opinion publique, on s'arrange de façon ne pas devoir le retirer, avant meme qu'il soit arrivé la discussion. De ce pompeux projet mort-né, il ne reste que des tronçons hybrides, que la représenta tion nationale ne pourra accepter, moins de procéder une coordination convenable et d'y ajouter, comme complément indispensable, le rote par lettre alphabétique. Tant que les libéraux a Anvers n'auront pas obtenu cette légitime satisfaction, ils se refu seront mettre bas les armes, parce qu'à leur avis, le vote par lettre alphabétique est le seul remède, si tant qu'il en existe un, contre l'odieuse pression, dont les deux partis en général, et le parti libéral en particulier se plaignent, juste titre. Ce mode de votation, surtout dans les grandes villes, sera de nature empêcher cette surveillance du dernier moment, qui enlève l'électeur sa liberté et lui impose un vote, contraint et forcé. Nos adversaires ne pourraient pas nier l'efficacité d'une pareille mesure et ils le savent si bien, que, n'ignorant pas que leur majorité n'est que le produit de la fraude et de la corruption,-ils opposeront une résistance, qu'il ne sera possible dé briser, que grâce l'union et la persévérance de tous nos amis politiques. Au nombre des amendements qui seront pro duits l'occasion de la discussion du projet de loi en faveur des fraudes électorales, ait le correspondant du Journal de Liège, on en cite un qui aurait une grande importance. M. V. Tesch proposerait d enlever aux Dé putations permanentes la connaissance des affaires électorales, pour la remettre aux tribu naux de Ie instance. Ceux-ci en seraient alors investis en premier ressort, comme les Cours le sont déjà pour le degré d'appel. A l'appui de cet amendement, l'honorable représentant d'Arlon invoquerait les incroya bles et scandaleuses décisions de la Députa- tion cléricale du Luxembourg, dont plusieurs ont été signalées par la presse et dont le grand nombre ont été cassées par la Cour de Liège. Nous applaudirons de toutes nos forces cette réforme et tous les hommes qui placent la justice au-dessus de leurs passions politi ques, y applaudiront comme nous. On ne sau rait, en effet, se faire une idée de l'arbitraire et de la crasse ignorance avec lesquels nos Dé putations permanentes traitent les affaires électorales; les renseignements produits au dossier ne sont rien, car nos permanents, sans égard pour l'opinion des bureaux du gouverne- mentprovincial, fabriquent d'ordinaire un con sidérant unique, presque toujours le même et constatant qu'il résulte des renseignements produits au dossier, précisément le contraire de ce qui en résulte réellement. On ne sau rait rien voir de plus éhonté et de plus auda cieux; aussi est-on presque certain de voir réformer toutes leurs décisions qui sont défé rées nos Cours d'Appel. Nos députés permanents sont d'ailleurs at teints d'un vice radical pour connaître des contestations électorales dans toutes les cau ses ils sont juges et partis ainsi lorsqu'un électeur réclame, ils se préoccupent avant tout s'il est de leur bord et si sa réclamation a pour objet de leur donner ou de leur enlever une voix. Puis ajoutez cela la complète ignorance dont ils font preuve dans l'application des principes de droit. Pourra-t-on sans incon vénients déférer la connaissance de ces affaires aux tribunaux civils C'est là une question examiner mais quelque combinaison que l'on adopte, elle sera meilleure que ce qui existe et apportera au moins un remède partiel une situation qui est devenue intolérable, sur tout là, où les Députations sont cléricales, car ces collèges ne connaissent ni droit, ni équité, ni vérité, ni justice. La Cour d'Appel de Gand vient de réformer deux arrêtés de la Députation permanente qui avaient refusé d'inscrire M. Blieck-Castelein et M. Isidore Blieck sur les listes électorales de la ville de Wervicq. En conséquence la Cour a ordonné leur inscription comme élec teurs tous les dégrés. Le communiqué que nous avons reçu de la dernière séance du cercle des Commerçants et Industriels, nous a remis en mémoire que nous avons quelques mots répondre un article de notre moniteur clérical. L'organe de Messieurs les abbés nous paraît impayable, lorsqu'il accuse le Progrès de faire delà politique, propos de la question d'achè vement et de reprise du Canal de la Lys l'Yperlée. Depuis quand, donc, le Progrès n'est-il plus un journal politique Quoi donc de plus naturel qu'il en fasse tout au moins un peu, après avoir épuisé les autres moyens A moins que la naïveté du Journal d'Ypres, qui, lui, fait de la politique par tout et en tout, aille jusqu'à prétendre que nous devrions avoir envers nos adversai res assez de condescendance, pour chanter avec lui sur tous les tons, et déclarer urbi et orbi, que l'arrondissement d'Ypres est le mieux partagé de tous les arrondissements, dans les immenses crédits qui ont été affectés des travaux publics, depuis 1870. Il nous semble que cléricaux et libéraux ont marché, dans cette dernière circonstance, la' main dans la main, pour arriver la solution la plus favorable aux intérêts de l'arrondisse ment. Tous, nous avons exprimé notre désir commun, de voir l'Etat achever, reprendre et exploiter une voie de communication, qui au rait pour résultat de donner au commerce et l'industrie d'une partie de notre Province la possibilité de soutenir la concurrence avec les autres parties du pays. A toutes ces exi gences reconnues légitimes, même par nos adversaires, le ministre des finances, qui per sonnifie tout le gouvernement, a opposé une fin de non-recevoir, consistant, selon qu'on veut l'interpréter, soit dans un non volo, soit en suggérant des propositions, que le Journal cCYpres sait, aussi bien que nous, ne pas être susceptibles de réalisation. Et dans cette occurrence, il ne nous serait pas permis de constater que les négociations n'ont pas abouti que, dans notre opinion, la question n'a pas fait un pas et que tous nos efforts communs ont échoué devant l'obstina tion de Monsieur Malou. Cette prétention est par trop ridicule, surtout lorsqu'on ose écrire qu'il est profondément triste de voir que la politique gâte les meilleures causes. Le mot meilleures est charmant. Puisque, sans faire de la politique, nous n'avons rien obtenu, peut-être qu'en en faisant un peu, (si tant est que c'est là en faire) obtiendrons- nous quelque chose Il n'est parfois pas mau vais de chatouiller l'épiderme peu sensible, il est vrai, de Monsieur le ministre, pour lui faire comprendre qu'on ne se moque pas impunément des revendiculiaires légitimes d'un arrondissement, où en définitive ses amis ne sont arrivés la tête que par la fraude et la contrainte. La reprise, l'achèvement et l'exploitation par l'Etat du Canal de la Lys l'Yperlée, nous considérons cette satisfaction donnée nos exigences, non comme une faveur, mais comme un droit, sur lequel nous pouvons compter et n'ayant en vue que les avantages qui doivent en résulter pour notre province, nous donnons nos députés cléricaux la faculté de se mettre sur un piédestal, en revendiquant unguibus et rostro l'intervention d'un gouvernement, ami, pour venir en aide des intérêts trop longtemps méconnus. La fin de l'article laisse du reste entrevoir que Monsieur Malou ne fera rien.... du tout nous en étions certains d'avance et nous croyons ne pouvoir mieux expliquer l'attitude du gouvernement que par la situation désas treuse de nos finances. r L'idée de supprimer le scrutin lorsqu'il n'y a pas de lutte serait abandonnée il y aurait en tout cas reunion des électeurs et scrutin. Les bulletins de parti seraient supprimés, ei l'électeur aurait formuler son vote dans l'isoloir. L'appel de tous les électeurs de la section se ferait comme aujourd'hui, selon l'ordre alphabétique. Pour la constatation du vote exprimer dans l'isoloir, on se rapprocherait beaucoup du système anglais. Les bulletins déposés dans deux ou trois sections seraient mêlés avant le dépouillement. Les témoins des candidats pourraient prendre part la discussion sur la validité ou la nullité îles bulletins. Le droit de constater les fraudes par tous moyens de preuve serait exclusivement réservé au cours d'appel. Les députations permanentes ou leurs délégués ne pourraient que déférer le serment. Enfin et c'est le point essentiel sur lequel l'opposition a le plus insisté, 1 art. 78 combiné avec l'art. 63 serait modifié. Pour être inscrit en 1877, l'électeur ne devrait pas justifier de la possession du cens pour les deux années antérieures mais, comme aujourd'hui pour l'année antérieure seulement, et la disposition relative aux patentes déclarées après le 31 janvier serait égale ment sans application en 1877. Mais il ne faut pas que le pays se laisse tromper. Qu'on se souvienne des promesses de M. Malou, de sa parole engagée et de l'odieuse manière dont il y a manqué. Les amendements qu'il nous annonce sont peut-être autant de Tartufferies nouvelles, selon le mot de M. Pecher, uniquement destinées tromper, endormir l'opinion. En présence d'un ennemi aussi rusé et aussi déloyal, la défiance est un devoir. Du reste, dès présent, on peu», affirmer que les concessions de M. Malou sont insuffisantes. Elle laissent subsister les dispositions violentes du litre II, celle sur le domicile des officiers, sauf ne pas les appliquer en 1878. Le ministre d'Italie JN'icotera ayant gagné le procès qu'il avait intenté au journal la Gazetta d'Ilalia, le Bien public imprime ce sujet: 11 va sans dire que la Gazetta a été condamnée, mais malgré les termes du jugement, M.Nicolera ne se lavera jamais des terribles accusations

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2