No 222-23. Dimanche,
37e ANNÉE.
18 Février 1877.
6 FRANCS PAR AN.
Syllabus et Constilulion.
Lugete, Veneres, Cupidioesque.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
-
PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE*
VIRES AC6UIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissemenl administratif el judiciaire d'Ypres. fr. G-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-23.
BULLETIN POLITIQUE.
C'est aujourd'hui que la Chambre des communes
entendra l'interpellation de RI. Gladstone sur la
question d'Orient. Il en sera fait une autre parle
duc d'Argyll, mardi prochain, la Chambre des
lords.
Le grand débat sur la question d'Orient, dont
nous avons déjà enregistré les divers préliminaires,
se trouvera ainsi engagé.
A Versailles, les Chambres ont repris leurs Ira-
taux. Le Sénat ne s'est guère oecupé que du géné
ral Changarnier et de ses funérailles.
A la Chambre des députés, le ministre des tra
vaux publics a déposé un projet de loi ayant pour
objet l'ouverture d'un crédit de 300,000 fr. destiné
des commandes d'étoffes de soie la fabrique de
Lyon.
Il a été donné lecture ensuite du rapport de M.
Pascal Dupral sur la proposition de loi portant
mise en accusation des auteurs et complices du 4
septembre. La commission se prononce l'unani
mité contre la prise en considération. La Chambre
ne petit faire autrement. Il y a bien d'autres ques
tions vider en ce moment que celle des responsa
bilités passées, alors surtout qu'un des auteurs du
4 septembre est le président du conseil et premier
ministre de la République.
En Orient, on est toujours dans l'attente de la
mission Chrislich Constanlinople pour le Mon
ténégro, il paraît que le prince Nikila ne voudrait
pas traiter ailleurs qu'à Vienne, contrairement au
désir de la Porte qui préférerait ouvrir les négo
ciations dans la capitale de l'empire ottoman. Ajou
tons que les élections de la grande Skoupchlina
auront lieu le 22 février et que cette assemblée se
réunira le 26 du même mois. Il est croire qu'on
ne sera pas fâché Constanlinople de connaître,
avant de conclure la paix, l'esprit de la représenta
tion serbe. On sait d'ailleurs que l'armistice n'ex
pire quv le Ier mars.
Ne quittons pas l'Orient sans signaler une autre
et fort originale interprétation de la chute de Mid-
hat Pacha par lui-même. D'après des renseigne
ments de Brindisi arrivés Londres et télégraphiés
l'Agence Havas. l'ex-grand vizir aurait été exilé
pour avoir voulu faire proclamer la République en
Turquie afin d'en devenir le président. Midhat se
rend Naples pour méditer sans doute son aise
sur cette extraordinaire accusation.
Vpres, le 17 Février 187 7.
A en croire les journaux de la droite, la majorité
rêverait un coup d'état elle n'admettrait aucun
des amendements proposés par RI. Malou et vote
rait le projet primitif en renchérissant encore par
l'adjonction du vole au chef-lieu du canton.
Nous espérons encore que la droite sera mieux
avisée que ses organes, car pourquoi ne pas le dire
un pareil vote serait la révolution -, nous sommes
bien décidés, en effet, ne pas nous laisser écraser
par nos ullramontains et ne pas laisser substituer
noire constitution l'Encyclique et le Syllabus.
Que nos adversaires le sachent bien qui sème le
vent récolte la tempête et ce n'est pas nous, qui
sommes d'ordinaires victimes, au milieu des agita
tions et des tempêtes politiques.
Voici comment s'exprimait l'autre jour le Cour
rier de Bruxelles.
Vous citez un article de la Paixnous écrit notre
correspondant, et vous vous demandez ce que, en
matière de réforme électorale, les catholiques ont
attendre de la majorité parlementaire.
Je me demande, moi, ce que cette majorité aurait
attendre elle-même des électeurs catholiques, si elle
fermait l'oreille leurs justes et pressantes réclaina-
tions,
A cette question je répondrai avec la franchise d'un
flamand qui connaît l'esprit de ses compatriotes et a
des relations d'affaires avec beaucoup d électeurs ru-
raux.
Si la majorité n'use pas de son initiative pour s'op-
poser - la Reculade de M. Malou et pour mettre
les populations rurales sur un pied d'égalité avec
celles des villes, la majorité aura vécu
Si les représentants de Gand notamment ne contri-
buent pas faire rayer les faux électeurs d'Anvers
et faire prendre par la majorité des mesures pro-
près protéger les électeurs se rendant au scrutin
ou les en rapprocher, ces députés ne retourneront
positivement pas au Palais de la nation en 1878.
Dès présent ils sont démonétisés les ruraux,
fatigués d'être battus, en se rendant au scrutin et
leurrés après par la faiblesse de ceux qu'ils ont élus,
resteront chez eux pour un très-grand l'ombre, c'est
une décision prise irrévocablement du reste, atten-
dez et vous le verrez.
La droite a le pouvoir en mains, elle doit savoir
s'en servir si la gauche fait des émeutes, nous avons
l'armée lui opposer, et il est plus que temps de met-
tre la force au service du droit.
La Cour d'appel de Gand vient d'annuler l'arrêté
de la Députation permanente de notre province, qui
a ordonné la radiation de RI. le général RIissotten
des listes électorales Je la ville d'Ypres en consé
quence la Cour a ordonné son maintien sur les
dites listes.
Nous apprenons que le bureau de la Fédération
se réunit lundi prochain 2 h. 1/2 de relevée.
- -.Ti^-e-saa -n>
La Patrie a laissé entendre que la majorité
pourrait bien faire bon marché des amendements
de RI. Rlalou pour ne s'inspirer que de l'intérêt de
son parti, voici comment elle s'exprime
Nous ne pouvons nous prononcer, dit-elle, sur la
valeur des amendements proposés par M. Malou, n'en
ayant pas le texte sous les yeux mais ce que nous
pouvons dire, c'est que la majorité est bien résolue
ne pas tolérer l'intrusion, dans le corps électoral, des
fraudeurs d'Anvers et d'autres villes c'est qu'elle
n'admettra aucune disposition pouvant enlever aux
électeurs illettrés l'intégralité du droit que leur recon-
nait la Constitution. Le ministère ne peut pas vouloir
autre chose mais si ses amendements se détournaient,
si peu que ce fût, de ce double but, ils succomberaient
devant la fermeté de la droite.
Cela est d'autant plus certain que, jusqu'ici, on n'a
prise pour garantir
sécurité du votant le jour de l'élection or, si on croit
que les catholiques se laisseront duper par les agita
tions factices des gueux, on se trompe beaucoup. Le
pays et le bon droit sont avec eux, et ils ne s'inclineront
pas devant une bande de factieux trop lâches pour se
compromettre eux-mêmes et impuissants entraîner
les masses.
Nos organes clérieaux jugent prudent de ne pas nous
répondre, chaque fois que nou§ leur demandons com
ment ils concilient les principes proclamés par le Svl-
labus avec ceux inscrits dans notre Constitution.
Et au fait ces principes sont inconciliables, comme
nous l'avons démontre différentes reprises. Ainsi la
Constitution proclame la liberté de conscience, le pape
lui repond que c'est là une erreur funeste, une peste
effroyable, - etc.
La Constitution affirme les droits du pouvoir civil et
soumet 1 Eglise la loi le Syllabus prétend que cha
que fois qu'un conflit surgira, l'autorité ecclésiastique
devra prévaloir sur le pouvoir civil.
L'art. 14 de la Constitution, dit que - la liberté des
cultes est garantie - la proposition 77 du Syllabus
soutient que c'est une erreur de croire qu'il ne con
vient pas notre époque, que la religion catholique
soit considérée comme l'unique religion de l'Etat l'ex
clusion de tous les autres cultes. -
La Constitution, daas son art.18, proclame la liberté
de la presse le Syllabus dans sa 79 proposition con
damne cette erreur en termes formels.
Nous pourrions continuer ce tableau édifiant et mon
trer que le Syllabus ne respecte rien des institutions
que nous s.ont chères, ni le mariage, ni la justice, ni la
liberté de l'enseignement.
La démonstration est suffisante et nous la termine
rons par l'extrait suivant du Monde, journal dont
le dévouement au st-Père ne sera pas révoqué en doute.
Nous n avons pas, disait ce journal, confronter
la Constitution belge avec l'Encyclique, mais nous sa
vons que les catholiques de ce pays se sont efforcés de
montrer la conformité de leur Constitution avec les
Encycliques précédentes. Et comme ils voyaient dans
cette Constitution toute la foule des libertés modernes
qui se trouvent aujourd'hui condamnées, ils en étaient
venus soutenir que ces libertés ne blessent pas lfi foi
catholique. Et c'est justement le eoiitruipe qui
est décidé par l'Encyclique de Pie IX.
Leur appréciation devra changer et leur polé
mique prendre une autre forme, n
Y a-t-il encore place pour un doute après cette
condamnation si formelle de la Constitution Belge par
l'organe le plus autorisé du monde catholique.
de
On lit dans la correspondance particulière
Rome, adressée au journal ultramontain le Coin
rier Belge, sous la date du 6 Février
A propos du carnaval, je dois constater qu'il est
Rome bien pâle et presque mort, malgré les efforts
que fait le Municipe pour le galvaniser. Les Romains,
hélas n'ont guère envie de s'amuser par ce temps de
misère et d'impôts. Us sont traités en vaincus par les
usurpateurs de la Ville-Sainte deux camps bien
tranchés et que rien ne saurait confondre se trouvent
en présence. En vain la municipalité a-t-elle offert
des chars gratuits ceux qui voudraient se masquer