moment même, où elles sont prises la main
dans le sac l'on en jugera par les turpitudes
suivantes, qui viennent d'être dévoilées par
le Précurseur.
Les ultramontains d'Anvers ont mis profit le
temps qui s'est écoulé du 15 au 30 Juin. Les décla
rations frauduleuses ont été leur petit bonhomme
de train; les agents cléricaux ont travaillé avec rage,
comme il convenait du reste, des gens qui met
tent leur salut dans la corruption de notre régime
parlementaire.
En quinze jours, ils trouvèrent moyen de faire,
dans les campagnes seulement, 650 déclarations
fausses, se subdivisant comme suit 400 chevaux
mixtes, 100 domestiques et 150 patentes de toutes
sortes.
Dans la ville plus de 500 patentes, destinées
parfaire le cens de leurs créatures, furent déclarées
par les cléricaux.
Soit en tout nr>o déclarations, la plupart frau
duleuses, et cela en 15 jours seulement
Ce n'est pas trop mal, pour des gens qui se pré
tendent les défenseurs naturels de la moralité poli
tique.
Le Précurseur cite l'appui quelques faits qui
montrent combien a été grande, en ces circonstan
ces, l'impudence des cléricaux.
Le vicaire-cultivateur voilà le bouquet et c'est
pour cacher ces traits d'audace, que les ultramon
tains Anversois ont fait le beau vacarme que l'on
connaît.
La Cour d'appel, espérons-le. aura raison de ces
fraudes, et les tentatives corruptrices de nos ad
versaires seront déjouées par ceux qui la loi a
donné la mission de veiller sur la sincérité des
listes électorales.
Et ce qui se pratique Anvers sur une aussi
large échelle tend s'introduire partout. Déjà
nos cléricaux sont entrés largement dans cette
voie; tel grand seigneur veut que ses fermiers
n'aient que des chevaux mixtes et tel autre fait
de tous ses locataires des marchands de guano.
Ce sont là des abus qui appellent un prompt
remède et nous n'en voyons d'efficace que dans
l'abolition de ces impôts dont l'arbitraire prête
d'aussi criants abus.
On lit dans le Précurseur
On écrit de Bruxelles la Meuse
Un public nombreux s'est pressé ces jours der
niers dans les tribunes de la Chambre des repré
sentants, attendant toujours un incident qui n'est
pas arrivé. Les cours d'eau et la Cour des comptes
font en ce moment tous les frais de l'attention
officielle de nos honorables, et il faut supposer
qu'il n'y aura plus d'incidents avant le dépôt du
rapport de la Section centrale chargée de l'examen
du projet Malou.
C'est, en vérité, une étrange situation. Le pays
est profondément remué. Des deôx parts, dans les
régions cléricales aussi bien qu'ailleurs, on sent
que de graves événements sont prochains. Le mi
nistère est ébranlé ce point que l'on ne comprend
pas qu'il conserve le pouvoir, et l'on discute le
curage des rivières. Il y a cependant bien d'au
tres choses curer, sans compter que le gouver
nement de curés excusez ce mauvais jeu de
mots est précisément ce dont on ne veut plus.
M. Malou, qui avait pris gaiment les choses au
début, est. dit-on, très-affecté de la tournure que
prennent les événements. Ce n'est rien d'être
chansonné, et d'entendre tous les carrefours,
d'un bout de pays l'autre, retentir ce mol fati
dique A bas Malou L'honorable ministre y est
habitué depuis plus de trente ans. Mais il com
mence comprendre qu'il n'y a plus moyen de
dire, comme Mazarin qu'ils chantent pourvu
qu'ils. votent Le chef du cabinet clérical
sent très bien que le pouvoir lui échappe en même
temps que son vieux reste de prestige, il sent éga
lement qu'après lui, ce ne sera pas la fin du monde,
mais la fin du règne de l'épiscopat pour un temps
assez long. Il faudrait un miracle pour le sauver,
et la Vierge d'Oostacker ne fait pas de miracles
pour ceux qui ont encore parfois le courage ou
l'imprudence de se dire calholiques-lihéraux. Et
puis, quand même le miracle s'accomplirait, quand
même on doublerait le cap des tempêtes politiques
où l'ouragan souffle avec autant de violence que
dans les cheminées de nos demeures, il y a la
perspective des élections prochaines qui s'ouvriront
sous les plus redoutables auspices.
Et puis, nous ne sommes pas au bout des pro
testations et des indignations du pays.
On commence s'émouvoir d'une pensée que
l'on n'avait pas eue l'origine. Il paraît aujour
d'hui certain que les cléricaux d'Anvers avaient
été mis au courant des dispositions du projet de
loi, de telle sorte qu'il leur fut possible de faire
des déclarations une date que les libéraux igno
raient et de grossir ainsi le nombre de leurs élec
teurs. La réalité de ce fait incroyable résulte d'une
foule de circonstances qui seront relevées et qui
mettront en lumière le caractère essentiellement
frauduleux de la manœuvre ministérielle.
Il reste, enfin, comme avertissement pour le
ministère, l'éventualité de la grande manifestation
légale laquelle le bureau de la Fédération fait
allusion dans la note qu'il a communiquée aux
journaux lundi dernier.
Cette manifestation serait l'une des plus solen
nelles et des plus imposantes que l'on aurait jamais
vues dans un pays libre.
Supposez les membres de toutes les Associations
libérales du pays se réunissant Bruxelles et s'as-
semblant au Champ des courses supposez ces
milliers de citoyens traversant les rues en cortège,
tous en habit noir et en cravate blanche, et se
rendant au Palais, précédés des membres de la
gauche parlementaire, parmi lesquels des vétérans
de nos luttes politiques, d'anciens ministres revê
tus de leurs grands cordons, de leurs plaques, des
insignes d'honneur qu'ils ont reçus de la main
royale et allant déposer au pied du Trône une
Adresse respectueuse dans laquelle ils sollicitent,
au nom de toutes les grandes villes du pays, le
retrait d'une loi arbitraire et l'exercice de la pré
rogative royale en vue de rendre au pays sa liberté,
au pouvoir son prestige, la politique nationale sa
dignité.
Devant celle solennelle manifestation, renouve
lée du Compromis des nobles, se trouverait-il
encore un Beernaert quelconque disposé jouer
le rôle du comte de Berlaimont, et souffler
l'oreille du Roi ce mol sinistre Ce ne sont que
des gueux
J'en doute, et d'ailleurs je ne crois pas que l'oc
casion se présente d'en venir ces extrémités.
1° A Wilmersdonck, commune de 1035 habitants, les
déclarations de chevaux mixtes s'élèvent 22, Sta-
brouck 30, Deurne 19
2" A Beirendrecht, village de 2153 hibitants, on se
trouve en présence de 7 déclarations de patente de
loueurs de voitures et alors le cheval mixte est rem
placé par un cheval de louage
Or, qui, Beirendrecht, demande une voiture, sait
qu'on doit l'aller quérir Cappellen ou dans les environs.
3° L'appoint qui parfait le cens dans des centaines
de cas, est la patente de charretier qui varie de fr. 1-27
fr. 4-08
4° Les électeurs qui ont cinq patentes la campagne
ne sont pas rares Nous en connaissons qui sont
la fois
Loueur de voitures.
Charretier,
Cabaretier,
Loueur avec quatre chambres,
Négociant en charbons,
et hasard des plus bizarres la dernière patente
donne toujours l'appoint pour parfaire le cens
5° Un autre a d'abord le cheval mixte, puis il se dé
clare être cabaretier,
boutiquier,
charretier,
négociant en briques
6° Enfin le zèle clérical a emporté loin monsieur le
vicaire Henri Ratinckx de Westmalie. Il a déclaré un
cheval mixte Le rôle du receveur lui donne la quali
fication de vicaire et cultivateur.
Notre contradicteur sur le terrain électoral use du
plu vulgaire des moyens dans le domaine de la chica
ne pour se procurer sur nous un triomphe facile. Il
nous fait dire ce que nous n'avons pas dit puis il a
l'air de nous réfuter victorieusement, aux yeux de
ceux au moins qui n'ont lu que son exposition expo
sition qui mériterait bien l'un de ces gros mots dont le
saint journal est si prodigue notre adresse.
Dans notre numéro du 21 Février nous lui avons de
mandé son opinion sur une série de faits de la natu
re de ceux-ci
- A Wilmarsdonck, commune de 1035 habitants, les
déclarations de chevaux mixtes s'élèvent 22
Quel mot dans la position de la question autorise
affirmer que nous ayons indiqué ces 22 déclarations
comme ayant été faites du 13 au 30 Juin Aucun,
pensons-nous, et cependant c'est là ce que nous fait
aire le journal des RR. PP.
Le fait que nous avons voulu établir c'est que, dans
une pauvre commune de 1035 âmes, il y avait 22 dé
clarants de chevaux mixtes. Ces déclartions de
vraient être en rapport avec un développement de la
fortune publique qui n'existe certainement pas Wil
marsdonck.
Nous poursuivons notre argumentation et nous ci
tons d'autres faits.
Vremde, pauvre commune réduite 664 habitants,
fournit 20 propriétaires de chevaux mixtes et 24 élec
teurs
Qu'importe côté de ce fait l'époque de la déclara
tion.
A Reeth, commune de 1236 habitauts, que consta
tons-nous du 13 au 30 Juin Celte fois nous pre
nons spécialement cette période pour être agréable
au journal des RR. PP.
Seize contribuables déclarent
14 chevaux mixtes
2 servantes
12 patentes
Total 28 déclarations.
Que le journal des RR. PP. veuille bien remarquer
que la contribution personnelle de plusieurs de ces
honnêtes électeurs cléricaux ne s'élevait qu'à fr. 9,36,
fr. 11,43. fr. 13,37, fr. 14,89, fr. 17,39. Malgré cet in
dice certain d'une médiocre condition sociale, tous sont
propriétaires d'un cheval mixte, propriété qui consti
tue au moins la présomption d'une certaine aisance.
Mais ce n'est pas tout l'impôt du cheval ajouté au
montant de la coutribution personnelle était encore in
suffisant pour parfaire le cens Dans plus d'un cas il a
fallu l'adjonction d'une, et le plus souvent de deux, et
même de trois patentes
A Galmpthout en pleine bruyère les amis du
journal des RR. PP. ont trouvé moyen de déclarer
Après le 13 Juin 20 chevaux.
5 comestiques.
5 patentes.
Total. 30 déclarations.
D'ailleurs de tout temps cette commune a" été forte
ment travaillée par les cléricaux car, en dehors des 30
déclarations susdites, elle comptait déjà 83 électeurs
D'après les renseignements qui nous arrivent de dif
férentes communes, bon nombre de ces gentlemen
riders qui avaient la certitude d'être pris en flagrant
délit de fraude électorale n'ont pas renouvelé en 1877
la déclaration du cheval mixte qu'ils avaient faite en
1876. Cet abandon parle plus hautque toutes les démon
strations possibles. C'est l'aveu même des fraudeurs
malheureusement les curés et les vicaires leur ont ren
seigné un moyen plus sûr d'arriver au cens électoral.
Là où la déclaration du cheval est abandonnée elle est
remplacée par la majoration de la contribution person
nelle opérée par une main experte au presbytère.
D'où résulte pour nons l'obligation de nous occuper
de plus en plus du cheval mixte. Le recul de nos
adversaires que nous venons de constater n'atténue en
rien l'impudeur de leurs procédés, pas plus que les
reculades de M. Malou ne diminuent aux yeux de la
nation l'odieux de sa conduite envers la royauté et la
nation.
Le cheval mixte a été et reste encore la base, l'élé
ment principal d'une fraude électorale pratiquée dans
les campagnes sur la plus vaste échelle.
Nous avons de solides raisons d'estimer un chiffre
dépassant 800 le nombre des déclarations de chevaux
mixtes faites dans notre arrondissement.
Pour 2,300 électeurs ruraux le nombre de 800 décla
rations de chevaux paraîtra un fait anormal aux yeux
de tout homme compétent en matière fiscale.
Bien peu nous importe l'époque précise laquelle ces
déclarations ont été faites il n'y a pas que nous
sachions de prescription la fraude électorale.
Telle est la situation qui intéresse le public et
toutes les arguties du journal des RR. PP. ne parvien
dront pas en modifier le côté alarment.
Au surplus nous maintenons, sans y changer un mot,
toutes nos affirmations.