6 FRANCS PAR AN. No 227. Jeudi 8 Mars 1877. JOURNAL lïY PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT 37e Annie. PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DLHAACHE. VIRES ACeUlItIT EUNDO, BULLETIN POLITIQUE. L'intérêt continue se concentrer sur le voyage du général Ignatieff qui est toujours Berlin, d'où il se rendra Paris. Voici comment le Nord ex plique la mission dont il est chargé Les renseignements qui nous arrivent chaque jour démontrent que la situation intérieure de la Turquie est arrivée un tel degré de tension qu'une nouvelle commotion et de nouveaux massacres y sont redouter tout moment. Dans ces circon stances, il est fort admissible que le gouvernement russe ait jugé utile de charger le général Ignalieff d'une mission analogue celle qu'a accomplie le marquis de Salisbury lors de son départ pour la conférence de Constantinople. Des communications directes avec les diverses puissances seraient, en effet, le meilleur moyen d'amener une prompte entente entre les divers cabinets sur les moyens pratiques d'atteindre le but qu'ils ont unanimement en vue. D'après la Post de Berlin, la Russie ferait appel aux bons offices du gouvernement allemand pour lui servir d'intermédiaire auprès du cabinet de Saint-James, l'effet d'obtenir le rétablissement du protectorat qu'elle exerçait avant le traité de Paris sur les populations chrétiennes de la Turquie. S'il faut en croire la Gazelle de Colognele prince de Bismark, la soirée parlementaire de samedi, a dit plusieurs députés que les grandes puissances semblent peu disposées intervenir activement dans la question d'Orient. Si la paix est faite entre la Porte et la Serbie, elle paraît devoir rencontrer quelques difficultés en ce qui concerne le Monténégro. Les délégués du prince Nicolas ont présenté leur demande Savfet Pacha. Ils réclament diverses rectifications de fron tières, la cession du fort de Spizza, le repatrieinenl des insurgés de l'Herzégovine et le règlement d'un nouveau modus vivendi avec la Turquie. L'ensemble de la situation continue donc rester très obscur, et c'est toujours l'incertitude qui domine. Les nouvelles de France présentent peu d'intérêt. On prétend que d'accord avec le gouvernement, les Chambres se prorogeront du 2o mars au Ier mai. Aux Etals-Unis, le nouveau Président n'a pas perdu son temps. Il a été installé dans la nuit même du 4 au S* mars, et dès le matin il a lancé son adresse d'inauguration. M. Hayes réclame l'union des partis, dans l'intérêt de la paix inté rieure et de l'ordre social il condamne le papier- monnaie et recommande les payements en espèce. En ce qui concerne la politique étrangère, il affirme le principe de non intervention et loue le système d'arbitrage inauguré par son prédécesseur. Ypres, le 7 Mars 187 7. Au moment où on lira ces lignes, le Journal d'Ypres nous apportera probablement le compte- rendu de l'assemblée générale de notre association cléricale,qui a eu lieu Samedi après dîner. Jamais naturellement, la salle n'aura régorgé d'autant de monde et ce nombreux auditoire sera resté épa noui sous le charme et l'éloquence de la parole de maître Druon Pantaléon. Enfin, revenu de son extase, l'assemblée aura voté une adresse la droite, pour lui demander le vote la commune, ou tout au moins au chef-lieu du canton, le scrutin uninominal et enfin l'adoption pure et simple du projet primitif de réforme électorale. Nos cléricaux appartiennent, comme l'on sait, la fine fleur de leur parti et ils n'auront pas même le sentiment du danger qu'ils courent, en élevant des prétentions aussi extrêmes. Eh bien, nous allons le leur apprendre. Les mêmes réclamations se sont fait jour Ven dredi soir, au sein de l'association cléricale de Bruxelles et voici comment l'honorable M. d'A- nethan, dont on ne contestera pa9 l'orthodoxie, en a démontré l'inopportunité Dans quelques associations conservatrices, je le sais, on a parlé de modifications proposer, >i notamment en ce qui concerne les circonscrip- lions électorales et le lieu de l'élection. Ne compliquons pas une situation déjà as- sez difficile ne mettons pas en avant des pro- positions qui n'ont aucune chance d'aboutir en présence de l'opposition du gouvernement,et qui n'auraient pour résultat que d'affaiblirsi pas de compromettre la majorité, en portant la division dans ses rangs, alors que l'union est plus que jamais nécessaire. Tout en rendant pleine justice aux excellentes intentions de ceux qui ont soulevé ces questions, je. ne puism'empêcher de faire observer qu'on est loin, même dans notre parti, d'être d'accord sur ces graves problèmes, dont il est prudent d'alt£n- dre de l'avenir une solution suffisamment étudiée et mure. Je dois donc instamment vous engager ne pas les introduire dans l'adresse que vous allez voler. Et comme les pointus déclaraient qu'ils ne céderaient pas aux vœux de ceux qui vou laient qu'ils se suicident, M. D'Anelhan leur ré pliqua En votant une adresse anti-ministérielle, on mettrait la majorilé dans une situation très- difficile. Le cabinet actuel est le seul possible. Si vous le renversez, ce qui serait contraire vos intérêts, au lieu d'un ministère catholique et conservateur, le seul qui existe encore en eu- rope. vous auriez au pouvoir soit M. Demeur, soit M. Jotlrand. Vous oubliez complètement le passé de M. Malou. Vous vous associez en quelque sorte aux cris de la rue. C'est grâce au dévouement de M. Malou que nous sommes au pouvoir et pour lui donner un témoignage de sympathie, je con- vie tous nos amis voter l'adresse. Il n'était pas possible de faire un tableau plus véridique et plus saisissant de la situation. Le parti clérical n'a pas d'autre alternative il doit appuyer le cabinet Malou ou signer sa propre déchéance toutes les adresses demandant le vote la commu ne, le scrutin uninominal, etc., etc., etc., ne font pas autre chose; tout autre ministère catholique est impossible. MM. D'Anelhan, Jacobs et Kervyn de Lellenhove ont été honteusement chassés MM. Delact elCoremans sont sous le coup d'une incapa cité morale; MM. Notliomb et les autres Langran- distes courent grand risque d'être sous le coup d'un mandat de justice, pour l'époque de la pro chaine crise ministérielle... Or, que reste—t-il, après cela, pour former un cabinet de droite A moins de pousser la mauvaise plaisanterie jusqu'à composer un ministère Biebuyck Struye Berten et Cie. Mais soyons de bon compte et de quelque manière que nous envisagions la situation, nous sommes de l'avis de M. D'Anelhan. Le cabinet actuel est le seul ministère catholique possible et nos pointus ne peuvent pousser son renversement que pour assurer l'avènement d'autant plus rapide d'un cabinet libéral. Amen. Bon Dieu où allons nous voilà que le clergé se prépare faire enseigner, dans nos écoles pri maires, les doctrines de l'Encyclique et du Syllabus Que l'on en juge par la question de religion, dont M. l'inspecteur diocésain vient de proposer la solution tous les instituteurs de la Flandre-Occi dentale pour la deuxième conférence qui doit avoir lieu, dans le courant du mois d'Avril. La voici Exposez A ce que l'on entend par unité de l'église B comment l'infaillibilité est néces- saire pour maintenir l'unité et C quelles con- dilions les décisions de l'église et du Pape sont infaillibles. Cette question touche, nous semble-l-il, bien plutôt la politique qu'à la religion. Pourquoi l'in faillibilité est elle plus nécessaire depuis le dernier concile qu'auparavant; elle constitue un dogme tout nouvellement inventé, comme on dit au palais, pour les besoins de la cause et uniquement destinée justifier les doctrines de l'Encyclique et du Syl labus. Or, ces doctrines sont en opposition formelle avec les principes inscrits dans notre constitution. Voilà donc comment on prépare nos instituteurs en eigner pluslard leurs élèves des doctrines absolument incompatibles avec nos libertés consti tutionnelles. El que l'on ne vienne pas nous parler de la thèse et de l'hypothèse; cette distinction ne signifie qu'une chose, c'est que nos adversaires toléreront l'hypothèse, aussi longtems qu'ils ne se sentiront pas assez forts pour réaliser la thèse mais en attendant, ils préparent les générations futures et exercent leurs milices. Certes, si nous étions instituteurs, nous ne répon drions pas celte question et si nous avions de l'autorité sur des écoles primaires, nous défendrions même aux instituteurs d'y répondre. M. le diocé sain apprendrait ainsi circonscrire ses questions dans le cadre des matières qui sont de sa compé tence. LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00 Idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-25.

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 1