No 281. Jeudi 37e ANNÉE. 22 Mars 1877 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL H'YPRES ET DE L'ARKON DISST'.M EN T.. Vous outragez la religion. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. BULLETIN POLITIQUE. LE PROGRÈS VIRES ACQEIRIT EUNDO ABONNEMENT l'Ail AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. (î-00 Idein Pour le restant'du paysj 7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligue fr. 0-25. Le Morning Post élail dans le vrai en annon çant lundi malin que l'Angleterre n'avait pas encore reçu la réponse de la Russie aux modifications proposées par le cabinet britannique. Lord Derby a déclaré en effet la Chambre des lords que le comte Schouvaloff avait remis lundi dans la journée la réponse de son gouvernement au protocole modiffé par l'Angleterre. La Russie a présenté quelques changements, mais le cabinet ne les a pas encore examinés. Néanmoins le langagedu Nord nous rassure sur la ratification très-proehaine de ces propositions, destinées fixer la situation de l'Europe vis-à-vis de la Turquie. Ce journal ne discute même plus l'accord de la Russie et de l'Angleterre il dit que l'on n'attend, pour procéder la signature du pro tocole, que l'assentiment du gouvernement austro- hongrois. L'entente établie entre la Russie, l'Angle terre, la France, l'Allemagne et l'Italie au sujet de celte pièce diplomatique, il n'est pas supposer que celle-ci rencontre de la part de l'Aulriche-Hongrie, des objections de- nature e.itraîner de nouveaux relards. En somme, ajoute-t-il, ce protocole consti tuera une signification formelle, faite la Turquie, d'avoir exécuter les réformes arrêtées par la Con férence, avec la prévision d'une sanction pour le cas où elles resteraient inexécutables. En 1876, l'Eu rope se contentait de constater la haute valeur du hatti-houmayoun. Aujourd'hui elle définit elle-même les réformes accomplir, et elle invile catégoriquement la Turquie les réaliser, la me naçant d'une exécution si elles restaient, comme elles le sont toujours restées jusqu'ici, l'état de lettre morte. Il a là un progrès considérable dans la protection effective des chrétiens d'Orient, et de nouveaux et sérieux moyens d'action pour l'exercer. A propos des réformes, dont les puissances garantes désirent l'exécution, un correspondant parisien de la Gazette de Cologne croit savoir que la liste en est presque identique celle que contient la dernière circulaire de Safvet Pacha. La Porte n'aura donc aucun motif pour s'opposer leur entière exécution. Il était question depuis quelque temps du retour désir H. Elliol Constantinople. Répondant lord Stratheden, qui désirait avoir des renseignements positifs cet égard, le chef du Forcing office a déclaré qu'il le désirait, mais que la santé de l'ambassadeur exigeait encore du repos. En attendant, il prendra les mesures nécessaires pour suffire cette absence. Ce retard apporté dans le retour du représentant anglais son poste est peut-être une preuve de l'esprit de conciliation qui préside aux décisions du cabinet britannique. Car d'après les instructions laissées par le général Ignalieff au chargé d'affaires russes Constantinople, le départ des plénipoten tiaires spéciaux et des ambassadeurs accrédités auprès du sultan a été motivé par le désir des puis sances de ne laisser subsister aucun doute sur ce fait que, du moment où la Turquie restait sourde aux conseils désintéressés des puissances, leur dignité ne leur permettait pas de laisser auprès de la Porte des représentants d'un rang aussi distingué, et qu'à partir de ce moment, toutes relations de vaient cesser, les puissances se réservant de s'en tendre sur les démarches faire ultérieurement. Un retour isolé du représentant de la Grande- Bretagne eût donc pu troubler l'entente des cabi nets européens. Les négociations avec le Monténégro ont fait un pas en avant. Le prince Nikita ne se voyant soute nu par personne, semble avoir perdu un peu de son orgueil absolument injustifié, et avoir acquis des notions un peu plus justes sur la valeur réelle de son Etat minuscule et sur l'influence restreinte qu'il exerce sur les destinées de l'Europe. Il vient, en effet, d'autoriser les délégués de son gouvernement se contenter de la libre navigation sur la Boyana et renoncer la cession du port de Spizza. Le Parlement turc a été ouvert, en présence du Sultan. Le discours d'inauguration a été lu par le secré taire, en présence des ministres, dignitaires et char gés d'affaires étrangers. Ceux d'Allemagne et de Russie seuls s'étaient fait représenter par leurs drogmans respectifs. Ce discours fait l'exposé des premières réformes tentées en Turquie par Mahmoud Abdul-Medjid, que sont venues interrompre la guerre de Crimée et des intrigues coupables qui ont forcé !e gouver nement entretenir des armées considérables qui épuisaient le trésor public. 11 rappelle ensuite l'in surrection de l'Herzégovine qui a de nouveau obligé le gouvernement prendre une mesure grave, la réduction des intérêts de la dette puis les circon stances difficiles dans lesquelles le Sultan est monté sur le trône. Enfin la Charte a été promulguée pour assurer tous les citoyens ia liberté et la justice. Le discours rappelle les nombreux projets de lois soumis la prochaine assemblée, et annonce que des mesures seront prises pour offrir aux cré anciers de la Turquie des garanties plus solides pour l'exécution des engagements ultérieurs. H termine en constatant l'heureuse issue des né gociations avec la Serbie et la conclusion probable de la paix avec le Monténégro. 11 affirme que si la Conférence n'a pas abouti, elle établit au moins que la Porte devancera les vœux des puisssances pour satisfaire aux modifications qui peuvent se concilier avec les traités. Le Sultan insiste enfin sur les sentiments de sincérité de son gouvernement et fait un appel la modération de ses sujets pour resserrer les liens qui unissent la grande famille européenne. Toute la séance du Parlement allemand a été consacrée la discussion en première lecture du projet de loi portant que le tribunal de l'Empire, nouvellement créé, aura son siège Leipzig. On se rappellera que le conseil fédéral a désigné cette ville après un vif débat, une faible majorité, et nonobstant l'opposition véhémente des délégués du gouvernement prussien. Les adversaires du projet, et notamment le ministre de la justice en Prusse. M. Leonhardt, sont d'avis que le tribunal spécial de l'Empire doit siéger Berlin, capitale de l'Em pire la majorité du conseil fédéral préfère Leipzig, pareeque celte ville possède déjà le tribunal supé rieur de commerce elle prétend en outre que les juges ne subiront pas autant Leipzig qu'a Berlin la pression du gouvernement impérial. La discus sion générale est terminée et il a été décidé que la discussion en deuxième lecture aura lieu en séance pléniére. Le Volksraad du Transvaal approuve les con ditions de paix avec Secocœni. M. Burgers, dans un récent discours, a recommandé l'union avec ia Grande-Bretagne. Ypres, le 31 Mars 1877. Le thème le plus la mode chez nos adversaires, journaux et orateurs, c'est l'accusation lancée au libéralisme d'outrager la religion. C'est le fond de tous les articles, le résumé de tous les mandements, de tous les sermons, de tous les discours, dirigés contre le libéralisme. Quand, poussés dans leurs derniers retranche ments, ils n'ont plus rien de bon dire, nos cléri caux nous jettent, comme suprême argument, celte phrase toujours pleine d'effet Vous outragez la religion Vous leur dites respectueusement Vous avez tort de vous acharner la poursuite des richesses et des grandeurs temporelles. Le Christ enseignait l'humilité, le renoncement aux passions de ce monde. Il ne recherchait ni les hon neurs, ni le pouvoir. Il ne courait pas l'électeur, il ne cultivait pas l'art de faire bien voter. Il ne faisait pas la leçon aux autorités de sa commune, comme l'évêque aux bourgmestres de Liège et de Chènée. 11 recommandait ses disciples de reconnaître les droilsdu pouvoircivil et des'abstenir de gouverner mon royaume, leur disait-il, n'est pas de ce monde Que vous répond-on Impies, vous attaquezvous outragez la reli gion Vous leur dites encore Le Christ, votre maître et votre modèle, était pauvre. Il n'avait ni voilures, comme les évêques, ni palais, comme les jésuites. Il n'avait pas même une pierre pour reposer sa tète. II recommandait ses disciples de vendre leurs biens et d'en distribuer le produit aux indigents, et vous, sous prétexte du denier de Sl-Pierre, d'oeuvre de la Sainte-Enfance, vous réclamez l'obole des indigents. Que vous réplique-l-on Hypocritesvous outragez la religion

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 1