Ko 242. Jeudi.
37e ANNÉE.
26 Avril 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PUES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES AC0UIRIT EUNDO.
BULLETIN POLITIQUE.
Un supplément au Progrès de Charleroi nous
annonce que la Russie vient de commencer les
hostilités en franchissant la frontière roumaine. Une
dépêche l'annonce en ces termes
Czarnovilz, 24 avril.
Un premier détachement russe composé de qua
rante sapeurs et un officier a passé hier la frontière
Beslnak.
Mille hommes la passeront aujourd'hui.
Une proclamation du prince Nicolas aux habi
tants annonce le passade des Russes allant vers le
Danube.
Le gouvernement roumain, n'ayant reçu aucune
notification, déclare qu'il cède la force.
Il ordonne aux troupes de se retirer.
Le princeGortchakolTa envoyé lundi une circulaire
aux représentants russes auprès des puissances et
le Czar a publié son manifeste mardi. II a déjà
passé une partie de ses troupes en revue. Il a saisi
cette occasion pour déclarer ses officiers que si
la guerre exigeait de grands sacrifices, il comptait
sur la bravoure des jeunes et l'expérience des vieux
pour mener bonne fin la campagne qui commence.
L'enthousiasme populaire est grand eu Russie et
en Turquie, et l'on craint beaucoup que la décla
ration de guerre ne surexcite les musulmans contre
les chrétiens. Depuis longtemps, les Turcs, qui ne
recherchent pas la guerre, mais la feront pour
mettre fin au régime d'intervention européenne qui
les humilie et les blesse, ont manifesté leur haine
pour les chrétiens sans lesquels, leur avis, aucune
des difficultés présentes n'aurait surgi. L'attaque
dirigée contre le consul russe Kars a été conduite
par des soldats. Le consul s'est barricadé chez lui.
a riposté par des coups de fusil et a tué et blessé
plusieurs agresseurs.
Une dépêche de Constantinople annonce aussi
que le drogmai? de la légation belge a été frappé
d'un coup de poignard, pendant qu'il saluait une
dame turque. Il est donc probable que cet incident
n'a aucun caractère politique.
La nouvelle importante de la journée est la
déclaration faite hier la Chambre des communes
d'Angleterre, par M. Bourke. Le sous-secrétaire
d'Etat au ministère des affaires étrangères a donné
communication d'une dépêche de M. Layard. qui
dit que le chargé d'affaires russe, M. de Nélidoff,
a reçu l'ordre de rompre les relations diplomatiques
avec la Porte et que la déclaration de guerre ne se
fera plus attendre. Il serait donc ridicule d'attacher
encore quelque importance un courant pacifique
qui se manifesterait en ce moment Constanti
nople.
L'attitude des puissances ne s'est pas encore
nettement dessinée. En Italie M. Melegari, ministre
des affaires étrangères a déclaré, au Parlement,
que le gouvernement suivait une politique conforme
l'honneur du pays et aux intérêts de l'Europe. Il
se basera sur les traités qui existent entre les puis
est en droit d'exiger de ses élus. Mais tandis que
M. Goblet appartient au parti libéral constitution
nel, M. Janson n'a cessé de se poser, depuis 17 ans,
comme républicain, socialiste et membre de l'in
ternationale.
Nous n'avons pas l'habitude de nous immiscer
dans les affaires d'autrui, par l'excellente raison
que nous n'aimons pas que l'on vienne se mêler des
nôtres et nous ne nous serions donc pas occupé de
l'élection de Bruxelles, si, dans les divers meetings,
les orateurs n'avaient conclu du silence de la presse
de province, que celle-ci est unanime pour adhérer
la candidature de M. Janson.
C'est là évidemment se méprendre sur les senti
ments qui guident la plupart des journaux de
province, car si ceux-ci devaient traduire la
vérilable opinion publique de leur localité
ils devraient reconnaître que la candidature
de M. Janson aura pour résultat d'affaiblir l'opi
nion libérale en province en écartant d'elle les
hommes faibles et timorés, qui n'apprécient pas
les subtilités de la thèse et de l'hypothèse et se
croient menacés dans leurs propriétés et dans leurs
droits d'hérédité.
Il y a là sans doute de l'exagération, mais nous
croyons qu'il eut été plus digne pour M. Janson lui-
même, de former une association de socialistes et
de réclamer leurs suffrages que de se faire le
marche-pied d'une association de libéraux consti
tutionnels, qu'il n'a cessé de conspuer, d'accuser
d'hypocrisie et de combattre avec les armes les plus
acerbes.
Nous le disons encore si nous émettons ici notre
opinion, c'est parce qu'on a tiré argument de notre
silence et nous croyons que si tous les journaux de
province s'en expliquaient franchement, la plupart
partageraient notre manière de voir.
La Chronique contenait l'autre jour un article
dont la source n'est restée une énigme pour per
sonne, car il rappelle, mot pour mot, les élueubra-
lions d'une ancienne feuille locale.
Naturellement Ypres n'a pas bougé, aucune
nouveauté ne s'y est produite, nulle institution
n'y a été fondée.
Il y a un libéralisme somnolentet on
connail le reste. Bref, rien n'y est bien et la
personne assez mal avisée pour s'éveiller Ypres
est forcé l'exemple sans doute de l'auteur de
l'article) de s'expatrier aussitôt. Puis, pour ne
pas déroger aux anciennes habitudes, on tombe stis
M. Carton président du Cercle de la Concorde
propos du denier des écoles, en le mettant en de
meure de s'expliquer. Nous doutons très fort que
M. Carton soit disposé continuer avec la Chio-
nique ou pour mieux dire dans ses colonnes, les
polémiques qu'il a soutenues jadis dans notre presse
locale et nous ne sentons nullement le besoin de
prendre ici sa défense, mais nous dirons toutefois
que la décision qu'on lui impute crime a été prise
l'unanimité par les oeuf membres qui composent la
Commission directrice de la Concorde les quels sont
sances pour déterminer sa conduite durant la
guerre qui se prépare.
La Russie elle-même cherche, eu ce moment
suprême, rassurer les esprits sur les motifs qui la
guident.
Les Turcs aussi se préparent aux plus grands
sacrifices. Bien que les traditions s'opposent toute
intervention directe du chef de l'Etal. le Sultan va
dans quelques jours partir pour le Danube, où il
prendra le commandement de l'armée. A Constan
tinople, la police turque a invité tous les hommes
se rendre la mosquée au premier cri du muezzin,
et les femmes devront quitter les modes nouvelles
pour reprendre le costume traditionnel. C'est la
guerre sainte qui se prépare et on craint de prévoir
les épouvantables conséquences qu'elle peut avoir.
Pendant que les Monténégrins prennent toutes
leurs mesures pour ne pas être surpris par les
Turcs, la question si délicate de l'altitude que va
prendre la Roumanie préoccupe vivement les
esprits. Elle est entrée aujourd'hui dans la phase
diplomatique et est, en réalité, déjà résolue
l'avance, on pourrait dire par la force même des
choses. L'armée russe devant traverser les princi
pautés pour atteindre le Danube,les troupes roumai
nes ne peuvent songer lui opposer une résistance
quelconque. Ce malheureux pays n'a donc que le
choix entre une neutralité absolument passive ou
une alliance plus ou moins profitable ses intérêts.
Mais voici qu'on annonce que le grand vizir a
télégraphié au prince Charles, pour appeler son
attention sur la concentration de l'armée russe, et
l'inviter, en vertu du traité de 1838, se concerter
immédiatement avec la Porte, en vue de prévenir
la violation du territoire roumain, préparée osten
siblement par l'armée russe. Le texte de cette
dépêche a dû être communiqué toutes les puis
sances garantes. La réponse de la Roumanie est
probable elle invoquera sans doute la force ma
jeure, moins qu'elle ne soit décidée se mettre
l'étal d'hostilité ouverte. Mais que répondront
les puissances, que diront l'Angleterre et l'Autri
che? La première a déjà déclaré, par l'organe de
M. Bourke. qu'elle considérait la Roumanie comme
faisant partie de l'Empire ottoman la seconde n'a
pas encore répondu, croit-on, une note de la
chancellerie roumaine, qui la consultait sur la con
duite tenir par les Principautés dans l'éventualité
qui se produit aujourd'hui. En tout état de cause,
la solution sera vraisemblablement la même mais
il n'en est pas moins vrai que c'est une difficulté
de plus ajoutée toutes les difficultés déjà exis
tantes.
Le corps électoral de Bruxelles se réunira le
30 Avril, l'effet de choisir un représentant pour
occuper le siège vacant par le décès de M. Funck.
Deux candidats sont en présence, M. Paul Janson
et M. le comte Goblel-d'AIviella.
Tous deux offrent sous le rapport du talent et
de l'honorabilité, les garanties que le corps électoral
LE PROCHES
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Idem Pour le restant du pays7-00
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Ypres, le 25 Avril 1877.