Sur un cadavre.
Affaire de Saint Léger Yauba».
ljne excommunication Hervc.
pour la plupart d'aussi bons libéraux que les rédac
teurs de la Chronique. .Mais il est de ces mesures
qui sont dictées par des considérations locales et ce
n'est point vingt-quatre lieues de distance qu'on
peut en apprécier l'opportunité et le fondement.
On lit dans le Journal de Bruges sous ce litre
Un bon exemple imiter, nous avons repro
duit, samedi, d'après le Bien Public, la déclaration
suivante que M. Eugène Van Outryve d'Ydewalle.
représentant de Bruges, a fait lire, en présence des
autorités, lors de la bénédiction du nouveau cime
tière de Ruddcrvoorde, commune dont il est bourg
mestre. La voici
Nous déclarons nous engager vis-à-vis de
l'AUTORITÉ ECCLÉSIASTIQUE exécuter
et faire respecter ponctuellement et en tous
temps, toutes les LOIS ECCLÉSIASTIQUES sur
les sépultures.
Ceci est plus qu'un acte de vasselagc, c'est l'ab
dication d'un droit reconnu par M. Delcour lui-
même. quand il a dit, la Chambre, que la police
des cimetières appartenait exclusivement au Bourg
mestre.
Il serait curieux de savoir, d'après nous, si
rengagement contracté par M. Van Outryve-
d'Ydewalle est purement moral ou s'il est intervenu
un contrat qui le sanctionne. Dans le premier
cas, il n'a de force et de vigueur, qu'aussi long
temps qu'il plaira .Mr d'Ydewalle et ses succes
seurs de s'y conformer, si, au contraire, cet engage
ment fait l'objet d'une convention écrite, il y aurait
lieu de la déférer au Roi, comme contraire la
législation qui rigét les cimetières.
La fameuse atlaire du vicaire de Proven vient
d'être ressucitée surun cadavre.
Dans une inepte épitre, dont on devine aisément
l'impudent auteur, le Journal d Ypres apprend
ses lecteurs, non sans une joie mal dissimulée et
un air de triomphe indiscret, que la femme De-
wargemaeker \ient de mourir. La lettre dit: la
fille Dewaegemaeker dont le nom a fait tant de
bruit »,sans doute pour faire accroire tout d'abord
que c'est l'enfant même et non la mère qui est dé
cédée, et afin que le lecteur commence par se met
tre dans l'œil le doigt mystérieux de Dieu. La
pauvresse, ajoule-t-on charitablement, est morte
de la vérole noire (sic) dont elle avait pris le germe
Ypres, où elle avait dû se rendre diverses fois
avant et après son procès(*). M. Delancker, appelé
par la moribonde, s'est empressé d'accourir pour
lui accorder son pardon et surtout la réconcilier
avec son Dieu. Suivent une idiote sortie contre les
libéraux et un orgueilleux éloge du charitable vi
caire au cœur humble et sacerdotal.
Une simple question l'auteur de cette corres
pondance écœurante.
Qui l'a autorisé dire publiquement que la fem
me Dewaegemaeker ait eu besoin du pardon per
sonnel du vicaire qui l'a confessé sa dernière
heure
Dans toute l'instruction que l'on sait, il n'a pas
été question de cette femme comme ayant insligué
son enfant accuser le sr Delancker. Le Journal
lui-même n'a rien fait entendre de pareil. Bien au
contraire! C'étaient des libéraux d'Ypres qui
avaient commis cette vilénie, et l'on annonçait un
procès qui, soit dit en passant, se fait toujours at
tendre. Aujourd'hui ce serait cette mère elle-même
que l'on flétrit dans le cercueil dont on lui a fait
l'aumône au su, non seulement de la main gauche,
mais de tous les lecteurs du Journal d Ypres
Encore une fois, qui a autorisé le correspondant
du Journal divulguer les aveux de la femme
Dewaegemaeker son lit de mort
Et pour finir, que peuvent avoir de commun
avec le Christ ces gens qui, pour exalter un des
leurs, ne craignent pas de diffamer une morte
Si elle «»»it passé la frontière elle vivrait peut-être en
coee.
Les journaux cléricaux avaient bien raison de
crier la calomnie propos de l'affaire de la sœur
Saint-Léon, dans le monde Marie Gilly.
Le tribunal correctionnel d'Avallon vient, en
effet d'acquitter la bonne sœur de la prévention de
bhssuivs qui pesait sur elle.
Seulement, et c'est bien dommage. le premier
considérant du jugement porte
Attendu ques'tY est constant que Marie Gilly, en reli-
gien soeur Saint-Léon, a placé successivement le 17
janvier dernier, pendant un instant, Henriette Quênaiilt et
Victorine Hénault, ses élèves, sur le poêle de la classe
il résulte de l'instruction et des débats que Victorine Hénault
n'a éprouvé aucune douleur, n'a poussé aucun cri, que
Henriette Quénault, qui criait et pleurait avant d'être
placée sur le poele, a cessé ses cris dès qu'elle a été
descendue, qu'elle a regagné sa place sans proférer la mdiu-
dre plainte...
Il parait que le ministère public (un libéral ap
paremment). peu convaincu de la parfaite inno
cence de la douce soeur, s'est pourvu en appel.
L'Union libérale nous apprend qu'après le
bourgmestre de Chénée, voici le bourgmestre de
Hervc dûment excommunié par l'autorité ecclé
siastique. Dimanche ce magistrat a reçu de M.
le curé-doyen de Herve un petit papier portant
sa connaissance qu'il serait désormais exclu de
l'administration des sacrements pour le scandale
qu'il a produit au mois de novembre dernier en
faisant enterrer, la suite de la dernière tombe,
le cadavre d'un homme, mort sans le secours de
l'Eglise. Le petit papier avertissait le bourgmestre
que l'interdiction dont il était frappé serait mainte
nue aussi longtemps qu'il ne fesail point de rétrac
tation publique.
L'acte d'excommunication a, dans l'occurrence,
un caractère particulièrement odieux et témoigne
de l'intention du clergé de briser par les armes
religieuses, toutes les résistances sa suprématie
et son arbitraire.
Rappelons les circonstances dans lesquelles s'est
produit l'enterrement civil qui a attiré sur la tête
de l'honorable magistrat hervien les foudres de
l'Eglise.
Le sieur Pissens, très-honnête homme, libéral
en politique, catholique de religion, tenait Herve
un café fréquenté par la meilleure société, des
libéraux en majeure partie: naturellement. Il était
abonné des journaux libéraux. Lorsqu'il tomba
malade, sa famille fil appeler le prêtre. Celui-ci ne
vil que l'occasion de faire un acte de parti. Il mit
pour condition expresse l'absolution, le renvoi
des journaux.
Le malade eut beau répondre qu'autant valait
renvoyer ses ck'inis, qu'il avait une femme et des
enfants, que le café était leur gagne-pain, et qu'il
serait nécessairement l'ennemi des siens s'il écar
tait de son établissement les chalands qui les faisait
vivre. Rien n'y fit. Le prêtre persista dans son
ultimatum; M. Pissens. dans sa résistance, mou
rut, et le clergé refusant sa dépouille mortelle les
honneurs du culte, il fut conduit sa dernière
demeure par presque toute la population, désireuse
de donner celle victime de l'intolérance cléricale
un suprême témoignage de sympathie.
Fidèle la loi et son devoir, l'administration
communale fil enterrer le défunt dans le champ
commun, la suite de la dernière tombe.
C'est cet acte de légale fermeté qui vaut l'ho
norable M. Dewandre les'anathèmes du clergé.
(Journal de Liège).
Jeudi, l'ouverture de la séance de la Chambre,
M. De Becker a déposé le rapport de la section
centrale sur le projet de réforme électorale, et
l'assemblée, sur la motion de M. Malou. a décidé
que la discussion de cet important projet de loi
s'ouvrira le 1er mai prochain.
Le rapport de M. De Becker ne sera distribué
que samedi.
La section centrale s'était réunie le matin
10 1/2 h. cl ne s'est séparée qu'à f 1/2 h., après
avoir entendu la lecture complète du rapport.
La Chambre a discuté dans cette séance le
projet de loi apportant des modifications la
législation des patentes et l'a adopté l'unanimité
après y avoir introduit quelques amendements.
La Chambre s'est occupée ensuite de naturalisa
tions.
On cherche faire accroire au bon public que
XInternationale n'existe pins.
L'Internationale existe toujours, mais elle a
changé de nom. Elle s'est abritée sous une nouvelle
enseigne. Elle s'appelle les Chambres syndicales
du travail.
C'est une de ces Chambres que le citoyen
Janson (texte officiel) a fait sa conférence, aujour
d'hui fameuse, de i 876, sur le Crime de Vauteur
des choses.
On écrit de Gand, 14 avril, au Précurseur
M. Beernaerl vient de faire une fournée de pro
motions dans l'administration des chemins de fer.
Ses choix paraissent avoir produit un mécontente
ment général dans le personnel. De nombreux
employés de cinq et six ans de grade sont dépassés
par d'autres infiniment plus récents de nomination.
Le motif de la préférence, ai-je besoin de vous le
dire,c'est le dévoùemcnt la cause cléricale. Faire
des grimaces, tenir ses pâques, tout cela va avant
les titres sérieux chez l'ancien administrateur de
XEtoile belge.
Notre tribunal correctionnel a prononcé hier
une condamnation 26 francs d'amende contre le
bourgmestre de Deurle et contre M. et Mme de
T'Serclaes-Delafaille, pour avoir enfreint la loi qui
ordonne la célébration du mariage la maison
commune et procédé cette cérémonie dans le
château de M. le baron Delafaille. Le même tribu
nal. dans la même audience, a prononcé quatre
condamnations 42 jours d'emprisonnement contre
le sieur Massart, prêtre catholique interdit, pour
usage de faux nom. C'est le personnage qui, la
faveur de son costume ecclésiastique, s'est livré
des consommations copieuses dans une série d'hôtels
Gand, Anvers, Lierre, Diest et Hasselt.
Le tribunal a jugé qu'il n'y avait cependant pas
escroquerie de ce chef, ni port illégal du costume
de prêtre.
Le Courrier de Bruxellesapprécie en ces ter
mes l'altitude prise parle ministère et par les ora
teurs de la majorité cléricale, dans le débat provoqué
par l'interpellation de M. Frère Orban.
Une question importante a été soulevée aujourd'hui la
Chambre et SI. Frère a interpellé le cabinet au sujet des pé
titions qui signalent au gouvernement les entraves apportées
par un souverain au libre exercice de l'autorité pontificale.
M. le ministre des affaires étrangères, tout en déclarant
qu'il est d'un haut intérêt que le Souverain-Pontife soit abso
lument libre dans ses rapports avec la catholicité, a subordon
né l'action du gouvernement l'éventualité d'une démarche
collective qui serait faite en commnn par les puissances.
Celte réponse, bien qu'elle restât fort en aéçà du droit et
des légitimes aspirations du pays catholique, n'a pas satisfait
la gauche et sur les instances de M. Frère, appuyées par
MM. Orls, Bara et Guillery, le ministère dans la personne de
M. Malou, a passé une fois de plus sous les fourches caudines
de l'arrogance libérale désavouant les pétitionnaires, il a
taxé d'inopportunité absolue la démarche sollicitée du gou
vernement dans un intérêt commun toutes les nations ca
tholiques.
M. Jacobs a dit, son tour sans soulever aucune contra
diction autour de lui, que la droite entière approuvait l'atti
tude du gouvernement et, après quelques paroles prononcées
par M. Kervyn de Letlenhove pour icstituer la question de
la Papauté son caractère international audacieusement nié
par MM. Orts et Frère, l'incident a été clos et la Chambre
s'est ajournée h Mardi.
Nous espérons que celte première fin de non-recevoir ne
découragera point les pétitionnaires ils auront h cœur de
justifier par l'énergie et l'unanimité de leurs revendications
ce mot rappelé jadis au Congrès de Matines par M. Dumortier
et aujourd'hui trop oublié dans nos régions parlementaires:
Le Pape 11'est nulle part plus pape qu'en Belgique.
Quand le Pape nous commande de parler, quand nos évê-
ques nous en donnent h la fois le conseil et l'exemple, nul
n'est en droit de nous demander le silence, et nous ne méri
terions plus être un peuple libre, si nous commettions la
suprême lâcheté de nous bâillonner nous-mêmes.