No 254. Jeudi
7 Juin 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL l»"Y PRES ET DE L'ARRONDISSE M E N T
37e ANNÉE.
Nous n'avons reçu aujourd'hui aucune nouvelle
imporlanle au sujet des opérations militaires en
Orieut. On signale bica quelques petits combats
victorieux des Russes en Asie, et notamment une
rencontre sur la roule de Kars, dans laquelle l'ar
mée moscovite aurait taillée en pièces un régiment
de cavalerie circassienne; niais on se préoccupe
davantage, dans celte contrée, du soulèvement des
populations du Caucase. Dans ces derniers jours
surtout, les commandants russes ont dû expédier
sur différents points des colonnes de troupes pour
réprimer la révolte.
Indépendamment de ces diversions, qui peuvent
retarder la marche de l'armée russe et ses succès
en Asie, une autre complication menace de surgir.
Les journaux de Bombay ont signalé le passage
d'un envoyé du Sultan. Hussein Pacha, se rendant
Cabour, auprès de l'émir Shir-Ali-Khan qui,
l'exemple de son père, Dost-Mohammed, nourrit
contre la Perse une haine vigoureuse et a des pré
tentions sur plusieurs des plus riches provinces de
l'empire persan. Il suffirait amplement tenir la
Perse en échec, au cas où elle aurait la velléité de
se ranger du côté de la Russie et, de plus, il est pour-
les possessions russes de l'Asie centrale une perpé
tuelle menace. Les Russes ne se maintiennent
Khodjend et Sarmarcande qu'en occupant avec de
fortes garnisons permanantes le pays tout entier, et
malgré les renforts qu'ils y ont envoyés dès le début
de la guerre actuelle, ils ont beaucoup de peine
empêcher le soulèvement de ces populations indo
ciles qui répondraient aussitôt l'appel de leurs
anciens souverains dépossédés, surtout s'ils se pré
sentaient avec l'appui de l'émir de l'Afghanistan.
Il n'est donc pas impossible que nous apprenions
bientôt un soulèvement de toutes les tribus musul
manes de l'Asie centrale depuis les frontières de la
Sibérie jusqu'à celles de la Chine. Mais cette diver
sion arrivera probablement trop tard pour être très
utile aux Turcs, si Moukhlar-Pacha persiste plus
longtemps dans son immobilité qui est certainement
plus funeste son armée qu'une bataille perdue.
Les opérations de Suliman PachaeonlreleMonle-
negro sont commencées depuis deux jours. Il a di
visé son armée en trois corps, dont le plus considé
rable, comprenant environ 20,000 hommes, sous
son commandement immédiat, s'est avancé de Bla-
goz sur Galzko, pour tenter le ravitaillement de
Nicksicb. Il paraît d'ailleurs que. de ce côté, la si
tuation s'est améliorée pour les Turcs et que, non
seulement les tribus mirdiles sont rentrées dans
l'obéissance, mais qu'elles sont sur le point de
prendre les armes contre le Monténégro.
En Bosnie el en Herzégovine l'insurrection di
minue, el Despotoviscli, désavoué par le Monténé
gro. n'a plus aucune influence sur les populations
désolées par deux années de guerre et réduites la
misère la plus affreuse.
Du côté du Danube, les troupes roumaines
achèvent de se concentrer complètement dans la
Petitc-Valacliie on parle de la neutralisation de
cette région par suite de froissements survenus en
tre les étals-majors du prince Charles et du grand-
duc. Mais il ne faut accueillir celte nouvelle qu'avec
réserve.
S'il faut en croire une dépèche de Paris, des vo
lontaires serbes qui se sont présentés en Roumanie,
n'auraient pas été admis dans les corps de troupes
en voie de formation. L'Autriche se bâte, non de
mobiliser son armée, mais de renforcer le cordon
de troupes qu'elle entretient la frontière de Tran
sylvanie.
En France on discute beaucoup l'éventualité de
lu dissolution la presse républicaine s'efforce de
faire comprendre au maréchal que s'il était en mi
norité par suite des nouvelles élections, son devoir
même d'honnête homme le forcerait donner sa
démission. Les feuilles gouvernementales s'irritent
de ce langage qu'elles trouvent hautement irrévé
rencieux.
Pendant que les journaux discutent, le ministère
agit. Hier a paru un nouveau mouvement judiciaire
et aujourd'hui 1 cMoniteur universel annonce déjà
qu'u.t autre mouvement dans le personnel des con
seillers de préfecture est en préparation au minis
tère de l'intérieur.
Il contiendra, dit-il, très-peu de révocations.
Il le faut bien; car pour peu que cela continue,
les membres du cabinet de combat seront forcés de
révoquer leurs propres amis pour se donner le plai
sir de pouvoir publier de nouveaux mouvements.
Des télégrammes de Panama annoncent qu'une
révolution a éclaté Quito.
Les espérances qu'on avait foudées sur l'amélio
ration constatée dans l'état de la Reine des Pays-
Bas ne se sont point réalisées. Elle a succombé
dimanche matin vers midi.
Une dépêche de la Haye nous annonce ce triste
dénoùment. Fille de Guillaume Ir, roide Wurtem
berg, la princesse Sophie avait épousé en 1839 le
roi Guillaume III des Pays-Bas. Elle était née le
17 Juni 1818.
L'ultramontanisme ne fait qu'un avec le socia
lisme et les véritables catholiques se trouvent être
des partageux. C'est là, d'après les feuilles clérica
les, de l'outrecuidance, de l'absurdité.
La démonstration de celle thèse est pourtant
aisée
Le Pape Clément n'a-l-il pas formulé, le pre
mier, le cri de guerre sociale de Proudhon la
propriété, c'est le vol! quand il dit: c'est l'usur
pation qui a produit le droit de propriété.
Le communisme s'est-il jamais affirmé en termes
plus crûs que dans ce passage de Chrysostôme
Avec de tels principes, on comprend le cas que
devait faire du droit de tester Chrysostôme, le
beau parleur
Yillegardelle, le plus radical des communistes
contemporains, lie s'exprime point d'autre façon.
Encore Chrysostôme met-il quelque modération
dans ses paroles: saint Ambroise professe les mê
mes erreurs et les expose avec des violences de
langage faire pâlir les déclamations des clubistcs
de Belleville et du faubourg de Saint-Antoine.
Et dire qu'il s'est trouvé des gens pour accuser
de violence Robespierre qui disait la Convention
nationale
Robespierre n'est qu'un plagiaire; il singeait les
sermons de Sf Ambroise.
Celle idée de partage des biens au prorata des
besoins naturels hante tellement le cerveau de S1
Ambroise, qu'il y revient dans plusieurs de ses
écrits
Mais laissons le tour un autre saint, Saint
Grégoirc-le-Grand
Proudhon a été traduit en cour d'assises pour
avoir écrit que: la terre est un objet de première
PROGRÈS
I-AIUISSWI I.E JEIDI ET LE MHANCIIE.
VIRES AC0UIRIT EL'NDO.
ABONNEMENT PAU AN: Pour l'arrondissement administratif el judiciaire d'Ypres. Ir. 0-00
Idem Pour le restant du pays7-00
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CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. (i-30. 12-07. 6-50.
Poperinghe. 7-30. 9-07. 12-07. 5-37. G-JO.
8-43. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-40. - 11-20. - 2-33. - 5-23.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-45.
Langliemarck-Ostrnde. 7-18. 12-06. 6-20.
Langhemarck, le samedi, 5-30.
BULLETIN POLITIQUE.
Yprès, le 6 Juin 1877.
Nous ne naissons pas propriétaires: nus nous sor-
tons du sein de notre mère, nus nous rentrons dans
le sein de la terre. Le mien et le sien sont de vains
mots, tout est commun, le soleil, la terre, tout ce
que Dieu a créé. Nous ne sommes propriétaires qu'en
apparence en réalité, ce qui appartient l'un appar-
tient l'autre. (Homél. II. In épist. I ad Gorinth.)
J'ai souvent ri, dit-il, en lisant les testaments Je
- lègue ma propriété un tel l'usufruit tel autre.
Nous n'avons tous que l'usage, la propriété n'est
personne. - (Ad. popul. Antioch. Homél. II).
Qu'y a-t-il d'injuste dans ma conduite, dis-tu, si,
respectant le bien d'autrui, je conserve avec soin mes
- propriétés personnelles Impudente parole! Quels
sont les biens dont tu parles D'où tiens-tu les cho-
ses que tu possèdes en ce monde? Quand tu apparus
au jour, quelles richesses as-tu apportées toi? La ter-
- re ayant été donnée en commun tous les hommes,
- personne ne peut se dire propriétaire de ce qui dé-
passe les limites de ses besoins naturels dans les
choses qu'il a détournées du fonds commun et que la
violence seule lui conserve. (Serm. 64. In Luc, cap.
16.)
Tout ce qui est nécessaire la vie est une propriété
commune la société entière; il n'y a que l'excédant
qui soit une propriété individuelle et qui soit aban-
donné l'avidité des commerçants.
La nature, dit-il ailleurs, crée un droit égal pour
tous. C'est l'usurpation qui a créé la propriété pri-
vée. (De Offic. I. 32. N° 132).
Qu'ils sachent, dit celui-ci, que la terre d'où ils ont
été tirés appartient tous les hommes, et que dès
lors les fruits qu'elle porte leur appartiennent tous
- indistinctement, i (Cur. path.)