6 FRANCS PAR AN.
Toujours propos d'Astragales.
No 255. Dimanche
37e année.
10 Juin 1877
JOURNAL D'Y PUES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
paraissant le jeudi et le dih anche.
bulletin politique.
Un parti politique, qui se respecte, ne doit
jamais donner son adhésion une loi immo
raletelle est cependant la ligne de conduite,
que la droite parlementaire, courbant l'échiné
sous l'arrogance sacerdotale, a donné au Pajs
le triste spectacle de ne pas suivre.
La majorité a décidé, dans la séance de
Mercredi, que l'art. 46 du nouveau projet de
loi sur les fraudes électorales n'est pas appli
cable aux ministres du culte catholique, en
màtière de confession.
La loi proclame donc, et par les commen
taires de la section centrale, et l'opinion du
gouvernement, et le rejet de l'amendement de
Monsieur Frère-Orban, l'impunité des mem
bres du clergé, qui, dans le confessionnal,
obtiendront la révélation d'un vote donné ou
la promesse d'un vote obtenir, en menaçant
de peines spirituelles le pénitent qui s'y refu
serait.
Aussi ne serions-nous pas étonnés de voir
le Pouvoir Royal refuser sa sanction la loi,
qui contient la disposition révolutionnaire de
l'art. 46? En agissant ainsi, le Roi ne ferait
que suivre les traditions de son auguste pré
décesseur.
Nous apprenons que la gauche est décidée
s'abstenir au moment du Vote de la loi.
Mettez donc des gapts blancs pour présenter
au journaldYpres une simple observation
vous recevrez immédiatement ses sabots la
tête. Quant discuter ou réfuter vos arguments
il s'en soucie comme un vidangeur d'une
guitare. N'essayez pas de prouver au pieux et
irascible journal qu'une ruade n'ç^t pas un
raisonnement, vous y perdriez votre latin et
l'on vous accuserait de répandre le fiella
bile, la bave et d'autres ingrédients aont la
presse catholique a su jusqu'à présent garder
le monopole.
La colère du moniteur des intérêts ultra-
montains est grande, mais, nous aimons le
croire, elle est sincère cette fois, d'autant plus
qu'aucun principe n'est mis en jeu et qu'il
s'agit tout simplement d'une petite question
d'amour-propre. Il n'^ a rien qui blesse comme
la vérité, si petite qu'elle soit. Inde irœ
Mais l'emportement est tel que, semblable
VIRES ACQL'MIT EIWDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif el judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dmuude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. - 6-50.
Poperinghe. 7-50. 9-07. - 12-07. 5-57. 6-50.
8-45. 9-50.
Courtrai. 5-54. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-45.
Langlreraarck-Oslcnde. 7-18. 12-06. 6-20.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
Le Nord se croit obligé de prévenir l'opinion contre
les espérances pacifiques qui se sont fait jour dans ces
derniers temps
Nous entrevoyons, dit-il, dans la presse les indices
d'un retour un ordre de phraséologie et d'allégations
qui a déjà fait bien du mal et qui en ferait de nou
veau on commence dire que la Russiehésitant
devant les obstacles et les sacrifices de la lutte actuelle,
ne demanderait qu'à se retirer honorablement de
l'entreprise où elle s'est engagée. Une feuille de Vienne
pense que tout ce que veut cette puissance, c'est un
succès d'estime. La Kœlnische Zeitung annonce
une nouvelle édition de la paix de Villafranca,
A ceux qui parlent ainsi de parti pris et avec des
arrière-pensées hostiles, nous répondrons que ce jeu
est puéril; ceux qui tiennent ce langage de bonne foi,
nous affirmerons qu'il est dangereux pour les intérêts
de la paix, qu'ils souhaitent sans doute. Cette théorie
du pont de retraite, qui a si longtemps encouragé
les Turcs et endormi l'Europe, a certainement contri
bué dans une large mesure l'explosion du conflit.
Elle contribuerait immanquablement aujourd'hui le
prolonger. Nous avons répété naguère satiété que si
la Russie n'obtenait, non point des satisfations d'amour-
propre, mais des garanties réelles et solides en faveur
des chrétiens d'Orient, elle ferait coup sûr la guerre
et était de force la mener bien. Nous répéterons au
jourd'hui, avec la même conviction et la même certi
tude, qu'elle ne déposera les armes que lorsque ces ga
ranties, mises la hauteur des sacrifices déjà accom
plis, seront un fait acquis, qu'on ne se méprenne pas
sur la nature des sentiments incontestablement pacifi
ques de l'empereur Alexandre. Si le sang russe est as
sez précieux ses yeux pour qu'il en arrête l'effusion
aussitôt qu'ellle ne sera plus absolument nécessaire, ce
sang est assez précieux aussi pour que le Czar ne conà
sente pas ce qu'il ait été répandu en vain. Il ne s'agit
donc pour la Russie d'un arrangement au rabais. Il faut
que la démonstration soit complète et les résultats déci
sifs. Il faut pour la sûreté de l'avenir que la Turquie
soit parfaitement convaincue de so.n isolement, de son
infériorité et de la nécessité absolue de se soumettre
aux conditions qu'elle a rendues elle-même nécessaires.
Lorsque la Kœlnische Zeitung rappelle la paix de
Villafranca et estime que la Russie serait disposée
s'arrêter moitié chemin de la réalisation de son pro
gramme, comme fit Napoléon III en 1859, elle mécon
naît la différence radicale qui existe entre les deux cas.
Napoléon III, avec la légèreté dont plus récemment il a
fourni des exemples plus frappants encore, avait formé
un projet dont l'accomplissement complet devait se
heurter, étant donnée la situation de l'Europe cette
époque, des difficultés insurmontables il n'avait cal
culé ni les obstacles qu'il rencontrerait, ni les moyens
dont il pourrait disposer pour les vaincre. Rien de sem
blable dans la guerre actuelle. La Russie l'a entreprise
en parfaite connaissance de cause, avëcle sentiment que
le but qu'elle poursuivit peut et doit' !être atteint, senti
ment d'autant plus juste et plus légitimeque ce
but répond des nécessités d'ordre efuropéen, reconnues
telles par toutes les puissances.
Ce langage est conforme celui de la presse russe.
Pendant son voyage travers }a Roumanie, le Czar a
été accueilli partout avec des acclamations enthousias
tes. Le prince Charles a été le saluer Mercredi et l'em
pereur Alexandre lui rendra sa visite Dimanche Bu-
charest. Mercredi la députation bulgare a été successi
vement reçue ên audience par le général Ighatieff, par
le prince Gortchakoff et par le prince Tcherkaski, futur
administrateur de la Bulgarie.
L'état de siège a été déclaré en Roumanie; il com
prend seulement les districts dans lesquels se trouvent
lesjoutes militaires.
Les nouvelles du théâtre de la guerre sont défavora
bles aux Turcs. Daps le Montengro l'armée ottomane
a été battue en plusieurs points les Monténégrins ont
pris cinq petits forts turcs et ont forcé l'ennemi se re
plier sur Spush.
En Asie un télégramme officiel du commandant en
chef de l'armée russe annonce la prise de Karakilissa,
sur la route de Bayazid Erzeroum et l'investissement
complet de Kars. Les derniers préparatifs sont faits
pour attaquer cette place forte.
Les Turcs, dont le moral est, dit-on, assez abattu,
s'efforcent de rétablir des relations amicales avec les
puissances. La porte tâche notamment d'éviter tout con
flit relativement au canal de Suez, une des questions les
plus brûlantes. Tous les navires, excepté ceux portant
le pavillon russe, auront libre passage.
A la Chambre des communes d'Angleterre, on a en
core discuté Mercredi la même question. Les membres
du gouvernement ont déclaré que des mesures seraient
prises, en vue de sauvegarder les intérêts des neutres
sans préjudice pour les droits des belligérants.
D'autre part, dans une note du 3 Juin, Safvet-Pacha
s'est occupé de la navigation sur le Danube et le Ti-
mok. 11 déclare que le gouvernement du Sultan, dési
reux de maintenir une entente cordiale et des rapports
amicaux avec l'Autriche, cède aux demandes de cette
puissance et vient de donner des instructions dans ce
sens en ce qui concerne la navigation sur ces fleuves.
A Paris, plusieurs réunions politiques ont eu lieu.
Dans une de ces réunions, les sénateurs constitionnels,
sur la demande de M. Bocher, ont approuvé la conduite
du cabinet et ont constaté l'attitude pleine de fermeté
et d'impartialité de M. de Fourtou. Il a été décidé en
suite que le groupe constitutionnel du Sénat donnerait
au gouvernement un concours dévoué et entier.
Les agitations continuent en Espagne. Plusieurs ar
restation, motivées par des menées républicaines, ont
été opérées en Biscaye. Les individus arrêtés et détemus
dans la forteresse de Santona seront prochainement
déportés aux îles Philippines. Le général Quesada a re
jeté toutes les sollicitations d'amnistie qui avaient été
présentées en leur faveur.
A près, le 9 Juin 1877.