N« 2*56. Jeudi.
14 Juin 1877.
FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
37e ANNÉE.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE RIHAIICRE.
BULLETIN! POLITIQUE.
Les inquiétudes qui régnaient depuis quelque
temps Conslanlinople semblent avoir complète
ment disparu et le courage est revenu avec le
calme. Il n'est plus question du remplacement du
grand-vizir et les Turcs sont fermement décidés,
même dans le cas où l'armée russe passerait le
Danube, ne pas conclure une paix humiliante
pour l'empire ottoman. Ils espèrent que la guerre
traînera en longueur et pensent qu'ils pourront se
défendre au moins pendant deux ans.
A Saint-Pétersbourg les dispositions ne sont pas
plus pacifiques.
Le Journal de Saint-Pétersbourg, propos de
l'idée caressée par la diplomatie, d'engager le gou
vernement russe adresser un nouvel ultimatum
la Porte avant de franchir le Danube, ultimatum
dans lequel il serait proposé de conditions de paix
dont l'acceptation arrêterait la marche des Russes,
dit que cette idée ne saurait venir d'un cœur russe.
Cet ultimatum ne serait que la répétition de ce
que l'on a déjà vu il encouragerait les Turcs la
résistance et ne profiterait qu'aux vues de l'Autriche
et de l'Angleterre. Ce ne sera, dit ce journal, que
lorsque la Russie aura accompli tous ses devoirs
vis-à-vis des Slavos des Balkans, qu'elle se décidera
parler.
Un télégramme de St-Pétersbourg, adressé la
Correspondance politique, dit que la nouvelle
d'un congé de six semaines que prendrait le prince
GortchakofT est inexacte.
On se rappelle que les journaux attribuaient au
diplomate russe l'idée de faire "un voyage en Alle
magne, et de se concerter avec le prince de Bismark
au sujet des alîaires d'Orient.
Les Russes et les Turcs sont donc plus que jamais
décidés pousser activement les opérations militai
res. Six bateaux-torpilles russes ont attaqué, dans
la nuit du 9 au 10, des cuirassés turcs Sulina.
Mais la tentative a échoué. Trois bateaux-torpilles
ont été coulés et l'équipage a été fait prisonnier.
Les (rois autres ont éclaté.
Du côté du Monténégro les succès semblent
revenir aux Turcs. On onnonee que l'armée otto
mane va débloquer sous peu la foteresse de Nick-
sich; et déjà Ali-Saïb-Pacha, qui commande dans
le Monténégro, va être envoyé avec ses troupes en
Asie au secours de Moukhtar Pacha. A !a suite des
dernières opérations des Russes, celui-ci s'est replié
sur Erzeroum, dont la situation paraît désespérée.
Une dépêche d'Alexandrie annonce que le Khé
dive a envoyé son tribut de guerre au Sultan.
Dix steamers égyptiens ayant bord 6,000 sol
dats, sous les ordres du prince Hassen, viennent
de partir escortés par des cuirassés turcs.
A Athènes, on s'occupe activement des prépara
tifs de guerre. Le gouvernement lurcs'en est inquiété
et a chargé ambassadeur de demander des explica
tions au cabinet grec sur les armements.
En Thessalie et en Epire, les soulèvements par
tiels qui avaient éclaté, prennent consistance dans
l'île de Candie on s'attend une insurrection géné
rale. La Porte ayant rejeté les demandes des habi
tants de l'île, ceux-ci ont décidé de défendre leurs
droits par les armes.
En France, la semaine qui vient de commencer
offrira, au point de vue politique, un très grand
intérêt.
C'est, en effet, samedi prochain que les Cham-
bresreviennent, et d'ici là, il faudraquelesgauches
prennent une décision en ce qui concerne le vole
du budget, et arrêtent les termes de l'inpellation et
de l'ordre du jour qui sera présenté par les bureaux.
La plupart des députés sont rentrés Paris et
rapportent de leurs déparlements les meilleurs
impressions. Un incident nouveau va peut-être
leur donner plus de force contre le gouvernement.
On télégraphie de Rome la Gazette de Cologne
que le baron Baude, ambassadeur de France près
le St-Siége, et M. Meglia, nonce pontifical Paris,
vout être rappelés. Le Pape aurait compris que la
situation deces deux diplomates est devenue impos
sible. L'Agence Havas annonce que M. Baudé est
arrivé Paris.
Une dépêche de Rome dit que les cléricaux ont
été complètement battus aux élections communales
et provinciales. La liste libérale a eu plusieurs
milliers de voix de majorité.
La Gazette nationale de Berlin publie un nou
vel article au sujet de la politique ullramontaine
en Europe et principalement en France.
A l'occasion du cinquantième anniversaire
de la préconisation de Pie IX 1 episcopat, il
y a eu, Dimanche dernier, en notre ville, une
manifestation semblable celle dont les jour
naux d'autres villes nous ont donné le compte-
rendu. Drapeaux pontificaux, Drapeaux na
tionaux, sonneries de toutes les cloches des
églises, te Deum, places réservées l'église
pour les membres du Cercle Clérical, spécia
lement invités par le clergé, et le soir, illu
mination. Le temps était superbe, et malgré
tout cela, aucune animatiôn. Vers dix heures,
un groupe de jeunes gens composé de congré-
ganistes et d'élèves sont sortis au Collège épis-
copal précédés de 5 ou 6 ecclésiastiques et ac
compagnés de quelques stokslagers en blouse.
Il fallait produire un peu plus de chaleur par
mi les curieux qui se promenaient froidement
dans les rues. De distance en distance, ces
prêtres courant droite et gauche agitaient
leur tricorne en criant: Vive Pie IX, Vive le
Pape-Roi. Ce cri fut répété par le groupe qui
les suivait. Ils parcoururent leur itinéraire
bousculant ceux qui ne livraient pas assez ra
pidement passage.
Us provoquèrent ainsi des siflets, et leurs
chants on répondit bientôt par l'air des gueux.
Une bagarre eut lieu dans la rue d'Elverdin-
ghe, mais la prompte intervention de la po
lice l'empêcha de dégénérer en rixe. Vers onze
heures, presque toutes les rues étaient déser
tes.
Le bureau de la Fédération des Associations
Libérales doit se réunir chez son Président,
M. Bara, demain Jeudi deux heures et de
mie de relevée.
Nous apprenons que le Comité de l'Asso
ciation Libérale sera convoqué dans le cou
rant de la semaine prochaine l'effet d'aviser
aux mesures que comporte le vote de la réfor
me électorale.
La vole de la loi sur les fraudes électorales par
toute la droite ayant contre elle toute la gauche,
nous ramène au point de départ du mouvementt]ui
se produisit en juin dernier, la suite des élections
législatives.
L'opinion libérale tout entière protestait énergi-
quement cette époque contre l'odieuse pression
exercée par le clergé, spécialement sur les électeurs
des campagnes.
Un grand mouvement se produisit dans l'opinion
publique et le gouvernement comprit, ou plutôt
parut comprendre, qu'il y avait lieu de donner
satisfaction aux griefs légitimes de nos populations
urbaines.
On sait comment il s'acquitta de cette tâche.
Alors qu'il s'agissait surtout d'assurer le secret du
vole, il présenta un projet de loi dont la principale
disposition avait pour effet de rendre le vote quasi-
public. On laissait le choix l'électeur entre deux
bulletins, dont l'un était déposé dans l'urne, dont
l'autre servait de contre-marque distillée prouver
que le premier avait été employé.
Une nouvelle et formidable agitation se produisit
dans le pays. Le gouvernement fut obligéde revenir
sur une mesure, tellement audacieuse qu'elle sem
blait une étourderie, presque autant qu'un piège.
M. Malou refit nouveau son projet de loi et,
les dispositions les plus exorbitantes en ayant dis-
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Langhemarck, le samedi, 5-50. s
l'prcs, le 13 loin 1877.