Du Doryphora. Que le Journal se console ainsi de la défaite de ses amis, soit mais qu'il induise ce point ses lecteurs en erreur, ce n'est vraiment pas permis. Les expli cations données par M. Malou sont claires et pré cises elles ne permettent aucun doute, car le gouvernement a retiré non-seulement l'art. 47, mais les observations, explications, discours et commentaires dont Mde Lantsheere l'a accompagné. Il y a plus, M. Malou a formellement déclaré que l'interprétation de l'art. 125 du Code électoral ne pourra recevoir la moindre influence de ces commentaires consacrés une disposition, qu'en définitive la législature n'a pas adoptée. Certes, il serait impossible de faire une rétracta tion plus complète et il faut toute la mauvaise foi de nos organes ultramontains, pour oser prétendre que les commentaires de M. de Lantsheere ne sont pas réformés et mis néant. m L'honorable ministre de la justice a du reste assisté celte rétractation avec une résignation et une impassibilité digne d'un fils de Loyola jamais, en effet, ministre ne fut désavoué avec plus de dédain et plus de désinvolture par un collègue aussi l'opinion générale était que M. de Lantsheere allait être jetté par dessus bord c'eut au moins été conforme la pratique du gouvernement consti tutionnel mais Nos Seigneurs en ont, paraît-il, décidé autrement et on le conçoit, car ils n'ont jamais eu au département de la justice, un instru ment plus docile et plus aveuglement soumis leurs volontés. La discussion de la loi sur les fraudes électorales présenté une particularité, sans précédents, croyons-nous, dans les annales parlementaires. Celte loi concernait avant tout le département de l'Intérieur, c'est en effet le ministre gérant ce déparlement, qui est censé en être Vauteur et qui devait la défendre devant les Chambres. Au lieu de cela, nous avons vu M. Delcourt nonchalamment assis son banc et muet comme une carpe,absolument comme si la loi ne l'avait pas concerné. C'est, en effet, M. Malou qui a remanié la loi et accepté ou rejeté les amendements, sans s'inquiéter de ce qu'en pensait son collègue. M. Del court a complètement abdiqué au profit de M. le ministre des finances. Aussi on peut dire qu'il n'a plus aucune autorité morale comme ministre. Est ce mauvais vouloir de la part du Gouverne ment et est ce la faute de nos députés, si l'arron dissement d'Ypres n'a pas un simple liard dans le crédit de 25 millions, que le ministère sollicite de la Chambre, pour divers travaux d'utilité publique. Voilà la question que nous pose le Journal dYpres et, comme on le pense bien, notre réponse est facile. Parbleu, disons-nous, de qui serait-ce donc la faute A moins de prétendre que c'est la faute M. Vandenpeereboom, qui n'est plus rien, que l'arrondissement ne touche pas un traitre liard dans les 25 millions, que le ministère affecte si généreusement des travaux d'utilité soit-disanl générale. 11 est certain que s'il avait plu M. Malou d'ajouter aux 25 millions qu'il sollicite, un vingt sixième million au profit de l'arrondissement qui l'a vu naître, la Chambre l'eut volé avec la même complaisance et la même docilité, qu'elle met voter tous les millions que M. Malou lui demande. S'il en était ainsi, cela ne prouverait qu'une chose c'est que nous n'avons rien obtenu non plus dans les précédents crédits, ce qui ne fait que doubler nos griefs. Mais, prévoyant que le Journal chercherait justifier ses patrons, en altérant la vérité, nous avons publié, en son entier, ce projet de loi et nos lecteurs ont pu y voir que la plupart de ces travaux sont tout fait nouveaux et que dans le nombre il y en a même, qui n'ont en aucune façon 1rs caractères d'utilité générale ainsi les cent mille francs donnés la ville de Namur, pour construc tion d egouts, sont notre avis, une érilable carotte électorale. Nous ne contestons pas l'utilité de-ces travaux, mais ils sont d'une utilité toute locale et il est sans précédents que des travaux de cette catégorie aient trouvé place dans un grand projet de travaux d'uti lité générale. Nous n'envions pas la faveur que le Gouverne ment accorde la ville de Namur, mais il aurait pu en faire autant pour la ville d'Vpres s'il avait été guidé par des sentiments de bienveillance et de justice. Au fait, voilà plus de cinq cent millions de francs que le gouvernement clérical-consaere des travaux publics, depuis 1870 et il est triste de dire que nous n'en avons pas obtenu un centime pour notre arrondissement. N'avons-nous donc pas raison de nous plaindre et ne sommes-nous pas fondés dire que la faute en est nos représentants cléricaux, dont l'appui est acquis quand même au ministère, de par la volonté de Mgr de Bruges. Cela peut déplaire au Journal d Ypres, mais ce n'est pas moins ainsi. Enfin, messieurs les conseillers provinciaux ont reçu l'ordre du jour de la session, quatre jours avant son ouverture. Mieux vaut lard que jamais, mais nous persistons soutenir, au risque de recevoir des horrions qui ne nous blessent guères, que cette communication est tardive et qu'elle met MM. les conseillers provinciaux dans l'impossibilité de se procurer les renseignements nécessaires pour s'é clairer sur certaines affaires. Ce n'est pas de hier que nous réclamons contre cet abus, qui doit être imputé la Députation permanente, puisque c'est elle qui règle l'ordre du jour de la session. Jugez de la tolérance de nos adversaires. Voilà qu'ils nous houspillent, parce que nous avons fait l'éloge de la fêle de Messines. Nos amis ne pourront bientôt plus se réunir, sans l'autorisation des mata dors du Journal dYpres. Pourtant huit jours aupa ravant toutes les musiques congréganisles se sont réunies Passchendaele, sans que nous ayons trouvé rien y rédire. C'était tout naturel un proverbe flamand dit: soort zoekt soortaussi nous espérons que nos musiques libérales et elles sont en majorité, ne feront plus de mésalliances et n'iront plus aux fêtes organisées par des Jefques; ce sera la meilleure réponse qu'ils puissent faire aux injures du Journal dYpres. Qui n'a entendu parler du Doryphora? Il s'agit, comme l'on sait, d'un insecte qui a été découvert en Amérique, en 1823. et qui exerce d'incroyables ravages dans les cultures de pommes de terre ordinairement lorsqu'un champ est enva hi par ces insectes, il ne reste pas un seul de ces tubercules; on conçoit combien la calamité serait grande si cet insecte venait envahir l'Europe aussi presque tous les gouvernements se sont alar més des dangers que ce fléau faisait courir; en Belgique notamment une loi a autorisé le gouver nement interdire l'entrée et le transit des pommes de terre de provenance américaine; jusqu'ici nous avons été préservés de cet insecte; mais en Alle magne où de semblables mesures de préservation ont été prises, on vient de découvrir tout un champ infecté de ces insectes. Ce champ appartient un boucher qui débite du lard d'Amérique et on pense que des œufs de cet insecte auront été importés dans les matières qui ont servi l'emballage de ces viandes et puis trans portés dans le champ infecté. Comme ce fléau est nos portes, il n'est pas sans intérêt d'en suivre la marche et d'étudier les moyens auxquels nos voisins ont recours poui*lc combattre et s'en débarrasser. Nous recommandons donc nos lecteurs l'article que donne la Gazette'de Cologne sur l'apparition du Doryphora dans un champ de pommes de terre des environs de Mulheim sur le Rhin Nous apprenons que, par jugement en date du 3 Juillet, le tribunal de Courlrai a reconnu le curé de Saint-Genois coupable d'avoir quatre reprises contrevenu l'article 268 du Code pénal, et l'a condamné de ce chef quatre amendes de 100 francs. Les parties civiles ont été déboulées de leur action. Flandre libérale). On lit dans le Globe, de Londres Les libéraux de Belgique n'ont pas d'autre but que de résister aux prêtres, et de temps en temps les anglais entendent parler avec stupeur de la vé- hémense avec laquelle les deux partis s'attaquent, au point de faire trembler le petit royaume dans ses fondements.... Quelle est la signification de celte agitation ex traordinaireElle s'explique d'une manière très in telligible, et tous ceux qui comprennent le but réel de la société moderne ne peuvent fermer les yeux devant les faits. On nous dit souvent que le pro grès rapide d'opinions hostiles la religion est la cause de cette lutte; mais s'il en était ainsi nous verrions les mêmes sentiments se faire jour contre toutes les autres Eglises établies. El pourtant les prêtres d'une seule Eglise sont craints et ce sont les seuls qui on résiste. Nous ne trouvons donc pas l'explication de la haine prévalanten portée au cléricalisme, dans les progrès du scepticisme. L'origine réelle de cette haine réside dans les prétentions excessives, mises en avant aujourd'hui par le parti ultramontain. Ce parti, non satisfait de la position acceptée par les Eglises protestantes, vise l'usurpation du premier rang dans l'Etat; il se targue du droit de décider quelles seront les lois auxquelles les fidèles obéi ront et quelles seront celles auxquelles ils ne se soumettront point. Va Journal dYpres sait cela aussi bien que nous et il veut sans doute agréablement narguer ses lecteurs, lorsqu'il prétend que nous n'obtenons rien, parce que le crédit de 25 millions n'est affecté qu'à la continuation de travaux d'utilité publique, déjà entrepris. La Gazette de Cologne annonce que Dimanche dans un champ de pommes de terre, près de Mulheim sur le Rhin, on a découvert un doryphora ayant par couru toutes les phases île son développement." Le champ appartient un boucher qui reçoit du lard d'Amérique. Le fait a été porté la connaissance du ministre de l'agriculture Derlin. La Gazette de Cologne publie ce sujet la lettre sui vante, qui lui est adressée par M. Zimmermann, direc teur d'une fabrique d'asphalte Aujourd'hui, un paysan m'a apporté une petite boîte renfermant plusieurs larves singulièrement conformées, qu'on avait trouvées sur un champ de pommes de terre Mulheim, et m'a demandé si je les connaissais. Je me rappelai la description du doryphora, que j'avais lue dans les journaux, et je découvris que les larves cor respondaient entièrement cette description. Je me suis rendu immédiatement avec cet homme l'endroit indiqué, etj'ai tronvë des œufs, des larves et des caléop- tères entièrement formés. Les larves sont d'un rouge brillant et offrent des deux côtés deux lignes de points noirs. Le coléoptère formé et rouge, les ailes sont jaunes et marquées dans toute leur longueur de dix lignes de points noirs. Je ne sais si ces insectes ont atteint leur croissance complète: ils mesurent un centimètre. Les larves et les coléoptères dévorent avec une très-grande voracité les feuilles des pommes de terre. Il a été établi que le champ appartient a un boucher qui vend du lard américain. Cette circon stance a raffermi ma conviction que j'avais affaire au doryphora, cette plaie des champs de pommes de terre en Amérique je pense que les œufs de cet insecte ont pu traverser l'Océan dans l'emballage du lard et être apporté plus tard sur le champ. M. Zimmermann a apporté dans les bureaux de la Gazette de Collogne un grand nombre de larves et deux coléoptères parfaitement constitués. La feuille rhénane demande que des mesures énergiques soient prises pour arriver la complète destruction de ces insectes mal faisants. La Gazette de Cologne dit qu'elle a pris des ren seignements Mulheim, au sujet du doryphora trouvé dans un champ de pommes de terre il paraît que cinq arpents environ sont infectés de ces coléoptères du Colorado, la plupart encore l'état de larves. Il paraît ue ces insectes se multiplient avec une rapidité pro- igieuse. Les autorités sont déjà venues sur le terrain on attendait hier après-înidi, 26 Juin, le président du cercle pour décider des mesures prendre. On pense que l'on recouvrera le sol de pailles, de copeaux, etc. sur le tout on jettera quelques tonneaux de pétrole, puis on mettra le feu.

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2