pour arracher le secret du vote d'un électeur, accomplit un acte de son ministère S'il en est ainsi, le prêtre accomplit également un acte de son mi nistère, lorsqu'il impose des nominations ou lorsqu'il dicte des sentences judiciaires, et alors ce sont les prêtres qui gouvernent et les ministres ne sont plus que leurs très humbles serviteurs. En fait, nous approchons de ce beau système, auquel les déclarations de M. le ministre de la justice, bien que rétractées, donneront une force nouvelle. Jadis, le fait d'arracher le secret du vole d'un électeur était un acte blâmable le projet pri mitif en faisait un délit aujourd'hui, c'est un acte licite, louable, constituant pour le prêtre un acte de son ministère et raison duquel il ne peut plus être recherché S'il a plu au gouvernement de retirer ses com mentaires de l'article 47, les discours des membres de l'opposition restent debout et il est espérer que les magistrats de l'ordre judiciaire s'en inspireront lorsqu'ils seront chargés d'appliquer la loi. M. Frère-Orban a déclaré qu'il volerait contre la loi pour protester contre les étranges théories dévelop pées par M. le ministre de la justice, et pour affir mer énergiquement la liberté individuelle et l'indé pendance du pouvoir civil. Toutefois l'honorable membre s'explique que nombre de ses amis politi ques émettent un vote favorable au projet, en se préoccupant surtout des améliorations que le projet introduit dans la législation actuelle. M. Bara a motivé son vote négatif par des con sidérations analogues celles qu'a développées M. Frère-Orban. M. Pirmez a déclaré qu'il volerait le projet de loi pour les motifs que M. H. Dolez a si brillamment exposés au Sénat. L'honorable membre n'a pas une confiance bien grande dans l'efficacité du projet pour lui, le danger de la situation se trouve dans l'intervention du prêtre dans les élec tions en faisant de la politique, le prêtre manque aux conditions du contrat qui existe entre l'Etat et lui il abuse du régime de liberté illimitée consacré par la Constitution, et en cela il comprend bien mal ses intérêts car si un jour le régime des cultes vient être modifié, le clergé ne trouvera plus la position exceptionnellement favorable qui lui est faite aujourd'hui. On s'attendait un discours de M. le ministre de la justice en réponse aux attaques de M. Frère- Orban. Au lieu du ministre de la justice, c'est le ministre des finances qui s'est levé, non pour répondre, mais pour dire qu'il croyait inutile de rentrer dans la discussion générale. M. le ministre des finances a, comme il l'avait déjà fait plusieurs reprises, protesté de la loyauté de ses intentions toutes les phases de la campagne qui vient de se terminer. Quant M. le ministre de la justice, il a gardé comme au Sénat un silence de carpe, et il a subi, avec une sérénité toute chrétienne et une résigna tion toute monacale, la série de camouflets qu'il a reçus pendant la séance. Nos organes ultramontainssemblent ne pas com prendre que les sympathies des libéraux belges soient pour le triomphe de la république modérée en France, et pour la défaite exemplaire de ce ramassis d'intrigants, qui s'abritant derrière l'épée du maréchal Mac-Mahon, ne cherchent quela satis faction deleurs ambitions personnelles, l'avènement de leur prétendants respectifs, sur les ruines mêmes de la nation. Eh bien! nous dirons que nous souhaitons de tout notre cœur la chute la plus prompte, la plus écrasante des de Broglie et des de Fourtou, parce que nous sommes les ainis de la liberté qu'ils con fisquent, des lois qu'ils violentent, du parlementa risme qu'ils suppriment. Nous souhaitons leur chute, parce qu'ils renou vellent les abus et l'arbitraire de la politique impérialiste, la guerre la liberté de la presse, la liberté de la parole, la liberté de réunion, cl parce que si, par impossible, ils triomphaient, c'est le déchirement de la France, le déchainement des partis prétendants, et peut-être la guerre civile et la guerre étrangère. Nous souhaitons leur chute, parce que nous som mes belges, parce que nous nous souvenons que le programme des Chambordistes, des impérialistes et du cléricalisme, c'est la revanche contre l'Alle magne, c'est la guerre l'Italie, c'est la menace pour notre nationalité. Libre aux cléricaux, affolés de haines, de fermer les yeux sur les dangers que susciterait inévitable ment notre pays le retour triomphant de ia réac tion en France mais les libéraux belges savent que ce serait une garantie et pour la paix et pour la patrie et pour le maintien de nos libertés que la constitution d'une France libérale, occupée de sa régénération, et concentrant toute sod activité dans les travaux de la paix. Mais nos organes cléricaux s'inquiètent bien de la paix et du sort de nos institutions constitution nelles pourvu que le clergé soit maître absolu, peu leur importe l'avenir du pays. Le Journal dYpres est vraiment plaisant; depuis quinze jours, il se démène comme un diable dans un bénitier, pour prouver que si aucun crédit n'est cette fois encore attribuée larrondisse ment d Ypres, la faute n'en est imputable, ni au gouvernement, ni assurément nos députés. Fort bien mais alors qui faut il l'imputer Certes, ce n'est ni M. Frère-Orban, ni M. Bara qui ne sont plus ministre et ce doit être moins encore M.»Vandenpeereboom, qui n'est plus ni ministre, ni représentantIl est certain comme nous l'avons dit que, s'il avait plu M. Malou d'ajouter aux vingt-cinq millions qu'il a obtenus un vingt-sixième million pour travaux qui profi teraient l'arrondissement d'Y près, la Chambre l'eut volé avec la même docilité et la même complai sance qu'il met voter tous les millions que M. Malou demande. D'ailleurs, M. Struye lui-même a reconnu en pleine Chambre, que notre arrondissement est privé de sa part dans les faveurs budgétaires et maintenu ainsi par trop longtems dans une r> situation intolérable, or, s'il en est ainsi, pourquoi lui et ses collègues n'usent-ils pas de leur influence, pour faire revenir le gouvernement de meilleures sentiments. La raison en est simple, c'est que leur influence est nulle, parce qu'ils doivent être satisfaits, dès que Mgr de Bruges leur ordonne de l'être. Du reste, comprend-on, la conduite de nos man dataires? Nous ne parlerons pas de M. Biebuyck, qui n'est absolument là que pour empocher 200 florins par mois, en attendant qu'il y fasse des contre lois mais M. Struye qui, après avoir pro clamé que l'arrondissement est privé de sa part dans les faveurs budgétaires et maintenu dans une situation intolérable, vote en faveur de la loi et devinez les motifs qui ont dicté ce vote favorable? C'est qu'il prend en considération le bienfondé de ses espérances et quil est désireux de s'asso cier toutes les mesures qui peuvent assurer la prospérité et le bien-être public. Du véritable galimatias, quoi Mais il nous semble que la prospérité et le bien-être public ne peuvent pas être assurés nos yeux, lorsque nous sommes privés de notre part dans les faveurs gouvernementales et maintenus dans une posi tion intolérable. Ne faisons-nous donc plus partie du public. Si M. Struye avait un instant réfléchi et s'il s'était rappelé qu'il représente l'arrondissement d'Ypres et non Mgr de Bruges, il eut certes voté contre cette loi, qui de son aveu même sacrifie nos plus chers intérêts. Mais dit le Journal Ce projet n'a en vue que la continuation de travaux déjà commencés. Eh bien, répondons-nous, s'il en est ainsi, c'est précisément pourquoi l'achèvement du canal Lys- Yperlée avait le droit d'y être compris mais, com me nous l'avons démontré, le gouvernement ne s'est pas tenu cette règle, car le projet comprend enlr'autres un crédit de 100,000 francs pour con struction d egouts dans la ville de Namur et ce crédit nous fait tout bonnement l'effet d'une carotte électorale. Nous comprenons l'embarras de nos adversaires, lorsqu'ils veulent justifier l'oubli dans lequel nous sommes laissés aussi, n'ont ils recours qu'au mensonge, au risque même de se couvrir de ridicule ainsi, ils osent imprimer qu'il a été construit, depuis leur avènement, douze routes pavées nouvelles, alors qu'il n'en a pas été construit la moitié de ce nombre. El leur audace va plus loin, car ils osent citer la route de Kemmel Reninghelst, qui existe peine sur le papier, comme une preuve de la sollicitude et des faveurs que le gouvernement accorde nos contrées. Après cela, on peut tirer l'échelle. Le Moniteur de Vendredi publie la loi sur le se cret du vole et sur les fraudes électorales. Nous en publierons le texte dans un prochain n°. La circulaire suivante vient d'être adressée MM. les gouverneurs des provinces par M. le mi nistre de l'intérieur: ai Bruxelles, le 9 Juillet 1877. Monsieur le Gouverneur, Aux lermes de l'article 66 de la loi du 9 Juillet 1877 sur le secret du vote et les fraudes électorales, les articles 49 63 de cette loi sont applicables la révision des listes électora les qui doit avoir lieu du l,r au 14 Août prochain. Parmi ces dispositions, je ne puis tarder d'attirer votre at tention sur l'article 54, ainsi conçu Les dispositions suivantes formeront l'art. 106»'sdu Code électoral Art. 106i's. La déclaration de patente des personnes im posables d'après le tableau n° 11annexé la loi du 21 Mai 1819, n'est admise comme justifiant la possession de la base du cens électoral que si elfe indique le nom, la profession et l'adresse du chef d'établissement, du patron ou de toute autre personne qui emploie ou rétribue le déclarant. Celui-ci devra, en 'outre, faire connaître, par sa décla ration, la date de son entrée en fonctions, la nature de son emploi et le montant de son traitement, s'il ne produit pas un certificat par lequel la personne qui l'emploie et le ré tribue atteste le fait de l'exercice de la profession et le mon tant du traitement dont le déclarant jouit. Les administrations communales recevront sans délai des receveurs des contributions un état des patentables cotisés pour l'année entière, dans les rôles de 1876 et de 1877 (y compris ceux du 2* trimestre de 1877) d'après le tableau n° 11, annexé la loi du 21 Mai 1819. Quant aux renseignements ou au certificat qu'exige l'ar ticle 54, transcrit ci-dessus, ils seront, dater de l'année 1878, fournis par la déclaration de patente même ou lors de cette déclaration au receveur des contributions qui, confor mément de l'article 52 de la loi, adressera, avant le 15 Juin de chaque année, au collège des bourgmestre et échevins, un état des patentables dont il s'agit et y joindra les pièces produites. Mais pour la période transitoire, réglée par l'art. 66, il con vient de donner aux dispositions de la loi nouvelle l'interpré tation la plus large, celle qui offre aux intéressés les facilités les plus grandes, les délais les plus longs. En ce qui concerne donc les déclarations faites en 1876 et en 1877, déclarations pour lesquelles ces contribuables pour ront, jusqu'au 31 JuUlet courant, justifier de leurs droits, il est entendu quec'esl directementà l'administration communale qu'ils auront produire les pièces justivicatives. Il est bon ce sujet d'appeler l'attention des intéressés sur le passage suivant du rapport de la section centrale: Un membre a demandé si les patentables déjà inscrits sur les listes avant 1877 devaient tous remplir les formalités ou produire les justifiations conformément au dernier paragraphe de l'article 66. La section centrale pense que la rédaction proposée ne laisse aucun doute. Ces formalités devront être remplies et les justifications produites par ceux qui demanderont leur inscription sur la liste de 1877.Quantaux autres déjà inscrits, leur maintien sur la liste pourra être contesté conformément au droit commun. Le gouvernement ne peut que se ralILr cette interpré tation, qui n'a-pas rencontré de contradicteur. L'article 22 du Code électoral énumère les indications, que les listes électorales doivent contenir. Afin de faciliter le contrôle de ces listes en ce qui concerne les contributions attribuées aux inscrits, les administrations communales auront soin de mentionner, en outre, pour chaque inscrit, les numéros du rôle renseignant ces contri butions et de marquer d'une astérisque les noms des nou veaux inscrits. Veuillez, M. le gouverneur, leur adresser des recomman dations ce sujet et faire paraître au Mémorial adminis tratlf les instructions qui précèdent. Le ministre de l'intérieur, Delcour.

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2