278. Jeudi
37e ANNÉE.
30 Août 1877.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
LE PROGRÈS
VIRES ACQU1RIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce ipii concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixinude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-23.
CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-30.— 12-07.6-30.
Poperinghe. 7-30. 9-07. 12-07. 3-37. 6-50.
8-43. 9-30.
Courtrai. 5-34. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-30. 12-25. 6-45.
Langhemarck-Ostende. 7-18. 12-06. 6-20.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
A la suite d'une décision prise en séance du con
seil. le ministère français a résolu de poursuivre
M. Gainbelta pour le discours qu'il a prononcé
Lille le 15 Août.
Les télégrammes contradictoires nous empêchent
d'affirmer d'une façon positive si ledéfilédeSchipka
a été pris par les Turcs. De Saint-Pétersbourg la
nouvelle est démentie, mais elle a élé télégraphiée
la fois par les gouverneurs de Philippopolis et
d'ÀndrinopIe, et !e seul doute qui reste provient de
ce qu'il n'y a pas de dépèche directe de Suleyman
pacha, annonçant une victoire complète.
Une dépêche d'Erzeroum, datée dq 26. annonce
que les Turcs ont de nouveau attaqué dès l'aube les
troupes russes Kizil-Tepe et les ont chassées de
leurs positions après une lutte acharnée. Une grande
bataille s'est engagée ensuite entre les soldats du
Sultan et le corps d'armée moscovite, placé sur les
ordres du général Kladirman, quis'élaittropavancé
dans une plaine près de Soubatan. La ligne de
bataille avait, dit-on, une étendue de 12 milles. Le
combat, qui s'est prolongé jusqu'à 4 heures du soir,
s'est terminé par la retraite des troupes moscovites.
Bien que les perles soient grandes des deux côtés,
on s'attend une nouvelle bataille.
D'après des informations venues de Tiflis. la
tentative faite par les Turcs d'exécuter un double
mouvement tournant a échoué. Us fortifient les
positions conquises.
De leur côté, les Russes continuent recevoir
des renforts. On mande d'Alexandropol, en date du
27, que 2,000 hommes avec 48 canons sont arri
vés Erivan pour renforcer les corps d'armée du
général TirgukassofT.
Les renseignements complémentaires transmis
de St-Pétersbourg même, au sujet de la bataille
livrée récemment près de Kurukdara, donnent une
idée de l'importance de l'engagement. Le danger
devait être tellement grand que les généraux russes
eux-mêmes se sont directement mêlés l'action.
Trois d'entre eux, le prince Tchavtchavdze. com
mandant de la cavalerie, le général Komarofïetle
colonel Barialinsky ont été blessés.
Une crise ministérielle a éclaté en Roumanie.
MM. Braliano et Cogalniceano ont déposé leurs
portefeuilles la suite d'un différend survenu avec
la Russie. Le gouvernement de St-Pétersbourg a
repoussé, paraît-il, les conditions de coopération
de l'armée roumaine telles qu'elles lui avaient été
présentées par M. Cogalniceano. Le Cznr exige que
les troupes du prince Charles se soumettent d'une
manière absolue l'autorité moscovite ou soient
immédiatement licenciées.
La Gazette de Cologne nous apporte aujourd'hui
quelques renseignements complémentaires. De gra
ves dissentiments ont éclaté,dit-elle, entre legrand-
duc Nicolas et le prince Charles de Roumanie. Le
grand-duc exige que le général Manu soit renvoyé
devant un conseil deguerre pourfaitsd'indiscipline
il lui reproche d'avoir refusé obéissance au général
Krudener et d'avoircausé ainsi la perte de la bataille
de Plevna. Le prince Charles soutient que le jour
de la bataille le général Krudener n'était pas
Plevna mais Nikopolis. Il menace de quitter la
principauté et de se retirer Vienne, si le grand-
duc persiste dans ses exigences.
Les affaires se compliquent aussi du côté de la
Serbie. Il paraît de plus en plus probable que le
prince Milan ne tardera pas mettre son armée en
mouvement. a
Y près, le 29 Août 187 7.
Une nouvelle campagne est ouverte contre les
établissements laïques d'enseignement, surtout con
tre l'enseignement officiel, et, chose triste dire,
partout où la commune est cléricale, ce sont les
Conseils communaux qui poussent leur amoin
drissement, leur suppression.
Ce qui se passe aujourd'hui Malines est très-
édifianl: La suppression du Collège est l'ordre du
jour du Conseil, et comme les libéraux n'y ont
qu'une voix de majorité et que les cléricaux se van
taient d'avoir fait uiieco«persïon,on était très anx
ieux de connaître le résultat du vote d'où dépen
dait le sort de cet établissement. Allait-il être im
molé l'ire cléricale
Le rapport, lu par M. Broers. concluait la sup
pression.
Dans un discours éloquent. M. le conseiller
Bergmann, après avoir fait l'historique du collège
communal, qui jouit, depuis quatorze ans, delà
faveur du public et qui a produit des élèves dont la
ville de Malines devrait être fière, a fait ressortir
avec beaucoup de clarté que si l'on en propose la
suppression, c'est uniquement pour aider le clergé
dans la guerre qu'il fait l'enseignement laïque.
Il convient,, a-t-il dit, de laisser aux pères de famil
le la faculté d'envoyer leurs enfants une école de leur
choix. Faire autrement ne serait pas digne et tout
fait contraire la liberté. Il serait honteux que la ville
de Malines, qui Compte 42,000 habitants, dût s'incliner
devant des villes de moindre importance.
Mais il est malheureusement probable, a ajouté M.
Bergmann, que toutes ces considérations n'arrêteront
pas ceux qui ne sont ici que les mandataires de l'arché-
vêque.
Vous voulez aujourd'hui supprimer le collège com
munal en attendant que vous supprimiez l'école des fil
les, et le jour où vous vous sentirez assez forts, vous
ferez disparaître les écoles communales, ce qui fait que
les pères de famille seront obligés de se soumettre en
tièrement au clergé pour faire instruire leurs enfants.
iM. l'échevin De Jode a démontré ensuite que les
communes avaient pour devoir de donner une ins
truction convenable aux enfants. Les paroles élo
quentes de l'honorable échevin ont soulevé diffé
rentes reprises les murmures des cléricaux.
La question du Collège communal, dit M. De Jode,
a provoqué en ville une grande émotion.
Si vous en doutez, donnez votre démission. Vous
pourrez alors juger de l'état des esprits.
A ces mots, M. De Kerckhove se lève et s'écrie: Vous
ne seriez pas réélus. Vous ne pouvez du reste pas être
plus malades que vous ne l'êtes!
Cette insolente déclaration est accueillie de la part
du public par des huées.
M. le président donne immédiatement ordre d'éva
cuer la salle.
Grâce a l'intervention de M. Bergmann. il n'est pas
donné suite cet ordre.
M. De Jode, reprenant son discours, s'occupe de la
conversion faite par M. Van Hoorenbeeck.
Le programme de l'Association, dit-il, auquel M.
Van Hoorenbeeck avait adhéré, comprend en premier
lieu l'obligation de soutenir et de défendre l'enseigne
ment laïque.
Celui qui déroge cet engagement sacré n'est qu'un
traître et un rénégat, et s'il a fait un marché... Le res
te de la phrase se perd par suite des violentes protes
tations des cléricaux.
Le marché a été fait, dit M. Bergmann.
J'en ai ici la preuve, ajoute M. l'échevin Andries.
M. Van Hoorenbeck s'est engagé voter la suppression
du Collège communal condition que l'on nommerait
son fils directeur de l'Abattoir. Ce marché a été conclu
la suite de démarches faites par M. Broers.
La déclaration de M. Andries est confirmée par M.
Bergmann.
MM. de Kerckhove et Kempeneer insinuent que c'est
la nomination d'une institutrice qui n'avait pas de
titres qui a déterminé M. Van Hoorenbeck changer
d'opinion.
Il est fait justice de ces insinuations qui ne reposent
sur rien de sérieux.
On somme M. Van Hoorenbeck de s'expliquer. Celui-
ci reste impassible.
Les cléricaux demandent la clôture.
Si vous aviez le moindre souci de l'honneurde votre
parti, leur répond M L. Verhaegen, vous devriez vous
joindre nous et exiger des explications de M. Van
Hoorenbeeck.
Les Cléricaux crient au scandale et demandent le
huis-clos.
Pendant un quart d'heure les interpellations se crois
sent et le tumulte est son comble.
Les cléricaux finissent par prétendre que M. Vân
Hoorenbeeck ne comprend pas le français.
Immédiatemant M. Bergmann s'oflre pour reproduire
en flamand toutes les accusations dirigées contre M.
Van Hoorenbeeck. Naturellement cette offre est décli
née.
Dans un but de conciliation, M. Bergmann fait alors
la proposition suivante
De voter les fonds nécessaires pour assurer la mar
che du collège jusqu'au mois d'octobre 1878, sous la
condition que M. le préfet des études et MM. les pro
fesseurs s'engagent renoncer l'indemnité d'une an
née de traitement laquelle ils on droit pour le cas
où le collège serait supprimé cette époque.
Cette proposition est combattue par M. Kempeneer
on nous demande, dit-il, d'abandonner notre drapeau.