Cette discussion est on ne peut plus instruc tive, en ce qu'elle démontre une fois de plus l'intolérance de nos adversaires mais elle doit surtout profiter aux habitants de notre ville, parce qu'elle prouve le sort qui serait réservé nos belles institutions laïques d'en seignement, si un jour nos cléricaux venaient conquérir l'Hôtel-de-Ville Collège commu nal, Ecole des filles, Institution Lamotte, tout y passerait et l'Ecole communale elle-même serait probablement livrée aux petits-frères. Cette perspective n'engagera guère notre po pulation se convertir au cléricalisme et ne s'effacera certes pas de son souvenir, lors de l'élection communale de 1878. Ce qui se passe Malines mérite du reste d'attirer l'attention sérieuse de tous les libé raux. L'enseignement moyen bien plus encore que l'enseignement primaire, réclame une ré organisation complète. Ce qu'il importe,avant tout, c'est de créer, de par la Loi, un établisse ment d'enseignement moyen, qu'on le nomme Athenée ou Collège royal, dans tous les chef- lieux d'arrondissement. Il faut en effet mettre ces établissements l'abri des attentats du clergé, et une fois que la loi aura parlé, nos adversaires devront respecter celle-ci, comme toutes les autres lois libérales. Il y a en ce moment un grand pèlerinage Lourdes l'Univers en rend compte dans des dépêches ruisselantes d'inouïsme. Les deux premiers jours, il n'y a pas eu moins de dix miracles authentiques et garantis bon teint. Dix miracles Bigre de bigre Jésus-Christ n'en faisait qu'un la fois, et encore cela n'arrivail-il pas tous les jours. Mais quand les joyeux drilles de YUnivers s'en mêlent, ils vous abattent les mi racles la douzaine avec une désinvolture adora ble. Une des personnes guéris, phthisique au troi sième degré, condamnée par les médecins, a chanté deux fois le Magnificat devant toute la foule. El la dépêche ajoute Enthousiasme indes criptible w II y a de quoi, papa Veuillot. il y a de quoi. Rien de pareil ne s'est produit assurément depuis que la délicieuse Revalenla Arabica a guéri le curé Compare! de trente-six ans de constitution et de migraine. L'Univers ajoute qu'on espère au bas mol deux ceuts guérisons miraculeuses le nombre d'ailleurs ne fera rien l'affaire, car le pèlerinage actuel offre ceci de particulier que tout, absolument tout, y est miracle. Une dépêche de la feuille veuilloline dit en effet Le plus grand de tous les miracles est encore la résignation et même la joie de ceux qui ne sont pas guéris. Ainsi vous êtes guéri miracle Vous n'est pas guéri miracle encore, et grand miracle Ceux qui sont guéris sont contents ceux qui ne le sont pas sont enchantés. C'est parfait. P.-S. Le bruit court que papa Veuillot, le chrétien le plus grêlé des deux hémisphères, comme l'appelait jadis Auguste Villemot, vient de revenir de Lourdes avec une figure aussi polie qu'une bille de billard. On lit dans YOpinion d'Anvers Il se confirme que M. De Lantsheere, ministre de la justice, postule la place de gouverneur de la Flandre occidentale. Le Roi a écrit une lettre des plus flatteuses M. L. De Wael, bourgmestre d'Anvers, pour le féliciter du succès des fêtes de Rubens e.l le remer cier du toast éloquent porté par l'honorable ma gistrat Sa Majesté et la famille royale au banquet de la Bourse. 7 Il est beaucoup question de la Belgique en ce moment dans certains organes de la presse fran çaise les projets militaires qui s'élaborent chez nous, en sont cause. Il y a quelques jours, YEsta- fette, de Paris, annonçait que des mesures graves avaient été prises dans un conseil privé, auquel assistait le prince impérial d'Allemagne. L'Indé pendance ayant fait ressortir l'invraisemblance de cette assertion, la feuille parisienne revient la charge et dit Nous maintenons dé la façon la plus absolue les explications que nous avons fournies au sujet de notre dépèche du 20 août, dans notre article du lendemain ayant pour litre Préparatifs Militai res en Belgique. Nous ajouterons que, dans la réunion privée tenue chez le Roi. et laquelle assistaient, en outre du prince impérial de Prusse et des généraux Brialrnont et Van der Smissen, MM. de Praet et Jules de Vaux, il a été également question d'aug menter le chiffre des cadres existant formés pour 70,000 hommes (bien que 50,000 hommes seule ment soient en ce moment sous les drapeaux), de telle sorte qu'ils puissent suffire, un moment donné, un effectif de 100,000 hommes. Ce dernier effectif est, en effet, peu près celui que la loi militaire imposerait au pays, si l'on appelait sous les drapeaux la totalité des hommes qui devraient faire partie du contingent actif. Quant la question de la convocation antici pée des Chambres, elle a été soulevé sans être résolue. Que Y Indépendance belge vérifie scrupuleu sement le tout et si elle ne pense pas que la Belgi que soit intéressée cacher la France les prépa ratifs dont il est question, et qu'il seiail peu patriotique de sa part de les dévoiler, elle avouera que nous avons été bien renseignés. Nous reproduisons titre de curiosité cet article de YEstafette, dont certaines inexactitudes sauteront aux yeux de nos lecteurs. Quoiqu'il en soit, l'existence d'importants projets militaires n'est plus mise en doute. Les rumeurs militaristes recommencent circuler, écrit-on de Bruxelles la Patrie, et d'après ces rumeurs, un crédit de seize dix-huit millions sera demandé aux Chambres pour couvrir les premières dépenses. Déjà des élèves de l'école d'applicatjon étudient le terrain aux environs de Lierre et de Waelhem. Le langage de YEtoile, qui s'occupait hier des dires de la Patrie, confirme le bien-fondé de ces rumeurs. Dix-huit millions pour entrée de jeu Nous sommes curieux de voir l'altitude que vont prendre nos fameux anti-militaristes cléricaux, dont on se rappelle les cabrioles autour du gouffre béant des dépenses militaires. On nous écrit d'Anvers, le 27 août 1877. En séance du 25 courant, la commission organi satrice de la Grande Exposition d'Horticulture, qui pendant les fêles de Rubens, a eu lieu dans les locaux de l'Ecole Moyenne, rue du Chêne, An vers, s'est constituée en société sous le nom de Cercle Floral d'Anvers. On lit dans Y Indépendance La Flandre libérale a publié dernièrement un relevé de toutes les nominations faites dans la magistrature des deux Flandres par M. De Lants heere depuis le jour où il est entré au ministère, c'est-à-dire depuis le 7 septembre IS7I. Sur les 39 magistrats nommés, on compte.... 39 catholiques. Cette démonstration mathématique de l'impar tialité de M. le ministre de la justice, reproduite par tous les journaux libéraux, embarrasse quelque peu la presse cléricale. Le Courrier de Bruxelles payant d'audace, s'écrie aujourd'hui Ils (les journaux libéraux) oublient de placer en regard la liste non moins, si pas plus longue, des nominations libérales faites par l'honorable ministre. Nous pourrions combler cette lacune, mais quoi bon Comment quoi bon Voilà une étrange question de la part du Courrier de Bruxelles. Mais, natu- Hier votre drapeau était l'économie, riposte M. An- dries. Le mot fait rire. M. Bergmann fait observer que si l'on supprime le col lège, l'Etat retirera le subside de 10,000 francs qu'il ac corde cet établissement. Or, comme aux termes du règlement l'administration communale est obligée de payer une année de traitement aux professeurs, en cas ne fermeture du collège, on devra prendre dans la cais se communale une somme de 30,000 francs, soit 9,000 francs de plus que la somme qu'on y consacre actuelle ment. Cette observation fait hésiter un moment les cléri caux, mais ne les empêche pas de rejeter l'amendement par 11 voix contre 10. La discussion générale est reprise. M. Léon Verhaegen expose son tour la nécessité de maintenir le collège. Il demande M. Kempeneer, qui se plaint de ce que l'on ne s'incline pas devant le Syllabus, ce qu'il ferait s'il devait choisir entre le Syllabus et la Constitution. J'opterais pour ma foi, répond le clérical M. Kempe- nee. Cette réponse provoque un toile général de protesta tions. Le calme étant rétabli, M. Andries reproche ses adversaires de ne pas être logiques. Il demande M. de Kerckhove comment il concilie sa foi avec sa pré sence un meeting d'internationalistes. M. de Kerckhove, mis en demeure de s'expliquer, répond qu'il ignorait la présence d'internationalistes au meeting et il souhaite ses adversaires de se trouver toujours en aussi bonne compagnie (sic). Il ajoute que le Syllabus n'a été proclamé que parce qu'il y avait confusion entre Y absolu et le relatif. Il accuse finalement les libéraux de vouloir suppri mer le clergé. Cette accusation est vivement relevée par M. Berg mann. Le parti libéral, dit l'orateur, s est toujours montré trop conciliant l'égard du clergé. Le minis tère libéral, qui a été l'objet de tant d'attaques passion nées, a repondu celles-ci en augmentant le traitement du bas clergé. Il est faux, ajoute MBergmann, que nous voulions supprimer le clergé, mais ce qui nous ré pugné, ce sont les abominables attentats dont certains ae ses membres se rendent coupables. L'orateur rappelle le cas du curé De Bra, qui après avoir été condamné pour attentat la pudeur, a été replacé la tête d'une cure. Des applaudissements, aussitôt réprimés, éclatent parmi le public. M. Bergmann fait ensuite remarquer que le subside aux églises qui s'élevait pour Malines 70,000 francs, a atteint aujourd'hui le chiffre de 104,000 francs. Quand il s'agit du clergé, vous n'êtes pas économes, ajoute-t-il, mais vous refusez un subside au collège communal sous prétexte d'économie. Ce n'est pas là le véritable motif. Vous faites la guerre l'enseignement laïque au profit du clergé. Vous vous dites partisans de la Constitution, mais vous ne demanderiez pas mieux que de la supprimer. La dé claration de M. Kempeneer le prouve. Votre attache ment est purement platonique. - En 1856, M. Dedecker alors ministre de l'Intérieur, répondit une interpellation de M. Frêre-Orban, qu'il n'admettrait jamais que dans une université de l'Etat l'on enseignât le mépris de nos libertés, et comme l'honorable M. Frère lui fit remarquer qu'il était en contradiction avec l'Encyclique, M. Dedecker ajouta: Vous ne la comprenez pas. Vous êtes tous les mêmes. La mora\p de l'absolu et du relatif que vous professez est odieuse. Vous êtes des adorateurs pasionnés du Syllabus et des amoureux transis de la Constitution. -Vous êtes un pèu Turcs; vous avez fait alliance avec une sultane superbe devant laquelle vous vous prosternez: le Syllabus, et une pauvre Cendrillon que vous reléguez dans un coin: la Constitution. Il faut avoir une conscience façonnée comme celle des jésuites pour admettre ce mariage de pacha. Avec cette morale, on peut être tout la fois prési dent du Denier des Ecoles Malines et partisan de la suppression du collège communal. Je plains le parti qui défent et justifie une pareille doctrine. De longs applaudissements éclatent dans la salle, que M. le président fait évacuer. On met aux voix les deux questions suivantes for mulées par M. Bergmann 1° Y a-t-il lieu de maintenir la section des humani tés du collège communal 2° Y a-t-il lieu de maintenir la section profession nelle? Les deux questions sont résolues négativement par 11 voix contre 10. Le rapport de la section des finances, qui conclut la suppression du subside, est adopté par le même nombre de voix. r, Il i

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2