Petite statistique édifiante et curieuse.
L'Etoile belge a émis le vœu très-sage que l'on
fasse une statistique siocére et complète de tous
les biens possédés en Belgique par les couvents,
qtTils soient ou nom reconnus par la loi, qu'ils
jouissent ou non de la personnification civile. Elle
demande en un mot qu'on fasse le compte non-
seulement des mainmortes légales, mais aussi et
surtout des mainmortes frauduleuses qui couvrent
notre pays. Le Journal de Bruxelles élève ce
sujet les protestations les plus vives et soutient
que ce projet ne va rien moins qu'à détruire la
liberté d'association et la Constitution belge.
Cet étalage de vertueuse indignation est plaisant,
en vérité
Le clérgé catholique demanda au Congrès la
personnification civile pour les couvents. Le Con
grès la lui refusa catégoriquement et sans hésitation.
Que firent les moines? Se soumirent-ils la loi
civile? Renoncèrent-ils créer des couvents
constituer des mainmortes?
Ils n'y songèrent pas un instant. Ils fraudèrent
la loi et malgré ses prohibitions les plus formelles,
ils fondèrent couvent sur couvent, mainmorte sur
mainmorte. La fraude est patente, évidente. Vingt
fois, cent fois, les tribunaux l'ont flétrie et déjouée.
Vingt fois, cent fois, ils ont constaté l'existence
d'une mainmorte frauduleuse, illégale, subsistant
en fait en dépit de la loi. Vingt fois, cent fois, ils
ont impitoyablement annulé tous les actes fictifs et
frauduleux, sociétés civiles ou commerciales, ton
tines ou testaments, par lesquels les moines vou
laient atteindre ce but.
Qu'est-il besoin, du reste, du témoignage de la
justice, pour savoir que, malgré nos lois, les cou
vents existent, pullulent et s'enrichissent démesu
rément en Belgique? Ne suffît-il pas d'ouvrir les
yeux pour le voir?
Eh bien, ce que Y Etoile propose, ce n'est pas
même de couper court cette fraude colossale, c'est
de prendre des mesures pour savoir son étendue,
les progrès qu'elle a faits, ceux qu'elle fait journel
lement. Et c'est en cela qu'on violerait la Consti
tution Ces mensonges audacieux touchant le
nombre et la richesse des couvents, ces cris de
frayeur parce qu'on veut connaître la vérité sur ce
point, montrent chez les cathotiques une apprécia
tion exacte de la situation politique de notre pays.
Les abus sont devenus si dangereux que le jour où
ils seront dévoilés, la nécessité d'y mettre fin s'im
posera avec une force irrésistible.
Nous ne voulons point laisser au Journal de
Bruxelles le moyen de dénaturer notre pensée,
comme il ne manquerait certes pas de le faire. Nous
ne demandons point qu'on détruise, ni qu'on res
treigne la liberté d'association. Nous entendons
que celle liberté reste pleine et entière, Ce que
nous ne voulons pas, et ou peut le dire, ce que le
parti libéral ne veut pas, c'est qu'on abuse de celte
liberté pour créer frauduleusement des mainmor
tes, qui pour être nulles et ne pas exister légale
ment, n'en existent pas moins en fait et accroissent
tous les jours leurs richesses déjà énormes.
Ce qu'il faut pour cela, ce n'est point défendre
ce qui aujourd'hui est permis, ni annuler ce qui
jusqu'à présent est considéré comme valable; c'est
donner aux lois une sanction afficace qu'elles n'ont
pas, et empêcher que les prêtres ne se jouent d'elles
insolément. Tous les couvents qui couvrent la Bel
gique existent en violation de la loi; il est impossi
ble qu'ils existent légalement. Il faut que cette
impossibilité devienne non pas seulement une vérité
de fait; en d'autres termes, il faut que la loi ne
soit pas violée.
Aujourd'hui les actes frauduleux par lesquels
on la tourne ou la viole, bien que radicalement nuls,
restent debout jusqu'à ce qu'une des parties intéres
sées réclame contre eux en justice. C'est l'intérêt
privé que le législateur s'en est remis du soin de
proléger la loi. Le système est irrationnel, car c'est
dans l'intérêt public et social qu'on a refusé aux
«ouvents la personnification civile. L'expérience le
condamne, car elle en montre toute l'inanité. C'est
çelteinanitéque la statistique demandée pari 'Etoile
ferait éclater en pleine lumière. On verrait i'ef-
frayante extension qu'à prise la mainmorte ecclé
siastique malgré toutes les prohibitions légales et
l'absolue impuissance de la loi se protéger et
protéger la société contre ces empiétements.
Alors se posera la question de savoir si ces abus
si dangereux peuvent être tolérés ou si la société
ne doit pas être armée contre eux. Et une fois posée,
elle sera immédiatement résolue. Sous l'ancien
régime, nos princes les plus catholiques, les plus
étroitement unis l'Eglise, ont dû prendre des
mesures rigoureuses pour mettre une borne l'en
vahissement des gens de mainmorte. Ce qu'ils ont
fait sans hésiter, l'Etat moderne et laïque a bien le
droit de le faire. C'est pour lui, aujourd'hui plus
que jamais, une question de vie ou de mort. Les
couvents sont pour le corps social comme ces orga
nismes parasites et malfaisants qui s'introduisent
dans notre sang, le vicient et donnent naissance
aux plus terribles maladies. Tout l'effort de la
médecine moderne tend détruire ces germes de
dissolution et de mort. Tout l'effort de la médecine
publique doit tendre détruire ces vibrions, ces
bactéries du corps social qui corrompcul le principe
même de sa vie et le condamnent une morte lente,
mais certainé et ignominieuse.
L'Etoile agit comme un médecin prudent et ha
bile en pensant que, même avant de rechercher le
spécifique qui guérira la Belgique de la maladie
infectieuse dont elle est atteinte, il faut se rendre
un compte exact de cette maladie, de son caractère,
de sa gravité et des ravages qu'elle a faits déjà. Une
fois le diagnostic clairement établi, il sera plus
facile d'agir résolument et de combattre le mal dans
sa source. (Flandre Libéral).
Nous lisons dans la correspondance bruxelloise
du Journal de Liège
L'Association libérale de Malines, réunie samedi
soir en assemblée générale, a décidé, après une
assez longue discussion, de créer un collège libre et
laïque.
Un comité de cinq membres sera choisi ultérieu
rement pour organiser et administrer le nouvel
établissement.
Nous félicitons sincèrement les libéraux de Ma
lines de la décision qu'ils viennent de prendre.
Voici une nouvelle que publie la Chronique et
qui paraîtra renversante la Patrie
M. Dumortier, comme le général Thicbauld, est
bel et bien franc-maçon. M. Dumortier a été initié
et reçu maçon, il y a une trentaine d'années, en
Allemagne, la même loge et en même temqs que
son ami, le comte de Mérode.
M. Eudore Pirmez vient d'être nommé directeur
de la Banque Nationale, par l'unanimité des action
naires présents la dernière assemblée.
ir~ir
Chaque jour les cléricaux font naître des inci
dents qui entretiennent et augmentent encore la
surexcitation déjà si grande des esprits, surtout
dans les grandes villes.
Dans l'arrondissement de Gand, ils sont, paraît-
il, en train de mijoter une fraude colossale ils ont
fait inscrire un millier de faux électeurs, tous
recrutés dans les campagnes.
Naturellement les libéraux se tiennent sur leurs
gardes et cherchent déjouer cette manœuvre
déloyale or, dans une commune voisine de la
ville, Mont-Sainl-Amand, il leur est impossible
d'obtenir, conformément la loi, communication
des listes électorales. Après trois sommations par
huissier, le bourgmestre a répondu que le lende
main, c'est-à-dire le 29 août, la liste serait la
disposition des délégués de l'Association libérale.
Or, le lendemain, au lieu d'être la disposition
du délégué de l'Association libérale, la liste était
entre les mains d'un agent catholique qui refusait
de s'en dessaisir.
Celte manière commode de procéder la fabri
cation de faux électeurs et de se mettre l'abri des
réclamations les plus justes et les plus fondées,
excite parmi les libéraux gantois une irritation
dont les lignes suivantes de la Flandre libérale
donneront une idée suffisante
Qu'on veuille bien y réfléchir, ce moyen, ce
n'est plus la loi, c'est la violence. Or, si nos adver
saires en viennent là, ils peuvent compter comme
certain que nous y viendrons notre tour. A la
violence, il n'y a, en effet, d'autre remède que la
violence. Et puisqu'on se met en mesure de nous
écraser par la force, sous le nombre des faux élec
teurs, il ne nous reste plus qu'à empêcher coups
de bâton ces faux électeurs de prendre part au
scrutin. Si c'est là ce que l'on veut, on n'a qu'à le
dire, et l'on aura bien vite vu qui des deux a la
force de son côté.
Ignoble langage de portefaix rugit le Bien
Public. Essayez donc de venir infliger la baston
nade aux calolins
M. Malou, qui avait annoncé la ferme intention
d'apaiser la fièvre émotionnaire en Belgique,
doit commencer trouver que l'entreprise est dia
blement difficile.
On écrit de Bruges
cette vente.
On a osé contester que l'épiscopat eût pour sys
tème de mépriser les arrêts de la justice, atteignant
leurs protégés ou leurs subordonnés.
Voici quelques exemples qui pourront faire juger
de la valeur de cette contestation
Le vicaire Van Thilo, condamné Bruxelles,
pour adultère, deux ans de prison, maximum de
la peine, a élé. sa sortie de prison, replacé comme
directeur d'un couvent de femmes.
Un vicaire de Pâturages, condamné Mons,
pour attentais, commis dans l'église même, au pied
des autels, sur des petites filles qu'il catéchisait,
est nommé, après la prescription, curé Montreul-
au-Bois, vers 1865.
Le curé de Coolkerke, nommé Van Liere, con
damné, il y a trois ans, en première instance et en
appel Gand, pour outrage public aux bonnes
mœurs, est immédiatement, sans avoir fait sa
peine, nom.mé une bonne cure, près de St-Omer.
Le sieur de Bra, curé Ayes, condamné Mar
che cl ensuite Liège, pour trente attentats la
pudeur, est casé quelque temps après dans la cure
de Flamierge.
Un cu.é voisin de ce digne pasteur, condamné
pour faux et usage de faux, six mois de prison, a
été continué dans ses fonctions.
On a donc eu le droit de dire que c'était 11 un fait
invraisemblable, renversant.
Le bourgmestre Visart a tini par réciter humblement
son mea culpa et a donné l'assurance au conseil qu'à
l'avenir on ne vendrait plus le bien de la commune sans
son assentiment.
Tristes administrateurs
-O-l-
On cite comme ayant de grandes chances d'être ap
pelé au commandement supérieur de la garde civique
de Bruxelles, en remplacement du général Pletinckx,
M. le lieutenant-général pensionné Schollaert, ancien
officier du génie.
Dans la séance de samedi du conseil communal de
Bruges, il a été question de la vente, au poids, de la
main la main, de livres de la bibliothèque de cette
ville. L'acquéreur les avait obtenus 18 centimes le
kilo.
Cette affaire, qui a fait tant de bruit, n'est que trop
réelle. M. le bourgmestre Visart a été obligé de confir
mer les allégations de l'Avenir des Flandres, tout en
contestant, il est vrai, la valeur des livres.
Seulement, nous ferons remarquer que le bourgmes
tre est ici partie intéressée, puisque, d'après ses pro
pres déclarations, si le bibliothécaire n'était pas dément
autorisé, il avait tout au moins l'assentiment de M.
Visart, qui avait dit qu'il ne voyait pas d'inconvénient