Les funérailles papales. Adieux M. lexcommissaire du gouvernement de l'arrondissement. Qui l'aurait cru, beau Chevalier, Que tu deviendrais le premier De notre si belle Province Vraiment, cet honneur n'est pas mince Mais le pourras-tu supporter Le poids si lourd de gouverner Tu pourrais regretter, Ruzette Les jours heureux de la Trompette. Chéri de ton Gouvernement, Quand de notre Arrondissement D'Anethan te fit Commissaire Déjà tu fis mauvaise affaire Tu brillas par ta nullité Par ta grande incapacité Mais maintenant, Pauvre Ruzette, Voici bien une autre Trompette. Tu feras bien dans tes salons, Bel homme aux brillantes façons Avec ta tournure élégante, Avec ta grâce séduisante, Tout couvert d'or et de joyaux Tu recevras tes cléricaux Alors tu n'iras plus, Ruzette, Avec Henritje la Trompette. Enfin te voilà Gouverneur Par la grâce de Monseigneur Soumis la dévote clique Au Syllabus, l'Encyclique, Comme un esclave Ultramontain Sa Grandeur te tient dans la main Aussi tu ne dois plus, Ruzette Jamais songer la Trompette. Salut, le plus beau des Préfets, Emporte avec toi nos regrets, Car si tu fus très peu capable Jamais tu ne fus redoutable Reçois nos déchirants adieux, Sois heureux sous de nouveaux cieux Et tâche d'oublier, Ruzette, Les doux moments de la Trompette. tiennes. On prépare aussi un nouvel emprunt forcé l'intérieur de la Turquie. Le maréchal de Mac-Mahon a quitté Périgueux pour se rendre Ribérac. Nous n'avons paseocore de détails sur la réception. Tout ce que nous savons, c'est que le Président de la République a quitté le séjour de M. de Fourtou dans l'après-midi pour ar river quatre heures Angoulèmc. Il rentrera Dimanche soir l'Elysée. Mais déjà Y Assemblée nationale a annoncé qu'au retour du voyage de Bordeaux, et après un séjour d'une semaine peine Paris, le marcchal-Président ira passer deux semaines dans le département du Loiret. La Gazette de la Croix annonce que le prince de Bismark arrivera vers la fin de ce mois Berlin et y passera huit jours. Il partira ensuite pour Varzin. Y près, le 15 Septembre 1877. Serions-nous vraiment la veille de voir surgir, au sujet de la question des cimetières, une lutte entre prélats? L'archevêque de Malines, on le sait, vient de lancer un mandement au sujet de l'ouver ture d'un nouveau cimetière de Bruxelles, dans lequel sont supprimées toutes séparations par culte. Le Journal de Bruxelles a cru l'occasion bonne pour remettre en avant la solution proposée naguère parM.d'Anethan,et on assure que Mgr Deschamps lui-même ne serait pas étranger cette réédition du projet formulé par l'honorable sénateur de Thielt. Or ne sait que ce projet a été formellement con damné par l'évéque de Tournai; et s'il faut en juger d'après le langage du Bien public l'évéque de Gand ne paraît pas devoir s'y rallier d'avantage. Voici, en effet, comment le Bien public s'ex prime ce sujet Le Journal de Bruxelles, voyant la question des cimetière, réveillée par la dernière lettre pastoral de Mgr l'archevêque de Malines, ou pour mieux dire par le récent ukase de l'administration gueuse de la capitale, croit opportun de renflouer, ce propos, la fameuse solution transactionnelle, suggérée, il y a près de trois ans, par M. le baron d'Anethan. Nous regrettons que le Journal de Bruxelles sem ble avoir oublié l'accueil fait, cette époque, l'expé dient imaginé pas l'honorable sénateur de Thielt. La presse libérale a déclaré ne vouloir en aucune façon du système de M. le baron d'Anethan et, d'autre part, le plus grand nombre des journaux catholiques se sont également prononcés contre cette transaction léonine qui compromettait, sans l'intervention de l'Eglise, les droits sacrés de l'Eglise. Le projet de loi, élaboré par M. d'Anethan a été l'ob jet d'une réfutation péremptoire et très-étendue de la part de M. le chanoine Moulart, professeur de droit civil ecclésiastique l'Université catholique de Louvain. En outre, ce même projet a été formellement con damné par Mgr l'évéque de Tournai dans une lettre adressée son clergé en date du 3 Février 1874. Nous aimons croire que le Journal de Bruxelles voudra nous épargner la nécessité de reproduire les termes explicites et sévères de cette condamnation. Il nous est plus agréable de croire que notre confrère renoncera la triste idée de ressusciter cette combi naison boiteuse et suspecte, qui ne pourrait que diviser les catholiques et affaiblir la portée de leurs légitimes revendications. Au moment où nous avons besoin de toutes nos for cer pour tenir tête auxGueux,il ne saurait nous conve nir d'entamer une polémique sur ce sujet, ni de rouvrir une campagne dont M. d'Anethan n'a pas précisément recueilli les honneurs. Nous ne le ferons que si l'insistance du Journal de Bruxelles et la nécessité de défendre des principes supérieurs qui ne peuvent être ni amoindris, ni sacri fiés, nous obligeaient prendre ce parti. On s'occupe beaucoup, en ce moment, de l'éven tualité d'un prochain conclave. Voci ce propos des détails intéressants, relatifs aux funérailles papales, extraits d'un livre de M. Teste paru récemment sous le titre Préface au Conclave Dès que le Pape a cessé de vivre, le cardinal-camerlingue, prévenu par un maître des cérémonies, prend le costume violet en signe de deuil, et se rend, accompagné du tribunal et des clercs de la Chambre Apostolique, dans l'appartement mortuaire, où se trouvent réunis les pénitenciers de Saint- Pierre, gardant le corps du défunt, couché, le visage couvert d'un voile. Après une courte prière, le cardinal ordounc de lever le voile, et frappe trois fois sur le front du mort, avec un mar teau d'argent, en l'appelant, chaque fois, par son nom. Puis, il se retourne vers les assistants, et leur dit Papa vere mortuus est. Après avoir récité le De Profondis, il asperge dYau bénite le cadavre. Il se fait remettre par le maître de la Chambre l'Anneau du Pécheur, qui sera brisé dans la première assemblée générale des cardinaux. Un notaire de la Chambre, 'a genoux lit le procès-verbal de la constatation du décès et de la consigne de l'Anneau. Puis, le cardinal écrit, pour notifier la mort du Pontife, au sénateur de Rome, qui la fait annoncer la ville, par la grosse cloche du Capitole laquelle, sur i'ordre du cardinal-vicaire, répondent les cloches de toutes les basiliques et églises. Le cardinal-camerlingue étant sorti, les pénitenciers de Saint-Pierre, qui sont de l'ordre de Saint-François, lavent le corps avec des eaux de senteur. Aujourd'hui, c'est le chirurgien principal, l'Archiatro, qui, vingt-quatre heures après le décès, assisté de ces collè gues, du pharmacien du Palais et des aides de Chambre, fait l'ouverture du cadavre et l'embaume, après avoir retiré les entrailles, interiora prœcordia, qu'il embaume également et scelle dans une urne, que l'on transporte dans l'église des S. S. Vincenzo e Anastasio, si le pape est mort au Quirinal, et dans la basilique de Saint-Pierre, s'il est mort au Vatican. L'embaumement terminé, les pénitenciers revêtent le Pape de ses habits ordinaires soutane blanche, ceinture de soie blanche glands d'or, bas blancs, chaussures rouges, rochet, aumusse, camauro rouge, étole Les pénitenciers exposent le Pape ainsi vétu sur un lit de parade, recouvert d'un drap pourpre or, surmonté d'un baldaquin. Aux quatre angles brûlent des cierges gigantes ques. Les pénitenciers prient, les Suisses font la garde, jus qu'au moment où l'on transporte le corps dans la Chapelle Sixtine. Là, les pénitenciers le revêtent de tous les habits pontifi caux couleur rouge, comme pour les plus grandes solennités ils lui mettent les. sandales, les gants, l'anneau, le pallium, la mitre d'or. Le rouge n'a pas toujours été en usage. Les cadavres de certains pontifes ont été retrouvés vêtus de violet d'autres, tels que celui d'Adrien IV (H 59), vêtus de noir. Le Pape mort reçoit encore, tant qu'il n'est pas cloué dans sa bière, les hommages de ceux qui passent devant son cada- vre. On s'agenouille comme s'il était vivant. Mais l'âme a déjà paru devant Dieu et le compte rendre d'un Pape est plus grave que celui d'aucun de ceux dont il a été le docteur et le maître. La célébration des obsèques, appelées Novendiales, com mence le quatrième jour après la mort du Pape. Elle dure neuf jours. En voici la physionomie générale La porte majeure et le portique de Saint-Pierre sont ornés de tentures violettes fraoges| d'or, et surmontés des écus- sons du défunt. Au milieu de la chapelle du chœur, sur un catafalque, autour duquel se relèvent les Gardes-Nobles, l'épée renversée, parmi les cierges innombrables, est exposé le corps. Le premier jour des Novendiales, les cardinaux, sur l'invitation du doyen du Sacré-Collége, se rendent Saint- Pierre. Ils portent la soutane et l'aumusse violettes, sans mantelet, revêtent la cappa magna dans la sacristie, et se rendent individuellement dans la chapelle. Viennent les patriarches, les archevêques et évêques assistants au trône, les quatre prélats de flochettiles évêques non a sistanls,les prélats orientaux, les auditeurs de Rote, les avocats consisto- riaux, le maître du sacré-palais, les généraux et procureurs- généraux des ordres religieux, tous les ecclésiastiques et laïques, enfin, qui ont rang dans la Chapelle Papale. En entrant dans le chœur, tous fléchissent le genou, non- seulement devant l'autel, mais droite et gauche devant les cardinaux, parce que, quoique inconnu, le futur Pape est au milieu d'eux. Ce premier jour, la messe solennelle, Pro Papa defunc- to, est célébrée par le cardinal-doyen. Les cardinaux-prêtres, les trois derniprs jours. Les chantres de la Chapelle chantent la messe, le Dies ir et le Libéra. On fait de dispt ndieuses distributions de cire blanche au peuple. Le septième jour, après la messe, commencent les cinq absoutes pontificales. Le catafalque a disparu. Il a fait place un monument plus riche, plus noble, entouré de lumières, d'inscriptions, d'emblèmes, de peintures commémoralives des événements du règne. Aux quatre coins, sont des escabeaux pour les quatre cardinaux, qui, avec le célébrant, doivent faire les absoutes des trois derniers jours. Après que le saint-sacrifice a été offert, le célébrant et les quatre cardinaux, qui sont allés revêtir l'amiet, l'aube, l'élole, la chape noire, la mitre et les gants, descendent de l'autel, précédés de la croix et des torches, et vont se ranger auprès du monument. Le célébrant récite le Non inires, auquel le chœur répond Amen. On chante ensuite le Subvenite Sancti Dei et, pendant le dernier Kyrie, le moins ancien des quatre cardinaux bénit l'encens et entonne le Pater noster. Les membres du Sacré-Collége prennent alors, des mains de leur caudataire, une torche allumée, et la gardent pendant les cinq absoutes. Le neuvième jour, dernier des Novendiales, après la messe, un orateur, désigné par le Sacré-Collége, prononcées latin l'oraison funèbre du défunt. Le dernier Libéra étant chanté, le corps est placé dans un cercueil, où le majordome enferme trois bourses de velours rouge contenant des médailles d'or, d'argent, de bronze, l'effigie du défunt, et un parchemin où sont rappelés les événements principaux du règne. Puis on transporte le cer cueil dans l'urne de marbre, scellée au-dessus de la porte de l'escalier, qui conduit la coupole de Saint-Pierre. Pie IX y remplacera Grégoire XVI, qui y dort encore, et y sera rem placé par son successeur, pour descendre, ce jour-là, dans sa sépulture définitive. (La Gazette). Communiqué).

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2