La grève dans le Borinage.
La liberté.
Nouvelles locales.
Nouvelles diverses.
Le Roi s'est fait présenter plusieurs des artistes
dont il avait spécialement remarqué les tableaux.
A six heures Leurs Majestés sont reparties pour
Bruxelles.
Un incident regrettable s'est produit lors du pas
sage de Leurs Majestés, rue digue de Brabant. Un
artisan en état d'ivresse a crié: A bas le Roi!
Il a été immédiatement arrêté par M. le commis
saire Vyt et relâché quelques instants après, lors
qu'on se fût assuré de son identité.
Procès-verbal a été dressé sa charge.
Quand un gouvernement clérical, sortant de son
indolence naturelle, procède une réforme, on
peut s'attendre une réforme contre-sens.
Il en a été ainsi pour la réforme, opérée par M.
Wasseige en 1871du tarif des voyageurs.
Le prix des parcours longues distances été
augmenté de façon ce que les chemins de fer rap
portassent davantage au trésor public.
Du moins, tels étaient le but et l'espérance de M.
Wasseige et de ses amis,
Ils n'avaient pas réfléchie que l'augmentation du
tarif devait avoir pour résultat de réduire le nom
bre des voyageurs et d'attiédir la clientèledespetites
bourses, et cela au grand détriment et du com
merce en général et du trésor public en particulier,
C'est ce qui est arrivé.
Les recettes des chemins de fer de l'Etat décrois
sent vue d'oeil.
Ainsi le tableau que le Moniteur vient de publier
accuse, pour le mois de juin, une diminution de
plus de 279 mille fr., comparativement au produit
du mois correspondant de l'année précédente, et
quant aux premiers mois de cette année, comparés
ceux de 1876, ils marquent un déficit de un
million cent et trois mille francs.
Ainsi le fameux tarif, non-seulement gène, entra
ve ou supprime une quantité de relations d'affaires,
de famille ou d'agrément, mais encore constitue
l'Etat en perte.
Il serait difficile, on l'avouera, d'accumuler plus
de fautes et plus de maladresses.
Nous lisons ce qui suit dane la correspon
dance parisienne du Courrier de Bruxelles
Vous n'aurez peut-être pas remarqué que le
décret de convocations des électeurs paru au Jour
nal officiel est daté, non de Versailles ou de l'Ely
sée, mais du château de Laforêt. Je n'ai pas vu
qu'aucun journal publicain y ail fait attention jus
qu'ici. Ce n'est qu'un petit détail, mais il n'est pas
sans signification. Le maréchal entre résolument
dans la voie du gouvernement personnelNi M.
Thiers avant lui ni le maréchal lui-même avant le
16 Mai ne se serait permis de dater un décret,
surtout de cette importance, d'une simple résidence
privée. C'était la manière de Louis XIV et de
Napoléon. A leur exemple, le maréchal a fait acte
d'autorité souveraine. Espérons qu'il persistera
dans la tradition royale jusqu'au bout et qu'il saura
même répéter au besoin le mot du grand roi:
L'Etat, c'est moi.
Et voilà le régime que la presse cléricale
recommande l'admiration des Belges. On
n'avait pas encore poussé le cynisme àce point-
Nous apprenons que le travail a repris la fosse
ÏAvaleresse de Belle-el-Bonne Flénu qui avait
chômé jeudi. Quelques houilleurs sont aussi
descendus aux puits des Produits.
On nous écrit de Wasmes, le 25 septembre
On lit dans la Revue politique et littéraire-.
M. Sully-Prudhomme vient de publier sur les
funérailles de M. Thiers des vers simples, émus
dans un passage de son élégie il a très heureuse
ment et très spirituellement changé la définition de
la Liberté, telle que l'avait donné Aug. Barbier
dans la Curée, en conservant le rhythme, l'asso
nance et quelques-uns des traits mêmes de l'im
mortelle effigie coulée dans la lave de 1830.
Voici ces beaux vers, qui corrigent, sans les
faire oublier ni mésestimer, les vers d'Augusl Bar
bier
Décès.
(Echo.)
89i' i i
Les grévistes ne sont pas retournés au travail or,
comme la reprise a lieu ordinairement le mardi, on
peut considérer cette semaine comme perdu.
A part cet inconvénient, les ouvriers sont calmes
il serait heureux qu'ils parvinssent comprendre que
le moment n'est pas encore venu d'améliorer leur sort
et que ce qu'il y a de mieux faire pour eux, c'est de
patienter et de reprendre la besogne ils éviteraient
ainsi de prolonger la crise industrielle en empêchant
la fâcheuse concurrence des Sociétés charbonnières
étrangères.
La grève touche sa fin on peut espérer que dans
deux ou trois jours les charbonnages auront repris
toute leur activité le travail a déjà recommencé au
grand complet dans plusieurs établissements. Toutefois
la force armée reste encore dans le Borinage et la gen
darmerie continue opérer quelques arrestations,
pour faits antérieurs. L'attitude des grévistes, même
sur les points où elle était le plus menaçante, est deve
nue tout fait calme. Que les retardataires suivent
l'exemple de leurs camarades et reprennent bien vite
le travail quelque bas que soit leur salaire, ne vaut-il
pas mieux gagner peu que de gagner pas du tout
Car notre liberté n'est pas une ivrognesse
Qu'on ramasse au bord du chemin
Une femme qu'un cri de mort met en liesse,
Qui mêle de sang son carmin
C'est un auguste mère aux prodigues maraelbs,
A la voix calme, aux purs appas,
Qui, levant peur drapeau l'azur de ses prunelles,
Conquiert le monde pas'a pas;
Enseigne lire au peuple affranchi des mêlées
Où l'ont entraîné les tambours;
Prend en horreur la poudre, en haine des volées
Des cloches et des canons sourds;
Qui ne prend ses amours qu'en la plus juste race,
Et n'accorde son large flanc
Qu'aux hommes francs comme elle, elqui veut qu'on l'embrasse
Avec des bras purgés de sang!
H. ARTHUR DEHEM, de celte ville, ancien élève du Collège
Communal, vient de subir avec succès, l'examen de passage
de la première la seconde année d'études, l'école du Génie
Civil de Gand, section des ingénieurs. Il a obtenu 753 points
sur 1000.
État-Civil d'Ypbes, du 21 au 28 Septembre 1877.
NAISSANCES: Sexe masculin,.?; id. féminin, 3. Total 8.
Dtly, Justin, 68 ans, sans profession, veuf de Isabelle Le-
jeune, rue au Bucrre. Vandenbroucke, Euphrasie, 42 ans,
sans profession, célibataire, rue de Menin. Mispelaere,
Augustin 68 ans, boutiquier, époux de Natalie Desodt, rue
de l'Etoile.
Enfants au dessous de 7 ans
Sexe masculin, 1 Sexe Féminin, 1. Total 2.
Mardi, un horrible événement est venu jeter le deuil et la
consternation dans la ville de Tarbes.
Vers une heure de l'après-midi, un incendie, qui selon
toutes les vraisemblances couvait déjà depuis quelque temps,
se déclarait l'extrémité de la rue Saint-Louis, dans la suc
cursale du couvent du St-Nom de Jésus.
Aux premiers appels du tocsin, les pompiers de la ville et
les troupes de la garnison sont accourus sur le lieu du sinis
tre. Déjà la toiture et les greniers du couvent étaient la proie
des flammes.
Cependant, les religieuses avaient eu tout le temps d'évacuer
les bâtiments atteints par l'incendie, les élèves du couvent
étaient en vacances il semblait donc qu'on ne dût avoir
aucun accident déplorer. Une fatalité terrible a voulu qu'il
en fût autrement.
Pendant que la toiture flambait, et malgré les avertissements
réitérés qui leur venaient du dehors, quelques personnes,
n'écoutant que leur courage, essayaient de sauver les objets
précieux qui se trouvaient dans la chapelle du couvent située
au premier étage.
Trois d'entre elles sont mortes victimes de leur dévoue
ment M. le capitaine Théron, attaché la commission d'ex
périences de Tarbes, M. l'abbé Laffront, aumônier de l'hos
pice, et un canonnier du 24° d'artillerie, ordonnance de M.
le lieutenant-colonel Cary.
Une quatrième personne, M. Anaclet Coumétou, n'a échappé
la mort que par miracle.
Voici comment s'est produite cette épouvantable ca
tastrophe.
M. le capitaine Théron, M. Coumétou et le cononnier,
après avoir plusieurs fois parcouru les appartements du pre
mier étage pour sauver soit les personnes qui pouvaient s'y
trouver, soit les objets qu'ils pourraient soustraire aux
flammes, s'apprêtaient descendre au rez-de-chaussée, qui
n'était pas encore atteint par l'incendie, quand ils rencontrè
rent sur l'escalier M. l'abbé Laffront, aumônier de l'hospice.
Et les vases sacrés dit M. Laffront. M. Coumétou le
rassure en lui affirmant qu'ils ont été remis une des Sœurs
du couvent. Et le tabernacle s'écrie alors i'aumônier.
Aucune des personnes présentes ne sachant que le tabernacle
avait déjà été transporté la cathédrale ils rentrent tous
quatre dans la chapelle, où se trouve en même temps qu'eux
un ouvrier qui s'appelle, croyons-nous, M. Gelin.
Ils n'y étaient pas plutôt que la charpente enflammée
s'écroule sur le plafond de la chapelle le plafond s'effondre,
entraîne dans sa chute le plancher lui-même, et celte trombe
enflammée descend jusqu'au rez-de-chaussée, emportant avec
elle trois victimes, M. Théron, M. l'abbé Laffront <t le canon
nier qui les avait suivis.
Par bonheur, M. Coumétou, qui se trouvait, au moment de
l'effondrement, tout près d'une fenêtre, put sauter sur la
galerie du premier étage, et de la galerie descendre dans la
cour.
Aussitôt après l'effondrement, on voit s'élancer, des tour
billons de fumée qu'il soulève, le malheureux.canonnier déjà
défiguré par les flammes. En même temps, on entend sortir du
brasier des cris déchirants A moi au secours C'est la voix
du capitaine Théron. M. Coumétou et lecanonnier déjà
échappés aux flammes s'y précipitent de nouveau pour essayer
de le sauver.
Après une tentative héroïque, mais infructueuse, le canon
nier est retiré des flammes, horriblement mutilé. On l'em
porte, et il crie jusqu'à l'hospice Le capitaine Sauvez le
capitaine
Il est mort mercredi, après d'atroces souffrances.
En même temps que cet obscur martyr, M. Coumétou
pénétrait dans le foyer de l'incendie par la porte qui donne
sur la rue Saint-Louis. Arrêté par l'amas des décombres,
entendant les cris du capitaine, il sort de la pièce, y entre
par la porte de la cour et jette un suprême appel Capi
taine, où êtes-vous A moi, Coumétou, au secours
A travers les nuages de fumée, M. Coumétou aperçoit le
capitaine, dont le torse et les bras levés se dégageaient des
chevirons entassés sur son corps. Jl. Coumétou lui prend la
main droite, dont la peau détail horrible reste entre
ses doigts. Il lui saisit alors le bras gauche, et, au moment où
il l'attirail lui, une nouvelle poutre se détache, tombe sur le
bras du capitaine et 1e brise. Aveuglé par la fumée. M. Cou
métou ne doit son salut qu'à une perche qui lui est tendue
par M. Coffin, vétérinaire.
Après ces efforts désespérés, c'en était fait de M. le capi
taine Théron.
Quant M. Laffont, il n'avait pas poussé un cri, et l'on
s'est demandé pendant près de deux heures s'il était réelle
ment ensevéli sous les décombres. Ce n'est qu'après les plus
minutieuses recherches qu'on en a acquis la douloureuse
conviction. Son cadavre n'a été retiré que le lendemain, du
monceau de plâtras et de poutres calcinées sous lequel il
était enfouï. Le corps de M. le capitaine Théron a été relevé
mardi vers 4 heures, avant même que l'on se fût rendu com
plètement maître des flammes.
C'est donc trois victimes que nous avons déplorer, et
cette triple mort, survenue dans des conditions aussi lamen
tables, est un deuil public pour notre ville.
Une conspiration contre la vie du Czar. On
a parlé d'une conspiration qui aurait été ourdie contre la vie