IV» 291. Dimanche.
37e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
Nouveau Manifeste du Maréchal.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIRANCHE*
BULLETIN POLITIQUE.
LE PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT MJSDO
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-()0
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'edileur, rue de Dixmude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
CBEMIN DE FER.
HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50.
Poperinghe. 7-30. 9-07. 12-07. 3-57. 6-50.
8-45. 9-50.
Courtrai. 5-54. - 9-46. - H-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-45.
Eangberaaick-Ostende. 7-18. 12-06. 6-20.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
Le maréchal de Mac-Mahon vient d'adresser un nou
veau manifeste aux électeurs. En voici le texte
Français,
Vous aller voter.
Les violences de l'opposition ont dissipé toutes les
illusions. Aucune calomnie ne peut altérer la vérité.
Non, la Constitution républicaine n'est pas en
danger.
Non, le gouvernement, si respecteux qu'il soit
envers la religion, n'obéit pas de prétendus influen
ces cléricales, et rien ne saurait l'entraîner une poli
tique compromettante pour la paix.
Non, vous n'êtes menacés d'aucun retour vers les
abus du passé,
La lutte est entre l'ordre et le désordre.
Vous avez déjà prononcé.
Vous ne voulez pas, par des élections hostiles,
jeter le pays dans un avenir inconnu de crises et de
conflits.
Vous voulez la tranquillité, assurée au dedans
comme au dehors, l'accord des pouvoirs publics, la
sécurité du travail des ces affaires.
Vous voterez pour les candidats que je recom
mande vos libres suffrages.
Français.
L'heure est venue.
Allez sans crainte au scrutin. Rendez-vous mon
appel, et moi, placé par la Constitution un poste que
le devoir m'interdit d'abandonner, je réponds de l'ordre
et de la paix.
Au moment où était publiée cette proclamation, les
bureaux de la gauche du Sénat adressaient, de leur
côté, un nouveau manifeste aux électeurs. Ils engagent
ceux-ci ne pas croire les hommes qui disent que les
institutions républicaines ne sont pas en péril et que le
ministère n'obéit pas des influences cléricales. Ils en
voient la preuve dans ce fait que les candidats officiels
sont des ennemis de la République et invitent les élec
teurs protester contre la politique du gouvernement
en réélisant les 363.
Personne du reste ne se fait illusion sur les affirma
tions du maréchal, et quand le président de la Républi
que parle des violences de l'opposition qui auraient
dissipé toutes les illusions un journal de Paris lui ré
pond avec raison Certes des violences ont été com
mises en France depuis l'ouverture de la crise, mais
le pays qui sait que 54 préfets ont été chassés de
l'administration et 18 déplacés; que 128 sous-préfets
ont quitté l'administration, et que 97 ont dû changer de
résidence que 61 secretaires-généraux ont été révo
qués, changés ou forcés de donner leur démission le
pays que sait que le gouvernement est allé chercher
ses candidats dans tous les partis hostiles la Consti
tution, combattant systématiquement tous ses amis,
prononcera de quel côté ont été les violences. Que disje
prononcera il a déjà prononcé Et avec plus d'auto
rité que le maréchal lui-même, il peut dire, lui L'or
dre et la paix, j'en réponds.
A mesure que les élections approchent, les audaces
du ministère augmentent. Il sent qu'il n'y a pas de
milieu il faut frapper un grand coup, pour qu'il y ait
un vainqueur et un vaincu. Aussi le parti gouverne
mental, imitant en cela M. de Fourtou, le chef réel de
cette campagne honteuse, ne recule-t-il devant aucune
fraude, ni aucun scandale. Il a été affichée sur les murs
de Paris une proclamation émanée d'un comité soi-
disant indépendant pour protester contre la candida
ture de M. Grévy.
La fausseté de la pièce a été démontrée sans retard,
car plusieurs citoyens, dont le nom avait été apposé
au bas de ce document, ont protesté avec indignation
dans les journaux de Paris.
Personne ne peut donc se tromper sur la valeur de
cette proclamation. Cependant on annonce aujourd'hui
que l'imprimeur du comité soi-disant indépendant tient
en réserve 8,000 affiches, qui doivent être collées la
dernière heure sur les affiches placardées par les soins
du comité de M. Jules Grévy. On ajoute qu'il doit en
être fait autant pour les affiches de M. Anatole de la
Forge, le candidat républicain du 8e arrondissement de
Paris.
Malgré toutes ces manœuvres, malgré la pression
violente qui est exercée tant dans les villes que dans
les campagnes, et dont notre correspondant de Paris
cite quelques exemples dans sa lettre, le parti républi
cain montre une assez grande confiance dans le résultat
des élections.
Il affirme franchement ce qu'il veut et. entre la sin
cérité de ses affirmations et la duplicité des allégations
du maréchal, il n'y a pas grande place l'hésitation.
Hier encore Journal des Débatsl'organe par excel
lence de ces républicains de raison auxquels M. Gam
betta a donné de justes éloges, disait Et nous aussi
nous sommes des conservateurs mais nous disons
franchement ce que nous voulons conserver ce n'est
ni plus ni moins que tout ce que la Révolution fran
çaise a conquis sur l'ancien régime, tout ce qu'elle a
créé pour le remplacer, tout ce qu'elle a fondé pour
l'empêcher de revenir. Nous voulons conserver le
principe de la souveraineté du peuple, avec le suffrage
de tous pour arme de combat loyal contre les passions
réactionnaires et comme garantie de la paix civile.
Nous voulons conserver la liberté de la presse, si in
commode aux aristocraties égoïstes et opiniâtres l'éga
lité des hommes devant Dieu, et des citoyens devant la
loi la liberté des personnes et celle de l'esprit humain
aussi loin qu'elle peut s'étendre sous un frein légal.
Nous voulons, tout comme les conservateurs pa
tentés du moment, conserver la religion, la famille et
la propriété pour lesquelles ils se montrent si gratui
tement alarmés nous voulons les conserver, nous,
avec les gens sensés du inonde entier, comme les trois
assises fondamentales de toute société régulière
mais il ne nous plairait pas que la religion fût pour le
prêtre un moyen de s'introduire en despote dans les
familles, en délégué du Vatican dans les affaires poli
tiques du pays, en agent de secrète influence ou en
dominateur impérieux dans l'Etat. Il ne nous plairait
pas davantage de retourner au régime des substitutions
du droit d'aînesse et des majorais car, dans l'entraî
nement vers le passé, dans l'affolqpaent du péril
social, tout se tient, et on ne passe pas sa vie détes
ter la révolution française pour ne pas regretter ce
qu'elle a détruit.
Nous avons peu de nouvelles du théâtre de la guerre.
En Asie, Mouiçhtar pacha opère une grande concentra
tion de troupes pçès d'Aladjadagh. Les Russes ont
voulu, avec des forces considérables, entraver cette
opération mais des renforts ont été apportés Moukh-
tar pacha, qui a soutpnu une lutte de cinq heures. Le
général ottoman annonce même que les troupes mos
covites n'ont pu se retirer en ordre qu'à la faveur de la
nuit. C'est ce combat que fait allusion la dépêche
d'Erzeroum.
En Europe, les Turcs ont détruit, dit un télégramme
de source russe, le pont qu'ils avaient construit près
de Silistrie. Devant Plevna les Roumains achèvent la
construction des tranchées; ils ont repoussé avec
succès une attaque des troupes ottomanes contre leurs
positions.
Le Journal des Débats a reçu de son correspondant
de Vienne une dépêche annonçant que la Porte a décidé
d'adresser la Serbie une sommation, et, dans le cas
d'uneréponsenonsatisfaisante, d'envoyerses passeports
M. Cristich, agent serbe Constantinople.
Une dépêche de Vienne, adressée la Correspondance
politique, dit qu'une convention a été enfin conclue
entre la Russie et la Serbie, par laquelle le gouverne
ment du Czar s'engage donner un million de roubles
par mois la principauté, depuis l'entrée des troupes
serbes sur le territoire ottoman jusqu'à la conclusion de
la paix.
Dans un discours qu'il a prononcé Bradford, lord
Salisbury, parlant de la Grise d'Orient, a dit: La
guerre a dissipé toutes les craintes sur la puissance
aggressive de la Russie. Comme on ne connaît pas le
degré d'épuisement des belligérants, il est impossible
de prédire si la guerre se prolongera ou si la paix est
prochaine. La guerre se fait entre monarques. Il faut
donc qu'avant qu'elle se termine, les passions, les pas
sions soulevées soient apaisées. L'Angleterre fera tout
ce qui est en son pouvoir pour amener la paix.
Dans un aqtre discours, dit l'Agence Havas, le même
lord a dit que l'Angleterre ne peut offrir que des con
seils pacifiques mais que pour faire la paix, il faudra
probablement une victoire décisive.
Nous attendrons le texte complet de ces discours pour
en parler plus longuement.