0 FRANCS PAR AN. Les heureux du monde. N° 302. Jeudi, 37e ANNÉE. 22 Novembre 1877. JOURNAL I) 'V PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DM ANCHE. BULLETIN POLITIQUE. Théâtre de la Guerre. LE PROGRÈS VIRES AC6UIRIT EUNDO. ABONNEMENT PAIt AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00 Idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25. CHEMIN DE FER. HEURES DE DEPART D'YPRES A Poperinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50. Poperinghe. 7-30. 9-07. 12-07. 5-57. 6-50. 8-45. 9-50. Courlrai. 5-34. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25. Roulers. 7-50. 12-25. 6-45. Eanghemarck-Ostrnde. 7-18. 12-06. 6-20. Langhrmarck, le samedi, 5-50. Le Sénal français a adoplé hier par 142 voix contre 138 l'ordre du jour présenté par Mde Kerdrel, au nom des droites. L'ordre du jour pur et simple, proposé par M. Dufaure, a été rejeté par 153 voix contre 136. Il est curieux de constater que l'ordre du jour proposé par les droites n'a été adoptés qu'à une voix de majorité. Il y avait en effet 280 votants la ma jorité absolue était donc de 141, et l'on a trouvé 142 bulletins blancs et 138 bulletins bleus. La plupart des membres constitutionnels du cen tre droit ont donc repoussé l'ordre du jour présenté par M. de Kerdrel. Au début de la séance, M. Arago a demandé au Sénal de voter la question préalable sur l'interpel lation de !V1. de Kerdrel, qu'il qualifie d'inconstitu tionnelle et qu'il considère comme un empiétement sur les droits de la Chambre des députés. Le Sénat a rejeté celte proposition par 155 voix contre 130. M. de Kerdrel a justifié ensuite la demande qu'il adressait au gouvernement. Il proteste de son respect pour le principe de la séparation des pouvoirs et reconnaît la Chambre le droit d'ordonner des enquêtes, mais il désire sa voir quelles mesures compte prendre le gouverne ment pour éviter que l'enquête ne menace les pré rogatives des pouvoirs exécutif et judiciaire. M. de Broglie a exposé ensuite les dangers qu'il y a ne pas fixer le caractère de l'enquête ordonnée par la Chambre. Elle est, dit-il, parlementaire et non judiciaire, et dans ces conditions, les fonction naires restent soumis leurs supérieurs hiérarchi ques. Ils doivent prendre leurs ordres et leurs inslruclions. Telles sont dit-il, les inslruclions que nous avons données la veille de quitter le pouvoir. Ces instructions laissentinlacts tous les principes sociaux que nous voulons laisser tels nos successeurs. M. Laboulaye a soutenu ensuite que la Chambre a le droit d'ordonner une enquête non-seulement parlementaire, mais judiciaire. Celle-ci, dit-il, découle nécessairement du droit de mise en accu sation du ministère. Le cabinet, poursuit M. Laboulaye, doit inviter conséquemment les fonctionnaires comparaître devant les commissaires. En terminant, l'orateur a fait appel la conciliation et a dit que la responsa bilité du Sénat était immense. Le président donne lecture de l'ordre du jour dé posé Le Sénat, prenant acte des déclarations du gouvernement et résolu, conformément aux princi pes conservateurs qu'il a toujours soutenus, ne laisser porter aucune atteinte aux prérogatives de chacun des pouvoirs publics, passe l'ordre du jour. C'est alors que M. Dufaure est montéàla tribune pour demander au Sénat qu'il volât l'ordre du jour pur et simple. L'éminent homme d'Etat a défendu avec une grande autorilé les vrais principes consti tutionnels; mais rien n'a pu modifier l'opinion des droites qui avaient pris des engagements d'avance. Deux faits ressortent de la discussion qui a eu lieu au Sénat: le premier, c'est que M. de Broglie a déclaré que le ministère s'en allait; le second, c'est que M. Dufaure lui-même a combattu l'opinion soutenue par les membres du centre droit, qui lui ont si souvent prêté leur appui pour la défense de sa politique. Quant une nouvelle demande de dissolution, il n'en serait plus question. Espérons que la question ne sera pas plus agitée dans la suite, et que le maréchal comprendra qu'il n'y a enfin qu'un ministère possible pour rendre la France le repos dont elle a besoin c'est un mi nistère pris dans la majorité de la Chambre. La chute de Kars, qui met définitivement fin la campagne en Asie-Mineure, est pour la Turquie l'échec le plus grave qu'elle pût subir. Les Russes se trouvent en fait maîtres de toute l'Arménie tur que, et il est prévoir qu'ils se prévaudront de leurs succès pour réclamer tout le moins la cession du port de Batoum, et probablement tout le terri toire compris entre leurs frontières actuelles et la ligne, Batoum, Ardahan, Bayazid, c'est-à-dire le triangle compris entre l'extrême frontière arménien ne au nord-est et la frontière de la Perse. Ils auraient ainsi tout le haut plateau de l'Arménie avec les défilés du Soghouly-Dagh et la forteresse de Kars, objet de leurs convoitises depuis un siècle. Reste savoir seulement ce qu'en pensera l'An gleterre dont les intérêts aux Indes sont en jeu dans celle question. La nouvelle de la prise de Kars a produit Londres une impression peut-être tout aussi pro fonde qu'à Constantinople même. Le Daily Neics reçoit de Berlin une dépêche d'après laquelle on viendraient de découvrir un complot contre la vie de l'empereur Guillaume et contre celle du prince de Bismark. Plusieurs per sonnes ont été arrêtées. Le Concile Vatican a décidé qu'aucune puissance ne pourra exercer son veto sur le prochain conclave. Celte nouvelle est annoncée au Times par une dépêche de Rome. Une dépêche envoyée de Veran-Kalé au Daily News, en date du 18, confirme la prise de Kars. L'assaut a été livré par trois colonnes. Le général comte Grabbeaété tué. Toute la forteresse et la ville avec les munitions, les approvisionnements, l'argent, etc., sont tombés dans les mains des Russes. Le général Melikoffest entré Kars dimanche matin. Les pertes des Turcs s'élèvent 5,000 tués et blessés et 10,000 prisonniers, Les pertes des Russes s'élèvent environ 2,700 hommes. Les Turcs se sont défendus avec désespoir. Une partie de la garnison a cherché s'échapper dans la direction d'Olti, mais elle a été coupée parla cavalerie moscovite. 7,000 prisonniers ont été capturés parmi lesquels deux pachas et le chef de l'état major. Les Russes ont encore pris des drapeaux, 300 canons, des fusils, des munitions. Les Russes ont attaqué Chakin pacha Orkhanie. Ils ont été repoussés avec de grandes pertes. Suleyman pacha est sur le point de reprendre l'offen sive sur le Lom, par suite, de la diminution des forces russes de ce côté. La catégorie de citoyens, qui remplit le monde de ses plaintes et de ses jérémiades, est justement celle qui a le moins sujet d'en faire, et qui la société prodigue toutes ses faveurs. Nous voulons parler de la caste des prêtres. Dès son adolescence, celui qui se destine la prêtrise, est l'objet d'une protection qui ne le quitte pas des bourses profusion l'aident faire ses études humanitaires et théologiques.La loi militaire qui frappe tous les jeunes gens de son âge, l'épargne; il échappe également aux corvées de la garde ci vique et du jury, enfin toutes les charges du citoyen et du père de famille. Si la loi se souvient de lui, c'est pour le proté ger, et déclarer qu'il lui sera payé telle somme sur le trésor public, pour dire la messe, prêcher, con fesser, baptiser, marier et enterrer. Bien plus, il ne dira pas la messe, il ne prêche rait pas, il ne confesserait pas, il ne baptiserait pas, il ne marierait pas, il n'enterrerait pas, enfin il ne remplirait aucun des offices sacerdotaux, pourvu que l'évêque fût content de lui, il aurait encore droit, ce qu'on assure, au paiement régulier de son traitement et la gratuité du logement. Indépendamment de ce paiement et du logement, il se fait payer une seconde fois par le public; et comme l'observe un de nos confrères, de tous les salariés de l'Etat, il est le seul qui exige une rémunération spéciale, en dehors de ce qui lui est alloué par le budget. Il fait payer, par les particuliers, les messes, les baptêmes, les mariages et les enterrements. Est-ce tout au moins? Pas encore.

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 1