Le cléricalisme s'acharnant sur M. Piercot. Le prêtre dans la politique. La fille du cardinal Antonelli. Mais des incidents personnels ont eu raison de la résistance de la majorité. M. VVoesle ayant reproché M. Frèrc-Orban ses attaques contre les députa- lions permanentes cléricales dont la partialité fait scandale et a motivé l'intervention législative, M. Bara a rappelé comment le parti clérical pratiquait le respect des pouvoirs publics en lisant quelques lignes d'un article de la Revue générale dans lequel M. le bourgmestre Anspach était l'objet des plus grossières injures. La réponse de M. Woesle, l'auteur de l'article, a été digne du parti clérical le particulier a le droit d'apprécier les actes du fonctionnaire public, le représentant doit s'abstenir M. Woeste laissait entendre par là qu'il maintenait, comme particulier les injures qu'il avait publiées l'adresse de M. Anspach. Des explications s'en sont suivies, et elles ont tourné la confusion de M. Woeste. Comme si ce n'était pas assez de cet incident, M. Wasseige, qui se trouve toujours au premier rang dès qu'il s'agit de jeter de l'huile sur le feu, en a suscité un autre en faisant une allusion des plus directes l'attitude prise dans le débat par M. Frère-Orban. Sommé de s'expliquer et de se rétracter, MWas seige a répondu qu'il avait exposé une théorie sans faire de question personnelle, puis il a retiré tout ce qu'il pouvait y avoir d'offeusant dans les allu sions qu'il s'était permises. Les débats et les incidents qui l'ont marqué ont amené un grand nombre d'orateurs prendre la parole et ont prolongé la séance au delà de l'heure accoutumée, et c'est ainsi que M. le ministre des finances auquel ses amis de la droite ne voulaient accorder ni heure ni quart d'heure a, sans vote et sans nouvelles sollicitations, obtenu les vingt-quatre heures de réflexion qu'il réclamait pour examiner les amendements de M. Frère-Orban. On nous télégraphie de Madrid que les négocia tions entre l'Espagne et la Belgique au sujet du traité de commerce aboutiront prochainement un résultat satisfaisant. Echo du Parlement Le traité de commerce et de navigation entre la Belgique et l'Italie du 9 avril 1863 devant cesser d'être en vigueur le 31 du mois courant et les deux gouvernements ayant reconnu l'utilité d'en proroger l'échéance, il a été convenu que ce traité conti nuera rester en vigueur jusqu'à:; 1er avril 1878. Les cléricaux ne repeclent rien, ni aucun senti ment, ni aucune convenance leurs haines poursui vent les morts qui ont peine fermé les yeux ils racontent la confession des agonisants, la travestis sent et la livrent la publicité pour flatter l'orgueil d'un évêque ils piétinent lecadavred'unadversaire politique dans l'fspoir de déshonorer sa mémoire et de venger l'arrogance sacerdotale. Voici l'article scandaleux que l'évêché faisait publier lundi dansla Gazette de Liège et qui excite une véritable indignation M. Piercot meurt âgé déplus de 80 ans, et cet âge atténuera pour lui la gravité des derniers actes fâcheux que lui a fait accomplir une vanité tout la fois surex citée et conduite par des gens enfiévrés, ceux là, de la haine de l'Eglise. m Cet âge explique aussi le caractère et l'existence politique si ondoyante et diverse de M. Piercot. Son caractère, par malheur, n'avait pu recevoir de la trempe d'une éducation toute chrétienne cette fermeté qui ne sacrifie jamais rien des convictions sacrées aux calculsde l'ambition, aux froissements de l'amourpropre, la pression desamis etde là l'illogisme de sa conduite, de là cette contradiction trop fréquente entre ses actes de magistrat et les principes de foi endormis dans son cœur sous la cendre du libéralisme... Il était deux heures et demie du matin M. le doyen se rendit l'évêché pour solliter les pouvoirs reli gieux dont il allait avoir faire usage et, les ayant reçus revint près du malade. M. Piercot sf. parlait pli s, mais paraissait se rendre un compte assez net en core de ce qui se passait autour de lui il répondit par sicses aux questions du prêtre, et sur ces réponses le dernier sacrement lui fut administré quand on lui demanda les mains, lui-même les tendit l'onction sacrée. «i Peu après, ii. parut qu'il avait recouvré une percep tion plus libre et complètement nette de la situation il répondait par oui et par non aux questions qui lui étaient adressées, et puisqu'en face même de son agouie on a contesté qu'il eûtagi dans la plénitude de sa con naissance, il nous sera permis d'ajouter ici quelques détails publics, d'ailleurs, et dont les témoins ne nous contrediront pas. Croyez-vous, dit au bourgmestre M. le doyen de St-Jacques croyez vous tout ce que croit et enseigne l'Eglise catholique tout ce que lui a révélé Notre Seigneur Jesus-Christ M. Piercot répondit par un oui nettement articulé. Vous repentez vous, reprit M. Schoolmeesters, des fautes que vous avez commises contre les com mandements de Dieu et de l'Eglise Le même oui se fit entendre, parti des lèvres et du cœur et une nouvelle absolution fut donnée au mourant. A quatre heures du matin, l'agonie commença Mgr l'évèque, qui vint rendre visite au moribond, n'eut pas la consolation de s'en faire reconnaître, et ne put que lui donner une bénédiction dernière. Nous n'insistons pas sur les outrages indécents que la Gazette adresse M. Piercot, mais que pen ser de la ténébreuse intrigue que la Gazette de Liège nous révèle? Sous des formes jésuitiques, elle veut persuader aux dévots que M. Piercot a, en réalité, demandé pardon Dieu des actes qu'il a posés, notamment en interdisant les processions, en arrêtant l'évèque au seuil de sa cathédrale, en répudiant les principes du Syllabus. Voilà évidemment l'intention et la portée de la publication faite par l'évêché. Eh bien vouloir ainsi déshonorer un vénérable vieillard, un magistrat éminent, un homme politi que qui a fixé les regards du pays, parce que sépa rant la religion de la politique, il a accueilli un prêtre, et qu'il a répondu par des signes des ques tions captieuses, dans une situation tellementgrave qu'il avait perdu la parole, que chez lui l'intelli gence et la volonté étaient paralysées, et tel point qu'on n'a pu même lui donner le viatique; vouloir persuader qu'il a répudié, comme un malfaiteur repentant de ses crimes, les actes de sa vie dont il est le plus fier et lorsque la veille encore, dans ses conversations l'Hôtel de Ville il s'exprimait là dessus de la manière la plus énergique, il y a là un tel outrage tous les sentiments honnêtes. tous les sentiments religieux, aux plus vulgaires conve nances, que nous reculons devant le mol qui est sous notre plume pour le caractériser. Que penser aussi d'un confesseur qui permet qu'on publie dans les journaux les questions qu'il a posées un pénitent et qui va près d'un mourant pour le livrer en pâtnreàses détracteurs politiques? Que penser d'un évêque qui éprouve le besoin de poursuivre ainsi jusque dans la tombe l'homme qui a réfréné ses outrecuidantes prétentions? Notre population, émue et indignée, ne sera pas un instant dupe des sinistres intrigues qui se sont ourdies autour du lit d'un illustre moribond; elle connaît les hommes noirs et sait de quels actes certains d'entre eux sont capables; elle repoussera les odieuses calomnies dont le cléricalisme veut ternir la mémoire de M. Piercot. (Journal de Liège.) :>o<3ggsimj - Quand le prêtre se transforme en homme de parti, quand il se fait le représentant d'une faction politique quelconque, il devient d'autant plus odieux qu'on avait de sa mission une idpe plus haute et cela n'est que juste au fond car quel crime égal celui d'identifier les choses de la terre aux choses du ciel, les illusions du temps aux réalités impérissables que de mettre une opinion, une passion, un intérêt, sur l'autel côté du Christ et quelquefois la place du Christ? Le prêtre a deux devoirs tout-puissant, s'il les remplit rien, s'il les viole, et moins que rien, car la haine pu blic, et quelque chose de pire que la haine, le mépris le suit comme son ombre il doit d'abord être l'homme de Dieu et ensuite l'homme du peu ple l'homme de Dieu, élevé au-dessus de tout ce qui se passe, et regardant ces vaines ombres passer, comme le voyageur, du haut de la montagne, voit les nuages légers que le vent chasse sur ses flancs l'homme du peuple, envoyé pour lui montrer la voie du salut, adoucir ses misères, enchanter ses douleurs en lui racontant les joies futures et les merveilles de la patrie l'homme de Dieu, prêt sans cesse se sacrifier tous, et les embrassant tous dans son amour immense l'homme du peu ple, associé son sort quel qu'il soit, ses craintes, ses espérances, ses vœux, ses succès, ses revers, s'unissant sa vie par tous les points pour le pénétrer de la vie divine. DE LAMENNAIS. (Des maux de (Eglise). AFFAIRE LAMBERTINI ANTONELLI. Voici d'après Y Italie quelques passages des documents relatifs l'affaire Lambertini-Antonelli et quelques extraits relatifs la déposition des témoins "Un monsieur Pio Paterni raconte la vie de la Mar coni, et dit En la voyant comme je la vis plusieurs fois en déshabillé (sic), je ne pouvais me persuader que, par elle-même, elle pût avoir tant d'influence sur sur le cardinal Antonelli... Là où commence le vrai massacre de l'argent, ce fut lorsque la Marconi s'éta blit dans le palais Alessandri. La Loretina commençait alors être quelque chose de plus qu'une enfant. Cha que fois que la Marconi la conduisit chez le cardinal, celui-ci lui remettait une somme d'argent qui elle seule aurait suffi donner l'aisance une famille. En 1870 (c'est ici que cela devient amusant), je me rap pelle avoir vu chez la Marconi une vraie forêt de dra peaux tricolores surpris de cet arsenal improvisé, je m'informai près de Marconi, lui demandant ce que dirait le cardinal s'il apprenait cela. Elle me répondit par un éclat de rire en disant que le cardinal le savait et que cela lui faisait plaisir, parce que de cette façon on ne les tracasserait pas. On voit que le cardinal était plus tolérant que les petits curés de Rome, qui ne veulent pas de drapeaux aux enterrements. Le même témoin ajoute que quand le cardinal papa refusait d'élargir les cordons de sa bourse, la Marconi faisait écrire par la petite Loretina et qu'alors l'argent pleuvait dans la maison, où l'on ne dépensait pas moins de 8,000 fr. par mois. Il faut aussi entendre la déposition des nourrices de la petite Loreta, que le cardinal venait voir travesti. En s'en allant, il avait soin de faire les plus chaudes recommandations aux braves femmes et de leur recom mander quesia mia figtia. Il parait, du reste, que le cardinal était extrême ment généreux avec sa fille, qui retournait toujours du Vatican les'mains pleines de billets de banque. Une servante raconte qu'une fois la jeune fille arriva avec un tel paquet de billets de banque qu'elle s'écria On en pourrait faire un tapis. Parmi les documents, il se trouve quelques enve loppes dont la souscription est de l'écriture du cardinal Antonelli et portent ces mots Madame Lambertini côté on lit ces mots écrits par Mmo Lambertini Reçu de papa 4,500 fr., janvier 76. - Mentionnons encore une lettre adressée par M"" Lambertini son mari et ainsi conçue Mon époux Je t'attends demain. J'ai été aujourd'hui au Vatican, et bien que Son Eminence eût beaucoup de monde, elle m'a reçue et donné 1,300 fr. ce n'est pas beaucoup, mais, enfin, en quatre mois que nous sommes Rome nous avons déjà eu 6,220 fr. Le journal Y Italie donne les renseignements incroya bles relativement ce qui se passe au Vatican, autour du Pape Deux fois par jour, M. Ceccarelli ou son substitut pansent la plaie du Pie IX. Le linge sale est pieusement recueilli par le premier camérier, M. Zangolini, auquel sont dévolus, par droit inhérent sa charge, toute la lingerie, les soutanes, les calottes, les pantoufles, etc., etc., dont le Pape ne se sert plus. Depuis que la plaie de la jambe gauche jette beaucoup de sang, le premier camérier a réuni un plein sac de linge maculé,

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Le Progrès (1841-1914) | 1877 | | pagina 2