38e ANNÉE.
6 Janvier 1878
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
IV* 314-15. Dimanche,
FHd
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DEHANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
On annonce do Paris que le jour de l'an, tous les
ministres ont déjeuné chez le maréchal de Mac-
M a lion.
On assure que le préside-ni de la république leur
a adressé ces quelques paroles:
La belle journée qu'il fait aujourd'hui, Mes
sieurs, est d'un heureux présage pour l'année qui
commence. J'espère qu'elle s'écoulera calme et
paisible, sans rencontrer les difficultés de celle qui
vient de finir.
Les grands journaux ont reçu une dépêche de
Londres donnant le sommaire' d'une déclaration
faite par un des principaux membres du cabinet,
lord Carnarvon. secrétaire d'Etal des colonies. La
dépêche résumait en trois lignes un discours de la
plus haute importance et qui a produit une vive
impression dans les circonstances où il a été pro
noncé.
Lord Carnarvon recevait une députation non pas
de «marchands du Cap, comme le disait sottement
la dépêche, mais les négociants intéressés dans les
affaires du Cap, où a récemment éclaté une insur
rection des Cafres.
11 a profité de l'occasion pour dire quelques mots
des affaires d'Orient.
L'opinion publique a vu dans cette déclaration
l'effet d'une pensée pacifique et d'une sérieuse vo
lonté de resler neutre, tout au moins pour le moment,
dans le conflit turco-russe.
En présence de ce fait officiel, il est inutile de
se préoccuper des commérages qui arrivent de vingt
côtés différents et qui ne reposent sur rien de
sérieux.
Nous ne savons si quelqu'un a pris au sérieux
l'histoire de la prétendue mission de M. Gambelta
Home. Le chef de la gauche française est tout
simplement allé se distraire en Italie et personne
n'admettra qu'il s'y soit rendu comme agent officiel
ou officieux de n'importe qui.
En attendant que les puissances belligérantes
règlent eulre elles les conditions d'un armistice, les
armées russe et turque se bornent des mouvements
de troupes en Bulgarie. Plusieurs points, fortifiées
par les Turcs dans les environs de Sofia, ont été
abandonnés par ces derniers et occupés par les
Russes. Actuellement ceux-ci s'occupent de cerner
lg plaçe pour pouvoir ensuite continuer plus faci
lement leurs opérations au-delà des Balkans.
Ou mande de Crète que les deux envoyés turcs,
qui avaient été chargés de se mettre en relations
avec les insurgés, ont eu une conférence avec les
chefs chrétiens. Les envoyés turcs n'ayant pas les
pouvoirs nécessaires pour accepter les propositions
des chrétiens, les négociations ont échoué.
Les chefs chrétiens ont ia\ité les agriculteurs
turcs rester dans leurs propriétés en leur promet
tant toute sécurité.
Deux bateaux torpilles et des caisses contenant
2,000 carabines sont arrivés Paros. On attend
encore 3,000 carabines.
La Correspondance provinciale, feuille semi-
officielle, publie le compte-rendu de la réception
du jour de l'au au palais de Berlin. L'Empereur,
après avoir exprimé ses vœux ses ministres, a
dit qu'il espérait que l'année nouvelle apporterait
la paix l'Allemagne et l'Europe.
Funérailles de M. Eric Bouckenaere.
Ainsi que nous l'avons annoncé la hâte
dans notre dernier numéro, c'est Samedi pas
sé qu'ont eu lieu les funérailles de notre re
gretté Conseiller communal, M. Eric Boucke
naere.
Le nombre de personnes qui ont voulu don
ner un dernier témoignage d'estime au cher
défunt était considérable. Non seulement
toute la ville est accourue, mais une quantité
d'étrangers sont encore venus augmenter l'af-
fluence des concitoyens.
Il y avait, outre le Conseil Communal et les
diverses Administrations, la Société Royale
de St. Sébastien, dont le défunt était, comme
on sait, Vice-Président; celle des Archers de
l'Hoekje et du Cerf, celle des Joueurs de Bou
le, avec leurs insignes et leurs drapeaux. En
outre des députations de diverses Sociétés
étrangères.
Après la levée du corps la mortuaire, les
coins du poêle ont été pris par MM. Bossaert,
Echevin Verschaeve, Conseiller Communal
De Waeghenaere, Commissaire de la Société
Royale ae St. Sébastien Arthur Lebbe,Vice-
Président delà Société du Cerf; Rosoor,Vice-
Président de la Société de l'Hoekje et Lefeb-
vre, Président de la Société de St. Sébastien,
d'Alost.
La haie était formée par le Corps des Sa
peurs-Pompiers, dont la Musique marchait en
tête du funèbre cortège.
Après le service, célébré Saint Martin,
presque toutes les personnes qui y avaient as
sisté, ont tenu se rendre au cimetière. L'in
clémence du temps ayant obligé de mettre le
corps dans le corbillard dès la sortie de l'égli
se, beaucoup d'assistants ont néanmoins, et
sous une pluie persistante, suivi le convoi
pied.
Ce qui frappait, dans cette foule recueillie
d'amis, c'était bien moins le nombre que l'ex
pression de profonde tristesse qui se voyait sur
toutes les figures.
Il n'y a pas se dissimuler, du reste, que
la ville d'Ypres perdu en M. Bouckenaere
un excellent citoyen; le parti libéral a perdu,
lui, un vaillant et populaire champion. Com
me on l'a d'ailleurs si bien dit sur sa tombe
trop tôt ouverte, le regretté défunt était plus
encore, et mieux, qu'un homme de ferme ca
ractère et de grande intelligence C'était sur
tout un homme de cœur et de dévouementle
plus sûr des amis, le meilleur des camarades.
Avant la descente du corps dans le caveau
de la famille, trois discours, que nous repro
duisons ci-après, ont été prononcés sur le cer
cueil, au milieu d'une émotion qui, chez tous,
débordait en larmes.
On peut le dire bien haut rarement la per
te d'un homme aussi jeune encore que l'était
M. Bouckenaere, a eu le privilège ae susciter
tant et de si amers regrets.
Que se soit une consolation pour le digne
{>ère qui survit seul tous, que cette condo-
éance publique, qui prouve en quelle haute
estime on tenait le dernier fils que la mort
vient de lui ravir.
Discours prononcé par Monsieur L. Vanheule,
Bourgmestre, au nom de VAdministration
Communale.
Messieurs,
LE
V "M*- fJ
PROGRES
VIRES ACQUIU1T EllNDO.
ABONNEMENT PAU AN: Pour l'arrondissement administratif
Idem Pour le restant du pays.
et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé 2i l'éditeur, rue de Dixmude, ô'J.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER.'
HEURES DE DÉPART D'YPRES A
Poperingbe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50.
Poperinghe. 6-30. 9-07. 12-07. 3-57. 6-50.
8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-30.
Langbemarclt-Ostende. 7-00. 12-06. 6-07.
Langhrmarck, le samedi, 5-50.
Ce n'est pas sans une profonde émotion que pour la
4" fois en moins de trois ans, je prends la parole dans
ce séjour de deuil.
Quand donc, o mort, laisseras-tu reposer ta faux
impitoyable et m'épargneras-tu l'accomplissement d'un
si douloureux devoir
Et comment ne serais-je pas doublement ému
Lorsque successivement je suis venu m'acquitter de
ce pénible mandat, c'était pour dire adieu des conci
toyens et amis qui avaient blanchi dans le service et qui
avaient pu, pendant une longue carrièreconsacrer
leurs forces, leur intelligence et leur dévouement la
prospérité publique.
Aujourd'hui, MM., nous voici devant un cercueil ren
fermant les restes d'un concitoyen frappé la fleur de
l'âge, au moment où ses qualités de cœur et d'esprit, la
franchise et la loyauté de son caractère, ses idées larges,
généreuses et démocratiques lui marquaient une place
distinguée parmi la jeunesse et faisaient converger vers
lui de si vives espérances.
M. Eric Bouckenaere est né Ypres, le 13 Décembre
1845; il fit de solides études au Collège Communal de
cette ville où il obtint de nombreux succès, notamment
dans le concours général des établissements d'instruc
tion moyenne.
Il fréquenta pendant quelques années l'Institut Com
mercial d'Anvers et revint dans sa ville natale continuer
le négoce exercé dans la maison paternelle. Il ne tarda
pas être honorablement connu dans le monde des af
faires, et grâce son intelligence, ses connaissances
pratiques et son esprit d'initiative, il fut partout le
ôl défenseur des intérêts commerciaux et industriels
de l'arrondissement et de la ville.