I\o 31S. Jeudi,
38e année.
17 Janvier 1878.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
p.4RAI88 tvr LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
bulletin! politique.
La Chambre des députés de France achève en
ce moment la vérification des pouvoirs qu'elle
n'avait pu terminer dans la dernière session. De
leur côté, les ministres s'occupent de rétablir dans
l'administration l'équilibre qui avait été rompu par
la politique violente des hommes du 16 Mai. Tous
les postes extraordinaires de police,créés au lende
main du 16 Mai, ont été supprimés; il y en avait
une centaine; en outre plusieurs commissaires Ont
été révoqués, d'autres déplacés.
La situation militaire des Turcs s'aggrave avec
une extrême rapidité en Roumélie, et les progrès
des Russes déjouent toutes les prévisions.Ils avan
cent de tous les côtés la fois pour occuper la val
lée de la Marilzaetse saisir d'Andrinople. Le général
Gourko marche, en trois colonnes, sur Tatar
Bazardyk. Avec le gros de ses forces, il s'est dirigé
sur Ichtiman, qu'il occupe déjà. Une autre colonne
a été envoyée droite sur Samakoy, au sud-est
d'Ichtiman. pour gagner de là la vallée de la Marilza
et Tatar Bazardyk, en tournant le défilé d'Ichteman.
Enfin le troisième détachement descent directement
de Petricevo, au nord d'Ichteman, sur Tatar Bazar
dyk, parla valléede la Topolnitza. En même temps,
les deux armées de Radelsky et de Skobeleff, qui
viennent de capturer l'armée turque de Schipka,
descendent rapidement vers le Sud, l'une sur
Philippopolis par la vallée de Giupso, travers les
montagnes de KaradjaDagh, sur Yeni-Saghra et,
par la vallée de la Tundja. sur Jamboli et Andri-
nople. Cette dernière a déjà atteint Jamboli, paraît-
1 il, où elle a surpris les Turcs et s'est emparée d'un
matériel de chemin de fer considérable. Cal-, il est
important de le remarquer, Eski-Saghra, àJam-
boli. Tatar Bazardyk, les Russes atteignent le
chemin de fer, et s'ils parviennent prendre un
matériel assez important, ils pourront en tirer un
avantage énorme.
Bien qu'une dépêche de Constantinople annonce
que la porte a désigné deux pachas pour négocier
l'armistice, on commence ne plus attacher beau
coup de foi l'issue de cet incident. Les généraux
russes ne paraissent nullement décidés faire la
paix et s'arrêter sur le chemin de la victoire. Les
Turcs eux-mêmes sont retenus par la crainte de
froisser l'orgueil des populations mahométanes, et
nous n'augurons rien de bon de toutes les nouvelles
contradictoires qui nous arrivent.
Il y a quelques jours, en Angleterre, on se croyait
entièrement hors de danger d'être entraîné dans
des complications politiques en Orient, on remar
quait une sorte de délente dans les esprits; main
tenant, on est de nouveau inquiet; le motde Con
stantinople a des miroitements magiques, et les
adversaires du Premier craignent de sa part quel
que coup qui jette l'Angleterre dans le conflit.
Les membres influents de l'opposition se sont
presque tous déjà prononcés catégoriquement con
tre tou ichangemen t dans l'altitude poli tique observée
jusqu'ici.
Le roi Humbert. la suite du conseil des minis
tres. a décidé qu'en vue de considérations politiques
Victor-Emmanuel serait inhumé, Rome dans
l'église du Panthéon.
Le chapitre de celle église a déclaré qu'il sera
très honoré de garder ce dépôt sacré.
Les autorités ecclésiastiques, par ordre du Pape,
ont écarté toutes les difficultés relativement au
mode des funérailles.
Le nombre de députations qui manifestent le
désir d'assister aux funérailles est extraordinaire.
Jusqu'à présent 2,700 demandes sont arrivées.
L'affluence des étrangers est très-grande. Tous
les trains arrivent en retard. Le Roi a offert au
maréchal Canrobert un logement au Quirinal.
Le ministre de Portugal Rome est allé la
rencontre de la Reine.
L'empereur du Japon a envoyé ses compliments
de condoléance.
Gand 13 Janvier 1878.
Au moment où la situation politique se montre
sous un aspect si sombre et si peu rassurant pour
l'Europe, on peut dire sans être contredit que la
Belgique compte au premier rang parmi les nations
qui doivent envisager l'avenir avec anxéité et in
quiétude. C'est qu'il existe chez nous un ennemi
intérieur, qui, semblable au ver rongeur, consume
lentement son œuvre sans s'inquiéter des consé
quences fatales auxquelles il devra nécessairement
aboutir.
Cet ennemi redoutable, vous le connaissez, c'est
le cléricalisme. Déjà de par l'histoire nous savons
où en veulent arriver les partisans de ce beau
régime. Tous nous avons encore présents la
mémoire.les horreurs, et les massacres qui ont pré
cédé la pacification de Gand, que l'on a si bien
représentés dans notre ville il y a deux ans.
Déjà les prétentions de ce parti sont déchues
dans presque tous les pays de l'Europe: En Alle
magne, en Italie, en Suisse; en Autriche aussi on
le voit sinon disparu, du moins terrassé. En France
même, où il a semblé vouloir opposer une résis
tance des plus énergiques, il a dû succomber devant
le bon sens de la population, et a reçu un coup
dont il se relèvera difficilement. Dans notre Belgi
que seule il reste encore debout, que dis-je hélas
Chez nous seul, plus que jamais il conspire. Il sem
ble même, que le parti des ténèbres de tous les pays
a choisi notre beau sol comme champ de bataille;
pour y élever ses remparts, que dis-je! pourenfor-
mer une forteresse peut-èlre inexpugnable, et pour
y livrer les derniers assauts contre la civilisation
toujours grandissante des peuples qui nous entou
rent. Réussira-l-il dans ses tentatives? L'avenir
seul nous le dira.
Quoiqu'il en soit, le parti libéral se prépare
l'attaquer dans ses retranchements il accepte le
défi qu'on lui a lancé; et quoique la lutte puisse
être pénible contre toutes les forces coalisées du
cléricalisme, je dirai, de presque toute l'Europe,
il n'en est pas moins disposé l'attaquer résolu
ment et sur toute la ligne. Mais quel plan suivre,
par où commencer la lutte? Bien que par la dis
cussion et par la révélation de la vérité. Pas d'ar
mes qui égalent celles-là.
C'est dans ce but qu'à Gand déjà, on donne tous
les Dimanches tantôt dans l'un quartier de la ville,
tantôt dans un autre, des conférences publiques
que l'on réhausse toujours d'un petit concert.et où
la foule ne manque pas d'accourir. C'est dans ces
réunions que la parole d'un homme politique est
le plus écouté, c'est là qu'il peut s'adresser tou
tes les couches de la société pour leur faire con
naître la véritable situation du pays, et leur faire
ouvrir les yeux sur le mal qui nous accable et sur
sa véritable cause. C'est dans ces réunions encore
que l'esprit politique d'un peuple se développe, et
tout le monde reconnaît aujourd'hui cet axiome
que le pays où l'esprit politique est le plus culti
vé, que c'est ce pays là qui entre le plus résolu
ment dans la voie du progrès, et marche la tête
de la civilisation.
Mais il ne suffit pas que le peuple sache qu'il
existe un malaise général dans tout le pays; il faut
qu'il sache par qui il existe et pour quelles causes.
Rechercher les causes c'est combattre le mal dans
son principe même.
En voyant tout le succès obtenu dans notre vil
le. au moyen de ces conférences, je me demande
s'il ne serait pas bon d'en organiser de même dans
presque toutes les villes de la Belgique et cela dans
un avenir prochain. Dans la bonne ville d'Ypres
aussi, elles auraient une influence considérable
car, combien n'y a-t-il pas de personnes qui ne
disposent pas d'un journal et qui seraient heureu
ses d'avoir au bout de chaque semaine un compte-
rendu exact de la situation politique du pays Et
puis, ces conférences laissent dans l'esprit de la
foule quelque trace que ne peut donner la meilleu
re des lectures. Vous pourriez l'instar de ce qui
se passe ici rehausser la conférence d'un petit con
cert et ainsi serait joint l'utile l'agréable. Il ne
mauque pas chez vous d'éléments pour arriver
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LE
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