Le programme clérical.
Nécrologie.
ASSOCIATION LIBÉRALE
Nous reproduisons in extenso les discours
qui ont été prononcés sur la tombe de M. le
docteur Tedesco. M. le colonel Blomberger au
nom de l'école d'équitation, M. Gustin au nom
du service sanitaire de l'armée. M. Jeanty au
nom des amis du défunt ont su retracer avec
un accent de vérité qui a profondément ému
l'assistance, les nobles qualités d'une vie hélas
trop courte.
de l'Arrondissement cTYpres.
Une assemblée générale, aura lieu XAigle
dOr, le SAMEDI 8 JUIN, 3 heures très-pré
cises de relevée. Cette réunion a pour but 1°
de pourvoir aux incidents imprévus qui pour
raient se présenter, 2° d'arrêter différentes
mesures d'exécution et 3° de faire un nouveau
simulacre d'élection pour les personnes qui
n'auraient pas pu assister aux précédents
exercices.
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Voici un chapitre emprunté au Dossier du
cléricalisme, une excellente brochure qu'un pu-
bliciste de talent, M. Pantens, vient de publier en
vue des élections du 11 Juin
LE BUDGET DU CULTE.
Oo sait qu'en vertu de la Constitution, l'Etat n'a ledioit
d'intervenir ni dans les actes, ni dans les cérémonies du culte,
ni dans les nominations des membres du clergé.
Pour tout cela l'Etal est incompétent on lui répond Mêlez-
vous de vos affairqs.
Mais s'agil-il de se faire payer des traitements, de toucher
des subsides, on passe aussitôt la caisse de ce même Etal.
En résumé, le gouvernement n'est bon rien si ce n'est
payer.
C'est nous, contribuables, qui donnons de gros appointe
ments aux évêques.
C'est nous qui salarions le clergé inférieur au grand com
plet.
C'est nous qui dénouons les cordons de notre bourse pour
construire des églises, enrichir des chapelles, bâtir des pres
bytères, acheter des chaires de vérité.
Et le plus curieux de la chose, c'est que ce clergé, auquel
nous donnons notre or, prétend, par-dessus le marché, nous
conduire comme les oies d'un même troupeau.
Il n'est pas sans intérêt de savoir au juste quoi s'en tenir
ce sujet,
Nous empruntons des chiffres suivants au budjrt de la jus
tice pour l'année 1878:
CELTE CATHOLIQUE.
Le clergé supérieur, y compris le personnel des séminaires,
nous coûtefr. 521,400
Le montant des bourses affectées aux sémi
naires est de62,011
Les traitements du clergé inférieur s'élè
vent 4,300,000
Les subsides aux provinces, aux com
munes et aux fabriques d'églises pour édifi
ces de culte atteignent le chiffre de 925,000
Total. fr. 5,608,411
Dans ce chiffre ne sont pas compris les pensions ecclésiasti
ques et les secours aux ministres du culte.
Tel est le budget du culte catholique.
Il dépasse:
de fr. 1,791,171 le budget de l'ordre judiciaire
de 4,700,086 l'agriculture;
de 4,594,701 l'enseignement supérieur
de 3,813,000 l'enseignement'moyen.
Il nous paraît bien difficile de ne pas reconnaître, après
cela, que l'on a fait au culte catholique la part extrêmement
brillante.
Mais la bonne foi est plus rare qu'on ne pense. Nous enten
dons chaque jour nos cléricaux se plaindre des privations, des
humiliations, des persécutions dont le clergé a souffrir.
Ces privations, ces humiliations, ces persécutions se chif
frent au budjet par la jolie petite somme de cinq millions
six cent huit mille quatre cent onze francs par an,
sans compter les pensions et autres douceurs.
Quand le parti clérical arriva au pouvoir, il y a
8 ans, le minislère qui le représentait adressa au
Roi sous la dale du 8 Juillet 1870, un rapport
pour demander S. M. de dissoudre les Chambres.
Ce rapport conlenait le programme de ce parti.
On y lisait ce qui suit
L'opinion publique, unanime pour réclamer le dévelop
pement de nos institutions, ne l'est plus quand il s'agit
d'en déterminer le caractère et l'étendue.
Eviter des luttes stériles qui fatiguent et divisent la
nation: écarter surtout celles qui touchent au domaine
de la conscience, nous parait un impérieux devoir. Nous
nous efforcerons de substituer ces luttes des débats féconds
de nature favoriser les intérêt moraux et matériels, dé
velopper toutes les libertés publiques conformément
Vesprit ie notre Constitution. Le gouvernement mar
chera d'un pas ferme et sage dans la voie du progrès.
L'administration sera juste, impartiale, bienveillante,
économe.
Nous rechercherons tous les moyens possibles d'apporter
des réductions aux charges qui pèsent le plus sur les popula
tions, sans désorganiser toutefois en aucune façon les services
publics.
Nous examinerons le meilleur parti tirer de l'accroisse
ment constant et progressif de nos recettes, au double point
de vue du dégrèvement des impôtssurtout de ceux qui
frappent les objets d'alimentation populaire.
La collation des emplois se fera avec impartialité.
Les fonctions publiques ne doivenQamat'sêtre la récompense
de services politiques. Quiconque est honnête et capable doit
pouvoir aspirer servir son pays dans toutes les carrières
officielles.
La mission du cabinet, nous ne saurions assez l'affirmer,
Sire, sera d'unir et non de diviser il veut être un gouverne
ment national et non un gouvernement de parti.
Après avoir relu ce programme, le pays doit se demander
quelle mystification on le fait assister depuis 8 ans.
Ecarter les luttes qui louchent au domaine de la conscience
Jamais ces luttes u'onl été plus ardentes qu'aujourd'hui.
Développer toutes les libertés publiques! Jamais ces
libertés n'ont été plus violemment attaquées par tous les orga
nes ultramonlains.
Une administration économe! Jamais la situation finan
cière n'a été plus mauvaise.
Le dégrèvement des impôts Loin de les diminuer, le
gouvernement clérical les a augmentés.
L'impartialité dans la collation des emplois Jamais les
fonctions publiques n'ont été conférées avec plus de partialité.
Voilà les promesses
Voilà les actes
Voilà le bilan de huit années de gouvernement clérical
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Discours prononcé par Monsieur le Médecin du Régi
ment Gustin, sur la tombe du Médecin de Bataillon de
1" classe TEDESCO.
Messieurs,
A la vue de cette tombe prématurément ouverte, qu'entou-
reut de nombreux témoignages d'un deuil sans consolation,
je me sens oppressé par une émotion tellement profonde que
je me trouverais, si le devoir ne m'invitait prendre la
parole que l'éloquence des larmes silencieuses. Mais il est
une charge qui m'incombe, tribut bien naturel. Je tâcherai de
m'en acquitter.
Tous les coups que frappe la mort sont cruels, mais ils le
sont surtout quand ils atteignent les hommes utiles, les âmes
d'élite qui fout l'ornement de la société. C'est le coup de
foudre qui renverse l'arbre chargé de fruits.
Naguère encore, Messieurs, le bonheur régnait chez notre
ami TEDESCO Une épouse dévouée et sympathique qu'il
chérissait, de jeunes filles qui étaient ses idoles, de nombreux
succès obtenus dans l'exercice de sa noble profession, avaient
donné accès, dans l'âme de notre confrère, une douce satis
faction que partageait sa famille.
L'avenir se montrait pour lui sous les plus belles apparen
ces l'avancement dans la hiérarchie des médecins militaires,
avancement qui ne pouvait lui manquer, une clientèle qui
s'offrait lui et qui s'accroissait de jour en jour, les éclatants
succès qui l'avaient placé, jeune encore, sur un degré déjà
bien élevé de l'échelle médicale, sa renommée qui grandissait
toujours, tout faisait présager pour notre collègue, un avenir
des plus brillants.
C'était pour lui un objet d'aspirations bien naturelles, bien
légitimes.
Mais la mort, cruelle et sans pitié, avait marqué sa victime
il lui fallait une proie. Elle envahit le foyer domestique, où le
bonheur avait pris place, et elle porta un coup perfide qui
nous frappa de stupeur.
Depuis plusieurs mois, il est vrai, TEDESCO soufflait d'une
affection dont l'issue nous inquiétait pour un avenir plus pu
moins éloigné, mais rien ne nous faisait craindre une fin aussi
prompte. Une terrible complication est venue, en quelques
heures, nous le ravir jamais.
Jules TEDESCO est né Arlon, le 11 Avril 1840. Il avait
senti, de bonne heure, que l'étude et le travail pouvaient,
seuls, lui créer une place honorable, dans le monde. Il suivait
en cela, du reste, la tradition de la famille des travailleurs
infatigables laquelle il appartenait.
Doué de facultés peu communes il fit d'excellentes études
humanitaires l'athenée de sa ville natale. Il se rendit ensuite
l'Université de Liège pour s'y adonner aux sciences médica
les, où, après une série de brillants examens, il fut proclamé
docteur en médecine, en chirurgie et en accouchements.
Préparé ainsi par de fortes études qui devaient le conduire
avec honneur dans le sentier ardu de la pratique médicale,
TEDESCO aborda la carrière de médecin militaire. Tout en
donnant, ses nombreux malades, une grande partie de son
temps, il n'abandonna jamais les éludes théoriques, ce qui le
faisait considérer autant comme médecin instruit que comme
praticien habile.
Hippocrate (dans son traité de médico liber) a tracé les
qualités nécessaires au bon médecin. Ces qualités, Messieurs,
nous les trouvons toutes au plus haut degré chez TEDESCO
talents naturels, bonne éducation, prudence, discrétion, con
naissances profondes, bonnes moeurs, dévouement, amour de
l'humanité.
Qui s enim médicinam scientiam sibi et apte com-
parare volet, is horum omnium compos esse débet
ut naturam nactus sitetc. etc.
Quel bel exemple de dévouement notre collègue a donné.
Je suis sûr, en parlant de la sorte, de trouver de l'écho dans
le cœur de tous ceux, et ils se comptent par milliers, qui
n'ont jamais fait en vain appel sa science. Aussi vois-je de
toutes parts, des tributs de reconnaissance, venir se mêler
nos regrets.
L'élude et le travail continus, les soins constants qu'il
prodiguait ses nombreux malades avaient miné'sa santé la
persévérance avait aggravé le mal. Une hypertrophie du cœur
s'était développée sourdemeut. Ses amis lui conseillaient le
repos.
Mais habitué au travail, il ne pouvait s'y résoudre. Il lui
était impossible d'abandonner ses malades, et on l'a vu main
tes fois quitter son lit de doubui-s pour secourir ceux qui
étaient moins malades que lui. Il oubliait ses souffrances
quand il fallait soulager celles des autres. Telle était son
abnégation Tel était sou dévouement Nous dûmes exiger
qu'il quittât la ville dans l'intérêt d'une si précieuse existence.
Nous obtimes pour lui deux mois de congé qu'il devait pas
ser dans son pays natal. Mais hélas il ne devait pas en jouir.
Une apoplexie cérébrale nous l'enleva, en quelques heures, le
jour même qui était fixé pour son départ.
Tel il était dans l'accomplissement de ses devoirs, Messieurs,
tel on le retrouvait dans la vie privée doux, bienveillant,
affable, affectueux, plein d'obligeance, ami sûr et fidèle. Je ne
sais ce qu'on devait préférer en lui, son esprit ou son cœur,
l'homme ou le médecin.
Sa mort est un grand deuil pour ses collègues, une perte
immense pour la garnison. Mais combien est affreux le mal
heur pour cette jeune femme, qui se voit enlever subitement
le plus tendre des époux, pour ces jeunes filles qui perdent le
meilleur des pères, pour celte famille éplorée, dont le chef
tombe ainsi foudroyé
Ah Messieurs, que de déceptions, que d'espérances anéan
ties au souffle glacé de la mort
Le père qui 1rs caresses de ses jeunes filles faisaient
oublier les soins de la profession, l'époux qu'on accueillait
son retour, avec les effusions d'une tendre amitié, les bras
ouverts, le sourire sur les lèvres, le voilà gisant froid et
inanimé
Si nous portons la pensée au foyer domestique, Ah Mes
sieurs Quelle transformation Il était radieux il s'est assom
bri. Le bonheur en est expulsé il a fait place au deuil
sombre et lugubre.
Plus de joie, plus d'épanchements un morne silence, un
pleur éternel, un vide affreux
Quel baume pouvait adoucir l'amertume de ce coup terri
ble Aucun, Messieurs, aucun. L'impitoyable mort est là
plus de consolations.
Que nos larmes soient l'expression de notre poignante
douleur Adieu TEDESCO, adieu martyr du dévouement,
victime du travail, adieu au nom du corps de santé de l'armée
dont lu étais un des membres les plus distingués.
Je te dis adieu pour moi qui t' aimais d'une affection
profonde.
Discours de M. le L'-Colonel Blomberger, comman
dant l'école d'équitation.
Messieurs,
Le chef du service sanitaire de la garnison avec de nobles
paroles sorties du fond du cœur, vient de nous remémorer
les vertus et les qualités du camarade aimé que nous avons
perdu.
Au milieu de nos douleurs, j'éprouve une suprême conso
lation en me faisant l'interprète du personnel de l'Ecole
d'équitation, j'apporte en son nom sur la tombe de notre
regretté TEDESCO l'hommage de notre reconnaissance tous,
officiers, sous-officiers et soldats. Nous conserverons reli
gieusement le souvenir des soins affectueux et assidus dont il
entourait ceux que la maladie frappait. Faisant fi de ses pro
pres souffrances, il volait leur chevet. On peut dire qu'il est
mort en soldat, c'est-à-dire, sur la brèche jusqu'à son der
nier moment, il était tout nous.
Adieu TEDESCO, ton nom nous rappellera toujours les
sentiments généreux qui animaient ton cœur amour de la
famille, dévouement, abnégation. Ta carrière a été trop courte
pour ceux qui t' aimaient, mais ta mémoire vivra aussi long
temps que nous tous, tes obligés.
Discours de M. Jeanty.
Des voix plus autorisées vous ont retracé la carrière si
courte mais si bien remplie de Jules TEDESCO.
Permettez-moi au nom de ses amis d'apporter sur celte
tombe un dernier hommage, de rappeler les belles qualités
qui caractérisaient celui que nous pleurons.
Jules TEDESCO était un de ces hommes sympathiques que
personne n'a pu approcher sans aimer.
Il ne comptait que des amis grâce ses sentiments élevés,
nobles et généreux, grâce son inaltérable bonté, on ne
savait ce qu'il fallait le plus admirer en lui de sa remarquable
intelligence ou de ses qualités du cœur. Son dévouement
était sans bornes. La souffrance trouva toujours en lui un
écho sympathique.
C'était une de ces natures aimantes qui ne voient le bon
heur que dans celui des autres.
Il a traversé la vie n'ayant qu'une seule ambition faire le
bien.
Puisse le souvenir de sa belle existence et le témoignage de
profondes sympathies de ses nombreux amis apporter quelque
adoucissement la douleur de sa compagne qui le comprenait
si bien, de sa famille qu'il aimait.
Adieu, Jules, ta mémoire restera parmi nous, toujours
nous conserverons le souvenir de l'ami si bon, si affectueux
qui hélas nous a sitôt quittés.
Adieu, Jules, Adieu,