AVIS. Opinion des Journaux Beiges dévouée de cœur et d'âme au parti libéral? et que le succès électoral remporté mardi dans notre ar rondissement par les cléricaux est dû aux serfs ruraux du clergé politique, aux abus que celui-ci fait de son ministère sacré et la scandaleuse pres sion du ministère que les libéraux viennent de faire rentrer dans le néant. Le bruit circule Bruges que M. Ruzette vient d'envoyer au Roi sa démission de Gouverneur. Nous ignorons si ce bruit est fondé, mais une telle détermination ne nous étonnerait pas. lM. Ruzette n'est certes pas de nos amis, mais nous croyons, d'après ce qu'on nous assure, qu'il n'est pas dénué de tout sentiment d'honneur et même de délicatesse; or le nouveau cabinet inau gurera une politique diamétralement opposée celle de ses prédécesseurs et, pour la faire préva loir, il devra pouvoir compter sur le dévouement de ses fonctionnaires politiques. Certes, les libéraux ne tueront pas le succes seur de M. Vrambout comme les cléricaux ont tué celui-ci, mais M. Ruzette, créature de l'ancien ministère., qui il doit tout, pourra-t-il honorable ment être le serviteur fidèle et dévoué d'un minis tre libéral? de M. Bara peut-être? peut-il, sans se déshonorer. tourner casaque Adorer le so leil levant quel qu'il soit? Combattre les cléricaux, ses amis de hier? et défendre les libéraux qu'il mal menait si fort encore le 10 Juin. M. Ruzette n'est du reste pas dans la position particulière où se trouvait M. Vrambout, il peut jouir, dans l'aisance, des douceurs de la vie privée et Mgr de Bruges consentira du reste sans doute élire son fidèle ami politique, représentant de l'un ou l'autre bourg pourri de son diocèse. Nous ne serions donc pas étonnés si M. Ruzette ne pouvant honorablement se soumettre, se hâtait de se dé mettre. Voilà notre arrondissement dans une bien belle position, grâces nos petits abbés politiques! Ce ne sera ni un Biebuyck, ni un Struye, ni un Sur mont qui pourront utilement défendre nos intérêts, car ces cléricaux n'auront aucune influence dans les régions gouvernementales et si, se faisant hum bles et petits, ils avaient l'audace de solliciter quel que faveur pour eux ou les leurs, on leur montre- rail sans doute, pour toute réponse, nos ordurieux journaux yprois dont, chacun le sait, nos manda taires sont les souteneurs. A qui s'adresseront désormais les habitants de notre arrondissement? tout appui leur fera défaut. Triste, triste!.... Mais après tout, comme on fait son lit, on se couche et die zijn... verbrand.... ■■~g»C Nous avons entendu des hommes que nous avions toujours pris au sérieux, conseiller la dissolution des deux Chambres. Cette mesure, nous n'hésitons pas le dire, serait d'une maladresse ïnouie elle n'est d'ailleurs ni nécessaire, ni 'opportune dans les cir constances actuelles. En politique, comme en toutes choses, il faut être honnête, mais éviter d'être dupe. Une dissolution et pourquoi Bon Dieu Avons- nous une majorité douteuse Ne comptons-nous pas 10 voix de majorité la Chambre, et 6 voix au Sénat? C'est plus qu'il n'en faut, pour marcher et pour compléter la réforme électorale, si heureuse ment entreprise, grâce l'initiative de la Fédération libérale. Nous avons obtenu le secret du vole il nous faut encore la sincérité des listes électorales. Plus de faux électeurs cela doit être notre cri de ralliement, tel est le premier but atteindre. Que le gouvememeut consulte des hommes spé ciaux, et il aura bientôt un projet, qui rendra la fraude impossible il suffira pour cela 1° D'abolir l'impôt sur les chevaux mixtes 2" De substituer le revenu cadastral la valeur locative, en modifiant la quotité de l'impôt, de ma nière n imposer aucune nouvelle charge au con tribuable 3° De statuer législativemenl, que le quintuple- ment de la valeur locative pour détermiuer l'impôt mobilier, n'est qu'une mesure purement fiscale, et ne peut être compté pour parfaire le cens, qu'au tant que l'on possède les bases de l'impôt qu'on veut s'attribuer 4° Enlever la nomination exclusive des réparti teurs du droit de patente aux Conseils communaux, pour l'attribuer, comme avant 1870, pour moitié l'administration des finances et l'autre moitié aux Conseils communaux. Nous reviendrons sur ces réformes, que nous considérons comme indispensables et comme pri mant toutes les autres. Nous avons aujourd'hui dans l'arrondissement d'Ypres trois cents faux électeurs or il faut avoir rétabli la sincérité dans la composition du corps électoral, avant de songer une dissolution et d'au tres réformes. Nous espérons qu'un des premiers soins du nou veau ministère sera de soulager M. Surmont de son commissariat d'arrondissement. Être la fois sénateur, commissaire d'arrondis sement et membre de la députalion permuuente est un fait sans précédents, croyons-nous, dans un pays constitutionnel et un pareil cumul doit être au-dessus des forces de M. Surmont. ■rriîiiotjn Aussitôt que le résultat de notre élection fut counu, notre Cercle catholique fut brillamment pavoisé mais au fur et mesure que les télégram mes arrivaient, les drapeaux disparaissaient, et, sept heures du soir, il n'en restait plus un seul on décommanda aussi l'illumination et la sérénade qui devait être donnée par les Blauwe Koussen, et partir de ce moment, ce fut une véritable désolation dans le camp d'Israël. Et il y avait de quoi. Nous apprenons que le premier soin de l'Asso ciation libérale sera de provoquer une enquête sur les faits de corruption qui ont été posés. Les membres de l'Association Libérale sont in formés que la grande manifestation, qui était pro jetée Gaud, pour leDimancbe 16 Juin, est remise au Dimanche 23 du même mois. Mais le 16 Juin aura lieu Anvers une mani festation, laquelle ils sont également invités prendre part D'après les nouvelles que nous avons reçues de Bruxelles, M. Frère-Orban a été chargé par le Roi déformer un ministère. MM. Bara et Pirmez re fusent d'en faire partie; on parle de MM. Saincte- lelte, Roliu-Jacquemyns, Pecber. Mais rien n'est décidé. Il paraît toutefois certain que le Ministère inaugurera une politique militante et nuancée. Le ministère de la fraude et de la corruption a voulu finir comme il avait commencé. Déjà depuis plusieurs jours le public considère avec éïonnement les colonnes du Moniteur remplies de nominations, de promotions, de faveurs de toutes sortes octroyées in extrimis. Jamais un ministère libéral, la veille de quit ter le pouvoir, n'a poussé l'oubli de sa dignité au point d'abuser ainsi de la signature royale. Plus l'étonnemeiit du public augmente, et s'ex prime dans lés journaux, plus le ministère se hâte devidersesportefeuilles. C'est un véritable scandale. Le cabinet Malou aurait dû au moins avoir la pudeur de comprendre la leçon qui lui a été donnée par le corps électoral, précisément au sujet de cer taines faveurs destinées récompenser certains services. On a signalé de nombreuses décorations accor dées aux agents électoraux. Nous en rappellerons seulement deux qui avaient pour but de récompen ser le dévouement des candidats cléricaux. On se rappelle la croix décernéeà M. Belpaire-Teicbmann, l'adversaire de M. Léopold de Wael. Il y faut ajouter celle qui a été décernée par arrêté royal du 6 Mai M. Cornet, maître de carrières auxEcaus- sines, candidat au Sénat pour l'arrondissement de Soiguies. C'est une étrange recommandation pour un as pirant législateur que le fait d'exiger au préalable uHo décoration, afin d'avoir fait ses frais, même en cas d'échec. Mais que dire d'un ministère qui souscrit ces exigences et qui failde l'Ordre Léopold un instrument électoral? Les électeurs d'Anvers et de Soignies se sont chargés d'infliger une humiliation au cabinet, en refusant d'élire ses partisans décorés, et de consa crer ces trafics. De pareils scrupules sont totalement étrangers au ministère Malou. II ne s'arrête même pas quand il veut payer ses agents devant des con damnations correctionnelles. Le sieur Cappelle, bourgmestre de Watou, décoré récemment, a été condamné une première fois par le tribunal correc tionnel de Furnes du chef de rébellion et une se conde fois, huit ans après, par la cour de Gand, chambre des appels correctionnelles, chaque fois 30 francs d'amende. C'est la première fois, pensons- nous, que l'on confère l'Ordre Léopold une per sonne qui a subi deux condamnations correction nelles. Mais il fallait bien rémunérer des services électoraux On peut être vaincu et quitter le pouvoir la tête haute, mais c'est la condition de ne pas donner le triste spectacle que nous offre en ce moment le ca binet démissionnaire. Echo du Parlement. SUR LA JOURNÉE DU SI JtLIA'. La Gazette. La journée d'avanl-hier est de celles qui marquent dans les annales d'un peuple. Elle restera jamais mémorable dans notre histoire. La lutte avait un incomparable caractère de grandeur. Il ne s'agissait pas de renverser un cabinet. On ne luttait point pour la possession du pouvoir. Ce n'étaient là que les petits côtés de la questiou. Le ministère, triste expression du parti qui l'avait porté aux affaires, n'avait pas de place dans celte lutte qui domi nait de tout sa hauteur un intérêt immense. Ce miuislère tombe comme une pierre dans la fange d'un marrais. Il s'y enfonce, disparaît et l'on n'en parle plus. C'est ainsi qu'il devait finir. La Belgique se réhabilite, par l'admirable victoire d'avant- hier, dans l'estime des nations, qui ne la connaissaient plus. Elle verra bientôt toute la presse honnête et intelligente des nations libres lui exprimer celte estime méritée. Elle cesse d'être en Europe un obstacle et un danger, pour redevenir ce pays dont on vantail la sagesse et dont on admirait la paisible prospérité. Elle a fait un mauvais rêve, él ce rêve a duré longtemps. Elle s'éveille enfin, et ce réveil et comme l'aurore d'un beau jour. Echo du Parlement. La nouvelle loi a assuré le secret du vote. Elle a ainsi rendu le corps électoral lui même. Le résultat est l'écrasement du parti clérical et un triomphe tellement éclatant pour notre opinion que les plus optimistes d'entres les libéraux n'auraient pas osé le prévoir. Le Belgique a prouvé qu'elle reste la terre de la liberté laquelle on ne pouvait imposer de Syllabus que par le men songe et l'oppression. Le succès de uos amis de Gand, avec 571 voix de majorité, excite dans tout le pays un véritable enthousiasme. A celte splendide victoire vient s'ajouter celle d'Anvers. Nos amis ont triomphé avec 108 voix de majorité. L'ardeur de l'opinion libérale n'a pas été moindre dans les autres arrondissements. A Bruges, tout le monde a fait son devoir. Il est notre connaissance que des libéraux ont fait, pour se trouver au poste le 11 Juin, des voyages de plusieurs certaines de lieues. Chacun d'eux peut se dire, puisque le succès n'est dùqu'à une voix de majorité, que sans son dévouement l'opinion libérale n'eût pas été victorieuse dans cet important arrondissement. La Belgique reprendra, dans l'estime de l'Europe, la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 2