Les Gueux, nee le d «peau belge orné de l'écusson gueux et le Cercle Albert Grisait. Gain! apporte lia spleodide bouquet. Iluy s'est présenté au cortège avec son vieux drapeau de 1850, portant ces mots: A la commune de Huy, la pa trie reconnaissante. Sur son cartel on lit Plutôt mourir de franche vo lonté, que du pays perdre la liberté. A la sortie du Parc, l'enthousiasme a été magnifique, sur tout pour les délégués d'Anvers et de Gand. Au haut de la Montagne de la Cour, la foule est tellement compacte que le cortège ne peut avancer qu'avec peine. Les acclamations ne cessent pas plus que les pluies de bluets. Hue de la Madeleine, d'une maison on laisse tomber des masses de petites étoiles en papier bleu qui forment une pluie des plus jolies. Au balcon de l'Hôtel- le-Ville, M. Auspach, au côté duquel se trouve M. Vrrhaegen, bourgmestre de Malines, est vivement acclamé. Le cortège se disperse là. Chacun se rtndra individuellement au banquet. Seuls les comités avec les drapeaux se digent vers la Bourse, où M. Auspach leur souhaite la bienvenue. Dès I heure, les galeries supérieures de ia salle de la Bourse sont envahies par un essaim de dames portant tontes, soit au chapeau, soit au corsage, les couleurs libéiales. La galerie du fond est comble, les spectatrices s'y pressent en foule et at tendent patiemment l'arrivée du cortège. Devant la Bourse et dans les rues latérales, il y a une énorme atlluence que la police laquelle nous rendons bien volon tiers hommage contient non sans difficulté. Vers deux heures, le cortège est annoncé on entend au loin les fanfares des pompiers qui exécutent joy< usemenl un pas ii doublé. Voici que débouchent par la rue Maus le Comité de l'Association libérale de Bruxelles et derrière lui tous les comités des sociétés de province avec leur drapeaux. Vue du haut du péristyle de la Bourse, l'entrée des dépu- talions est grandiose; 1rs bannières, les drapeaux tricolores, les couronnes, les bouquets sont portés autour de l'estrade placée au fond de la salle. Les comités viennent se grouper près de leurs drapeaux, puis les membres des sociétés entrent pèle-mèle. Kn moins de cinq mioules, le vaste vaisseau de la Bourse est rmipli, il y a là une véritable mer de chapeaux, mer houleuse et enthousiaste qui se calme bientôt lorsqu'est annoncée l'ar rivée de M. Anspach. Le bourgmestre de Bruxelles en uniforme, portant son grand cordon de l'ordre du Christ, fait son entrée par la porte située du côté de la rue du Midi. Il est suivi de ses échevins et du Conseil communal. Aucun représentant de Bruxelles n'avait été ofilciellemri i invité la réception. On fait an premier magistrat de la ville de Bruxelles un ac cueil enthousiaste. Des acclamations sans fin reli ntissent de toutes parts. Des hip, hip, hourrah sont poussés par trois mille poitrines. Les dames s'associent cette allégresse, elles agitent leurs mouchoirs, leurs mains mignonnes applaudissent et jettent des fleursdes bluets sur l'assimblée en délire. Le calme se rétablit grand peine et M. Anspach peut enfin prendre la parole. Il adresse aux libéraux de province un cha leureux discours de bienvenue. Ces paroles sont,plusieurs reprises, couvertes d'applaudis- si raeuls et de cris de Vive Anspach Le passage du discours qui a trait M. Pecber le vaillant chef du libéralisme auversois-est particulièrement souligné par les bravos de la salle entière. On fait une ovation magni fique au patriote anversois qui est obligé de se montrer sur I estrade où il est l'objet d'une nouvelle manifestation de recon naissance plis brillante, plus bruyante encore. M. Anspach, ayant terminé son discours, M. Pecher prend la parole et en quelques mots fort applaudis remercie la capitale de l'accueil cordial fait aux libéraux de province. L'on se sépare enfin aux cris de: Vive Anspach! Vive Pécher! Vivent les Libéraux! Vivent les Bleus! et chacun se rend de son côté au Marché-Bazar où doit avoir lieu le Banquet. Seuls les porte-drapeaux des sociétés restent la Bourse pour se former ensuite en cortège et se rendre au banquet, accompagnés de commissaires qui 1rs guident. Le Boulevard Central est couvert de monde; la foule fourmille, animée, joyt use des groupes se promènent en chantant tout ir monde porte la boutonnière un bouquet de bluets. M. Auspach et le collège sont en rentrant l'Hôtel de Ville l'objet d'une sympathique manifestation. La foule qui se trouve sur leur pacage les saluent par des acclamations. C'est uue véritable rentrée triomphale. Placer 5,000 convives, arrivant pour ainsi dire tous la fois, n'est pas chose facile. L'encombrement, le désordre, les bousculades étaient redouter mais grâce aux excellentes dispositions prises par le Comité organisateur aidé encore ur.e fois de l'infatigable police tout le inonde assis devant son couvert sans avoir dû livrer des assanls ou distribuer des coups de poing droite et gauche. Le vestiaire même est accessible et, moyennant trois minutes d'attente et25centimes de gratification, l'on pi ut mettre en sûreté son pardessus et son chapeau. L'effet produit sur tous les convives par l'arrangement de la salle du festin est excellent. Il était impossible d'aménager avec plus de goût ce vaste marché, peine achevé, dont les murail les ne sont même pas plâtrées. Le coup-d'œil est féerique. Sur toute l'étendue de cette immense salle sont dressées de longues tables sur lesquelles se trouvent 50 couverts dans les galeries latérales et dans les galeries supérieures de droite on a placéégalementdes tables, plus petites mais parfaitement disposéts. Il y a bien là vraiment 5,000 dîneurs réunis l'aise et prêts faire honneur au menu préparé par M. Cayron. L'aérage de la salle est convenable, le soleil absent depuis le matin n'a pas échauffé les vitres de la toiture, un courant d'air frais se répand d'un bout l'autre. Les conditions hy giéniques sont scrupuleusement observées, chaque convive se trouve l'aise, il a ses coudées franches, il est confortable ment assis, en un mot il est reçu la table du libéralisme comme une table de boune maison. Il sait que la cave est bien fournie et il n'attend plus que le signal de SI. Destin pour émettre son avis sur le meuu. Au fond de la salle se trouve la table d'honneur. C'est M. Jotlrand qui préside, ayant sa droite MSI. legénéial Renard, Bara, Anspach, Pecher, Willequet, Wouters, Pennart, Peec- sleen, Lenger, Burnenville, Frédérix et Dobbeleere. A sa gauche, SIM. Van Humbeeck, Graux, Dewael,Verdin, de Sélys, de Thuin, Piedbœuf, Giroul, Prangey, Bamps, Du bois, Vander Taelen, Delvaux etJules Sancke. La table d'honneur est couverte de roses fraîches qui répan dent un délicieux parfum. Les dames sont nombreuses'et toutes portant des bouquets de bluets, des rubans bleus, des chapeaux de même couleur, oc cupent les galeries supérieures de gauche et les deux tribunes extrêmes du fond. Au centre du fond se trouve placé l'excellent orchestre de M. Sennewald, composé de 150 musiciens. La salle est ornée de drapeaux et d'écussons qui lui donnent l'aspect le plus gai, le plus joyeux. Chaque convive a près de son couvert un menu et un programme du concert. Le Couloir électoralpolka de M. Sennewald, dédiée Sl. J. Bara, est vivement applaudi. En avant! Marche des Gueux de M. Drwulf soulève un véritable enthousiasme. La salle par tout entière entonne le Chant des Gueux et la Brabançonnequi se marient dans cette hymne patriotique. M. Vander Taelen, qui il est dédié, est obligé de se lever et de remercier les convives qui agitent leurs serviettes en son honneur. Les dames jettent des bouquets de fleurs, des couronnes de bluets et on répond de toutes parts leur gracieuse et charmante manifestation par des hourrachs, des acclamations. Le spectacle est émouvant, la salle bout d'enthousiasme, elle déborde de joie, de plaisir c'est une explosion unanime d'allégresse.Lesaccords puissants de l'orchestre accompagnent 5,000 voix d'hommes qui répètent pour la dixième fois le Chant des Gueuxle chant de Van Arirvelde et la Bra bançonne. Tout-à-coup l'on entend le son du piano; le silence se fait... Un double quatuor, dont MM. Sylva elOuttelet font partie c'est tout dire chantent les premières mesures du duo de la Muette de Portici. On l'écoute avec recueillement. Lorsqu'arrive le viril et énergique: Amour sacré de la patrie Rends-nous l'audace et la fierté, Etc. Un frémissement court d'un bout l'autre de la salle et les dernières notes de ce chant qui provoqua eu 1850 les pre mières luttes de ia Révolution belge sont accueillies, saluées, bénies par la plus formidable des acclamations que nous ayons jamais entendues. Tout le monde est debout, agitant sa serviette audessus de sa tête, et poussant vigoureusement un hourrah les chefs du parti libéral, les plus graves, sont empoignes, bien des larmes jaillissent, les dames applaudissent tout rompre, l'émotion est grande, profonde, sincère. C'est un magnifique mouvement, notre avis le plus beau, le plus profondément patrotique de la fêle. On réclame une seconde audition du duo, que répètent sans se faire prier les huit artistes dévoués, et de nouvelles acclamations retentissent si longues, si puissantes que deux clairons sonnant de toute force obtiennent peine le silence pour les toasts. L'assemblée est encore houleuse, distraite, et malheureuse ment les orateurs ont grand'peine se faire entendre. M. Jotlrand porte le toast au Roi. M. Willquet, le nouvel élu de Gand, boit au libéraux des campagnes et l'émancipation des campagnes. M. Verdinprononce un énergique discours au nom des libéraux liégeois. Les convives tous debout terminent celte fête libciaie en acclamant MM. Anspach, Bara, Pocher, Vander Taelen, Renard et Paul Janson, ce dernier avait prononcé de sa table quelques paroles très applaudies. Rendons hommage aux organisateurs du banquet, qui ont su mener bonne fin une entreprise aussi difficile et aussi périlleuse. Quelques convives se sont justement plaint de n'avoir pas été servis comme ils auraient dû l'être. Ils sont sortis de la salle du banquet sans avoir pu toucher aux mets annoncés sur les menus de M. Cayron. Les tavernes de la ville ont reçu, vers 6 heures, des grou pes de dîneurs affamés. D'un autre côté, certaines députations celle de Huy, par exemple, comprenant 50 membres ont été relégués dans le fond des galeries supérieures où elles n'ont rien vu, ni rien entendu. Ce sont là de malheureuses taches cette grande fête libé rale et patriotique, organisée avec zèle, dévouement et intel ligence par le comité de l'Association libérale, par MM.Duslin Kervaud et leurs actifs collaborateurs. Bruxelles a donné Dimanche un digne pendant aux mani festations d'Anvers et de Gand. Le premier acte du nouveau ministère paru au Moniteur, est un acte de justice et de réparation. On sait que le premier acte posé par le ministère Kervyn-Wasseige a élé la destitution de M. Car ton, commissaire-d'arrondissementà Ypres. coupa ble de libéralisme. En prenant possession du département de l'Inté rieur, M. Bolin-Jacquemyns a réparé cette injus tice criante, en réintégrant M. Carton dans ses fonctions. La Belgique honnête applaudira cet acte qui en est l'objet comme ceux qui l'ont posé! Il a mis fin, en même temps, un grand scan dale, puisque M. Surmont était en même temps commissaire d'arrondissement, membre de la Dé- putalion permanente et sénateur {Avenir). On lit dans ïOpinion d'Anvers Nous apprenons que le premier président de la cour d'appel de Bruxelles, l'honorable M. de Prelle de la Nieppe, a fait mander M. Smekens. président du tribunal de notre ville et lui a. conformément l'art. 49 du décret du 10 Avril 1810, fait des ré- présentalions sur la conduite tenue par lui lors de la proclamation du scrutin des élections générales. Cette article porte que les présidents des cours d'appel avertiront d'olfice on sur la réquisition du ministère public tout juge qui compromettra la dignité de son caractère. C'est un premier désaveu qu'inflige M. Sme kens son supérieur hiérarchique et chargé par les lois organiques d'avertir tout juge qui compromet la dignité de son caractère. La Chambre et le ministre de la justice leur tour auront occasion d'apprécier bientôt la conduite anarchique et révolutionnaire (comme le disait si justement I honorahle secrétaire de VAssociation libérale, M. Frédéric Delvaux), de M. le président, et nous gageons que l'appréciation sera dure.

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Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 2