HISTOIRE MODERNE
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bles que s'esl produite la deuxième explosion qui a eu de si
épouvantables conséquences.
Le rez-^e-chaussée et le premier étage étaient en feu et les
flammes léchaient le deuxième étage habité par une femme qui
réclamait du secours, en faisant entendre des cris désespérés.
L'entrée de l'escalier qui conduisait cet étage était obstruée,
quelques-uns des courageux citoyens cherchaient d'égager
l'esCalier pour voler au secours de là femme, et c'est en faisant
des efTorts dans ce but qu'ils renversèrent un énorme bac
rempli de pétrole. Le terrible liquide se sepandit sur le sol,
s'enflamma et enveloppa tous ceux que leur dévouement avaient
poussés la dans un effroyable cercle de feu.
Ainsi que nous le disions plus haut, rien ne saurait décrire
l'horreur des scènes qui se produisirent alors.
Jlolke, l'imprudent et infortuné locataire sortit, le premier;
les bras levés, enveloppés de flammes qui s'élevaient une
hauteur incroyable, il semblait un immense lampadaire il
poussait des cris féroces.
Verhoeveh, le garçon de magasin, le suivait. Comme son
maître, ce malheureux était en feu. Il s'enfuit affolé par la rue
de l'Olivier.
Les femmes qui, dans celte rue, se tenaient, sur la portede
leur demeure, rentraient épouvantées la vue de ce sinistre
spectacle. Verhoeven a été retrouvé étendu sur le sol, près de
la rue Royale.
Moreau, un tailleur de pierres, père de cinq enfants, sui
vait Verhoeven, et, aveuglé par les flammes qui l'entouraient,
il alla se jeter contre la façade de la maison avec une violence
telle qu'il faillit se briser le crâne. Il tomba la renverse et
aussitôt on vit un jeune homme nommé Hancart se jeter
sur lui, le couvrir de son corps, étouffer ainsi les flammes et
lui arracher par lambeanx ses vêtements en feu.
11. Dumont, horticulteur, sur les lieux, en compagnie de
son fils, et qui avait fait preuve du plus grand dévouement, a
vu son fils âgé de 24 ans brûler ses côtés. Aidé de
deux autres personnes, il a pu éteindre les flammes qui dévo
raient son enfant, mais déjà celui-ci était affreusemeut atteint;
les jambes et le bras droit ont reçu des blessures gaaves
Dumont fils, a été transporté chez lui.
Les autres victimes ont été transportées l'hôpital St Jean.
Voici leurs noms
Denys, Bernardine, âgée de 27 ans, demeurant rue Josa-
phat, 81
Motke, Emile-Michel, âgé de 25 ans droguiste, id
Govaerts, Joseph, journalier, âgé de 35 ans, demeurantrue
Josaphat, 98;
Verhoeven, Auguste, aide droguiste, 17 ans, rueJosaphat,
81;
Moreau, Victor, tailleur de pierres, êgé de 4G ans, rue
Vifquin, 72;
Van Parys, François voyagenr de commerce, né Gand en
1829, rue Van Dyck, 52;
Lermio, Charles-Louis, ouvrier peintre, né Bruxelles en
1849, rue de l'Olivier, 32;
Vandewouwer Virginie, lingère, âgée de 53 ans, rue Jo-
saphal, 81.
M™" Bernardine Denys n'est brûlée qu'à la poitrine et au
ventre: on espère beaucoup la sauver, mais les six hommes,
Motke, Govaerts, Verhoeven, Moreau, Van Parys et Lermio
sont couverts de brûlures, la figure, la poitrine, au dos,
aux jambes; leur corps n'est qu'une plaie et on ne conserve
aucun espoir de les sauver.
Quant Mme Vandewouwer, qui a santé par la fenêtre et
s'est fracturé la jambe, sa guérison paraît certaine.
Le parquet a fait une descente hier après-midi.
L'Etoile ajoute aujourd'hui: Nos prévisions se réalisent,
malheureusement quatre des personnes qui ont reçu des brû
lures sont mortes. Ce sont: Emile Motke, âgé de 25 ans, dro
guiste, le locataire principal de la maison Govaerts, puisatier,
âgé de 35 ans, père de 4 enfants; Moreau, tailleur de pierres,
âgé de 46 ans,père de2 enfants; Auguste Verhoeven, 17 ans,
élève droguiste.
Motke est mort samedi dans la soirée; Moreau et Govaerts
dans la nuit, et Verhoogen hier matin. Tous ont souffert
d'inexprimables souffrances.
Peut-être cette triste nomenclature sera-t-elle incomplète au
moment où paraîtront ces lignes, car l'état des deux antres
blessés qui se trouvent l'hôpital ne laisse que peu d'espoir de
les sauver.
La situation de Dumont n'est pas désespérée. L'état des
deux femmes, Virginie Vande Wouwer en Bernardine Denys,
épouse Motke, est aussi satisfaisant que possible. Cette dernière
ignore encore que son mari a succombé ses horribles bles
sures.
Nous avons dit que B™ Motke s'est brisé la jambe en sautant
par la fenêtre du premier étage. Ce renseignement n'est pas
exact.
Le premier étage de la maison incendiée était occupé par
M. et Mm* Lajois. M. Lajois, éveillé en sursaut par la première
explosion, bloqué dans son appartement, l'escalier, comme
nous le disons, hier, étant en feu, conserva néanmoins, toute
sa présence d'esprit. Avec l'assistance d'un voisin, il établit au
moyen d'une échelle une voie de sauvetage pour les étages.
Après avoir assuré la descente de sa femme dans la rue, M.
Lajois enleva l'échelle, et du balcon il ia plaça sur ses épaules
et, faisant preuve d'une adresse et d'une force peu communes,
il fournit ainsi la dame Virginie Vander Wouwer, qui habi
tait le second étage, le moyen de se sauver d'une mort cer
taine.
Malheureusemens, cette dame ne sut conserver son sang-
froid et perdit l'équilibre, alors qu'elle n'avait plus que quel
ques échelons descendre, et dans sa chute elle se fractura
la jambe.
On nous avait raconté, propos de Moreau, le tailleur de
pierres, qui figure parmi les morts, un fait tellement invrai
semblable que nous avons pu en constater l'exactitude nous
avons eu sous les yeux la preuve même du fait.
Moreau, un homme très robuste, d'une force herculéenne,
était comme ses compagnons enveloppé de flammes, mais son
bras gauche était particulièrement atteint. Tout coup, on la
vit, égaré par la douleur saisir de la main droite hauteur
du poignet la peau de la main gauche et par un mouve
ment brusque, violent, l'arracher tout entière.
Cet affreux débris a été remis, samedi, entre les mains du
parquet; il ressemble un gantqu'on auraitôté enle tournant!
Les ongles y adhèrent encore...
L'infortuné père de Verhoeven nous écrit:
C'est son obéissance son patron que ce malheureux en
fant paiera de sa vie; j'avais a maintes reprises, dit mon fils
d'abandonner son patron si ce dernier voulait faire du vernis
dans sa maison.
Une foule considérable n'a cessé de visiter, pendant toutela
journée d'hier, les tristes lieux de ce lugubre drame qui a
produit en ville une profonde et douloureuse émotion.
L'Echo de la Flandre raconte qu'un terrible accident
s'est produit, Dimanche dernier, près de lagared'Hazt brouck
la bifurcation des lignes de Lille et de Poperinghe. Un can
tonnier du chemin de fer du Nord, nommé Désiré Lestavel, a
été coupé en deux par un train, vers dix heures du soir. C'est
un des fils de Lestavel qui, envoyé la recherche de son père
par sa mère qui commençait concevoir des inquiétudes,
retrouva le cadavre mutilé. On peut juger de la douleur de la
malheureuse famille qui vivait du travail de son chef. Lestavel
laisse une veuve enceinte et mère de cinq enfants.
Mort de M. Barthélémy Dumortier.
Au moment de mettre sous presse, nous recevons la
nouvelle de la mort de l'honorable M. Barthélémy
Dumortier, ministre d'Etat, ancien député de Tournai,
député de l'arrondissement de Roulers.
M. Dumortier était malade depuis quelques jours
seulement mais dès le début, l'indisposition dont il
souffrait, avait pris un caractère de gravité qui ne
laissait guère d'espoir de guérison.
Le temps nous manque aujourd'hui pour apprécier
la longue carrière politique du défunt: force nous est
de publier la hâte quelques notes biographiques.
M. Dumortier était né Tournai en 1797.
Adversaire acharné du gouvernement hollandais, il prit
une part active au mouvement révolutionnaire de 1830.
Il distribua sur la Grand'Place de Tournai les couleurs
nationales aux troupes de la garnison et fut un de ceux
qui dirigèrent l'attaque contre les postes hollandais. Il
figurait alors parmi les Belges contre lesquels les auto
rités hollandaises avaient lancé des mandats d'arrêt.
Envoyé bientôt la Chambre des représentants, il
ne tarda pas y occuper une place brillante. Quand fut
discuté le traité des 24 articles qui décrétait le partage
du Limbourg et du Luxembourg, M. Dumortier, emporté
par la fougue de son caractère et ne tenant pas suffisam
ment compte des tristes et cruelles nécessités du mo
ment, combattit avec l'éloquence emportée et l'enthou
siasme irréfléchi du tribun un projet que M. Devaux
défendit contre lui avec la froide raison de l'homme
d'Etat. Ce fut le momont de la grande popularité de
de M. Dumortier, popularité qu'il partagea avec M.
Gendebien, lequel donna sa démission séance tenante
après avoir voté en ces termes contre le traité: «Non,
380,000 fois non, pour 380,000 Belges que vous sacrifiez
la peur
On sait comment, il y a une trentaine d'années, M.
Dumortier cessa de représenter le Tournaisis la
Chambre et devint le mandataire de l'arrondissement
de Roulers.
Défenseur déterminé de la politique cléricale, M.
Dumortier est resté jusqu'à la fin de sa carrière fidèle
l'école politique de 1830; il se faisait gloire, un peu
trop bruyamment parfois, d'être le défenseur attitré de
la Constitution belge; il devait donc être l'adversaire
des énergumènes et des fanatiques qui s'en étaient dé
clarés les ennemis implacables. On peut regretter qu'il
ne les ait point quelquefois rappelés lapudeur du haut
de cette tribune où il fit de si fréquentes apparitions.
La Belgique perd en M. Dumortier un citoyen éminent
un patriote ardent et convaincu, un littérateur, et un
savant de grand mérite. La ville de Tournai, qui s'était
séparée politiquement de lui, a appris avec douleur la
mort de cette homme d'élite, dont elle saura conserver
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