IV 3^2. Jeudi,
25 Juillet 1878.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les martyrs.
38e ANNÉE.
PARAISSANT Lli JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Nous apprenons que, nonobstant l'impor
tance et la multiplicité des prix, et les excel
lentes dispositions prises par la Commission,
le grand Tir la Ciblé organisé pour le pre
mier Dimanche de la Tuindag n'a pas de
chances de succès. Le nombre des tireurs
étrangers inscrits atteint peine le chiffre de
200.
Mais en revanche, le Festival fixé au Di
manche, 11 Août, promet d'être brillant;
d'excellentes musiques y prendront part. On
nous cite notamment celles de Dunkerque,
Comines-France, Menin, Poperinghe, Rou
lers et un grand nombre d'autres de France et
de Belgique.
LE
PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT EUNDO
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Yp res. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 5!).
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'Y PRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50.
Poperinghe. 6-50. 9-07. 12-07. 3-57. 6-50.
8-45. 9-50.
Courtrai. 5-54. - 9-46. - 11-20. - 2-35. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Oslrnde. 7-00. 12-06. 6-07.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
La reine d'Angleterre a donné lord Beacons-
field la récompense de ses travaux. Elle lui a solen
nellement conféré Lundi, Osbornc, l'ordre de la
Jarretière.
Celle distinction ne vaut certes pas le tilre de
duc que l'on s'attendait voir donner au premier
ministre; mais l'impératrice des Indes, qui a un
profond respect pour tout çe qui concerne les tra
ditions constitutionnelles, veut attendre probable
ment l'issue des débats qui vont s'engager la
Chambre des communes sur la ligne politique
qu'ont suivie ses plénipotentiaires Berlin.
On télégraphie de Constantinople que les Turcs
ont évacué Schumla et se retirent de Varna.
Les Russes ont déjà occupé la première de ces
deux places: dès qu'ils auront complètement
occupé la seconde, leurs troupes, qui sont ei core
stationnées aux epvirons de Constantinople, se
retireront au delà du Danube.
On annonce comme éminenlela conclusion d'une
convention austro-turque.
La Correspondance politique de Vienne a reçu
de Constantinople la nouvelle que le conseil des
ministres, dans sa séance du 19, a résolu d'ajour
ner le départ pour Volo du 2e corps d'armée,
raison des négociations entamées avec la Grèce au
sujet de la rectification des frontières.
La commission consulaire chargée de faire une
enquête dans les monts Rhodope, a dû partir le 21
pour la vallée de l'Areta, en passant par Andri-
nople.
On télégraphie de Vienne la Gazette de Co
logne que l'agitation qui se manifeste en Italie au
sujet de Triesle et du Trentin commence décidé
ment indisposer le gouvernement autrichien.
Dans la soirée de Dimanche, la foule, après
avoir crié: Vive Trieste! A bas l'Autriche
sur la place Colonna, où jouait la musique, a voulu
se rendre la place de Venise et au Corso, la
résidence de l'ambassadeur d'Autriche, pour con
tinuer la manifestation, mais la police est intervenue
et a dispersé les manifestants. Un parti se forme
pour provoquer de plus en plus l'agitation. Mais le
gouvernement ne tolérera pas, dit-on, que cette
agitation dégénère en manifestations hostiles une
puissance amie.
Les deux scrutins de ballottage qui ont eu lieu
Dimanche en France ont donne des résultais favo
rables aux républicains. Celle victoire est impor
tante, surtout dans le département du Nord, où la
grève d'Anzin et des environs est exploitée contre
le gouvernement de la République. Heureusement
les grévistes ne se sont livrés jusqu'à présent
aucun acle de violence.
Les nominations qui ont été faites parmi les con
seillers d'Etat mécontentent assez vivement les
républicains. Les journaux de la gauche sont
d'accord pour regretter, dans un langage plus ou
moins amer, que le gouvernement n'est pas cru
devoir écarter des candidats, dont le talent peut ne
pas être contesté, mais dont les opinions sont sou
vent plus qu'effacées au point de vue du régime
établi.
L'Empereur d'Allemagne a fait Dimanche une
seconde promenade eu voilure dans les rues de
Berlin. L'état de santé de l'auguste vieillard s'est
du reste tellement amélioré que les médecins ne se
sont pas opposés plus longtemps au désir de S. M.
de partir pour le château de Babelsberg. Lundi,
une heure et demie de l'après-midi, l'Empereur,
accompagné de l'Impératrice, de la grande-duchesse
de Bade et de la princesse Victoria, est arrivé la
gare de Polsdam et est parti par un train spécial.
S, M. était en costume militaire. Quoique le secret
eùl été gardé sur ce voyage, l'empereur Guillaume
a été reconnu dès son arrivée et les assistants lui
ont fait une ovasion des enthousiastes. Ou a re
marqué que l'Empereur a salué plusieurs fois le
public par un mouvement de la main gauche qui a
été, comme ou se le rappelle, atteinte de plusieurs
plombs lors de l'attentat de Nobiling.
Ypres, le 24 Juillet 1878.
Il n'y a plus en Belgique de libéraux et de cléri
caux.
Il n'y a plus que des persécuteurs et des mar
tyrs.
Les presécuteurs naturellement c'est nous autres,
libérâtres et gueux, gens de sac et corde, qui ne
rêvons qu'incendies, pillages et massacres.
Les martyrs, ce sont les petits moutons, les ten
dres agneaux, les douces brebis de l'ullramonta-
nisme.
Nous sommes revenus au temps de la Rome
païenne; la Belgique n'est plus un pays constitu
tionnel et libre; c'est un cirque où ces pauvres
ultramontains sont livrés aux bêtes fauves du libé
ralisme.
En plein dix-neuvième siècle! Si c'est permis!
Le Bien public est, cela va sans dire, au nombre
des infortunées victimes.
Mais le Bien public est un martyr qui a du
creux écoutons la basse profonde de la rue aux
Tripes moduler ses lamentations sonores:
Les premiers actes du ministère Frère-Rolin
ont soulevé dans le pays tout entier une réproba
tion unanime. La politique violente et fanatrque
dont les lettres de Al. Rolin Al. le prince de Cara-
man-Chimay nous ont livré la formule officielle,
est trop clairement inarquée du sceau de la lutte
civilisatrice pour qu'il soit encore possible de se
méprendre sur son caractère ou de se faire illusion
sur la source d'où elle procède
Nous avons vu, nous voyons aujourd'hui, et
malheureusement nous verrons de mieux en mieux
quoi onlservi les concessions innombrables accor
dées par l'ancien cabinet aux menaces audacieuses
du libéralisme. Persécuteurs dans l'opposition, le
libéralisme s'empresse, peine arrivé au pouvoir,
d'exécuter méthodiquement et impitoyablement
tous les points de son programme. C'est duperie
que d'espérer le désarmer par des faiblesses, et c'est
plus que duperie que de jeter en pâture, ce parti
affamé de despotisme et d'étroite oppression, nos
libertés les plus précieuses, lambeaux par lam
beaux, dans l'espérance toujours vaine dese débar
rasser de ses exigences importunes on d'apaiser sou
besoin d'intolérance et Je persécution.
Ce serait faire frémir, s'il n'y avait pas de
quoi rire aux éclats pendant trois heures de cloche.
Les cléricaux belges criant aux martyre, ce n'est
plus en effet de la politique; c'est de l'opérette.
Et des articles comme ceux dont nous venons de
donner un échantillon, devraient être mis en musi
que par Lecocq et Offenbach!
Il n'est pas, dans le monde entier, de pays où le
clergé soit plus libre, plus privilégié sous tous les
rapports, plus riche qu'en Belgique les couvents
s'y comptent par milliers, et leurs fortunes par cen
taines et centaines de millions; et quand les bons
journaux parlent de matyrs, on se rapelle involon
tairement qu'ils sont les organes officiels de Nos
seigneurs les évêques, dont le martyre consiste
habiter des palais, ne sortir qu'en équipage,
avoir maison de ville et maison de campagne,
exercer sur tout un diocèse un pouvoir despotique
et sans contrôle, disposer de revenus supérieurs
aux traitements des plus hauts fonctionnaires de
l'Etat, et maudire les libéraux depuis le matin
jusqu'au soir et depuis le premier Janvier jusqu'à
la Saint-Sylvestre. Les saintes feuilles ont beau