6 FRANCS PAR AN.
Nos 378-379. Dimanche,
38e ANNÉE.
18 A ont 1878.
J OUK N A L
V PRES ET DE L'ARRONDISSE M E NT.
La Manifestation Bruges.
rte t
La Porte refuse décidément d'accéder au désir
xprimé par le congrès de Berlin de voir rectifier
es frontières du royaume de Grèce. Elle a exposé
es motifs qui l'ont déterminés prendre celte réso-
ulion dans une note qu'il vient de publier en ré-
lonse un mémorandum que M. Delyannis acom-
nuniqué aux puissances.
Il sera intéressant de savoir comment les puis-
I-lances vont accueillir cette décision. Nous savons
léjàque l'Angleterre offrira sa médiation, si l'entente
se fait jgas, Telle est du moins la déclaration
aile Mardi par M. Bourke la Chambre des Com-
nuncs.
Vis-à-vis de l'Autriche, au contraire, l'altitude
u gouvernement turc devient de plus en plus con-
iliante. fi
Mehemed Ali,qui vient de partir pour le théâtre
e l'insurrection en Bosnie, avec mission de paci-
erles populations révoltées, a reçu l'ordre de faire
ne enquête, afin de savoir si les officiers ottomans
ont pas pris une part quelconque aux derniers
vénements. Cette mission est très délicate et il ne
erait pas impossible que les insurgés fissent un
îauvais parti au commissaire turc.
D'après certaines informations qui nous sont
aryennes, la Po^te aurait déclaré au gouvernement
ulrichien qu'elle ne demandait pas mieux que de
onclure une convention et elle proposerait de la
aire signer par le général Philippovich d'une part,
l Mehemed Ali, d'autre part, dans Serajevo où les
roupes autrichiennes entreraient sans coup férir.
La convention, qui se négociait entre la Turquie
I l'Herzégovine, a été conclue.
Léon XIII a donné pour successeur au cardinal
'ranchi le cardinal Nina. Le nouveau secrétaire
Etat n'est pas au nombre des jeunes cardinaux,
ar il est né en 1812, mais il est devenu membre
u Sacré-Collège l'an dernier seulement. Il est con
féré comme ayant un esprit conciliant, et proba
blement il suivra la politique du cardinal Franchi.
J»e circulaire adressée aux nonces par le nouveau
tinislre autorise du moins ces prévisions. Le car-
'i"al Nina y recommande aux nonces d'èlre pru-
l(,nts. d'éviter les difficultés inutiles et de mani-
wter aux puissances une amitié sincère.
Le Mémorial diplomatique affirme que l'accord
'5t décidément établi enlre Berlin et le Vatican.
Une dépêche de Rome, -en date du 14 Août, an-
'once qu'aucune, convention spéciale ne sera arrê
tée, pour le moment, entre le Vatican et la Prusse
il y aura seulement des déclarations réciproques.
On écrit d'Odessa:
Le 6 août ont été jugés les nihilistes qui
avaient fait la police, il y a quelque temps, une
résistance armée. L'accusé Ivan Kovalcki a été
condamné mort; Vladislas Svinine, Nicolas Vita-
cheski, Edmond Stoudzinski et Vassili Klénof, aux
travaux forcés pour quatre ans et huit ans; les trois
femmes impliquées dans le procès, l'exil en Si
bérie ou la prison.
De graves désordres ont éclaté après l'audience.
»Des coups de feu sont partis deja foule rassem
blée dans la rue aux abords du tribunal. Une com
pagnie de soldats ayant reçu ordre de dissiper l'at
troupement, on a tiré sur elle des coups de revolver,
Quatre soldats ont été blessés. Deux personnes ont
été tuées dans la foule.
En Hollande, on commence se préoccuper de
nouveau de l'état des choses Alchin.
Les nouvelles officielles hollandaises sont rassu
rantes, mais on ne donne aucun détail.
Nous ne comprenons pas tout le bruit qui
se fait autour de M. Ruzette. Vraiment il n'en
vaut la peine au grand préjudice de notre
arrondissement M. Ruzette est venu Ypres,
comme commissaire, au lieu et place de l'hono
rable M. Carton, brutalement destitué, et au
grand avantage pour la province, il est son
tour remplacé comme gouverneur par M.
Heyvaert, un homme beaucoup plus instruit
que lui. De quoi donc a-t-il se plaindre
Bien évidemment nous ne pouvons qu y gagner.
M. Ruzette ne pouvait rester plus longtemps,
sans désorganiser la province comme il a
désorganisé l'arrondissement d'Ypres; son
unique souci a toujours été de plaire au clergé
et de fourrer partout ses créatures. Lorsqu'il
y trouvait un obstacle, il laissait les places
ouvertes. N'avons nous pas vu la commune
de Becelaere rester, pendant six ans, sans
bourgmestre, alors qu'il y avait là un ancien
titulaire qui avait rempli ces fonctions de
1836 1872 et qui, pendant 20 ans, avait été
Conseiller Provincial et était décoré depuis
plusieurs années de l'ordre de Léopold.
Nous pourrions en citer bien d'autres. M.
Ruzette était l'esclave du clergé Que celui-ci
regrette son départ, nous le comprenons. Mais
pourquoi irions nous jeter des cris de paon et
organiser des manifestations, par ce que nous
perdons un fonctionnaire incapable, sans ini
tiative et qui ne laissera aucun souvenir de
son passage aux affaires. Tous les hommes
sensés doivent être heureux au contraire de
voir arriver la tête de la province un hom
me dont le mérite n'est contesté par personne
et qui saura mettre son instruction et son ex
périence profit, pour imprimer une nouvelle
vie notre contrée.
Oui, nous le disons sans restriction, notre
nouveau gouverneur a toutes nos sympathies
et toute notre confiance et nous sommes con
vaincus qu'il saura les justifier.
Après cela, que nos ultramontains se mon
trent au désespoir de perdre M. Ruzette, cela
ne prouve qu'une fois de plus combien le gou
vernement a eu raison de lui retirer ses fonc
tions.
Nous apprenons que l'organe flamand de
notre clergé, vient d'être condamné du chef de
calomnie envers l'épouse De Beer, trois cent
francs de dommages et intérêts,des insertions
et aux frais.
M. le Président de l'association libérale
avait bien raison, comme on le voit, de traiter
cet organe dans une proclamation électorale
qu'on a pu lire tous les coins de rue diIgno
ble pamphlet!! h
Nous n'en dirons pas davantage, par ce qu'on
nous assure que la partie civile interjette
appel de ce jugement. Nous nous imposons le
devoir de nous taire, aussi longtems que la
justice est saisie.
La presse cléricale avait convoqué le ban et l'ar
rière ban des cléricaux delà ville et des campagnes
pour aller Dimanche matin manifester chez M. Ru
zette qui comptait recevoir ses féaux et ses amis
l'hôtel provincial.
Il paraît que par un ordre venu de haut lieu, on
l'avait prié de ne pas manifester officiellement, at
tendu qu'il n'était plus gouverneur.
Dimanche donc, l'issu de la grand'niesse, oû
ils avaient été aiguiser leurs plumes et leurs lan
gues, les Concordiens, suivis de femmes et de
curieux, se formèrent en cortège. M. Decock, mem
bre de la Députation Permanente, ouvrait la mar
che avec M. le chanoine Andries; puis venaient le
bourgmestre de la ville de Bruges, des conseillers.
La troupe se rendit rue haute, en face de. la maison
de M. De Man, dont la porte s'ouvrit. Le cortège
s'introduisit comme un serpent dans cette demeure
qui se referma sur lui. Pour qu'il put ainsi s'englo
ber dans une maison particulière, il ne devait pas
être nombreux. Comme naturellement nous n'eo
faisions pas partie, il nous est impossible de rendre
compte de ce qui s'est passé inlra muros, ni de
compter les larmes qui ont clé versées, parce que
M. Rolin, usant de son droit, comme M. de Tlieux
le fit, quand il démissionna deux gouverneurs libé-
PARAISSANT LE JEUDI ET ÉE DIMANCHE.
VIRES AC6U1RIT KISNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le restant du pays.7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 30.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-23.
CHEMIN DE FER.
HEURES DE DEPART D'YPRES A
'operinghe-Hazebrouck. 6-30. 12-07. 6-50.
operinghe. 6-30. 9-07. 12-07. 3-57. 6-50.
- 8-45. 9-50.
lourlrai. 5-54. - 9-46. - 41-20. - 2-35. - 5-25.
oulers. 7-50. 12-25. 6-30.
anghemarck-Oslrnde. 7-00. 12-06. 6-07.
.anghrmarck, le samedi, 5-50.
BULLETIN POLITIQUE.
Il paraît que les Atchinois sont descendus en grand
nombre de Iejrs montagnes et s'avancent sur Kra-
ton et d'autres forlicaiions des Hollandais sur la cô
te. La position a été un moment très-critique.
Ypres, le 17 Août 1*7$.