Les Noces d'Argent Douceurs Evaogéliques. L'arrivée des Ecoles. La réception des écoles de province a été des plus intéressantes. Les dépulations des diverses écolesontélé reçues par les membres des comités scolaires de Bruxelles. Les écoles de Gand, Termonde, Alost JelteS1 Pier re, Anvers, Malines. Hasselt et Louvain, sont ar rivées par la gare de l'Allée Verte. Celles de Charleroi, Mons, Nivelles, Forest, Tournai, par la gare du Midi. Celles de Marche et de Namur par la gare de Luxembourg. Et enfin celle d'Ypres par la gare du nord. Un public nombreux se pressait sur le parcours des divers cortèges et acclamait vivement les éco liers. Les écoles de Malines et d'Anvers étaient accom pagnées parle corpsde musique de l'orphelinat, mais chaque école devant son drapeau. Nous axons parti culièrement remarqué le drapeau de l'orphelinat d'Anvers qui lui a été donné par les officiers de la garde civique de celte ville. Tous les écoliers, sauf l'école des enfants de trou pe, soit près de 1.200 élèves, se sont rendus aux Halles du Parc où une collation Iput avait été pré parée par la Société coopérative alimentaire. Sept rangées de tables étaient disposées dans la salle qu'on avaitpavoisée de drapeaux aux couleurs nationales. Chaque école est allée prendre dans le plus grand ordre la place qui lui était assignée. Devant chaque élève il y avait un plat avec un petit pain fourré. Un second petit pain était déposé sur un grand verre de bière destiné arroser le repas. Le coup d'oeil était charmant. Fillettes et gar çons mangeaient avec un appétit qui faisait plaisir voir. Lorsque tout ce petit monde fut restauré, le cor tège s'est reformé et chaque école est allée prendre la place qui lui était désignée. Pendant que les élèves des écoles communales de province mangaieut aux Halles du Parc, une colla tion était servie aux enfants de troupe dans le se cond local du comité des Ateliers Réunisrue d'Ophem. La vue de la salle n'était pas moins curieuse que celle des Halles du Parc. La Revue des Ecoles. Quelques gouttes de pluie avaient de nouveau jeté l'inquiétude dans le public. Le météorologues toutefois remarquaient que le vent souillait de l'Est et prédisaient que le temps se relèverait; fort heu reusement l'événement leur a donné raison. Après le repas, vers midi et demie, les enfants commencent se ranger sur les boulevardssuivant l'ordre où ils doivent défiler. La première partie du cortège commence l'an gle du boulevard et de la rue de la Loi. Elle se compose des écoles de Bruxelles qui sont rangées sur les boulevards de l'Observatoire et le boulevard Botanique jusqu'à l'hôpital St-Jcan. La seconde division commence également l'an gle du boulevard et va jusqu'à l'avenue Louise. Elle comprend d'abord l'école des enfants de troupe d'Alosl, après lesquels viennent les écoles des pro vinces, puis des faubourgs de Bruxelles. La foule est immense sur tout le parcours. A une heure et demie, la première colonne s'ébranle pour le défilé. Le cortège a peine lui frayer passage le long de la rue de la Loi et de la rue Royale. Partout retentissent des vives acclamations. A une heure trois quarts, la tête du défilé,guide par M. le bourgmestre et MM. les échevinsde Bru xelles. eu costume officiel, débouche sur la place des Palais. Ce léger retard est dû la difficulté de se frayer nn passage. Aussitôt l'arrivée du cortege annoncée, S. M. la Reine parait sur l'estrade, conduite par S. A. l'ar chiduc Charles Louis. Le Roi et le comte de Flandre viennent ensuite en uniforme de lieutenant général. LL. MM. sont vivement acclamées. La place des Palais, le Parc, les hôtels, les estra des, les enceintes réservées sont garnis, comme la veille, d'une foule immense et enthousiaste. La Reine porte une ravissante toilette crêpe de Chine jaune garnie de dentelles d'application de Bruxelles. Le chapeau de paille est garnie de ceri ses. LL. MM. sont accompagnées des dignitaires de la cour et de M. Vanhuinbéeck, ministre de l'in struction publique. M. Rogier est dans la foule au bas de l'estrade. La marche est ouverte par la musique des chas seurs éclaireurs de Bruxelles. Des corbeilles de fleurs et les bouquets sont offerts LL. MM. Filles et garçons acclament LL. MM. avec vigueur et ensemble. L'école d'Ypres, vêtue de blanc avec écharpes tricolores, ferme la marche des écoles venues de la province. Les enfants marchent militairement. Quelques instants avant la fin du cortège S. A. l'archiduc s'est entretenu avec M. Van Humbéeck, ministre de l'instruction publique et lui a fait part de son admiration pour le succès de la fêle. La Reine félicite également M. Van Humbeéck avec qui elle s'entretient pendant quelques instants. En même temps le Roi adressait, de son côté, ses félicitations M. Jules Anspach. Après le défilé LL. MM. restent encore quelques instants sur l'estrade. La foule remplit la place des Palais et l'on a peine l'empêcher d'envahir l'estrade elle-même. Les acclamations les plus chaleureuses retentissent et paraissent émouvoir nos souverains. Ceux-ci se retirent enfin, après avoir donné l'or dre d'emporter au palais les corbeilles de fleurs et paraissent profondément émus et satisfaits de ce magnifique épisode les plus touchant de nos fêtes. Les spectateurs ont été vivement impressionnés, souvent jusqu'aux larmes, et ne perdront pas le souvenir de cette charmante solennité. En terminant, payons un juste tribut déloges au corps enseignant, qui a fait preuve d'une grande patience et d'un véritable dévoùment, pour assurer, comme il l'a fait, le succès auquel nous applaudis sons aujourd'hui. Le dîner de.-* enfants. A l'issue du défilé les élèves des écoles de pro vince ont été conduits de nouveau aux Halles du Parc pour dîner. Les enfants de troupe, aprèsavoir déposé les armes l'école communale n° 3, rue Locquenghein, se sont rendus au deuxième local de la société coopérative alimentaire, rue d'Ophem. Voici le menu du dîner qui a été servi dans les deux locaux Potage. Roslbeef aux pommes et légumes (princesses). Riz au lait. Les écoliers, aussi bien que leurs instituteurs et institutrices, paraissaient très contents du repas qui leur était servi. A l'apparition de la rijspap, la joie des bambins a éclaté de la façon la plus vive. La vue de toutes ces joyeuses figures avait quelque chose de réelle ment attendrissant. Ap rès le riz-au-lait, on croyait le repas fini, lorsqu'apparurent sur les tables des fruits magnifi ques que Mme veuve Ernest Allard, avait envoyés pour être distribués aux enfants. La veuve de notre regretté échevin de l'instruc tion, dont le dévouement l'enseignement ne s'est pas un instant démenti pendant lecoursdesa courte carrière, avait voulu s'associer la fête. Après le repas, les élèves se sont réformés en rangs pour se rendre respectivement aux gares de l'Allée Verte, du Midi, du Nordetdu Luxembourg. Les élèves des écoles de Louvain et de Hasselt sont partis a h. 08. Ceux des écoles de Malines et d'Anvers 6 h. Ceux de Jette-Saint-Pierre, de Termonde et de Gand ainsi que les enfants de troupe C h. 27. Les élèves des écoles de Forest, Nivelles, Mons et Charleroi ont quitté la capitale 5 h. 40 m. Ceux de Tournai sont partis 6 h. Les élèves de Namur et Marche, 6 h. o m. El enfin ceux d'Ypres 0 h. 47 m. Le Times publie, l'occasion des fêtes qui viennent d'avoir lieu, un article dont nous ex trayons quelques passages: Les fêtes nationales ont rarement eu un caractère de spontanéité enthousiaste et de sincérité plus profond que les démonstrations qui ont lieu en ce moment dans toutes les parties de la Belgique. Les noces d'argent du Roi et de la Reine ont fait éclater le royalisme de leurs sujets. Mais le sentiment qui domine le pays n'est pas seulement celui du dévouement la famille royale, car nous assistons une explosion de fierté qui identifie le développement de la nationalité belge avec la consi dération accordée la monarchie en Europe et le respect conquis par le caractère personnel du Souve rain. Bien que né catholique, le roi Léopold a imité avec un remarquable succès l'impartialité politique de son père et la Reine n'a pas moins scrupuleusement observé les devoirs de la souveraineté constitutionnelle. Des ministres sont arrivés au pouvoir et tombés depuis 1865, des partis sont montes au pouvoir et en sont descendus après avoir été vaincus, mais le roi Leopold a toujours sagement suivi les conseils de ses ministres responsables et consulté son Parlement pour connaître la vraie expression de la volonté nationale. Nous ne saurions douter que les Belges, qui sont un peuple sensé malgré quelque chaleur de tempérament et, quelquefois, la violence de l'esprit de parti, n'aient parfaitement apprécié la modération et la prudence et surtout la juste perception que possède de ses fonctious le monarque constitutionnel, qui a hérité ces qualités du fondateur de la dynastie. La Reine a bien mérité sa part du dévouement loyal qui hier a transformé chaque ville belge en une scène de réjouissances publiques. La capitale, si coquettement parée en ce moment par ses décorations pleines de goût, les cités manufacturières du pays wallon toujours si animées, les gracieuses villes ilamandes, les unes remarquable par leur activité commerciale, telles qu'Anvers, les autres par leur énergie industrielle, telles que Gand, ou par leur dignité tranquille, telles que Bruges, toutes ont con couru avec un zèle des plus francs et des plus généreux faire honneur au Roi et la Reine. Les Belges, peut-on ajouter, sont un peuple qui attache du prix aux liens de famille aussi la célébra tion des noces d'argent dans la famille royale a-t-elle fait vibrer dans le cœur et les imaginations des popula tions des cordes qui éveillent des émotions difficiles calmer. Lorsque les sentiments de loyauté sont aussi puissants en Belgique, le royaume qui a été créé il y a moins d'un demi-siècle n'a pas beaucoup craindre ni les mouvements révolutionnaires du dedans, ni l'inva sion du dehors. Un vicaire d'une commune des environs de Ver- viers a formulé dans les termes suivants, son opi nion sur la grande majorité des Belges: Les libéraux, les francs-maçons, les francs-ouvriers, les libres-penseurs sont des canailles, des gueux, des voleurs et des assassins. Ce n'est pas trop mal vraiment pour un homme, chargé d'enseigner l'évangile et de donner l'exem ple de la douceur et de la modération. Le curieux de l'affaire, c'est que le vicaire insul- leur est un de ces prêtres allemands, que M. de Montpellier substitue au clergé nationnal et qui récompensent le pays de l'hospitalité généreuse qu'il leur accorde, en outrageant les Belges qui leur donnent du pain. Après tout, le bienveillant vicaire ne fait que reproduire les complimenis qu'il trouve toujours dans les journaux dévôts l'adresse des libéraux. Une petite feuille cléricale de Bruxelles parlait ainsi de l'Université bruxelloise: C'est là que les jeunes libéraux apprennent être des porcs. Au moins, .les jeunes libéraux doivent l'appren dre, tandis qu'il semblerait que, dans un certain monde clérical, c'est un don de nature.... On écrit de Roulers le 23 L'Association libérale de l'arrondissement de Roulers s'est constituée hier. Les communes y étaient représentées par de nombreux délégués. C'est le premier pas, mais un pas décisif, vers l'émancipation. La forteresse par excellence du cléricalisme est battue en brèche et, tôt ou tard elle tombera sous l'effort uni, patient et courageux du parti libéral organisé!

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Le Progrès (1841-1914) | 1878 | | pagina 2