JOUR D'AUTOMNE
393. Dimanche,
38e a nuée.
6 Octobre 1878.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les Trésors Chimériques.
PARAISSANT LE JEUnf ET LE DIMANCHE.
bulletin politique.
Le rejet, par la commission du Parlement alle
mand, des propositions du conseil fédéral relatives
la loi anti-socialiste, a produit Berlin une vive
impression. On sent, de paru et d'autre, que l'on
est acculée une impasse. Le gouvernement croit
avoir fait déjà de trop grandes concessions aux
gauches et trouve que les amendements de la com
mission lui enlèvent les moyens de réprimer énrr-
giquement les menées des ennemis de l'ordre
public. Les nationaux-libéraux, de leur côté, parais
sent d'avis qu'en votont la loi d'exception ils ont
déjà fourni des armes trop puissantes au ministère,
et ils veulent se réserver le moyen de l'abolir ou
delà modifier dans un sens libéral. Si le dissenti
ment se maintient, le gouvernement recourra pro
bablement une seconde dissolution.
M. de Forckenbeck, président du Reichstag, vie.it
d'informer le conseil municipal de Berlin qu'il ac
cepte les fonctions de premier bourgmestre de la
capitale.
Contrairement tous les prévisions, l'empereur
d'Autriche a accepté la démission de M. Szelle,
ministre des finances en Hongrie.
Jusqu'à présent l'empereut François-Joseph n'a
UN
pas encore pris de décision en ce qui concerne les
démissions des autres ministres.
Une dépêche de Pest, adressée la Gazette de
Cologne, affirme que tous les ministres maintien
nent leur démission.
Un nouveau fait d'une haute importance vient
encoreeompliquerla situation. Le prince Anersperg,
président du ministère autrichien, prié l'Empe
reur de statuer sur la démission et sur celle de ses
collègues. Déjà il y a trois mois, le cabine* eislcil-
hanien avait résolu de se retirer; mais il a consenti
rester provisoirement, vu la gravité exceptionnelle
des circonstances. Maintenant que le Reichsrathva
se réunir et le budjet de 1879 doit être discuté, le
prince Auersberg a cru devoir déclarer nettement
qu'il n'approuve par les projets financiers du comte
Andrassy, relatifs l'occupation.
Les Chambres romaines vont être appelées dis
cuter un projet de loi iulerdisant aux paysans de
vendre les terres qui ont été concédées par la loi de
1864. Cette proposition pourrait attirer certains
désagréments aux ministresdu princeCharles. Tout
au moins l'opinion publique les accusera d'éluder
l'exécution d'un des articles du traité de Berlin. La
loi, en effet, n'a d'aure but que d'empêcher les
israélisles de devenir propriétaires fonciers, car le
gouvernement craint qu'au bout de quelques années
la plupart des paysans n'aient vendu leurs terres
aux juifs. Tout cela donne une bien triste idée, et
des principes de liberté et d'égalité qui régnent en
Roumanie, et de la valeur morale des habitants
ruraux de la principauté.
L'agitation n'a pas cessé Athènes, mais un
certain découragement s!cst emparé des classes diri
geantes, par suite du relard que mettent les gran
des puissances répondre la note de M. Delyan-
nis.
La politique française est, par continuation, dans
le marasme. Les faits que les journaux de Paris
rapportent n'onl qu'une importance secondaire et
les rumeurs sur les dispositions des partis parlemen
taires ne méritent pas une créance absolue.
Le Daily News annonce que l'expédiliou an
glaise contre Caboul commencera immédiatement.
Une dame assez riche et fort dévole meurt il n'y
a pas longtemps Cessé-la-Madeleine (arrondisse
ment de Domfrond).
Elle laisse une fortune qui est évaluée plus de
100.000 francs en propriétés et biens-fonds.
Elle a des parents qui sont tous pauvres.
On ouvre le testament.
Il débute par cette clause:
La moitié de ma fortunesera employée,savoir
pour les frais de mon inhumation de première
classe, services funèbres, messes et prières, pour
le repos de mon âme, et l'intention de tous les
membres de ma famille et de mon défunt mari.
Cinquante mille francs de messes'et de prières,
cela parut un peu amer aux héritiers. Il est vrai
qu'ils étaient compris de ce lugs, puisque les prières
devaient être dites leur jnlenlioii. Mais je crois
qu'ils auraient mieux aimé leur part en argent
qu'ils eussent préféré ce legs de messes un legs
délivré en belles et bonnes espèces sonnantes.
Les pauvres diables étaient déshérités, ou peu
près.
Ils ne s'engagèrent point dans un procès qui était
perdu d'avance. Le mois dernier, le maire de la
commune, au nom du bureau de bienfaisance, qui
était également favorisé d'un-legs; et le président
T* 0
VIRES AC6UIRIT EUNDO.
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HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. G-20. 12-07. -^6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 10-05. 12-07. 2-45.
3-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courlrai. 5-34. - 9-52. - I f-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Ostetide. 7-20. 12-06. 6-07.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
Le ciel était sombre, le vent pleurait dans les arbres et
roulait sur le sol les feuilles desséchées. J'avais pris une allée
solitaire et mal entrenue. Devant moi, sur une fosse fraîche
ment recouverte et surmontée d'une crois de bois, j'aperçus
deux enfants blonds et roses une petite fille et un petit
garçon. Ils étaient là, seuls, vêtus de noir, et ils pleuraient.
Je m'approchai d'eux. Le garçon, plus jeune que sa sœur,
était assis sur l'herbe et coupait plaines mains des fleurs
poussées là par pitié.
Au bruit de mes pas sur le sable de l'allée, il releva la tête
et me regardant de ses beaux yeux d'ange:
Vois le Monsieur dit-il sa sœur. Et il me souriait
travers ses larmes.
Que faites-vous ici, tous seuls, mes enfants
Nous attendons maman dit la petite.
Votre mère vous a donc abandonnés
Oh non, Monsieur, mais l'autre jour elle était plus
malade; un Monsieur triste vint la voir et il secoua la tête;
puis, comme nous faisions du bruit dans la chambre, il nous
a dit de ne pas rire si fort et il s'en est allé. Alors voilà que
petite mère s'est mise pleurer et nous a fait venir près d'elle,
tout près. Elle nous a dit qu'elle allait rejoindre notre petit
père parti depuis longtemps déjà. Elle mettait sa main dans
mes cheveux comme lorsqu'elle voulait me caresser, en
disant: Louise, tu es bien jeune encore, mais lu es l'aînée;
je pars pour uu long voyage. Prends soin de ton frérot
(elle voulait dire de JeaD),ne pleurez pas trop; je reviendrai
si vous êtes sages et si vous faites vos prières.
Eosuite, elle nous a embrassés comme tous les soirs
elle s'est endormie et une voisine nous a emmenés. Le lende
main, en m'éveillant, j'habillai mon frère qui est trop petit
pour s'habiller tout seul et je le conduisis vers maman.
Elle dormait toute pale. Pour la réveiller doucement, je
pris sa main qui pendait hors du lit jamais je ne l'avais
sentie si froide. Niais elle ne bougea point. Je l'appelais tout
bas et je croyais qu'elle faisait exprès pour nous surprendre.
Alors je l'embrassai ses lèvres étaient froides aussi,
toutes bleues, et ne me rendirent pas mon baiser. Alors j'ai
eu peur et j'ai crié.
On nous a dit que mère était morte.
Morte... qu'est-ce que c'est, Monsieur?
h Le lendemain on est venu la prendre. Comme nous avons
pleuré avec Jean Nous ne voulions pas la laisser emporter
parce qu'il faisait froid dehors et que maman était malade.
Quand uous avons vu qu'on ne bous écoutait pas, nous avons
marché derrière le vicaire et les hommes qui sont venus la
mettre ici dans un grand trou.
Pauvre mère! Le même jour d a plu bien longtemps.
•i Depuis, nous venons tous les malins l'attendre et lui dire
de revenir parce que uous avons bien fait nos prières.
Jeaunot aussi a été comme une image pour la revoir plus vite.
•i Dites, Monsieur, quand on est morte et que l'on a une
petite fille et un petit garçon, est-ce que l'on ne peut pas
revenir pour les embrasser
Pendant ce récit, Jean ébouriffé, tout rose de sa besogne,
accroupi sur la tombe, faisait avec le doigt des trous en terre
pour y planter les fleurs qu'il avait arrachées.
Quand sa sœur eu fini de parler:
Vois, Monsieur, me dit-il, mon beau jardin, a
JoCELY.N BaUGOIN,