Le curé tel qu'il devrait être et tel qu'il est.
Théâtre de Bruges.
Monsieur le gouverneur,
En apportant notre législation électorale les
modifications qui ont fait l'objet des lois du 9 Juillet
1877 et du 16 Mai 1878, le législateur a eu en vue de
garantir l'indépendance de l'électeur et le secret de son
vote.
Toute manœuvre qui tendrait détruire l'effet des
précautions adoptées dans ce but, serait hautement
condamnable et devrait entraîner, si elle était dûment
constatée, la nullité des opérations électorales.
On signale comme un moyen possible de contrôler
les votes émis, un certain mode de plier le bulletin,
combiné avec la recommandation, faite l'électeur,
d'appuyer fortement la marque de son vote au crayon.
Le bulletin étant plié de façon que les cases, où le
vote est exprimé,soient visibles l'extérieur par trans
parence, il serait possible d'y reconnaître l'empreinte
de la croix de vote.
Cette fraude serait déjouée au moyen d'un mode de
pliage des bulletins laissant l'intérieur le côté où figu
rent les cases placées en tête des listes.
Je crois devoir vous engager, monsieur le gouver
neur, recommander l'adoption de ce mode de pliage
et d'avertir les présidents des collèges électoraux des
conséquences que la pratique contraire peut entraîner
au point de vue de la validité des opérations.
Le ministre de l'intérieur,
BOLI.V-JAKQIIENVVS.
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Il fui un temps, déjà bien éloigné, où florissaient
les bons curés. C'était le temps où les jésuites,
mis l'index par toutes les nations, n'avaient pu
encore dominer le clergé et lui infuser toutes leurs
passions et leur goût prononcé pour la discorde.
A cette époque bénie, il était de mode de se ré
péter le beau portrait du curé de campagne, tracé
par la plume poétique de Lamartine, et qui, au
jourd'hui, peut passer pour la satire des hommes de
guerre, que l'épiscopat. inspiré par Loyola, a l'ha
bitude de placer la tète des paroisses.
Rappelons ce portrait
Il est, disait Lamartine, un homme dans chaque
paroisse qui n'a point de famille, mais qui est de
la famille de tout le monde; qu'on appelle comme
témoin, comme conseil ou comme agent dans tous
les actes les plus solennels de la vie civile; sans
lequel on ne peut naître ni mourir; qui prend
l'homme au sein de sa mère et ne laisse qu'à la
tombe; qui bénit et consacre le.berceau, la couche
nuptiale, le lit de mort et le cercueil. Un homme
que les petits enfants s'accoutument aimer,
vénérer, et craindre que les inconnus appellent
mon père, aux pieds duquel les chérliens vont ré
pandre leurs aveux les plus intimes, leurs larmes
les plus secrètes, un homme qui est le consolateur
par étal de toutes les misères de lame et du corps,
l'intermédiaire obligé de la richesse et de l'indigence,
qui voit le pauvre cl le riche frapper tour tour
sa porte; le riche, pour y verser l'aumône secrète,
le pauvre pour la recevoir sans rougir; qui n'étant
d'aucun rang social, tient également toutes les
classes; aux classes inférieures, par la vie pauvre
et souvent par l'humilité de la naissance; aux clas
ses élevées, par l'éducation, la science et l'élévation
des sentiments qu'une religion philanthropique
inspire et recommande; un homme enfin qui sait
tout, qui a le droit de tout dire et dont la parole
tombe de haut sur les intelligences et sur les cœurs
avec l'autorité d'une mission divine et l'empire
delafoi toute faite...
Si c<'t admirable portrait était encore celui de nos
curés de campagne, nous pouvons l'assurer, ils ne
compteraient partout que des amis, et les libéraux
avec qui ils s'entendraient ravir, se feraient un
cas de conscience de les troubler dans leur mission
de paix et decharilé.
Alors régnerait dans notre pays un véritable
âge d'or.
Plus de division, plus de discorde
Chacun sa place!
Le curé son ministère sacré, et dans son église,
le bourgmestre la maison commune.
A l'époque lointaine dont nous venons d'évoquer
un souvenir, le clergé s'en tenait, quant la poli
tique. cette sage réserve, recommandée par un
prélat
Quant ma vie épiscopale, je suis toujours resté
étranger la politique.
Je ue me désintéresse pas assurément des
affaires de mon pays, et je crois qu'on ne peut con
tester au prêtre l'exercice de ce droit de citoyen
mais au milieu des compétitions des partis qui dé
chirent notre patrie, j'estime que les ministres de
la religion font sagement d'éviter tout ce qui pour
rait compromettre le ministère sacré dont ils sont
investis pour le bien de tous.
Et le prélat se rendait le témoignage que pendant
une lutte électorale où était engagée la candidature
d'un homme qui se donnait pour catholique ullra-
montain, lui, évêque, ne s'était occcupéni informé
de lui.
Y a-t-il encore dans notre Belgique un seul
évêque qui pourrait se rendre le même témoignage?
N'avons-nous pas vu, aux élections de Juin, M.
de Montpellier descendre dans l'arène, comme un
journaliste ordinaire, et lancer, sous forme de
mandement, un article furieux contre tous les can
didats libéraux?
Et lorsque un évêque donne de pareils exemples
de passion politique, combien est-il de curés, qui
savent garder la juste mesure?
Nous en connaissons, mais bien peu, bien peu;
nous citerions volontiers leurs noms, avec joie, nous
rendrions leur conduite l'hommage qu'elle mérite,
nous dirions qu'ils ne sont allés au scrutin de Juin
que la mort dans l'âme, et l'ordreépiscopal de voter
dans leur poche.
Mais en attirant sur leurs noms les bénédictions
publiques, nous attirerions certainement sur leur
personne les vengeances de l'évêché.
Taisons-nous donc, par prudence. Du moins ces
bons curés savent qu'ils u'ont pas d'ennemis im
placables chez les libéraux.
Les faveurs épiscopales vont de nos jours aux
plus remuants, aux plus belliqueux, aux plus har-
gueux, et sous ce rapport les modèles ne manquent
pas.
Ils ont transformé la chaire en tribune politique,
et de là, ils lancent des excitations coupables, com
me M. le curé-doyen de Virginal de l'arrondissement
de Nivelles s'en permet de temps en temps.
C'est ce curé qui a formulé contre un de ses pa
roissiens une insinuation qui lui a valu d'abord
uue correction manuelle, la sortie de l'église, et
ensuite une condamnation judiciaire, l'amende,
et des dommages-iutérêls.
C'est le même qui,en chaire, en temps d'élections
a prononcé ces mots d'une moralité plus que
douteuse
Le péché que l'on commet en assassinant un
homme, est moins grave que celui que l'on fait en
votant pour les libéraux car en tuant un homme,
ont ne tue qu'un corps, tandis qu'en volant pour
les libéraux on perd son âme.
Ces paroles ont fait l'objet d'une plainte, signée
par presque tous les habitants, et d'une instruction,
ordonnée par le parquet.
Il est des ecclésiastiques, des petits-vicaires, qui,
non contents de vociférer en chaire contre les libé-
béraux, vont dans les petits journaux hebdomadai
res. surtout dans les journaux flamands, dépospr
l'excédant de leur colère.
Ce sont eux qui écrivent les article qui allument
des incendies comme S'-Genois.qui, dans la Ga
zette de Renaixengagent la population descen
dre dans la rue, la Constitution d'une main et le
revolvèr de l'autre.
Faut-il s'étonner si. après ces sauvages excita
tions, on apprend qu'à Malines et Courtrai, de
cléricaux ont blessé presque mortellement deux
libéraux sans défense
Ah! oui, nous sommes loin du temps des bons
curés?
Il pourra revenir, si notre énergie et notre per
sévérance indomptables amènent les évéques re
connaître qu'ils n'ont rien gagner intervenir
dans la politique.
«ilûiBniHjirfî- î1
D'après les bruits que nous avons recueillis, les
réunions du conseil des ministres ont été assez
suivies pour discuter les modifications proposer
la loi de 1842 sur l'enseignement primaire, et le
dernier point sur lequel l'accord demeure en sus
pens est celui de savoir si l'enseignement religieux
pourra être donné au local même de l'école, en de
hors des heures de classe, par les desservants de
tous les cultes sans privilège pour aucun, ou si on
laissera ces desservants et aux parents les soins
de donner le dit enseignement où il leur plaira,
soit dans la famille, soit l'église, au temple ou
la synogne, ou dans quelque autre local leur
choix. (Etoile).
Les libéraux du Luxembourg ont lieu de se féli
citer des résultats de la campagne électorale qu'ils
viennent de mener contre les membres du clergé
indûment inscrits sur les listes électorales. Dès
aujourd'hui, et malgré les nombreuses déclarations
supplémentaires faites par eux pendant le mois
d'Août, 182 d'entre eux sur 367, c'est-à-dire la
moitié, ont disparu de ces listes.
Le Daqblad de la Haye annonce que le cabinet
de la Haye est déclaré prêt reprendre avec notre
gouvernement les négociations relatives l'appro
fondissement et l'élargissement du canal de Ter-
neuzen. (Indépendance),
OVATION A M. L.E GOUVERNEUR.
Jamais le public n'a été témoin d'un spectacle
pareil celui qui s'est présenté Dimanche soir
notre théâtre.
On jouait la 4me représentation du TOUR DU
MONDE, abonnement suspendu. Depuis l'avant-
veille, toutes les places étaient prises! Aussi dans
la journée de Dimanche, le bureau de location était
fermé le soir les guichets étaient également fer
més puisqu'il n'y avait plus de places vendre.
Aussi est-il difficile de se faire une idée de l'ani
mation qui régnait dans la salle! Dans presque
toutes les places, surtout dans les loges, il y avait
deux fois autant de personnes qu'elles ne sont des
tinées contenir! La salle présentait un aspect
vraiment pittoresque et bien peu de personnes se
plaignaient d'être encaquécs comme des harengs,
tant il y avait de l'entrain.
Le spectacle était commencé depuis quelque
temps lorsque M. le gouverneur, accompagné de
M,ne Heyvaert, a fait son entrée dans sa loge.
On aurait dit que c'était un signal. En effet, au
même instant une explosion de bravos et d'applau
dissements s'est fait entendre, et le public a demandé
unanimement la Brabançonne, que l'orchestre a
joué et bissé.
L'enthousiasme était vraiment son comble et
les bravos se sont très longtemps prolongés.
Jamais on n'a vu une manifestation aussi chaleu-
leusc et aussi spontanée. Il ne s'agissait pas ici de
quelques congréganisles chauffant une manifesta
tion la Ruzette c'étaient plus de J500 personnes,
composant l'élite de la population de Bruges, ren
dant un hommage au premier fonctionnaire de la
province et le vengeant des injures qui lui prodigue
la cléricanaille. Le parti clérical ne connait pas
pareilles manifestations le petit nombre de cléri-
raux qui étaient là en étaient stupéfaits.
La loge du collège échcvinal est, seule restée
vacante, jusqu'au moment où des retardaires en
ont pris possession.
Quant au Tour du Monde, son succès n'a fait
que grandiret on peut s'attendre ce soir une nou
velle salle comble. (Avenir).