Visite officielle de M. le Gouverneur Vpres.
grec, de latin, d'histoire, de littérature, de mathé
matiques surtout, etc., etc., ces jeunes abbés,
peine entrés au séminaire et encore revêtus de leur
première soutane, qui s'en viennent ici non pour
étudier, mais pour employer les heures, qui leur
restent libres entre des leçons improvisées.écrire
dans le Nieuwsblad, au su de leurs élèves, les
sottises et les inepties que chacun connaît? Aussi,
voyez les résultats. Tandis que notre Ecole
Moyenne par exemple remporte chaque année des
distinctions aux concours, on appcrçoitdes pères de
famille, les plus ancrés dans le clan clérical, reti
rer leurs enfants, même ceux de première culotte,
de notre collège épiscopal, pour les envoyer
Tournay et ailleurs dans les établissements des Jé
suites. D'autres, qui n'ont pas eu la même clair
voyance et pris les mêmes soins, se voient réduits,
les années d'étude révolues, confier leurs enfants
nos professeurs nous, pour que ceux-ci complè
tent une instruction insuffisante, et aident ces mê
mes enfants passer certains examens il'aJmis-
sion. Un enseignement pareil serait gratuit qu'il
coûterait beaucoup trop cher encore. Mais il s'en
faut qu'il le soit, ces Messieurs du clergé sachant,
de mille façons, se faire payer avec usure les ser
vices qu'ils rendent, et même ceux qu'ils ne ren
dent pas. El quant celte prétention qu'eux seuls
savent moraliser la jeunesse, c'est là une autre ré
clame usée, un autre vieux cliché. Il fut un temps,
et il a duré long, où toute l'instruction était entre
eurs mains. Le monde valait-il mieux ou moins
cette époque? Il valait moins, bien moins qu'au-
ourd'hui.
Aussi est-ce pure vanterie que cette allégation
que les élèves des écoles du clergé ont, sur ceux
sortis des écoles laïques, une incontestable supé
riorité morale. La vérité, sous ce rapport, est que
a moralité des enfants dépend, en règle générale,
de la moralité des parents, et qu'il y a des mauvais
drôles partout. La religion et la morale sont d'ail
leurs enseignées dans les écoles laïques. Tout
l'enseignement en est même imprégné. Nos adver
saires savent cela, et c'est par pur calcul qu'ils
\e dissimulent et le nient. Au surplus, sur ce point
comme sur les autres, nous attendrons avec calme
et confiance le verdict despères de famille. S'il est
vrai que n os établissements laïques d'instruction
ne valent rien qu'ils coûtent trop pour les services
qu'ils rendent que la jeunesse y est mal instruite
et mal élevée par des maîtres et des maîtresses in
capables ou indignes. EIMbrèn les électeurs vote
ront en masseicontre la liste libérale. Mais s'ils
estiment^au contraire, que ce serait un malheur
pour la ville de voir remplacer les établissements
communaux par des établissements confessionnels
l'excellente école dirigée par M. Dedeyne, par celle
des petits-frères 5 l'école si bien gouvernée par Mme
d'Haeselaire par celle régentée par les sœurs;
l'école prospère tenue par Mme Justice par
aucune autre, et notre Collége-Ecole Moyenne par
l'académie des rédacteurs du Nieuwsblad..et
bien alors! ils voleront, en masse aussi, et comme
ils l'ont fait depuis 50 ans, contre la liste cléricale!
C'est ce qu'ils feront, du reste, et pas n'est besoin
d'être prophète pour le prévoir et le prédire.
Au 29 courant, Messieurs les cléricaux
Nous regrettons de ne pouvoir donner un
compte-rendu détaillé de la réception qui a été
faite, Lundi, M. le Gouverneur de la province;
nous nous bornons donc reproduire le compte-
rendu de Y Echo du Parlement,en nous réservant
de le compléter, s'il y a lieu, dans notre numéro
de Samedi.
Disons toute fois que celte réception a dépassé
doute attente; jamais nous n'avons rien vu de plus
fothousiaste depuis que M. Heyvaert a mis pied
a terre jusqu'à son départ de notre ville, ce n'a été
lu'un long cri de Vive le Gouverneur! Vive Hey-
^ert! On peut dire que tous les cœurs battaient
'unisson car jamais le sentiment qui animne les
Populations yproises n'a éclaté avec plus de force
iet de spontanéité. Il y a eu peu d'abstentions cl
{pas un seul cri discordant. La garde civique surtout
Icomposée de l'élite de notre bourgeoisie, a fait une
véritable ovation au premier magistral île la pro
vince et au moment de son départ toutes les
isociétés de la ville, munies de torches et de lan
ternes vénitiennes, avaient tenu l'accompagner
la station. C'était un spectacle réellement fééri-
Ique. Nous n'avons jamais rien vu de plus chaud,
ini de plus sympathique.
Et il ne faut pas s'y tromper. Cette réception a
été dans l'esprit de nos populations une éclatante
protestation contre les comédies Ruzetlistes qui se
{jouent au chef-lieu de la province ici on connaît
lia valeur de ce héros d'opéra-bouffe et le sentiment
public a tenu approuver hautement le rempla
cement de ce vaniteux et triste personnage par un
homme capable.* instiuit et dévoué nos libérales
institutions.
(Correspondancejparticulière de l'Écho duPai lement.)
Ypres, 21 Octobre.
La ville d'Ypres était en fête aujourd'hui M. Hey
vaert, gouverneur de la Flandre Occidentale, faisait
la veille cité sa première visite officielle.
Arrivé 10 heures 1/4 du matin, M. Heyvaert a été
reçu la gare par M. Van Heule, bourgmestre, accom
pagné du conseil communal.
En sortant de la station, M. le gouverneur a été ac
clamé par la garde civique qui était rangée aux abords.
L'accueil enthousiaste que la milice yproise a fait au
i nouveau gouverneur a dépassé tout ce qu'on pouvait
attendre même des citoyens de cette cité libérale entre
toutes, qui, depuis 36 ans, n'a pas laissé entamer une
seule fois la composition libérale de son conseil.
L'enthousiasme de la foule réunie sur ce point et ce
lui des membres des sociétés de la ville qui, au nombre
de plus de 800 ont défilé devant le gouverneur, ne le
cédait en rien celui des gardes civiques.
Les autorités étant montées en voiture, le cortège
s'est formé pour entrer en ville.
Le temps était magnifique.
Voici l'ordre du cortège
La musique des pompiers, la garde civique, les élè
ves des écoles de la ville, les sociétés d'arbalétriers
avec leurs drapeaux dont l'un, celui de la Société St-Sé-
bastien, date du XIII» siècle.
Venaient ensuite les voitures des autorités; dans la
dernière se trouvait le gouverneur ainsi que M. le
bourgmestre et M. Carton commisaire d'arrondisse
ment. Cette voiture était suivie d'un peleton de pom
piers etvte dix gendarmes cheval qui fermaient la
marehe.
Sur tout le parcours, les rues sont ornées de mâts
auquèls pendent des'banderoles et qui portent des é-
cussonsiau chiffre de M. Heyvaert.
Toutes les maisons sont pavoisées.
La foule est énorme, les acclamations incessantes
les fenêtres sont garnies de dames qui agitent leurs
mouchoirs. Je ne crois pas qu'il ait été donné beau
coup de gouverneurs d'être l'objet d'une pareille ova
tion. Et dire que c'est dans cette ville que M. Ruzette
a résidé pendant sept ans comme commisaire d'arron
dissement
La Grand'Place regorge de monde la garnison (1er
régiment de ligne et 2e de guides) était rangée sur cette
place; M. le gouverneur est descendu de voiture pour
passer devant le rangs, puis il s'est rendu dans la gran
de salle des Halles en passant au milieu de la haie for
mée par les sociétés.
Nous ne décrirons pas cette magnifique salle ni les
splendeurs de cet édifice dont les beautés ont souvent
été célébrées par les plumes les plus autorisées disons
seulement que la grande salle s'est récemment ornée de
trois beaux pannaux dûs au peintre Pauwels.
M. le gouverneur et le conseil communal ont pris
[•lace sur une estrade élevée au fond de la salle, puis
ês sociétés et le public sont entrés et cette salle im
mense s'est remplie instantanément.
M. Vanheule, bourgmestre, prenant alors la parole a
souhaité la bienvenue au gouverneur
Au nom de l'administration communale, a-t-il dit,
de cette foule de citoyens groupés autour de vous et de
la presque totalité des habitants, je vous prie d'agréer
nos vifs remercîments d'avoir bien voulu, peine en
possession de vos hautes fonctions, honorer la ville de
votre visite. (Applaudissements).
Vous êtes le bienvenu parmi nous les acclama
tions enthousiastes qui ont salué votre entrée et reten
tissent encore sous les voûtes de cet antique monument
sont l'expression sincère des sentiments qui animent
notre population. (Bruyantes acclamations).
Le peuple vous acclame parce que votre présence
lui fournit l'occasion de manifester les espérances qu'il
fonde sur le nouveau gouvernement dont vous êtes le
mandataire; il vous acclame parce qu'il voit en vous le
magistrat qui saura gérer les intérêts de notre belle
province, defendre énergiqnement tous nos droits et
écarter les mains antipathiques qui esseraient de porter
atteinte nos franchises et nos libertés
De longues acclamations accueillent ce discours, tous
les drapeaux s'élèvent aux cris de vive le gouverneur
et le silence ne se fait que pour écouter la réponse de
M. Heyvaert.
M. le gouverneur répond qu'il est heureux et fier de
l'accueil splendide que lui font les habitants d'Ypres,
mais qu'il en reporte tout l'honneur sur le gouverne
ment dont il n'est que le représentant.
L'opinion libérale, ajoute-t-il, a de grandes con
quêtes faire dans la province Ypres, qui depuis
trente six ans élit une administration libérale, est une
lie dans notre Flandre j'espère qu'elle deviendra un
continent. (Applaudissements).
Ce local, dit encore M. le gouverneur, temple élevé
l'industrie et au commerce au temps de la splendeur
de votre vieille cité, éveille de brillants souvenirs et
témoigne de la vigueur, de l'énergie de nos ancêtres.
C'est toujours le vieux sang flamand qui coule dans
nos veines, on peut donc espérer le réveil de cet esprit
d'entreprise, grâce auquel nos ancêtres ont donné tant
de développement leur commerce, tant de splendeur
et de renommée la ville d'Ypres. (Applaudissements).
Pour ce noble but vous pouvez compter sur mon
dévouement comme je compte sur votre concoursà tous.
On peut d'autant plus espérer le retour de ce temps
[glorieux, que nous possédons aujourd'hui les libertés
a conquête desquelles marchaient nos pères.
Tous ce qui manque nos populations, c'est l'habi
tude de penser par elles-mêmes, sans demander conseil
autrui ce qui leur donnera cette qualité, c'est l'in
struction.
C'est surtout au développement de l'instruction que
s'attachera le gouvernement actuel, et ne rendit-il que
ce service là, il mériterait bien de la patrie. (Longs
applaudissements. Gris de vive le gouverneur!)
M. Heyvaert s'est ensuite rendu dans la salle du col
lège échevinal où il a reçu les autorités civiles et mili
taires, puis il a, en compagnie de M. le bourgmestre
Vanheule et de M. l'échevin Bossaert, visité quelques
monuments et établissements publics.
Ces visites ont commencé par la magnifique église
Saint-Martin, l'ancienne cathédrale d'Ypres qui, comme
on le sait, a été longtemps le siège d'un évèché. M. le
gouverneur a été reçu l'église par M. le doyen avec
lequel il s'est entretenu.
M. Heyvaert a ensuite visité différentes écoles de la
ville. Ypres possède des écoles communales pour tous
les degrés et. dont l'installation ne laisse rien désirer;
elles sont fréquentées par un grand nombre d'élèves.
L'école primaire gratuite des filles est établie dans
les locaux de l'école Lamotte, anciennement dirigée
par des religieuses qu'il fallut, il y a quelques années,
expulser par la force de ces bâtiments que divers juge
ments avaient rendus la commune.
Cette école est loin d'être installée comme les autres;
nous v avons vu jusque soixante enfants dans une peti
te salle a peine faite pour en contenir vingt. Le terrain
ne manque pas dans cette propriété, et l'administration
communale qui a fait établir ries plans pour l'agrandis
sement de ces locaux, espère, avec 1 aide de l'Etat,
pouvoir améliorer bientôt cet état de choses.
Après avoir visité la prison cellulaire, M. le gouver
neur retourne l'Hotel-de-Ville où un magnifique ban-
uet réunit 120 convives. Le banquet qui était servi
ans la salle du conseil communal, aurait réuni un bien
plus grand nombre de souscripteurs, mais le défaut de
lace a obligé les organisateurs s'arrêter ce nom-
re, la grande salle des Halles ne pouvant être chauffée.
L'entrée du gouverneur est saluée par les applaudis
sements des assistants; M. Heyvaert prend place la
table d'honneur dont voici la composition
M.«Vanheule, bourgmestre, ayant sa droite M. le
gouverneur, puis M. Carton, commissaire d'arrondisse
ment, M. Iweins, procureur du roi, M. Stevens, colonel
commandant le 2e régiment de guides, M. Blomberger,
commandant l'école d équitation M. l'avocat Bossaert,
échevin; gauche M. Vanden Peereboom, ministre
d'Etat, M. le chevalier Hynderiek, conseiller la cour
de cassation; M le colonel Verbeke, commandant le 1"
de ligne, M. Auguste Hynderiek, major de la garde
civique, M. Merghelynck, conseiller provincial.
Pendant le banquet, l'excellente musique des pom
piers s'est fait applaudir sous la direction de son chef
M. Wittebroodt.
Voici le toast au Roi porté par M. le bourgmestre:
La belle fête qui nous réunit aujourd'hui ne peut se
clore sans que notre digne Roi soit acclamé; je propo
se, Messieurs, de boire la santé de Léopold II, dont le
trône trouve son soutien inébranlable dans l'amour du
peuple. Vive le Roi!
Ce cri patriotique est répété avec enthousiasme par
l'assemblée l'orcnestre joue la Brabançonne, puis M.