Rapprochements.
Ouverture des Chambres.
vapeur n'a pu faire tourner la roue de la
fabrique Baroier
C'est encore faute de générosité de la part
des libéraux que l'industrie de la rubannerie
a fini par disparaître
M. Struye a tapé juste. L'administration
aurait dû accorder des subsides pour grossir
encore davantage les bénéfices réalisés par
certains industriels cléricaux au détriment du
développement physique et intellectuel de la
classe ouvrière!
Mais voici un autre grief... c'est l'abomina
tion de l'abomination
M. Struye veut dire
Des jeunes gens de la bourgeoisie occupent
des positions honnêtes dans toutes lesbran-
ches.de l'administration publique
Il y a des magistrats
Il y a des ingénieurs, des conducteurs des
ponts et chaussées
Il y a des inspecteurs, des vérificateurs, des
contrôleurs, des receveurs
Il y en a attachés aux postes, aux chemins
de fer
Il y a des officiers dans toutes les armes.
En un mot, on trouve partout des jeunes
gens de mérite, sortis de la bourgeoisie
d'Ypres.
Et M. Struye en fait un grief l'adminis
tration communale
Ses regrets sont d'autant plus vifs que ce
sont, dit-il, les plus vaillants et les plus ca
pables de la bourgeoisie, ceux-là précisément
qui partout ailleurs créent, développent et
font prospérer le commerce
M. le Représentant accuse ce propos l'ad-
ministralion d'avoir imprimé une pareille di
rection aux études de notre collège communal.
Il regrette même que des fils d'ouvriers sortis
de nos écoles communales aient pu, par leur
application et leur conduite se créer une posi
tion enviée par tant de cléricaux rampant
plat ventre pour obtenir des postes inférieurs
en rang et en bénéfices.
Mais que deviennent donc, M. le Représen
tant, les jeunes gens sortis de vos établisse
ments cléricaux?
Est-ce pour relever le commerce et l'indus
trie dans notre ville que vous les pétrissez
dans le moule d'où sortent des séminaristes,
des carmes et des petits frères? Vous ne
regrettez pas le départ de ceux-là est-ce peut
être parceque ce ne sont ni les plus vaillants,
ni les plus capables!
Est-ce pour relever le commerce et l'indus
trie que les autres s'en vont apprendre Lou-
vain détester nos libertés et mettre la
mitre au-dessus de la couronne du Roi
Quel bonheur pour la ville, si toute la jeu
nesse, heureuse de vivre l'ombre de notre
vieux beffroi, refusait de franchir les fossés
de nos anciennes fortifications, et venait se
ranger sous la bannière de M. Struye, pour
entreprendre tous genres de commerce et tou
tes espèces d'industrie Sa longue expérience
en cette matière leur ouvrirait une large voie
pour assurer tous les moyens d'une honnête
existence, le bien-être de leurs femmes et de
leurs enfants en même temps que la prospé
rité de notre ville
Et dire que c'est là le langage d'un Repré
sentant qui, arrivé l'âge de cinquante ans,
n'a jamais fait autre chose que vivre de quel
ques rentes trouvées dans la succession pater
nelle
Il est vrai que ce n'est pas le Représentant
de notre ville
M. Struye en arrive ainsi blâmer nos éta
blissements d'instruction publique, et après
avoir établi un calcul qui prouve une fois de
plus combien est profonde dans son cerveau
la science des mathématiques, calcul d'après
lequel chaque élève de notre collège coûterait
la ville 500 fr. par an (sic), il parle comme
un aveugledes couleurs, de l'école communale
des garçons et des écoles communales de filles.
M. le Représentant a-t-il jamais mis le
pied dans ces écoles
Connaît-il les enfants de ces écoles
Connaît-il le personnel enseignant
Sait-il ce qu'on enseigne
M. le Représentant, la phrase que nous
venons de citer est, dans votre bouche comme
dans votre intention, une injure adressée gra
tuitement l'administration, au personnel
enseignant, aux enfants de nos écoles et aux
protecteurs de celles-ci. Eh bien, Monsieur,
cette injure ne peut pas les atteindre, mais il
est une chose laquelle vous même vous ne
saurez échapper, c'est leur profond dédain.
Nous espérions que l'humiliant démenti que
les électeurs ont donné toutes vos blagues
de sacristie vous aurait ouvert les yeux;
nous croyions que vos lâches insultes et vos
ridicules accusations vous avaient été dictées
par l'aveuglement de votre fanatisme et dans
un moment de surexcitation la veille d'une
élection. Mais non en les rééidant aujour
d'hui, quinze jours après que le corps électoral
a prononcé entre vous et ceux que vous avez
calomniés, vous portez un défi. Ne soyez donc
pas surpris si ce défi est relevé.
—-¥■
Dans son n° du 14 cl, l'organe des vrais prin
cipes sociaux, alias le Courrier de Bruxelles,
rapportant la mort de M. l'abbé Daris, l'auteur
de l'Histoire générale de l'Eglise, ouvrage in
comparable, a ce qui paraît et qui demeure
inachevé, dit: M. Davis n'occupait aucun
poste, ne méritait aucun reproche et n'a re-
çu aucun secours.
Ces dernières lignes nous ont rappelé ce que
M. Yeuillot, dans ses Odeurs de Paris
rapporte au sujet d'un autre auteur d'une
Histoire universelle de l'Eglise l'abbé Rohr-
bacher, mort il y a quelques années.
Je me rappelle dit le célèbre rédacteur
de l'Univers, lennemi intime de Mgr Dupan-
loup, «je me rappelle l'enterrement de l'abbé
Rohrbacher, qui a fait un si beau et si bra-
ve livre en vingt-huit volumes, parvenu en
quelques années sa 4meédition nous étions
en tout huit personnes, et, dans le nombre,
trois appartenaient la même maison de
librairie et deux au même journal.
Ni Rohrbacher ni Daris n'étaient des prêtres
politiques, et c'est là ce qui explique, chez
'un, le défaut de poste et de secours chez
'autre, l'absence de monde clérical son en
terrement.
C'étaient des chercheursdes rêveurs, de
simples savants.
Mais qu'un abbé, le plus sot de l'univers,
se mêle d'écrivailler dans un Nieuwsblad
quelconque qu'un vicaire, le plus creux pos
sible, mais grand courtier électoral, s'ingénie
faire la pauvre biographie de n'importe quel
S'Jean nouveau; les voilà de suite, l'un et
l'autre, bien notés, bien appuyés, bien récom
pensés. Et s'ils meurent, on verra, oh! ombre
ae Rohrbacher! un demi-arrondissement
leurs funérailles, avec plusieurs Pantaléons
pour rappeler leurs hautes vertus et pélébrer
leurs incomparables mérites.
Encore un signe du temps.
La jeunesse bourgeoise est dispersée par
tout le pays dans les administrations publi-
ques!
Former, dit-il, des garçons gueuxsurtout
des filles et des mères gueuses semble être le
- grand souci des promoteurs et des protecteurs
- de ces écoles.
L'ouverture des Chambres s'est faite, d'après les usa
ges antiques et solennels, une heure, le Sénat et la
Chambre réunis dans la même enceinte parlementaire
et présidés par un bureau mixte le baron d'Huart, le
comte Goblet d'AlvieHa, M. De Jonghe et les deux gref
fiers, MM. Misson et Huytens.
Discours du Roi.
Messieurs,
Je me félicite, en ouvrantcette session parlementaire,
de pouvoir constater qu'à aucune époque les rapports
entre la Belgique et les autres Etats ne furent empreints,
un plus haut degré, d'un sentiment d'estime et de con
fiance réciproques
Les fêtes dont la capitale a pris l'initiative, l'occa
sion du 25* anniversaire de mon mariage, ont fait écla
ter nouveau l'union étroite qui règne chez nous entre
la nation et la dynastie. La Reine et Moi, Nous avons
été profondément touchés des témoignages spontanés
que Nous ont prodignués les populations de toutes les
provinces comme toutes les communes, et auxquels l'en
fance même s'est associée d'une façon qui Nous a parti
culièrement émus.
Nos arts et nos industries ont pris une part brillante
l'Exposition universelle de Paris. Les nombreuses ré
compenses que la Belgique a recueillies dans cette im
posant concours prouvent que ses'nationaux, aussi bien
que les administrations publiques, ne sont demeurés
étrangers aucunes des branches importantes de l'acti
vité humaine et contribuent, dans la plupart d'entre
elles, au progrès de la civilisation.
La culture intellectuelle d'un peuple est plus que
jamais, au temps présent, la source essentielle de sa
prospérité. En créant un ministère spécial de l'instruc
tion publique, mon Gouvernement a suffisamment an
noncé la résolution de veiller avec un soin particulier
ce noble et grand intérêt. L'enseignement donné aux
frais de l'Etat doit être placé sous la direction et sous
la surveillance exclusives de l'autorité civile. 11 aura
pour mission, tous les degrés, d'inspirer aux jeunes
générations l'amour et le respect des principes sur les
quels reposent nos libres institutions. Mon Gouverne
ment réclamera votre concours pour'étendre et fortifier
cet enseignement. Une seule session ne suffira pas
terminer cette œuvre de transformation et de dévelop
pement. Mais les projets qui vous seront très prochaine
ment présentés traceront nettement la voie dans laquel
le mon Gouvernement croit devoir inviter les repré
sentants du pays marcher avec lui.
Si l'instruction générale élève et fortifie l'esprit des
nations, l'enseignement spécial favorise l'essor des
beaux-arts et fait progresser les professions qui se
rattachent l'agriculture, l'industrie, au commerce.
Mon Gouvernement se préoccupe de plus en plus de
procurer la jeunesse belge les moyens de développer
les aptitudes dont, en tout temps, nos populations ont
fait preuve dans des divers domaines.
Notre organisation militaire est demeurée inachevée.
Les Gouvernements qui se sont succédés pendant ces
dernières années ont tous reconnu la nécessité et l'op
portunité de la création d'une réserve nationale. Des
propositions vous seront soumises en vue de combler
cette lacune et d'apporter l'institution de l'armée les
compléments que l'expérience a signalés comme indis
pensables.
La garde civique de nos principales villes a montré,
dans ces derniers temps, un redoublement de zèle pa
triotique. Le Tir national est devenu une institution
populaire, digne d'être sérieusement encouragée. Vous
estimerez, sans doute, d'accord avec mon Gouverne
ment, qu'il est temps de pourvoir notre milice citoyenne
d'un armement efficace et de lui donner une organisa
tion qui la mette éventuellement même de concourir
utilement la défense du pays.
La crise industrielle qui sévit depuis quelques années
chez toutes les nations n'a pas laissé de faire également
ressentir en Belgique ses fâcheux effets. J'ai toutefois
le ferme espoir que, grâce l'esprit d'initiative et
l'énergie des chefs d'industrie, comme l'esprit d'ordre
et de prévoyance des ouvriers, le jour n'est pas éloigné
où nous atteindrons le terme d'une épreuve vaillamment
supportée par tous. Les chiffres du mouvement com
mercial de cette année, comparés ceux de l'exercice
précédent, témoignent d'une amélioration qu'il faut
considérer comme un indice rassurant. L'abondance de
la dernière récolte paraît d'ailleurs devoir maintenir le
prix des denrées alimentaires un taux qui compense,
jusqu'à un certain point, la diminution générale des sa
laires.
Toute la sollicitude de mon Gouvernement est acqui
se la recherché des moyens capables d'atténuer les
souffrances de cette crise exceptionnelle. L'expérience
a démontré que le développement de la richesse natio
nale est étroitement lié celui des voies decommunica-
tion. Les travaux publics déjà décrétés seront poursui
vis avec vigueur. Si considérable qu'aient été, dans cet
ordre de faits, les efforts de l'Etat et ceux des particu
liers, il reste beaucoup faire pour perfectionner l'ou
tillage économique du pays. C'est là une des préoccu
pations constantes du pouvoir. Le chemin de fer de